La voix qui crie dans le désert

 

 

  ANCIENNE ALLIANCE

 

 

 

 

 

 

 

 

Second livre de Samuel
Argument
Le second livre de Samuel contient l'histoire du règne de David, ce qui comprend l'espace d'environ quarante ans.
Chapitre I
David reçoit les nouvelles de la mort de Saül et de la défaite des Israélites qui avaient été battus par les Philistins, versets 1-12.
2. Il fait mourir celui qui avait ôté la vie à Saül, versets 13-16.
3. Il prononce une plainte sur cette mort, versets 17-27.
OR après que Saül fut mort, David, étant revenu de la défaite des Hamalékites, demeura à Tsik-lag deux jours.
2. Et au troisième jour, voici on vit paraître un homme qui revenait du camp de Saül, ayant ses vêtements déchirés et de la terre sur sa tête, qui étant venu à David se jeta en terre et se prosterna.
3. Et David lui dit : D'où viens-tu ? Et il lui répondit : Je suis échappé du camp d'Israël.
4. Et David lui dit : Qu'est-il arrivé? Je te prie, raconte-le moi. Il répondit : Le peuple a fui dans le combat et même il y en a plusieurs du peuple qui ont été défaits et qui sont morts, Saül aussi et Jonathan son fils sont morts.
5. Et David dit à ce jeune homme qui lui disait ces nouvelles : Comment sais-tu que Saül et Jonathan son fils soient morts ?
6. Et le jeune homme qui lui disait ces nouvelles lui répondit : Je me trouvais par hasard sur la montagne de Guilboah et voici Saül se tenait penché sur sa halebarde et quelques cavaliers l'avaient joint.
7. Et regardant derrière soi, il me vit et il m'appela et je lui répondit : Me voici.
8. Alors il me dit : Qui es-tu ? Et je lui répondit : Je suis Hamalékite.
9. Et il me dit : Tiens-toi ferme sur moi, je te prie, et me fais mourir, car je suis dans une grande angoisse et même ma vie est encore toute en moi.
10. Je me suis donc tenu ferme sur lui et je l'ai fait mourir, car je savais bien qu'il ne vivrait pas après s'être jeté sur sa halebarde et j'ai pris la couronne qu'il avait sur sa tête et le bracelet qu'il avait à son bras et je les ai apportés ici à monseigneur.
11. Alors David prit ses vêtements et les déchira. Tous les hommes aussi qui étaient avec lui en firent de même.
12. Et ils firent le deuil et pleurèrent et jeunèrent jusqu'au soir à cause de Saül et de Jonathan son fils et du peuple de l'Éternel et de la maison d'Israël parce qu'ils étaient tombés par l'épée.
13. Mais David dit au jeune homme qui avait dit ces nouvelles : D'où es-tu ? Et il répondit : Je suis fils d'un étranger Hamalékite.
14. Et David lui dit : Comment n'as-tu pas craint d'avancer ta main pour tuer l'oint de l'Éternel ?
15. Alors David appela l'un de ses gens et lui dit : Approche-toi, jette-toi sur lui et il le frappa et il mourut,
16. Car David avait dit : Ton sang soit sur ta tête, car ta bouche a porté témoignage contre toi en disant : J'ai fait mourir l'oint de l'Éternel.
17. Alors David fit cette complainte sur Saül et sur Jonathan son fils
18. Et il ordonna qu'on enseignât aux enfants de Juda à tirer de l'arc 1. Voici, elle est écrite dans le livre de Jasçar2
19. Ô noblesse d'Israël, ceux qui ont été tués sont sur tes hauts lieux ! Comment sont tombés les hommes vaillants ?
20. a Ne l'allez point dire dans Gath et n'en portez point les nouvelles dans les places d'Asçkélon, de peur que les filles des Philistins ne s'en réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne triomphent de joie.
21. Montagne de Guilboah, que la rosée et la pluie ne tombent jamais sur vous, ni sur les champs qui sont haut élevés, parce que c'est là qu'a été jeté le bouclier des hommes forts et le bouclier de Saül, comme s'il n'eût point été oint d'huile 3.
22. La flèche de l'arc de Jonathan ne revenait jamais sans être teint nc1 du sang des morts et de la graisse des hommes vaillants et l'épée de Saül ne revenait jamais sans effet.
23. Saül et Jonathan si aimables et si agréables pendant leur vie n'ont point été séparés dans leur mort. Ils étaient plus légers que les aigles, ils étaient plus forts que des lions.
24. Filles d'Israël, pleurez sur Saül qui vous revêtait d'écarlate et qui vous faisait vivre dans les délices, qui vous faisait porter des ornements d'or sur vos habits.
25. Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille et comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux?
26. Jonathan mon frère, je suis en angoisse à cause de toi, tu faisais tout mon plaisir, l'amour que j'avais pour toi était plus grand que celui des femmes.
27. Comment sont tombés tes hommes vaillants et comment sont péries les armes de la guerre !
Réflexions
On doit d'abord faire cette réflexion générale que, David ayant attendu sans impatience et sans vouloir se servir d'aucun mauvais moyen, que Dieu le délivrât des injustes persécutions de Saül et lui donnât le royaume d'Israël, la providence dirigea les choses d'une manière que Saül mourut sans que David y
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eût contribué et qu ’ ainsi David monta sur le trône innocemment et légitimement.
En quelque état qu on se trouve, il faut se laisser conduire à nc2 la providence et attendre avec tran-quilité et sans rien faire contre la justice et la bonne conscience qu elle exécute ses desseins.
2. L’action de David qui fit mourir celui qui lui avait apporté les nouvelles de la mort de Saül fut un acte de justice, puisque cet homme ne pouvait sans crime donner la mort à Saül et qu il aurait dû plutôt lui conserver la vie autant qu ’ il l ’ aurait pu.
3. On découvre ici la piété et le bon cœur de David qui fit paraître dans cette occasion la même modération qu il avait eue pendant la vie de Saül et qui eut de la douleur de sa mort, quoique cette mort le mît à couvert des persécutions de ce prince et l ’ élevât au trône.
C ’ est ainsi qu ’ en use toute personne qui a une sincère piété et une solide vertu. Quelque mal que ses ennemis lui aient fait, quelque criminelle qu ait été leur vie et quelque avantage qui lui revienne de leur malheur, elle ne s ’ en réjouit jamais et elle en a plutôt de la douleur.
4. Les plaintes que David fit sur la mort de Jonathan son intime ami nous découvrent le caractère de la vraie amitié. Les amis sincères et vertueux, tel qu étaient Jonathan à l égard de David, sont le bien le plus précieux que l on puisse posséder en ce monde après la grâce et l amour de Dieu et la plus grande perte qu on puisse faire est de s en voir privé.
(a) v20 : Michée 1.10
(1) v18 : Hébreux : qu ’on enseignât l ’arc, ce qui peut signifier ce cantique ou cette complainte qui avait pour titre l'arc, voyez verset 22.
(2) v18 : Voyez Josué 10.13
(3) v21 : C'est-à-dire : comme si Saül n ’eût pas été l ’oint du Seigneur.
(nc1) v22 : Erreur de genre ...teinte... ?
(nc2) Deuxième paragraphe des réflexions, ou plutôt : ...se laisser conduire par la providence... ?
Chapitre II
Saül étant mort, David est reconnu roi par la tribu de Juda et il fait remercier les habitants de Jabès de ce qu 'ils avaient enseveli Saül et ses fils, versets 1-7.
Mais Abner établit Isç-bosceth fils de Saül roi sur les autres tributs, versets 8-10.
Cela donna occasion à une guerre dans laquelle ceux du parti de Isc-bosceth furent battus par les gens de David et où Abner tua Hasaël frère de Joab, général de l armée du roi David, après quoi les deux armées se retirèrent, versets 11-32.
OR après cela, David consulta l ’Éternel disant : Monterai-je en quelqu ’ une des villes de Juda? Et l Éternel lui répondit : Monte. Et David dit : Dans laquelle monterai-je ? Il répondit : Va à Hébron.
2. David donc monta là avec ses deux femmes, savoir Ahinoham qui était de Jizréhel et Abigaïl qui avait été femme de Nabal qui était de Carmel.
3. David fit remonter aussi les hommes qui étaient avec lui, chacun avec sa famille, et ils demeurèrent dans les villes de Hébron.
4. Et ceux de Juda vinrent et oignirent là David pour roi sur la maison de Juda. Et l ’on fit ce rapport à David : Ce sont les gensa de Jabès de Galaad qui ont enseveli Saül.
5. Et David envoya des messagers vers les gens de Jabès et leur fit dire : Que vous soyez bénis de
l ’Éternel de ce que vous avez usé de cette humanité envers Saül votre seigneur et de ce que vous l ’ avez enseveli !
6. Que l ’Éternel veuille donc maintenant être envers vous miséricordieux et véritable ! De ma part aussi je vous ferai du bien parce que vous avez fait cela.
7. Et maintenant que vos mains se fortifient et soyez des hommes de cœur, car Saül votre seigneur est mort et même la maison de Juda m ’ a oint pour être roi sur eux.
8. Mais Abner fils de Ner, chef de l ’ armée de Saül prit Isc-bosceth fils de Saül et il le fit passer à Maha-najim.
9. Et il l ’ établit roi sur Galaad et sur les Asçu-riens et sur Jizréhel et sur Éphraïm et sur Benjamin, même sur tout Israël.
10. Isc-bosceth fils de Saül était âgé de quarante ans quand il commença à régner sur Israël et il régna deux ans. Il n ’ y avait que la maison de Juda qui suivait David.
11. Et le nombre des jours que David régna à Hé-bron sur la maison de Juda fut de sept ans et six mois.
12. Or Abner fils de Ner et les gens d ’Isc-bosceth fils de Saül sortirent de Mahanajim vers Gabaon.
13. Joab aussi, fils de Tséruja, et les gens de David sortirent et ils se rencontrèrent les uns les autres près de l étang de Gabaon et les uns se tenaient auprès de l étang du côté de deçà et les autres auprès de l étang du côté de delà.
14. Alors Abner dit à Joab : Que quelques-uns de ces jeunes gens se lèvent maintenant et qu ils se battent devant nous. Et Joab dit : Qu ils se lèvent.
15. Ils se levèrent donc et on en compta douze de Benjamin pour le parti d ’Isc-bosceth fils de Saül et douze des gens de David.
16. Alors chacun d ’ eux empoignant son homme lui passa son épée dans le côté et ils tombèrent tous ensemble et ce lieu-là fut appelé Hemkath-hatsurim 1 qui est en Gabazon.
17. Et il y eut ce jour-là un très rude combat dans lequel Abner fut battu avec ceux d ’Israël par les gens de David.
18. Les trois fils de Tséruja, Joab, Abisçaï et Ha-saël étaient là. Et Hasaël était aussi léger du pied qu un chevreuil dans la campagne.
19. Et Hasaël poursuivit Abner sans se détourner ni à droite, ni à gauche d après Abner.
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20. Abner donc regardant derrière lui dit : Es-tu Hasaël ? Et il lui répondit : Je le suis.
21. Et Abner lui dit : Détourne-toi à droite où à gauche et saisis-toi de l'un de ces jeunes gens et prends sa dépouille pour toi. Mais Hasaël ne voulut point se détourner de lui.
22. Et Abner continuait de dire à Hasaël : Détourne-toi de moi, pourquoi te frapperais-je et te ferais-je tomber mort par terre ? Et comment oserais-je paraître devant Joab ton frère ?
23. Mais il ne voulut jamais se détourner et Abner le frappa à la cinquième côte du bout de derrière de sa halenarde de sorte que sa halebarde lui sortait par derrière et il tomba là mort sur la place et tous ceux qui venaient au lieu où Hasaël était tombé et où il était mort s'arrêtaient.
24. Joab donc et Abisçaï poursuivirent Abner et le soleil se coucha quand ils arrivèrent au côteau d'Amma qui est vis-à-vis de Gujah au chemin du désert de Gabaon.
25. Et les Benjamites se rallièrent après Abner et se rangèrent en un bataillon et se tinrent sur le sommet d'un côteau.
26. Alors Abner cria à Joab et dit : L'épée dévorera-t-elle sans cesse ? Ne sais-tu pas bien qu'il y a de l'amertume à la fin et jusqu'à quand différeras-tu de dire au peuple qu'il cesse de poursuivre ses frères ?
27. Et Joab dit : Dieu est vivant que si tu eusses ainsi parlé dès le matin, le peuple se serait déjà retiré chacun loin de son frère.
28. Joab donc sonna de la trompette et tout le peuple s'arrêta et ils ne poursuivirent plus Israël et ils ne continuèrent plus à se battre.
29. Ainsi Abner et ses gens marchèrent toute cette nuit-là par la campagne et passèrent le Jourdain et traversèrent tout Bithron et ils arrivèrent à Mahanajim.
30. Joab revint aussi de la poursuite d'Abner. Et quand il eut assemblé tout le peuple, on trouva qu'il n'en manquait que dix-neuf des gens de David et Hasaël,
31. Mais les gens de David frappèrent de ceux de Benjamin, savoir des gens d'Abner, trois cents soixante hommes qui moururent.
32. Et ils enlevèrent Hasaël et l'ensevelirent dans le sépulcre de son père qui était à Beth-léhem et toute cette nuit-là Joab et ses gens marchèrent et ils arrivèrent à Hébron au point du jour.
Réflexions
David fit paraître sa piété et le respect qu'il avait eu pour Saül en faisant remercier et en bénissant les gens de Jabès de ce qu'ils avaient enseveli les corps de Saül et de ses fils.
2. Après la mort de Saül, Dieu, selon ses promesses, éleva David sur le trône, mais cependant il ne l'y éleva que par degrés. David n'obtint pas d'abord le royaume entier et il ne régna sur toutes les tribus d'Israël qu'au bout de sept ans. Il eut
même à soutenir une guerre de plusieurs années contre Isc-bosceth fils de Saül dans laquelle pourtant il remporta divers avantages. Dieu voulait encore exercer David par de nouvelles épreuves avant que de le faire jouir du repos et de la prospérité qu'il lui avait promise et il en usa ainsi pour lui faire d'autant mieux sentir que c'était de Dieu seul qu'il tenait la royauté.
C'est là une image de l'état où les enfants de Dieu sont en ce monde et de la conduite que Dieu tient envers eux. Il leur a fait d'excellentes promesses et il ne manque jamais de les exécuter, mais il les expose pourtant à divers combats pour les éprouver et il accomplit enfin pleinement ce qu'il leur a promis.
Ce qu'Abner fit à l'égard de Hasaël, afin de ne pas être obligé de lui ôter la vie, montre qu'il faut éviter, autant qu'on le peut, de faire du mal même à ceux qui veulent nous en faire et surtout de répandre le sang. C'est ce qui est encore à remarquer sur la conduite sage et modérée d'Abner qui fit tout ce qu'il put pour empêcher les deux armées d'en venir aux mains et de se poursuivre.
Les chrétiens devraient être encore plus prompts et plus empressés à terminer les guerres, à empêcher l'effusion du sang de ceux qui sont chrétiens comme eux, à procurer en toutes occasions la réconciliation et à rétablir partout la concorde et la paix.
(a) v4 : I Samuel 31.11 ; I Chroniques 10.11-12
(1) v16 : C'est-à-dire : la portion ou le champ des forts ou des vaillants.
Chapitre III
On voit ici
Un dénombrement des enfants qui naquirent à David à Hébron, versets 1-6.
2. Comment Abner qui était général de l'armée d'Isc-bosceth fils de Saül et qui avait fait jusqu 'alors la guerre à David, quitta le parti d'Isc-bosceth pour embrasser celui de David, versets 7-21,
de quoi Joab, général de l'armée de David, ayant eu du chagrin et de la jalousie, il tua Abner en trahison voulant aussi venger la mort de Hasaël son frère qu 'Abner avait tué, versets 22-27.
David étant informé de ce que Joab avait fait en témoigna un grand déplaisir, mais son autorité n 'étant pas encore assez affermie, il ne put faire alors la punition du crime de Joab, versets 29-39.
OR il y eu une longue guerre entre la maison de Saül et la maison de David. Mais David s'avan-çait et se fortifiait et la maison de Saül allait en s'affaiblissant.
2. Et a il naquit des fils à David à Hébron. Son premier-né fut Amnon, d'Ahinoham qui était de Jizréhel.
3. Le second fut Kiléab d'Abigaïl qui avait été femme de Nadal qui était de Carmel. Le troisième fut Absçalom fils de Mahaca, fille de Talmaï roi de Guesçur.
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4. Le quatrième fut Adonija fils de Hagghith. Le cinquième fut Scéphatja fils d ’ Abital.
5. Et le sixième fut Jithréham d ’Hégla femme de David. Ceux-ci naquirent à David à Hébron.
6. Mais il arriva, pendant qu il y eut guerre entre la maison de Saül et la maison de David, qu ’ Abner soutenait la maison de Saül.
7. Or Saül avait eu une concubine qui s appelait Ritspa, fille d ’Aja et Isc-bosceth dit à Abner : Pourquoi es-tu venu vers la concubine de mon père ?
8. Et Abner fut fort irrité des paroles d ’Isc-bosceth et lui dit : Suis-je une tête de chien, moi qui contre Juda ait usé aujourd hui de bonté envers la maison de Saül ton père et envers ses frères et ses amis et qui ne t ’ ai point fait tomber entre les mains de David et que tu me recherches aujourd hui pour le péché d ’ une femme ?
9. Que Dieu punisse sévèrement Abner si je ne fais pas à David tout ce que l ’Éternel lui a juré
10. En transportant le royaume de la maison de Saül et en établissant le trône de David sur Israël et sur Juda, depuis Dan jusqu ’ à Béerscébah.
11. Et Isc-bosceth ne put répondre un seul mot à Abner parce qu ’ il le craignait.
12. Abner donc envoya des députés à David de sa part pour lui dire : À qui appartient ce pays ? Et pour lui dire : Traite accord avec moi et voici ma main sera avec toi pour réunir à toi tout Israël.
13. Et David répondit : Je le veux bien, je ferai accord avec toi, je te demande seulement une chose, tu ne me verras point que premièrement tu me ramènes Mical fille de Saül quand tu viendras me voir.
14. Alors David envoya des députés à Isc-bosceth fils de Saül pour lui dire : Rends-moi ma femme Mical que j ’ ai épousée pour cent prépuces de Philistins.
15. Et Isc-bosceth l ’ envoya quérir et l ’ ôta à son mari Paltiel fils de Laïs.
16. Et son mari s ’ en alla avec elle, pleurant continuellement après elle, jusqu à Bahurim. Et Abner lui dit : Va et retourne-t ’ en. Et il s ’ en retourna.
17. Or Abner parla aux anciens d ’Israël et leur dit : Vous cherchiez autrefois David afin qu ’ il fût roi sur vous,
18. Maintenant donc faites-le, car l ’Éternel a parlé de David et a dit de lui : Je délivrerai, par David mon serviteur, mon peuple d ’Israël de la main des Philistins et de la main de tous leurs ennemis.
19. Et Abner fit entendre les mêmes choses, à ceux de Benjamin. Après cela il s en alla pour faire entendre expressément à David à Hébron ce qui avait été approuvé par Israël et par toute la maison de Benjamin.
20. Et Abner vint vers David à Hébron et il y avait vingt hommes avec lui et David fit un festin à Abner et aux hommes qui étaient avec lui.
21. Et Abner dit à David : Je me lèverai et je m ’ en irai rassembler tout Israël afin qu ’ ils se rendent au roi mon seigneur et qu ’ ils traitent alliance avec toi et tu règneras comme ton âme le souhaite. Et David renvoya Abner qui s en alla en paix.
22. Et voici les gens de David qui revenaient avec Joab de faire une course et qui amenaient avec eux un grand butin, mais Abner n était plus avec David à Hébron, car il l ’ avait renvoyé et il s ’ en était allé en paix.
23. Joab donc et toute l ’ armée qui était avec lui revint et on fit ce rapport à Joab et on lui dit : Abner fils de Ner est venu vers le roi qui l ’ a renvoyé et il s ’ en est allé en paix.
24. Et Joab vint au roi et dit : Qu ’ as-tu fait? Voici Abner est venu vers toi, pourquoi l ’ as-tu ainsi renvoyé et pourquoi as-tu souffert qu ’ il s ’ en soit allé ?
25. Tu sais bien qu ’Abner fils de Ner est venu pour te tromper, pour reconnaître tes démarches et pour savoir ce que tu fais.
26. Alors Joab sortitnc1 avec David et envoya des gens auprès d Abner qui le ramenèrent de la fosse de Sira sans que David le sût.
27. Abner donc étant revenu à Hébron b, Joab le tira à part au dedans de la porte pour lui parler en secret et il le frappa là à la cinquième côte. C ’ est ainsi que mourut Abner à cause du sang de Hazaël frère de Joab.
28. Et David ayant appris ce qui était arrivé dit : Je suis innocent, moi et mon royaume, devant l ’Éternel à jamais, du sang d ’Abner fils de Ner.
29. Que ce sang s ’ arrête sur la tête de Joab et sur toute la maison de son père et que la maison de Joab ne soit jamais sans quelque homme découlant ou qui ait la lèpre ou qui s appuie sur un bâton ou qui tombe par l ’ épée ou qui ait besoin de pain.
30. Ainsi Joab et Abisçaï son frère tuèrent Abner parce qu ’ il avait tué Hazaël leur frère près de Ga-baon dans le combat.
31. Et David dit à Joab et à tout le peuple qui était avec lui : Déchirez vos vêtements et couvrez-vous de sacs et pleurez marchant devant Abner et le roi David marchait après la bière.
32. Et quand ils eurent enseveli Abner à Hébron, le roi éleva sa voix et pleura près du sépulcre d ’Abner et tout le peuple pleura aussi.
33. Et le roi fit une complainte sur Abner et dit : Abner est-il mort comme meurt un lâche ?
34. Tes mains n ’étaient point liées et tes pieds n ’ étaient point mis dans les fers, mais tu es tombé comme on tombe devant les méchants. Et tous le peuple recommança à pleurer sur lui.
35. Puis tout le peuple vint pour faire prendre quelque nourriture à David pendant qu ’ il était encore jour, mais David protesta et dit : Que Dieu me punisse très sévèrement si avant que le soleil soit couché je goûte du pain ou de quelqu autre chose.
36. Et tout le peuple l entendit et le trouva bon et tout le peuple approuva tout ce que le roi fit.
37. En ce jour-là donc tout le peuple et tout Israël connut que ce qu on avait fait mourir Abner fils de Ner n ’ était point venu du roi.
38. Et le roi dit à ses erviteurs : Ne savez-vous pas qu un capitaine et un grand capitaine a été mis à mort aujourd ’hui en Israël ?
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39. Et je suis encore faible aujourd'hui bien que j'aie été oint roi, mais ces gens, les fils de Tséruja, sont trop puissants pour moi. L'Éternel rendra à celui qui a fait le mal selon sa malice.
Réflexions
La première réflexion qu'il faut faire est que David ayant épousé plusieurs femmes selon la coutûme qui s'était établie parmi les Juifs contre la première institutiuon du mariage, ces enfants furent dans la suite l'occasion des malheurs de sa famille et des instruments dans la main de Dieu pour le châtier.
C'était là les suites ordinaires de cette mauvaise coutume d'avoir plusieurs femmes et cette considération fait voir que les lois du mariage que Jésus-Christ a rétabli dans la pureté de son institution sont très justes et tout à fait nécessaires pour le bonheur des hommes.
La deuxième réflexion est qu'Abner irrité d'un reproche qu'Isc-bosceth lui avait fait embrassa le parti de David et conseilla aux tribus d'Israël de se soumettre à lui. On voit par là qu'Abner était un homme de peu de vertu et que quoiqu'il alléguât la vocation divine en faveur de David, il se déclara pour lui plutôt par ressentiment contre Isc-bosceth et pour se mettre bien dans l'esprit de David que par devoir et par obéissance aux ordres du Ciel.
Les hommes qui agissent par de méchants motifs couvrent leur passion quand ils le peuvent de l'apparence de la religion et ils se conforment aux ordres de Dieu lorsque leur intérêt le demande. Dieu connait leur hypocrisie et les motifs qui les font agir, cependant il les laisse faire et il exécute par leur moyen les desseins de sa providence.
Ce fut ainsi que Dieu se servit d'Abner pour accomplir les promesses faites à David de le faire régner sur tout le peuple d'Israël. Cependant Abner ne jouit pas longtemps du fruit de ce qu'il avait fait, Joab le tua en trahison pour venger la mort de Hazaël son frère qu'Abner avait tué et sans doute aussi par jalousie et par dépit de le voir dans les bonnes grâces de David, ce qui fait voir que l'esprit de jalousie, de vengeance et de ressentiment porte les hommes à commettre de grands crimes.
Enfin, les malédictions que David dénonça à Joab et à ses descendants nous montrent que la postérité des hommes méchants et sanguinaires est menacée de la malédiction de Dieu, que si les hommes ne font pas la vengeance des crimes qui se commettent, Dieu ne les laisse pas impunis et qu'il en fait même souvent la punition dès cette vie comme cela arriva à Joab qui fit une fin digne de lui ainsi que cela est dit au chapitre 2 du premier livre des rois.
(a) v2 : I Chroniques 3.1
(b) v27 : I Rois 2.5
(nc1) v26 : Il faut lire : Alors Joab sortit d’avec David..., c'est-à-dire qu'il partit et que David resta.
Chapitre IV
Deux capitaines du roi Isc-bosceth le tuent et apportent la tête à David qui, au lieu de les récompenser comme ils s'y attendaient, les fait mourir.
Quand le fils de Saül eut appris qu'Abner était mort à Hébron, ses mains devinrent lâches et tout Israël fut étonné.
2. Or le fils de Saül avait deux capitaines de compagnies. L'un s'appelait Bahana et l'autre s'appelait Récab et ils étaient fils de Rimmon Béérothien, des descendants de Benjamin, car Bééroth aussi était réputée de Benjamin.
3. Et les Béérothiens s'en étaient fuis à Guittajim et ils y ont fait leur séjour jusqu'à aujourd'hui.
4. Et Jonathan fils de Saül avait un fils blessé aux pieds. Il était âgé de cinq ans quand le bruit de la mort de Saül et de Jonathan vint de Jizréhel et sa gouvernante le prit et s'enfuit. Et comme elle se hâtait de fuir, il tomba et devint boiteux et il fut nommé Méphibosceth 1.
5. Récab donc et Bahana fils de Rimmon Bééro-thien vinrent et entrèrent à la chaleur du jour dans la maison d'Isc-bosceth et il prenait son repos de midi.
6. Ainsi Récab et son frère entrèrent jusqu'au milieu de la maison comme pour y prendre du froment et ils le frappèrent à la cinquième côte et se sauvèrent.
7. Ils entrèrent donc dans la maison lorsqu'Isc-bosceth était couché sur son lit dans la chambre où il dormait et ils le frappèrent et le firent mourir, puis il lui ôtèrent la tête et la prirent et marchèrent par le chemin de la campagne toute cette nuit-là.
8. Et ils apportèrent la tête d'Isc-bosceth à David à Hébron et ils dirent au roi : Voici la tête d'Isc-bosceth fils de Saül ton ennemi qui cherchait ta vie et l'Éternel a aujourd'hui vengé le roi mon seigneur de Saül et de sa race.
9. Mais David répondit à Récab et à Bahana son frère, enfants de Rimmon Béérothien, et leur dit : L'Éternel est vivant qui a délivré mon âme de toutes mes détresses,
10. Que je saisis celui qui me vint annoncer et me dire : Voilà Saül est mort et qui pensait m'apprendre de bonnes nouvelles que je et le fisnc1 mourir à Tsiklag. C'était le salaire que je lui devais donner pour ses bonnes nouvelles,
11. Combien plus dois-je faire mourir des méchants qui ont tué un homme de bien dans sa maison sur son lit ? Maintenant donc ne redemanderais-je pas son sang de votre main et ne vous exterminerais-je pas de la terre ?
12. Et David commanda à ses gens de les tuer et de leur couper les mains et les pieds et ils les pendirent sur l'étang d'Hébron. Puis ils prirent la tête d'Isc-bosceth et l'ensevelirent au sépulcre d'Abner à Hébron.
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Réflexions
Ilya deux réflexions à faire sur cette histoire.
La première, que quoi que Dieu ne fût point l auteur du crime de ces deux traitres qui assassinèrent Isc-bosceth leur roi, la providence permit qu ’ ils exécutassent leur complot criminel pour assurer à David la paisible possession du royaume.
Il fait faire le même jugement des péchés que les hommes commettent. Dieu n en est en aucune façon l auteur et ceux qui les commettent en porteront la peine, mais sa providence conduit tellement toutes choses que le péché même sert à accomplir les desseins de Dieu.
2. La conduite de David mérite qu ’ on y fasse attention. On y découvre sa vertu, sa droiture et l ’ horreur qu il avait pour l infidélité, pour la trahison et pour la cruauté, puisqu au lieu d approuver et de récompenser ceux qui avaient tué le roi Isc-bosceth comme ils s y attendaient, il les fit mourir, quoique par cette mort tout le royaume d ’Israêl lui fût soumis.
Les rois et les princes ne doivent jamais se servir de méchants moyens pour réussir dans leurs desseins, quoique justes et leurs intérêts ne doit pas les empêcher de punir les traîtres et ceux qui commettent de méchantes actions. Et ceci nous apprend en général que non seulement nous ne devons faire aucun mal à ceux qui nous haïssent, mais que nous ne devons pas même nous réjouir du mal qui pourrait leur arriver sans que nous y eussions contribué, ni favoriser en aucune façon l injustice et le crime, quelque avantage qu ’ il nous en pût revenir.
(1) v4 : C ’est-à-dire : honte, confusion ou bouche, visage de confusion.
(nc1) v10 : Erreur de composition possible : ...que je et le fis mourir... au lieu de ...et que je le fis mourir...
Chapitre V
Isc-bosceth étant mort, David est reconnu roi par toutes les tribus d'Israël, versets 1-5.
Il prend Jérusalem sur les Jébusiens, il y bâtit la cité de David et il lui naît plusieurs enfants, versets 6-10.
Il reçoit des présents du roi de Tyr, versets 11-16,
et il remporte deux victoires sur les Philistins, versets 17-25.
Alors a toutes les tribus d ’Israël vinrent vers David à Hébron et lui parlèrent en disant : Voici, nous sommes tes os et ta chair,
2. Et même ci-devant, quand Saül était roi sur nous, tu étais celui qui menais et qui ramenais Israël et l ’Éternel t ’ a dit :b Tu gouverneras mon peuple d ’Israël et tu seras le conducteur d ’Israël.
3. Tous les anciens donc d ’Israël vinrent vers le roi à Hébron et le roi David fit alliance avec eux à Hébron devant l ’Éternel et ils oignirent David pour roi sur Israël.
4. David était âgé de trente ans quand il commença à règner et il règna quarante ans.
5. c Il régna à Hébron sur Juda sept ans et six mois, puis il régna trente-trois ans dans Jérusalem surtout Israël et Juda.
6. Or le roi s ’ en alla avec ses gens à Jérusalem contre les Jébusiens qui habitaient en ce pays-là d et ils parlèrent à David et lui dirent : Tu n entreras point ici que tu n aies ôté les aveugles et les boî-teux 1, voulant dire : David n ’ entrera point ici.
7. Mais David prit la forteresse de Sion, c’ est la cité de David.
8. c Et David dit en ce jour-là : Quiconque battra les Jébusiens et se sera rendu maître du canal et de ces aveugles et de ces boiteux, qui sont les ennemis de David, sera récompensé. C ’ est pourquoi on dit : Laveugle et le boiteux n entrera point dans cette maison.
9. Et David habita dans la forteresse et il l appela la cité de David et David y bâtit tout autour depuis Milo jusqu au dedans.
10. Et David allait toujours en avançant et en croissant, car l Éternel le Dieu des armées était avec lui.
11. Et f Hiram roi de Tyr envoya des ambassadeurs à David et du bois de cèdre et des charpentiers et des tailleurs de pierres à bâtir et ils bâtirent la maison de David.
12. Alors David connu que l ’Éternel l ’ avait affermi roi sur Israël et qu ’ il avait élevé son royaume à cause de son peuple d ’Israël.
13. Et David prit encore des concubines et des femmes de Jérusalem après qu il fut venu d Hébron et il lui nâquit encore des fils et des filles.
14. Et ce sont ici les noms de ceux qui lui naquirent à Jérusalem : Sçammuah et Sçobah et Nathan et Salomon
15. Et Jibhar et Elisçuah et Népheg et Japhiah
16. Et Elisçama et Eljadah et Eliphélet.
17. Mais quand les Philistins eurent appris qu ’on avait oint David pour roi sur Israël, ils montèrent tous pour attaquer David. Et David l ’ ayant appris descendit vers la forteresse.
18. Et les Philistins vinrent et se répandirent dans la vallée des Réphaïns.
19. Alors David consulta l ’Éternel disant : Monterai-je contre les Philistins ? Et l ’Éternel répondit à David : Monte, car certainement je livrerai les Philistins entre tes mains.
20. Alors David vint à g Bahal-pératsim et il les battit là et dit : L’Éternel a fait écouler mes ennemis devant moi comme par un débordement d ’ eau. C ’ est pourquoi il nomma ce lieu-là Bahal-pératsim 2.
21. Et ils laissèrent même là leurs faux dieux que David et ses gens emportèrent.
22. Et les Philistins remontèrent encore une autre fois et ils se répandirent dans la vallée des Réphaïns.
23. Et Davis consulta l ’Éternel qui répondit : Tu ne monteras pas, mais tu tourneras derrière eux et va contre eux vis-à-vis des meuriers.
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24. Et quand tu entendras au haut des meu-riers un bruit comme des gens qui marchent, alors marche, car alors l'Éternel sortira devant toi pour battre le camp des Philistins.
25. David fit donc ce que l'Étrenel lui avait commandé et il battit les Philistins depuis Guébah jusqu'à Guézer.
Réflexions
Dieu après avoir exercé pendant longtemps David par plusieurs afflictions l'établit enfin roi sur toutes les tribus d'Israël. Il lui fit remporter de glorieux avantages tant sur les Jébusiens que sur les Philistins et il le mit en grande considération auprès des rois voisins. Cette heureuse issue que David eut après tant de traverses nous fait voir que Dieu est fidèle dans ses promesses, que, quoi qu'il diffère de les accomplir, il ne manque jamais de les exécuter et de délivrer ceux qui l'aiment et qu'après les avoir fait passer par diverses épreuves, il leur accorde enfin le repos et le bonheur qu'il leur a promis.
Apprenons de là à nous laisser conduire à la providence en faisant cependant toujours notre devoir, puisqu'elle ne veille pas moins pour le bien et pour le salut de ceux qui craignent Dieu qu'elle veilla autrefois sur David.
(a) v1 : I Chroniques 11. Rien de plus.
(b) v2 : Psaume 78.71
(c) v5 : I Rois 2.11
(d) v6 : Voyez Josué 15.63 et Juges 1.21
(e) v8 : I Chroniques 11.6
(f) v11 : I Chroniques 14.1
(g) v20 : Ésaïe 28.21
(1) v6 : Ou que les aveugles et les boiteux ne t'en empêchent.
(2) v20 : C'est-à-dire : la plaine des débordements ou le seigneur des débordements.
Chapitre VI
David veut faire transporter l'arche de l'alliance à Jérusalem, versets 1-5, mais Huza, étant mort pour l'avoir touchée et prise entre ses mains, David la fait mettre dans la maison de Hobed-Edom, versets 6-11, d'où, trois mois après, il la fit transporter à Jérusalem avec pompe et avec de grandes marques de joie, versets 12-23.
David assembla tous les gens d'élite qui étaient en Israël qui montèrent à trente mille hommes.
2. Et David se leva et partit avec tout le peuple qui était avec lui de Bahalé de Juda pour transporter l'arche de Dieu sur laquelle est invoqué le nom de l'Éternel des armées qui habite sur elle entre les chérubins.
3. Et ils mirent l'arche de Dieu sur un chariot tout neuf et ils l'amenèrent de la maison d'Abinadab, qui était au côteau, et Huza et Ahjo, enfants d'Abinadab, conduisaient le chariot tout neuf.
4. Et ils l'emmenèrent de la maison d'Abinadab qui était au côteau avec l'arche de Dieu et Ahjo allait devant l'arche.
5. Et David et toute la maison d'Israël jouaient devant l'Éternel de toutes sortes d'instruments faits de bois de sapin et des harpes, des lyres, dea tambours, des fifres et des symbales.
6. Et quand ils furent venus jusqu'à l'aire de Na-con, Huza porta sa main à l'arche de Dieu a et la retint parce que les bœufs avaient glissés 1.
7. Et la colère de Dieu s'embrasa contre Huza et Dieu le frappa là à cause de son indiscrétion et il mourut là près de l'arche de Dieu.
8. Et David fut affligé de ce que l'Éternel avait fait une brêche en faisant mourir Huza et on a appelé jusqu'à ce jour ce lieu-là Pérets-Huza2.
9. Et David eut une grande peur de l'Éternel en ce jour-là et dit : Comment l'arche de l'Éternel entrerait-elle chez moi ?
10. Et David ne voulut point retirer l'arche de l'Éternel chez lui dans la cité de David, mais il la fit détourner dans la maison d'Hobed-Edom Guittien.
11. Et l'arche de l'Éternel demeura dans la maison d'Hobed-Edom Guittien trois mois et l'Éternel bénit Hobed-Edom et toute sa maison.
12. b Depuis on vint dire à David : L'Éternel a béni la maison d'Hobed-Edom à cause de l'arche de Dieu. C'est pourquoi David s'en alla et amena l'arche de Dieu de la maison d'Hobed-Edom en la cité de David avec joie.
13. Et quand ceux qui portaient l'arche de Dieu eurent marché six pas, on sacrifia des taureaux et des béliers gras.
14. Et David sautait de toute sa force devant l'Éternel et il était ceint d'un éphod de lin.
15. Ainsi David et toute la maison d'Israël conduisait l'arche de l'Éternel avec des cris de joie et au son des trompettes.
16. Mais comme l'arche de l'Éternel entrait dans la ville de David, Mical fille de Saül regardant par la fenêtre vit le roi David sautant de toute sa force devant l'Éternel et elle le méprisa en son cœur.
17. Ils emmenèrent donc l'arche de l'Éternelc et la posèrent en son lieu, savoir dans un tabernacle que David lui avait tendu. Et David offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérité devant l'Éternel.
18. Quand David eut achevé d'offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérité, il bénit le peuple au nom de l'Éternel des armées,
19. Et il partagea à tout le peuple, savoir à toute la multitude d'Israël, tant aux hommes qu'aux femmes, à chacun un gâteau de pain et une pièce de chair et une bouteille de vin et tout le peuple s'en retourna chacun en sa maison.
20. Puis David s'en retourna pour bénir sa maison et Mical fille de Saül vint au devant de lui et dit : Que le roi s'est fait aujourd'hui un grand honneur en se découvrant aujourd'hui devant les yeux des servantes de ses serviteurs sans en avoir honte, comme serait un fou.
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21. Alors David dit à Mical : Ç ’ a été devant l ’Éter-nel qui m a choisi plutôt que ton père et toute ta maison et qui m a commandé d être le conducteur de son peuple d ’Israël, c’est pourquoi je me réjouirai devant l Éternel.
22. Et je me rendrai encore plus vil que je n ’ ai paru et je m estimerai encore moins et cependant je m ’ en ferai un honneur devant les servantes dont tu as parlé.
23. Et Mical fille de Saül n ’ eut point d ’ enfant jus-qu au jour de sa mort.
Réflexions
Il faut faire attention à ces quatres choses qui sont contenues dans ce chapitre.
1. Que l ’ un des premiers soins de David, après que Dieu lui eut donné la paix, fut de faire transporter l arche à Jérusalem et qu il donna dans cette occasion des marques d un zèle et d une joie extraordinaire en présence de tout son peuple.
À l ’ exemple de David, nous devons tous avoir un très grand zèle pour la gloire de Dieu et pour son service, mais c est principalement le devoir des princes et des magistrats que Dieu a honorés de sa connaissance.
Il faut remarquer en second lieu que Dieu fit mourir Huza parce qu au lieu de faire porter l arche par les Lévites, comme Dieu l ’ avait expressément ordonné, on l avait mise sur un chariot, ce qui fut cause de l ’ inconvéniant auquel elle fut exposée et parce qu Huza la toucha et la prit entre ses mains, ce que les Lévites seuls avaient le droit de faire. Mais au reste, ce ne fut pas proprement pour punir Huza et à cause de lui seul que Dieu le frappa de mort puisqu il n avait péché que par imprudence et que ce qu il en avait fait n était qu à bonne intention. Cela arriva principalement pour inspirer aux Israélites et à David lui-même du respect pour l arche qui devait être désormais à Jérusalem et pour leur apprendre à ne s écarter en aucune façon de ce que Dieu avait prescrit à l égard de la manière de transporter l arche et à observer exactement tout ce qu il avait établi pour son service. Ce fut l effet que la mort produisit sur David, il en fut pénétré de frayeur, il craignit de la faire mener alors dans la ville de Jérusalem et lorsqu au bout de trois mois il l y fit conduire, il répara la faute qu il avait commise et il la fit porter par les Lévites. Voyez I Chroniques 15.13.
C ’ est ainsi que les personnes sages et religieuses profitent des malheurs qui arrivent aux autres et des avertissements que Dieu leur fait donner.
3. La bénédiction que le séjour de l arche dans la maison d Hobed-Edom y apporta fut dispensée par la providence pour engager le roi David à faire conduire l arche à Jérusalem, ce qu il n aurait osé faire si tôt après la mort d ’Huza. Il faut considérer sur cela que la présence de Dieu et sa faveur sont la source du vrai bonheur.
La dernière réflexion regarde le jugement que Mi-cal fit de David lorsque ce prince sautait de joie devant l ’ arche. Il lui parut qu ’ il faisait en cela une chose indécente et indigne de lui et elle le méprisa.
Voilà comment les mondains jugent de la piété et des personnes pieuses et zélées. Ce qui est très digne de louange et très agréable à Dieu leur paraît une bassesse et une faiblesse.
Mais le zèle que David témoigna dans cette occasion et la sage réponse qu il fit à Mical doivent apprendre à tous les chrétiens et particulièrement aux personnes distinguées à n avoir jamais honte de la religion et de la piété.
Les moqueries et les faux jugements des profanes ne doivent point nous arrêter lorsqu il s agit de rendre à Dieu ce qui lui est dû et nous devons plutôt faire gloire de nous acquiter de ces justes devoirs de la manière la plus parfaite et la plus solennelle.
Au reste, les Psaumes XCVI, CV et CVI doivent être rapportés à ce qui se passa au transport de
l ’ arche comme on le voit dans I Chroniques XVI.
(a) v6 : I Chroniques 13.9
(b) v12 : I Chroniques 15.2 etc. où cette histoire est racontée plus en long.
(c) v17 : I Chroniques 16.1.
(1) v6 : Ou il avança sa main vers l ’ arche de Dieu et la prit parce que les bœufs étaient retardés.
(2) v8 : C ’est-à-dire : la brêche de Huza.
Chapitre VII
David voulant faire bâtir un temple à Jérusalem, le prophète Nathan lui fit connaître que Dieu ne trouvait pas à propos qu 'il exécutât ce dessein, versets 1-17,
mais qu 'il lui donnerait un fils qui le ferait, de quoi David remercie le Seigneur avec beaucoup de zèle, le priant en même temps d'accomplir cette promesse et de bénir sa maison et sa postérité, versets 18-29.
OR après que le roi fut assis en sa maison et que
l ’Éternel lui eut donné quelque repos de tous ses ennemis tout autour,
2. Il dit à Nathan le prophète : Regarde maintenant, j habite dans une maison faite de cèdre et
l ’ arche de Dieu habite au milieu d ’ une tente.
3. Et Nathan dit au roi : Va, fais tout ce qui est en ton cœur, car l ’Éternel est avec toi.
4. Mais il arriva cette nuit-là que la parole de l Éternel fut adressée à Nathan et qu il lui dit :
5. Va et dis à David mon serviteur : Ainsi a dit
l ’Éternel : Me bâtiras-tu une maison afin que j ’ y habite ?
6. Puisque je n ai point habité dans aucune maison b depuis le jour que j ’ ai fais monter les enfants d ’Israël hors d ’Égypte jusqu ’ à ce jour, mais que j ’ ai marché çà et là dans un tabernacle et dans un pavillon,
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7. Dans tous les lieux où j'ai passé avec tous les enfants d'Israël, en ai-je dit un mot à quelqu'une des tribus d'Israël à laquelle j'ai commandé de gouverner mon peuple d'Israël, lui ai-je dit : Pourquoi ne m'avez-vous point bâti une maison de cèdre ?
8. Maintenant donc tu diras ainsi à David mon serviteur : Ainsi à dit l'Éternel des armées,c Je t'ai tiré d'une cabane d'après les brebis afin que tu fusses le conducteur de mon peuple d'Israël,
9. Et j'ai été avec toi partout où tu as été et j'ai exterminé tous tes ennemis de devant toi et j'ai rendu ton nom grand comme le nom des grands qui sont sur la terre.
10. Et j'établirai un lieu à mon peuple d'Israël et je le planterai et il habitera chez lui et il ne sera plus agité et les enfants d'iniquité ne les affligeront plus comme ils ont fait auparavant,
11. Savoir depuis le jour que j'ai ordonné des juges sur mon peuple d'Israël et que je t'ai donné du repos de tous tes ennemis et que l'Éternel t'a fait entendre qu'il établira ta famille.
12. Quand tes jours seront accomplis et que tu te seras endormi avec tes pères, alors je ferai lever ta postérité après toi, un fils qui sortira de toi et j'affermirai son règne.
13.d Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom et j'affermirai le trône de son règne à toujours.
14. Je lui serai père et il me sera fils. Que s'il commet quelque iniquité, je le châtierai avec une verge d'homme et par des plaies des fils d'hommes,
15. Mais ma miséricorde ne se retirera point de lui comme je l'ai retirée de Saül que j'ai ôté de devant toi.
16. Ainsi ta maison et ton règne seront assurés pour jamais devant tes yeux et ton trône sera affermi à jamais.
17. Nathan parla donc à David selon toutes ces paroles et selon toute cette vision.
18. Alors le roi David entra et se tint devant l'Éternel et dit : Qui suis-je, Seigneur Éternel, et quelle est ma maison que tu m'aies fait venir jusqu'au point où je suis ?
19. Et encore cela t'a paru peu de chose, Seigneur Éternel, tu as même parlé de la maison de ton serviteur pour le temps à venir. Est-ce là la manière d'agir des hommes, Seigneur Éternel ?
20. Que te pourrait donc encore dire David ? Car, Seigneur Éternel, tu connais ton serviteur.
21. Tu as fait toutes ces grandes choses pour l'amour de ta parole et selon ton cœur pour les faire connaître à ton serviteur.
22. C'est pourquoi tu t'es montré grand, Dieu Éternel, car e il n'y en a point de tel que toi et il n'y a point de Dieu que toi selon tout ce que nous avons entendu de nos oreilles.
23.f Et qui est le peuple sembable à ton peuple d'Israël la seule nation sur terre que Dieu est venu lui-même se racheter pour en faire son peuple, pour rendre son nom célèbre et pour faire en sa faveur ces grandes choses et ces terribles choses dans ton
pays, chassant de devant ton peuple que tu t'es racheté d'Égypte, les nations et leurs dieux,
24. Car tu t'es assuré ton peuple d'Israël pour être ton peuple à jamais et toi, Éternel, tu as été leur Dieu.
25. Maintenant donc, Dieu Éternel, confirme pour jamais ta parole que tu as prononcée touchant ton serviteur et touchant sa maison et fais comme tu en as parlé.
26. Et que ton nom soit reconnu grand à jamais et qu'on se dise : L'Éternel des armées est le Dieu d'Israël et que la maison de David ton serviteur demeure stable devant toi.
27. Car toi, Éternel des armées, Dieu d'Israël, tu as fait entendre ces choses à ton serviteur et tu as dis : Je t'établirai une famille. C'est pourquoi ton serviteur a été incité dans son cœur à te faire cette prière,
28. Maintenant donc, Seigneur Éternel, tu es Dieu et tes paroles seront véritables. Or, tu as promis à ton serviteur de lui faire ce bien.
29. Veuille donc maintenant bénir la maison de ton serviteur afin qu'elle soit éternellement devant toi, car tu en as ainsi parlé, Seigneur Éternel, et la maison de ton serviteur sera comblée de ta bénédiction éternellement.
Réflexions
Le pieux dessein que David eut de bâtir un temple lorsqu'il se vit paisible possesseur de son royaume nous apprend que nous devons avoir plus de zèle pour la gloire de Dieu que pour nos avantages particuliers et que le plus digne usage que nous puissions faire des biens et de la prospérité dont Dieu nous fait jouir est de les employer pour l'établissement de son service et pour l'avancement de sa gloire.
2. Il faut remarquer que quoique la résolution de David fut sainte et agréable à Dieu, le prophète Nathan lui dit que ce ne serait pas lui qui bâtirait le temple, mais que ce serait son fils dont le règne glorieux et paisible serait plus propre pour l'exécution de cette entreprise.
Dieu ne trouve pas toujours à propos que des desseins bons et louables en eux-mêmes s'exécutent dans le temps et de la manière que nous le voudrions, cependant il ne laisse pas de les avoir pour agréables et de récompenser la piété et les bonnes intentions de ceux qui les ont formés.
3. Pour ce qui est des promesses que Nathan fit à David en lui disant que Dieu lui donnerait un fils dont le trône serait affermi à jamais, elles regardent premièrement Salomon, mais elles se rapportent principalement à Jésus-Christ qui est né de la postérité de David et dont le règne est éternel, ce qui fait que Paul lui applique ces paroles :
Je lui serai Père et il me sera Fils.
4. David rendit à Dieu de très ardentes actions de grâce et il lui présenta une excellente prière après que le prophète lui eut fait toutes ces promesses.
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On voit dans cette prière la foi de David et la ferme persuasion où il était que les promesses de Dieu s ’ accompliraient. On y découvre son grand zèle pour la gloire de Dieu, il y fait éclater sa joie et sa reconnaissance, il y marque surtout une profonde humilité, enfin il y demande avec beacoup d ardeur la bénédiction de Dieu sur lui et sur sa famille.
C ’ est ainsi que nous devons célébrer les bontés du Seigneur envers nous avec des cœurs vivement touchés de sa miséricorde et du sentiment de notre indignité et implorer continuellement sa faveur et sa bénédiction avec toute l ardeur dont nous sommes capables.
(a) Dans la marge du verset 1 : I Chroniques 17.
(b) v6 : I Rois 8.16
(c) v8 : I Samuel 16.11-12 ; Psaume 78.70
(d) v13 : I Rois 5.5-6, 12; I Chroniques 22.10; Psaume 89.10; Hébreux 1.5
(e) v22 : Deutéronome 3.24, 4.35 et 32.39 ; I Samuel 2.2 ; Psaume 86.8 ; Ésaïe 45.5, 18, 22; Marc 12.29 et 32
(f) v23 : Deutéronome 4.7 et 33.29 ; Psaume 147.20
Chapitre VIII
David remporte diverses victoires sur les Philistins, sur les Moabites, sur les Syriens et sur les Idu-méens. Le roi de Hamath lui envoie des présents. David consacre à Dieu ces présents, de même que l'or et l'argent qu 'il avait pris sur ces divers peuples. On lit sur la fin de ce chapitre les noms de ceux qui étaient dans les premières charges du temps de David.
Après a cela David battit les Philistins et les humilia et David retira Méthégamma de la puissance des Philistins.
2. Il battit aussi les Moabites et il les mesura au cordeau, les faisant coucher parterre et il en mesura deux cordeaux pour les faire mourir et un plein cordeau pour leur sauver la vie et le pays des Moabites fut à David à condition qu ils lui seraient esclaves et tributaires.
3. David battit aussi Hadadhézerfils de Réhob roi de Tsoba qui allait pour rétablir sa domination sur le fleuve d ’Euphrate.
4. Et David lui prit dix-sept cent hommes de cheval et vingt mille hommes de pied et il coupa les jarrets des chevaux de tous les chariots, mais il en réserva cent chariots.
5. Or les Syriens de Damas étaient venus pour donner du secours à Hadadhézer roi de Tsoba et David battit vingt et deux mille Syriens.
6. Après cela, David mit garnison dans la Syrie de Damas et le pays de ces Syriens fut à David à condition qu ils lui seraient esclaves et tributaires. Et
l ’Éternel gardait David partout où il allait.
7. Et David prit les boucliers d or qui étaient aux serviteurs d Hadadhézer et il les apporta à Jérusalem.
8. Le roi David emporta aussi une prodigieuse quantité d ’ airain de Bétah et de Bérothaï, villes de Hadadhézer.
9. Or Tobi roi de Hamath apprit que David avait défait toutes les forces de Hadadhézer,
10. Et il envoya Joram, son fils, vers le roi David pour le féliciter et pour le bénir de ce qu il avait fait la guerre contre Hadadhézer et de ce qu il l avait défait, (car Hadadhézer était en guerre continuellement avec Tobi), et Joram porta des vaisseaux d ’or et des vaisseaux d ’ airain
11. Que David consacra à l ’Éternel avec l ’ argent et l or qu il avait déjà consacré du butin de toutes les nations qu il s étaient assujetties,
12. De la Syrie, de Moab, des Hammonites, des Philistins, de Hamalek et du butin d Hadadhézer fils de Réhob roi de Tsoba.
13. David s ’ acquit aussi une grande réputation de ce qu ’ en retournant de la défaite des Syriens il tailla en pièces dans la vallée du sel dix-huit mille Idu-méens b.
14. Et il mit garnison dans l ’Idumée et même il mit garnison dans toute l Idumée et tous les Iduméens furent assujettis à David et l Éternel gardait David partout où il allait.
15. Ainsi David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à tout son peuple,
16. Et Joab fils de Tséruja avait le commandement de l armée et Jéhosçaphat fils d Ahilud était commis sur les régistres,
17. Et Tsadok fils d ’Ahitub et Ahimélec fils d ’Abiathar étaient les sacrificateurs et Scéraja était sécré-taire,
18. Et Bénaja fils de Jéhojadah était établi sur les Kéréthiens et les Péléthiens et les fils de David étaient les principaux officiers.
Réflexions
On remarque dans ce chapitre la continuation des faveurs et des bénédictions de Dieu sur le roi David. Sa gloire allait toujours en croissant et comme l ’his-toire sacrée le remarque,
partout où il allait, Dieu le gardait et était avec lui.
David de son côté faisait hommage à Dieu de toutes les victoires et de tous les avantages qu il remportait par son assistance et il lui consacrait le butin qu ’ il faisait sur les peuples qu ’ il avait vaincus.
Tant que David fut zélé pour Dieu et qu ’ il s ’ acquitta de son devoir, Dieu le soutint ainsi contre ses ennemis et le combla de gloire et de bonheur, mais les choses changèrent lorsqu il offensa Dieu par ses crimes comme la suite de cette histoire nous l ’ apprendra.
Reconnaissons que ce qui fait le bonheur et la su-reté des hommes c’ est l ’ amour et la protection du Seigneur et que le moyen d ’ avoir part à cette protection, c ’ est de lui être fidèle. Il faut aussi qu ’ à l ’ imitation de David, qui consacra à Dieu le butin qu ’ il avait fait, nous lui marquions notre reconnaissance pour tous ses bienfaits en faisant servir à sa gloire, autant que nous le pouvons, tous les avantages que nous recevons de lui.
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(a) v1 : I Chroniques 18. C'est tout.
(b) v13 : Psaume 60.2
Chapitre IX
David se souvenant de la promesse qu 'il avait faite à Saül et surtout à Jonathan de prendre soin de leur postérité fait donner à Méphibosceth fils de Jonathan tous les biens qui appartenaient à Saül et il en donne l administration à Tsiba.
Alors David dit : Mais n'y a-t-il plus personne qui soit demeuré de reste de la maison de Saül et je lui ferai du bien pour l'amour de Jonathan.
2. Or il y avait dans la maison de Saül un serviteur nommé Tsiba qu'on appela pour venir vers David. Et le roi lui dit : Es-tu Tsiba? Et il répondit : Je suis ton serviteur Tsiba.
3. Et le roi dit : N'y a-t-il plus personne de la maison de Saül et j'aurai pour lui cette bonté qui est si agréable à Dieu? Et Tsiba répondit au roi : Il y a encore un des fils de Jonathan qui est blessé aux pieds a.
4. Et le roi lui dit : Où est-il? Et Tsiba répondit au roi : Voilà il est dans la maison de Makir, fils de Hammiel à Lo-débar.
5. Alors David l'envoya quérir et le fit amener de la maison de Makir fils de Hammiel de Lo-débar.
6. Et quand Méphibosceth, le fils de Jonathan, fils de Saül, fut venu vers David, il tomba sur son visage et se prosterna. Et David dit : Méphibosceth ? Et il répondit : Voici ton serviteur.
7. Et David lui dit : Ne crains point, car certainement je te ferai du bien pour l'amour de Jonathan ton père et je te ferai rendre toutes les terres de Saül ton père et pour toi tu mangeras toujours du pain à ma table.
8. Et Méphibosceth se prosterna et dit : Qui suis-je moi, ton serviteur, pour avoir daigné regarder un chien mort comme je suis ?
9. Le roi donc appela Tsiba serviteur de Saül et lui dit : J'ai donné au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison.
10. C'est pourquoi cultive ces terres-là pour lui, toi et tes fils et tes serviteurs et recueilles-en les fruits afin que le fils de ton maître ait du pain qu'il mange, mais pour ce qui est de Méphibosceth le fils de ton maître, il mangera toujours du pain à ma table. Ce Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs.
11. Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur fera tout ce que le roi monseigneur a commandé à son serviteur. Et pour Méphibosceth, dit le roi, il mangera à ma table comme un des fils du roi.
12. Or Méphibosceth avait un petit fils nommé Mica et tous ceux qui demeuraient dans la maison de Tsiba étaient serviteurs de Méphibosceth.
13. Et Méphibosceth demeurait à Jérusalem parce qu'il mangeait continuellement à la table du roi et il était boiteux des deux pieds.
Réflexions
On voit dans ce chapitre le soin que David prit de Méphibosceth, fils de Jonathan et petit-fils du roi Saül, et comment il lui fit rendre tous les biens de Saül son grand-père. Cette conduite de David fait voir qu'il avait beaucoup de droiture, de justice et de bonté. Il ne voulut pas que Méphibosceth fût privé des biens qui lui appartenaient, il conserva au milieu de la prospérité dont il jouissait un tendre souvenir de Jonathan son intime ami et il accomplit religieusement les promesses qu'il lui avait faites d'avoir soin de sa famille.
D'ici nous pouvons apprendre
1. Qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient et qu'on doit observer exactement les promesses qu'on a faites.
2. Que les devoirs de l'amitié sont sacrés et inviolables, que les vrais et sincères amis se souviennent des personnes qu'ils ont aimées lors même qu'elle ne sont plus au monde et qu'ils font passer leur affection jusqu'à la postérité de ces personnes-là.
Enfin, ce que David fit à l'égard de Méphibosceth qui était privé de ses biens et avec cela infirme de son corps nous montre que ceux qui sont dans la prospérité doivent penser à ceux qui souffrent et à qui il arrive quelque tort et qu'il faut toujours être prêt à consoler les malheureux et à faire du bien à tout le monde.
(a) v3 : Sus 4.4
Chapitre X
Le roi des Hammonites ayant outragé les ambassadeurs du roi David, cela donne occasion à une guerre dans laquelle David défit les Hammonites et les Syriens par deux fois.
OR a après le roi des Hammonites mourut et Ha-nun son fils régna en sa place.
2. Et David dit : J'aurai de la bonté pour Hanun fils de Nahas comme son père a eu de la bonté pour moi. C'est pourquoi David envoya ses serviteurs pour le consoler sur la mort de son père. Et les serviteurs de David vinrent au pays des Hammo-nites.
3. Mais les principaux d'entre les Hammonites dirent à Hanun leur seigneur : Penses-tu que ce soit pour honorer ton père que David t'a envoyé des consolateurs? N'est-ce pas pour reconnaître exactement la ville et pour l'épier afin de la détruire que David a envoyé ses serviteurs vers toi ?
4. Hanun prit donc les serviteurs de David et il leur fit raser la moitié de la barbe et couper la moitié de leurs habits, depuis le haut des cuisses jusqu'aux pieds et il les renvoya.
5. Ce qu'ils firent savoir à David et il envoya au devant d'eux, car ses hommes-là étaient dans une grande confusion. Et le roi leur donna cet ordre :
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II Samuel
Tenez-vous à Jérico jusqu ’ à ce que votre barbe soit revenue et alors vous reviendrez.
6. Or les Hammonites voyant qu ils s étaient mis en mauvaise odeur auprès de David envoyèrent des gens pour lever à leurs dépens vingt mille hommes de pied des Syriens de Beth-réhob et des Syriens de Tsoba et mille hommes du roi de Mahaca et douze mille hommes de ceux de Tob.
7. David l ayant appris envoya Joab et toute l armée, savoir les plus vaillants.
8. Alors les Hammonites sortirent et se rangèrent en bataille à l ’ entrée de la porte et les Syriens de Tsoba et de Réhob et ceux de Tob et de Mahaca étaient à part dans la campagne.
9. Et Joab, voyant que l armée des ennemis était tournée contre lui pour l attaquer devant et derrière, choisit de tous les gens d ’ élite d ’Israël et les rangea contre les Syriens,
10. Et il donna la conduite du reste de ces troupes à Abisçaï son frère qui le rangea contre les Hammo-nites.
11. Et Joab lui dit : Si les Syriens sont plus forts que moi, tu viendras me délivrer. Et si les Hammonites sont plus forts que toi, j ’ irai aussi pour te délivrer,
12. Sois vaillant et combattons vaillament pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu. Et que
l ’Éternel fasse ce qu ’ il lui semblera bon.
13. Alors Joab et le peuple qui était avec lui s ’ approchèrent pour livrer le combat aux Syriens et les Syriens s ’ enfuirent devant lui.
14. Et les Hammonites voyant que les Syriens avaient pris la fuite s ’ enfuirent aussi de devant Abisçaï et rentrèrent dans la ville. Et Joab s ’ en retourna et cessa de poursuivre les Hammonites et il vint à Jérusalem,
15. Mais les Syriens voyant qu ’ ils avaient été battus par ceux d ’Israël se rallièrent ensemble,
16. Et Hadarhézer envoya vers eux et fit venir des Syriens de delà le fleuve et ils vinrent à Hélam. Et Sçobac chef de l armée de Hadarhézer les conduisait.
17. Ce qui fut rapporté à David et il assembla tout Israël et passa le Jourdain et il vint à Hélam et les Syriens se rangèrent en bataille contre David et le combattirent.
18. Mais les Syriens fuirent de devant Israël et David défit sept cents chariots des Syriens 1 et quarante mille cavaliers. Il frappa aussi Sçobac chef de leur armée qui mourut là.
19. Et quand tous les rois, qui étaient serviteurs de Hadarhézer, eurent vu qu ils avaient été battus par ceux d Israël, ils firent la paix et ils leurs furent assujettis et les Syriens craignirent de donner du secours aux Hammonites.
Réflexions
Il faut remarquer sur ce qui vient d ’ être lu :
En premier lieu que le roi David envoya ses ambassadeurs au roi des Hammonites dans des vues
d ’ amitié, mais que ce prince écoutant les mauvais conseils des principaux de sa cour crut que ces ambassadeurs étaient des espions et les traita avec la dernière indignité.
On peut considérer que les démarches les personnes sincères font pour entretenir la paix et l amitié sont souvent mal interprétées et mal reçues, que les gens sans vertu jugent des sentiments des autres par les leurs et qu ils leur attribuent les vues qu ils auraient eux-mêmes, que la défiance et la fausse politique font souvent prendre de fausses mesures et que les princes et en général tous ceux qui écoutent et suivent de mauvais conseils s engagent dans de grands malheurs.
Pour ce qui est de la guerre que David fit aux Hammonites, elle était très juste puisque leur roi avait violé le droit des gens en outrageant les ambassadeurs que David avait envoyés pour lui témoigner son amitié et que même les Hammonites déclarèrent les premiers la guerre à David. L’issue de cette guerre, dans laquelle David défit les Hammo-nites avec les Syriens qui s ’ étaient joints à eux, fait voir que Dieu favorise les personnes qui ont de la droiture et de bonnes intentions et en particulier qu ’ il assiste les princes qui aiment la paix et la justice et qu au contraire les hommes injustes et superbes s ’ attirent les derniers malheurs par leur orgueil et par leur fierté.
(a) v1 : I Chroniques 19. Rien de plus.
(1) v18 : Il tua sept cents chariots. Il y a sept mille chariots, I Chroniques 19.18. Voyez la note sur cet endroit.
Chapitre XI
C ’est ici l’histoire du crime que David commit avec Bath-scébah.
OR a un an après, lorsque ces rois se mettaient en campagne, David envoya Joab et ses servi-terurs à tout Israël et ils détruisirent les Hammonites et ils assiégèrent Rabba, mais David resta à Jérusalem.
2. Et il arriva sur le soir que David se leva de dessus son lit et comme il se promenait sur la plateforme du palais royal, il vit de dessus cette plateforme une femme qui se baignait et cette femme-là était fort belle à voir.
3. Et David envoya des gens pour s enquérir de cette femme-là et on lui dit : N est-ce pas Bath-scébah, fille d ’Eliham, femme d ’Urie le Hétien ?
4. Et David envoya des messagers et l ’ enleva et étant venue vers lui, il dormit avec elle, car elle était nettoyée de sa souillure et elle s en retourna dans sa maison.
5. Et cette femme-là conçut et elle envoya le faire savoir à David disant : Je suis enceinte.
6. Alors David envoya des gens pour lui dire : Envoie-moi Urie le Héthien. Et Joab envoya Urie à David.
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7. Et Urie vint à lui et David l'interrogea en quel état était Joab et le peuple et ce qui se passait à la guerre.
8. Puis David dit à Urie : Descend dans ta maison et lave tes pieds. Urie donc sortit de la maison du roi et on porta après lui un présent royal.
9. Mais Urie dormit à la porte de la maison du roi avec tous les serviteurs de son seigneur et ne descendit point dans sa maison.
10. Et on le rapporta à David et on lui dit : Urie n'est point descendu dans sa maison. Et David dit à Urie : Ne viens-tu pas de voyage ? Pourquoi n'es-tu pas descendu dans ta maison ?
11. Et Urie répondit à David : L'arche et Israël et Juda logent sous des tentes, monseigneur Joab aussi et les serviteurs de monseigneur campent à la campagne et moi j'entrerai dans ma maison pour y manger et boire et pour dormir avec ma femme ? Tu es vivant et ton âme vit si je fais cela.
12. Et David dit à Urie : Demeure ici encore aujourd'hui et demain je te renverrai. Urie donc demeura encore ce jour-là à Jérusalem et le lendemain.
13. Puis David l'appela et il mangea et but devant lui et David l'enivra et néanmoins il sortit au soir pour dormir dans son lit avec tous les serviteurs de monseigneur et il ne descendit point dans sa maison.
14. Et le lendemain matin David écrivit des lettres à Joab et les envoya par les mains d'Urie.
15. Et il écrivit ces lettres en ces termes : Mettez Urie dans l'endroit où sera le plus fort du combat et retirez-vous d'auprès de lui afin qu'il soit frappé et qu'il meure.
16. Après donc que Joab eut considéré la ville, il mit Urie à l'endroit où il savait qu'il y aurait les plus vaillants hommes.
17. Et ceux de la ville sortirent et combattirent contre Joab et quelques-uns du peuple qui étaient des serviteurs de David moururent. Urie le Héthien mourut aussi.
18. Alors Joab envoya un messager à David pour lui faire savoir tout ce qui était arrivé dans ce combat-là.
19. Et il donna ce commandement au messager et lui dit : Quand tu auras achevé de parler au roi de tout ce qui est arrivé au combat,
20. S'il arrive que le roi se mette en colère et qu'il dise : Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre, ne savez-vous pas bien qu'on jette toujours quelque chose de dessus la muraille ?
21. Qui tua Abimélec fils de Jérubesceth ? b Une femme ne jeta-t-elle pas une pièce de meule sur lui de dessus la muraille dont il mourut à Tebets ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille? Tu lui diras : Ton serviteur Urie le Héthien y est mort aussi.
22. Ainsi le messager partit et étant arrivé il fit savoir à David toutes les choses pour lesquelles Joab l'avait envoyé.
23. Et le messager dit à David : Ils ont été plus forts que nous et ils sont sortis contre nous à la
campagne, mais nous les avons chargés et nous les avons repoussés jusqu'à l'entrée de la porte,
24. Et les archers ont tirés contre tes serviteurs de dessus la muraille et quelques-uns des serviteurs du roi sont morts, ton serviteur Urie le Héthien est mort aussi.
25. Et David dit au messager : Tu diras ainsi à Joab : Que cela ne te fâche point, car l'épée emporte autant l'un que l'autre, redouble le combat contre la ville et détruis-là et toi, encourage-le.
26. Alors la femme d'Urie apprit que son mari était mort et elle fit le deuil de son mari.
27. Et après que le deuil fut passé, David envoya vers elle et la retira dans sa maison et elle fut sa femme et elle lui enfanta un fils. Mais la chose que David avait faite déplut à l'Éternel.
Réflexions
C'est ici l'histoire du grand péché que le roi David commit en tombant dans l'adultère et en faisant ensuite mourir Urie.
Les diverses circonstances de cette chute de David nous engagent à faire les réflexions suivantes :
1. Que quand on est dans le repos et dans la prospérité, comme David y était alors, on oublie aisément Dieu et qu'on est exposé à de grandes tentations,
2. Que les regards séduisent le cœur et y allument des désirs criminels et qu'ainsi on doit détourner les yeux de tout ce qui peut faire naître ces sortes de désirs, comme Jésus-Christ nous y exhorte dans l'Évangile de Matthieu 5.29,
3. Qu'il faut rejeter les mauvaises pensées dans les commencements et que quand on n'y résiste pas, elles s'emparent du cœur et qu'elles entraînent dans le péché,
4. Que l'impureté, qui est un grand péché en soi-même, le devient encore plus par les suites qu'il a ordinairement et par les nouveaux crimes que l'on commet pour le couvrir.
David, au lieu d'expier sa faute par la confession et la repentance, ne pense qu'à la cacher. Il a recours pour cela à toutes sortes de moyens indignes et enfin, voyant que ces moyens ne lui réussissent pas, il en vient jusqu'à faire périr par une trahison noire et préméditée Urie son fidèle serviteur.
Quand on s'est engagé dans le mal et que l'on a fait de certaines démarches, on va toujours plus loin et l'on pousse le crime jusqu'au dernier degré.
5. Il ne faut pas regarder ce que David fit comme une de ces fautes que les gens de bien commettent par infirmité et qui peuvent subsister avec la piété. C'était un crime atroce et d'autant plus grand qu'il était commis par une personne éclairée qui connaissait son devoir et qui était comblée des grâces de Dieu. Ainsi on ne doit pas croire que David dans sa chute fût dans un état de salut. S'il ne s'était relevé par une repentance sérieuse, publique et proportionnée à la grandeur de ses crimes, il serait péri dans son péché.
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Il ne faut donc pas abuser de cet exemple, au contraire, il nous oblige à veiller sur nous avec plus de soin et à concevoir une forte horreur pour l ’ impureté. Surtout par cette raison que ces sortes de péchés seraient bien plus énormes dans des chrétiens qu ils ne l étaient en David et qu il serait aussi plus difficile de s ’ en repentir comme il faut et d ’ en obtenir le pardon.
(a) v1 : I Chroniques 20.1
(b) v21 : Juges 9.53
Chapitre XII
Dieu envoie le prophète Nathan pour lui reprocher son crime, versets 1-12.
David confesse son péché, l enfant qu il avait eu de Bathscébah meurt et Salomon nait quelque temps après, versets 13-25.
Joab assiège la ville de Rabba et la prend, versets 26-31.
Et l ’Éternel envoya Nathan vers David et Nathan, étant venu vers lui, il dit : Il y avait deux hommes dans une ville, l ’ un riche et l ’ autre pauvre.
2. Le riche avait du gros et du menu bétail en fort grande abondance.
3. Mais le pauvre n ’ avait rien du tout qu ’ une petite brebis qu il avait achetée et nourrie et qui était crûë nc1 chez lui et avec ses enfants, en mangeant de ses morceaux buvant dans sa coupe et dormant en son sein et il la regardait comme sa fille.
4. Mais un voyageur étant venu chez cet homme riche, l ’ homme riche a épargné son gros et son menu bétail pour en apprêter au passant qui était entré chez lui et il a pris la brebis du pauvre homme et il l a apprêtée à cet homme qui était entré chez lui.
5. Alors la colère de David s embrasa fort contre cet homme-là et il dit à Nathan : L’Éternel est vivant, que l ’homme qui a fait cela a mérité la mort,
6. Et parce qu il a fait cela et qu il n a point épargné cette brebis, pour une brebis a il en rendra quatre.
7. Alors Nathan dit à David : Tu es cet homme-là. Ainsi a dit l ’Éternel le Dieu d ’Israël : Je t ’ ai oint pour être roi sur Israël et je t ’ ai délivré de la main de Saül,
8. Même je t ’ ai donné la maison de ton seigneur et les femmes de ton seigneur en ton sein et je t ’ ai donné la maison d Israël et de Juda et si cela te paraît peu je t ’ eussse ajouté telle ou telle chose.
9. Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l ’Éternel en faisant ce qui lui déplaît? Tu as tué avec
l ’ épée Urie le Héthien et tu as enlevé sa femme afin qu ’ elle fût ta femme et tu l ’ as tué par l ’ épée des Ham-monites.
10. C ’ est pourquoi maintenant l ’ épée ne partira jamais de ta maison parce que tu m ’ as méprisé et que tu as enlevé la femme d ’Urie le Héthien afin qu ’ elle fut ta femme.
11. Ainsi a dit l ’Éternel : Voici je m ’ en vais faire sortir contre toi un mal de ta propre maison et j enlèverai tes femmes devant tes yeux etb je les donnerai à un de tes proches et il dormira avec tes femmes à la vue de ce soleil,
12. Car tu l ’ as fait en secret, mais pour moi je le ferai en la présence de tout Israël et à la vue du soleil.
13. Alors David dit à Nathan : J ’ ai péché contre
l ’Éternel. Et Nathan dit à David : L’Éternel aussi a fait passer ton péché, tu ne mourras point.
14. Toutefois, parce que par cette action tu as donné occasion aux ennemis de l Éternel de blasphémer avec un grand mépris, le fils qui t ’es né mourra certainement.
15. Après cela Nathan retourna dans sa maison et l Éternel frappa l enfant que la femme d Urie avait enfanté à David et il devint extrêmement malade.
16. Et David pria Dieu pour l ’ enfant et il jeûna et il vint et il passa la nuit couché sur la terre.
17. Et les anciens de sa maison se levèrent pour le venir trouver afin de le faire lever de terre, mais il ne voulut point et il ne mangea point avec eux.
18. Et le septième jour l ’ enfant mourut et les serviteurs de David craignaient de lui faire savoir que
l ’ enfant était mort, car ils disaient : Voici quand l ’ enfant était en vie nous lui avons parlé et il n ’ a point voulu écouter notre voix, comment donc lui dirions-nous que l ’ enfant est mort tellement qu ’ il s ’ affligera davantage ?
19. Et David aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas et il comprit que l ’ enfant était mort. Et David dit à ses serviteurs : L’enfant n ’ est-il pas mort? Ils répondirent : Il est mort.
20. Alors David se leva de terre, se lava, s oignit et changea d habits et il entra dans la maison de
l ’Éternel et se prosterna devant l ’Éternel. Puis il revint dans sa maison et ayant demandé à manger, on lui présenta du pain et il mangea.
21. Et les serviteurs lui dirent : Que veut dire cela ? Tu as jeûné et pleuré pour cet enfant lorsqu il était encore en vie et après que l ’ enfant est mort tu t ’ es levé et tu as mangé du pain.
22. Et il dit : Quand l ’ enfant était encore en vie, j ’ ai jeûné et j ’ ai pleuré car je disais : Qui sais si l ’Éternel aura pitié de moi et si l ’ enfant ne vivra point ?
23. Mais maintenant qu ’ il est mort, pourquoi jeûnerais-je? Pourrais-je le faire revenir encore? Je m ’ en irai vers lui et il ne reviendra point vers moi.
24. Et David consola sa femme Bathscébah et il vint vers elle et dormit avec elle et elle lui c enfanta un fils qu il nomma Salomon et l Éternel l aima.
25. Et il l ’ envoya dire par le ministère de Nathan le prophète qui lui imposa dle nom de Jédidja 1 à cause de l ’Éternel.
26. Or d Joab avait battu Rabba qui appartenait aux Hammonites et il avait pris la ville royale.
27. Et Joab avait envoyé des députés vers David pour lui dire : J ’ ai battu Rabba, j ’ ai aussi pris la ville des eaux.
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28. C'est pourquoi assemble maintenant le reste du peuple et campe contre la ville et prends-la de peur que, si je la prenais, on ne lui donnât mon nom.
29. David donc assembla tout le peuple et il marcha contre Rabba et il la battit et la prit.
30. Et il prit la couronne de dessus la tête de leur roi qui valait un talent d'or et il y avait des pierres précieuses et on la mit sur la tête de David qui emmena un fort grand butin de la ville.
31. Il emmena aussi le peuple qui y était et le mit sous les scies et sous les herses de fer et il les fit passer par un fourneau où l'on cuit les briques 2. Il en fit ainsi à toutes les villes des Hammonites. Puis David s'en retourna avec tout le peuple à Jérusalem.
Réflexions
Voici les considérations qu'il y a à faire sur ce chapitre.
La première que Dieu par un effet de sa bonté envers David lui envoya Nathan pour réveiller sa conscience et pour lui dénoncer ses jugements.
Il est nécessaire que Dieu emploie de certains moyens pour amener les pécheurs à la repentance. C'est ce qu'il fait aussi toujours par un effet de sa bonté en diverses manières et surtout par le ministère de ses serviteurs.
2. La conduite du prophète qui proposa d'abord à David une histoire feinte et qui lui reprocha ensuite ouvertement son péché montre que les serviteurs de Dieu doivent parler aux pécheurs avec prudence et de la manière la plus propre à les faire rentrer en eux-mêmes et à les obliger à se reconnaître mais qu'ils doivent en même temps leur parler avec fermeté sans les flatter et sans avoir égard à l'apparence des personnes.
3. David confessa son péché non seulement en présence de Nathan, mais même d'une manière publique comme on le voit dans le Psaume LI.
C'est là le caractère de la repentance. Un vrai pénitent bien touché de sa faute n'a point honte de le confesser et il le fait même publiquement si cela est nécessaire pour réparer le mal qu'il a fait et le scandale qu'il a donné.
4. Le pardon que Nathan annonça à David nous enseigne que la miséricorde et le pardon suivent la confession des péchés dès qu'elle est faite avec sincérité et humilité et qu'elle est accompagnée de l'amendement.
5. Il est à remarquer que Dieu ne révoqua pourtant pas les peines temporelles qu'il avait fait dénoncer à David et que pour lui faire sentir que ces menaces s'exécuteraient, il retira du monde l'enfant qui lui était né.
Quoique Dieu remette aux pécheurs les peines éternelles, il ne les exempte pas toujours des peines de cette vie. Il y a surtout de certains péchés qu'il a accoutumer de punir en ce monde et il en use ainsi pour entretenir et pour augmenter le sentiment que les pécheurs doivent avoir de leurs fautes et pour les faire servir d'exemple aux autres.
Au reste toutes les menaces de Nathan s'accomplirent comme on le voit par la suite de cette histoire.
6. La tristesse que David ressentit pendant la maladie de son enfant et la résignation qu'il fit paraître après sa mort nous apprennent qu'il nous est bien permis de prier Dieu qu'il éloigne de nous l'affliction, mais que, quand Dieu nous fait comprendre qu'il ne veut pas nous exaucer, nous devons nous soumettre à sa volonté, surtout quand nous nous sommes attirés ces châtiments par nos péchés.
On peut voir aussi par cette histoire qu'il ne faut pas s'affliger excessivement de la mort des personnes qui nous sont chères et particulièrement de la mort des enfants.
Enfin, la naissance de Salomon et les avantages que David remporta sur les Hammonites font voir que Dieu avait été apaisé par sa repentance.
(a) v6 : Exode 22.1
(b) v11 : Ci-dessous 16.22
(c) v24 : Matthieu 1.6
(d) v26 : I Chroniques 20.1
(1) v25 : C'est-à-dire : aimé de Dieu.
(2) v31 : Comme David était un prince juste et clément, il faut croire qu'il fut engagé à en user de la sorte envers les Hammonites par des raisons et par des circonstances que l'histoire ne rapporte pas. Les Ham-monites pouvaient y avoir donné occasion par les outrages qu'ils avaient faits à David et par les cruautés qu'ils avaient exercées. Il paraît par ce qui est dit dans Amos 1.13 qu'ils étaient forts cruels. Quelques-uns veulent que le sens de ces paroles soit simplement que David condamna les Hammonites à des travaux pénibles, comme à scier les pierres et à cuire les briques dans des fourneaux à peu près comme les enfants d'Israël avaient été traités en Égypte. Voyez Exode 1.14 et Deutéronome 4.20.
(nc1) v3 : De nos jours nous dirions ...avait grandi... chez lui.
Chapitre XIII
Amnon fils du roi David ayant violé Tamarsa sœur, elle se rendit auprès d'Absçalom son frère, versets 1-22.
Et au bout de deux ans, Absçalom fit tuer Amnon dans un festin après quoi il s enfuit vers le roi de Guesçur, père de sa mère, versets 23-39.
OR il arriva après cela qu'Absçalom fils de David ayant une sœur qui était belle et qui se nommait Tamar, Amon fils de David l'aima.
2. Et cette passion le tourmenta si fort qu'il tomba malade pour l'amour de Tamar sa sœur, car elle était vierge et il semblait trop difficile à Amnon de lui faire quelque chose.
3. Et Amnon avait un intime ami nommé Jonadab, fils de Scimha frère de David et Jonadab était un homme fort adroit.
4. Et Jonadab lui dit : Fils du roi, pourquoi deviens-tu ainsi exténué de jour en jour? Ne me le déclareras-tu pas ? Amnon lui dit : J'aime Tamar la sœur de mon frère Absçalom.
5. Alors Jonadab lui dit : Couche-toi dans ton lit et fais le malade et quand ton père te viendras voir, tu lui diras : Que ma sœur Tamar vienne, je te prie, afin qu'elle me fasse à manger en apprêtant devant moi quelque viande et que voyant ce qu'elle aura apprêté je le mange de sa main.
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6. Amnon donc se coucha et fit le malade et quand le roi le vint voir il lui dit : Je te prie que ma sœur Tamar vienne et fasse deux beignets devant moi et que je les mange de sa main.
7. David donc envoya vers Tamar dans sa maison et lui fit dire : Va-t en maintenant dans la maison de ton frère Amnon et apprête-lui quelque chose à manger.
8. Et Tamar s ’ en alla dans la maison de son frère Amnon qui était couché. Et elle prit de la pâte et la pétrit et elle en fit devant lui des beignets et elle les cuisit.
9. Puis elle prit la poêle et les versa devant lui, mais Amnon refusa d ’ en manger et il dit : Faites retirer tous ceux qui sont auprès de moi. Et chacun se retira.
10. Alors Amnon dit à Tamar : Apporte-moi cette viande dans le cabinet et que j ’ en mange de ta main. Et Tamar prit les beignets qu elle avait faits et les apporta à Amnon son frère dans le cabinet.
11. Et elle les lui présenta afin qu ’ il en mangeât, mais il se saisit d ’ elle et lui dit : Viens, couche avec moi ma sœur.
12. Et elle lui répondit : Non, mon frère, ne me fais point violence, car cela ne se fait point en Israël, ne fait point cette action infâme.
13. Et moi que deviendrais-je avec mon opprobre et pour toi, tu passerais pour un insensé en Israël. Maintenant donc parles-en, je te prie, au roi et il n ’ empêchera point que tu ne m ’ aies pour femme.
14. Mais il ne voulut point l ’ écouter et il fut plus fort qu elle et il lui fit violence et il coucha avec elle.
15. Après cela Amnon eut pour elle une très grande haine et la haine qu il lui portait était plus grande que l amour qu il avait eu pour elle. Ainsi Amnon lui dit : Lève-toi, va-t ’ en.
16. Et elle lui répondit : Tu n ’ as aucun sujet de me faire ce grand mal que de me chasser après ce que tu as fait avec moi. Mais il ne voulut point l ’ écouter.
17. Il appela donc le garçon qui le servait et lui dit : Qu on la chasse maintenant d auprès de moi hors de la maison et ferme la porte après elle.
18. Or elle était vétue d ’ une robe bigarée, car les filles du roi qui étaient filles étaient ainsi habillées. Celui donc qui servait Amnon la fit sortir de la maison et ferma la porte après elle.
19. Alors Tamar prit de la cendre sur sa tête et déchira la robe bigarée qu ’ elle avait sur elle et mit sa main sur sa tête et s en allait criant.
20. Et son frère Absçalom lui dit : Ton frère Amnon n ’ a-t-il pas été avec toi ? Mais maintenant ma sœur, tais-toi, il est ton frère, ne prends point ceci à cœur. Ainsi Tamar demeura toute désolée dans la maison d ’Absçalom son frère.
21. Et lorsque le roi David eut entendu toutes ces choses, il fut fort en colère.
22. Or Absçalom ne parlait ni en bien, ni en mal à Amnon, parce qu ’Absçalom haïssait Amnon à cause qu ’ il avait violé Tamar sa sœur.
23. Et au bout de deux ans entiers il arriva qu ’Abs-çalom ayant les tondeurs à Bahal-hatsor qui était près d ’Éphraïm il invita tous les fils du roi.
24. Et Absçalom vint vers le roi et lui dit : Voici maintenant ton serviteur a les tondeurs, je te prie donc que le roi et ses serviteurs viennent avec ton serviteur.
25. Mais le roi dit à Absçalom : Non, mon fils, je te prie que nous n ’ y allions pas tous de peur que nous ne te soyons à charge. Et bien qu ’ il le pressât fort, cependant il n ’ y voulut point aller, mais il le bénit.
26. Et Absçalom dit : Si tu ne viens point, je te prie que mon frère Amnon vienne avec nous. Et le roi lui répondit : Pourquoi irait-il avec toi ?
27. Et Absçalom le pressa tant qu il laissa aller Amnon et tous les fils du roi avec lui.
28. Or Absçalom avait commandé à ses serviteurs et leur avait dit : Prenez bien garde, je vous prie, quand le cœur d ’Amnon sera gai de vin et que je vous dirai : Frappez Amnon, alors tuez-le, ne craignez point, n ’ est-ce pas moi qui vous l ’ ai commandé ? Fortifiez-vous et soyez vaillants.
29. Et les serviteurs d ’ Absçalom firent à Amnon comme Absçalom le leur avait commandé et tous les fils du roi se levèrent et montèrent chacun sur sa mule et s enfuirent.
30. Et il arriva que lorsqu ’ ils étaient encore en chemin, le bruit vint jusqu à David qu on disait : Absça-lom a tué tous les fils du roi et il n ’ en est pas resté un seul d entre eux.
31. Alors le roi se leva et déchira ses vêtements et se coucha par terre, tous ses serviteurs aussi étaient là avec leurs vêtements déchirés.
32. Et Jonadab fils de Scimba frère de David prit la parole et dit : Que monseigneur ne dise point qu on a tué tous les jeunes gens fils du roi, car Amnon seul est mort, parce que ce qu ’Absçalom avait résolu dès le jour qu Amnon viola Tamar sa sœur a été exécuté selon ses ordres.
33. C ’ est pourquoi maintenant que le roi monseigneur ne prenne point ceci à cœur disant que tous les fils du roi sont morts, car Amnon seul est mort.
34. Alors Absçalom s ’ enfuit. Mais celui qui était en sentinelle levant les yeux regarda et voici un grand peuple venait par le chemin de derrière à côté de la montagne.
35. Et Jonadab dit au roi : Voici les fils du roi qui viennent, ce que ton serviteur disait est arrivé.
36. Or aussitôt qu ’ il eût achevé de parler, voici on vit arriver les fils du roi qui élevèrent leur voix et pleurèrent. Le roi aussi et tous ses serviteurs fondirent en larmes.
37. Mais Absçalom s ’ enfuit et se retira vers Talmaï fils de Hammihud roi de Guesçur et David pleurait tous les jours sur son fils.
38. Et Absçalom s ’ enfuit et s ’ en alla à Guesçur et il demeura là trois ans.
39. Et le roi David cessa de poursuivre Absçalom parce qu il était consolé de la mort d Amnon.
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Réflexions
L'on doit faire une grande attention à ce qui est rapporté dans ce chapitre et dans les suivants.
On commence à voir dans celui-ci que, quoique Dieu eût pardonné au roi David, cependant il voulait le châtier en diverses manières pour empêcher qu'il ne perdît le sentiment de sa faute et pour réparer le grand scandale qu'il avait donné à tous ses sujets.
Comme il avait offensé Dieu par l'adultère et par le meurtre, il fut puni par l'inceste d'Amnon son fils et ensuite par sa mort et ses propres enfants Amnon, Tamar et Absçalom furent une verge dans la main de Dieu pour le châtier.
Les pères coupables trouvent le plus souvent leur punition dans leur propre famille et en particulier ceux qui s'adonnent à l'impureté ont ordinairement des enfants qui leur ressemblent à cet égard.
À cette réflexion générale il faut ajouter ces trois réflexions particulières.
On voit dans l'inceste d'Amnon et dans les suites que ce crime eut que les passions déréglées de la chair engagent souvent les hommes dans les péchés les plus énormes et dans les derniers malheurs et que la vengeance divine poursuit ceux qui se livrent à l'impureté et à la sensualité.
2. Il importe de remarquer que cet inceste d'Am-non et tous les malheurs qui en arrivèrent furent l'effet du pernicieux conseil que Jonadab son cousin et son ami lui avait donné.
En cela on peut voir que les conseils donnés par de faux amis et par des personnes qui flattent et qui favorisent nos passions sont ruineux à ceux qui les suivent.
La troisième réflexion est que, quoiqu'Absçalom commit un crime atroce en faisant assassiner Am-non son frère, Dieu permi pourtant ce crime pour la punition d'Amnon et pour châtier en même temps David.
C'est de la sorte qu'il se commet bien des péchés que Dieu punira très sévèrement. Cependant Dieu ne les empêche pas, mais il se sert des passions et de la méchanceté des hommes pour faire justice et pour punir les coupables.
Chapitre XIV
Joab ayant fait demander à David par une femme de Tékoab le rappel d'Absçalom qui s'était exilé depuis qu 'il avait tué son frère, David permit qu 'il revint à Jérusalem à condition qu il ne se présenterait pas devant lui. Mais au bout de deux ans, Absçalom obligea Joab à demander à David qu il lui permit de paraître à la cour, ce qu il obtint.
Alors Joab fils de Tséruja connaissant que le cœur du roi se tournait vers Absçalom
2. Envoya à Tékoah et fit venir de là une femme sage à laquelle il dit : Je te prie, fait semblant d'être dans l'affliction et prends maintenant des habits de
deuil et ne t'oint point d'huile de senteur, mais soit comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps
3. Et entre vers le roi et tiens-lui ces discours. Et Joab lui mit dans sa bouche ce qu'elle devait dire.
4. La femme Tékohite donc parla au roi et tomba sur son visage en terre et se prosterna et dit : Ô roi, aide-moi.
5. Et le roi lui dit : Qu'as-tu ? Et elle répondit : Je suis une femme veuve et mon mari est mort.
6. Or ta servante avait deux fils qui se sont querellés dans les champs et il n'y avait personne qui les séparât, ainsi l'un a frappé l'autre et l'a tué.
7. Et voici, toute la famille s'est élevée contre ta servante disant : Donne-nous celui qui a trappé son frère afin que nous le fassions mourir, parce qu'il a ôté la vie à son frère et afin que nous exterminions même l'héritier et ils veulent éteindre le charbon vif qui m'est demeuré afin qu'ils ne laissent point de nom à mon mari, ni aucun de reste sur la terre.
8. Le roi dit à la femme : Va-t'en en ta maison et je donnerai les ordres nécessaires pour toi.
9. Alors la femme Tékohite dit au roi : Monseigneur et mon roi, que l'iniquité soit sur moi et que le roi et son trône en soient innocents.
10. Et le roi lui dit : Amène-moi celui qui parlera contre toi et jamais il ne lui arrivera de te toucher.
11. Et elle dit : Je te prie que le roi se souvienne de l'Éternel son Dieu afin qu'il ne laisse point augmenter le nombre des garants du sang pour perdre mon fils. Et il répondit : L'Éternel est vivant si un seul des cheveux de ton fils tombe en terre.
12. Et la femme dit : Je te prie que ta servante dise un mot au roi monseigneur. et il répondit : Parle.
13. Et la femme dit : Mais pourquoi as-tu pensé une chose semblable à celle-ci contre le peuple de Dieu? Et le roi en tenant ce discours ne se condamne-t-il pas lui-même comme coupable en ce qu'il ne fait point retourner celui qu'il a banni ?
14. Car certainemenrt nous mourrons et nous sommes semblables aux eaux qui s'écoulent sur la terre et qu'on ne rassemble point. a Or Dieu ne lui a point ôté la vie, mais il a trouvé un moyen pour ne pas rejeter loin de lui celui qui a été rejeté.
15. Et maintenant je suis venue pour tenir ce discours au roi monseigneur parce que le peuple m'a épouvantée. Et ta servante a dit : Je parlerai maintenant au roi, peut-être que le roi fera ce que sa servante lui dira.
16. Si donc le roi écoute sa servante pour la délivrer de la main de celui qui veut nous exterminer de l'héritage de Dieu, et moi et mon fils,
17. Ta servante a aussi dit : Que maintenant la parole du roi monseigneur nous apporte du repos, car le roi monseigneur est comme un ange de Dieu pour écouter le bien et le mal et que l'Éternel ton Dieu soit avec toi.
18. Et le roi répondit et dit à la femme : Je te prie ne me cache rien de ce que je vais te demander. Et la femme dit : Je prie que le roi monseigneur parle.
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II Samuel
19. Et le roi dit : N ’ est-ce pas Joab qui te fait faire tout ceci ? Et la femme répondit et dit : Ton âme vit, ô roi monseigneur, qu ’on ne saurait se détourner ni à droite, ni à gauche de tout ce que le roi monseigneur a dit, car c’ est ton serviteur Joab qui me l ’ a commandé et lui-même a mis dans la bouche de ta servante toutes ces paroles.
20. Ton serviteur Joab m a fait donner ce tour à mon discours. Mais monseigneur est sage comme un ange de Dieu pour savoir ce qui se passe dans la pays.
21. Alors le roi dit à Joab : Voici maintenant, c ’ est toi qui as conduit cette affaire. Va-t ’ en donc et fais revenir le jeune homme Absçalom.
22. Alors Joab tomba sur son visage en terre et se prosterna et bénit le roi. Et Joab dit : Aujourd ’hui ton serviteur a connu qu ’ il a trouvé grâce devant toi, ô roi monseigneur, car le roi a fait ce que son serviteur lui a dit.
23. Joab donc se leva et s ’ en alla à Guesçur et il ramena Absçalom à Jérusalem.
24. Et le roi dit : Qu ’ il se retire dans sa maison et qu ’ il ne me voie point. Et Absçalom se retira dans sa maison et il ne vit point le roi.
25. Or il n ’y avait point d ’homme dans tout Israël comme Absçalom qu on pût si bien louer pour sa beauté, depuis la plante des pieds jusqu au sommet de la tête, il n y avait point en lui de défaut.
26. Et quand il faisait faire ses cheveux, (et il arrivait tous les ans qu ’ il les faisait faire parce que ses cheveux lui chargeaient trop la tête) il pesait les cheveux de sa tête et on trouvait qu ils pesaient deux cents sicles au poids du roi1.
27. Et il nâquit trois fils à Absçalom et une fille qui avait nom Tamar et qui était une très belle femme.
28. Et Absçalom demeura à Jérusalem deux ans entiers sans voir le roi.
29. C’ est pourquoi Absçalom manda Joab pour
l ’ envoyer vers le roi et il ne voulut point venir vers lui. Il le manda encore pour la seconde fois mais il ne voulut point venir.
30. Alors il dit à ses serviteurs : Vous voyez là le champ de Joab qui est auprès du mien où il y a de
l ’ orge, allez, mettez-y le feu. Et les serviteurs d ’Abs-çalom brûlèrent ce champ-là.
31. Alors Joab se leva et vint vers Absçalom dans sa maison et il lui dit : Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champ?
32. Et Absçalom répondit à Joab : Voici, je t ’ ai envoyé dire : Viens ici et je t ’ enverrai vers le roi et tu lui diras : Pourquoi suis-je venu de Guesçur? Il faudrait mieux que j ’ y fusse encore. Maintenant donc que je voie le roi et s ’ il y a de l ’ iniquité en moi, qu ’ il me fasse mourir.
33. Joab donc vint vers le roi et lui rapporta ce qu ’Absçalom avait dit. Et le roi appela Absçalom qui vint vers lui et se prosterna le visage en terre devant le roi et le roi baisa Absçalom.
Réflexions
Ce qu il y a principalement à observer dans ce chapitre, c ’ est la bonté de David et sa tendresse envers Absçalom son fils. Cette bonté paraît en ce qu il voulut bien pardonner à Absçalom le crime qu il avait commis en tuant Amnon son frère et lui permettre de revenir à Jérusalem. Quoique l ’ événement fit voir que David avait été trompé en croyant qu ’Abs-çalom était rentré dans son devoir, il ne laissa pas de faire une action digne de louange et à cet égard, nous devons, comme lui, pardonner facilement à ceux qui nous ont offensés, surtout quand ils paraissent touchés de leur faute. D un autre côté, ce procédé de David fait voir le mauvais naturel d ’Abs-çalom, puisqu au lieu d être touché du pardon que son père lui avait accordé, il se servit de la liberté qu ’ il avait d ’ être à Jérusalem pour former une conspiration contre lui.
Il n ’y a rien à attendre de bon des gens qui ont un mauvais cœur. Ils ne profitent ni de leurs malheurs, ni de la prospérité et bien loin de changer, ils prennent occasion des délivrances que Dieu leur accorde et du bien qu ’on leur fait de devenir plus méchant et d exécuter leurs mauvais desseins.
Enfin, il faut remonter ici aux vues de la providence et considérer que Dieu permit qu ’Absçalom fut rappelé à Jérusalem afin de châtier David par le moyen de ce fils rebelle et dénaturé, comme le chapitre suivant le montrera.
(a) v14 : Ézéchiel 18.32 et 33.11
(1) v26 : C ’est selon quelques-uns trois livres et deux onces ou selon d ’ autres trente onces. D ’autres veulent que cela marque la valeur ou le prix des cheveux.
Chapitre XV
Absçalom conspire contre David son père et se fait déclarer roi, versets 1-12.
David est contraint de sortir de Jérusalem et de s’enfuir de devant son fils, versets 13-23.
Il renvoie dans cette ville les sacrificateurs qui voulaient le suivre avec l’arche de l’alliance, versets 24-31.
Il y envoie aussi Cusçaï pour empêcher par son moyen l’effet des conseils d’Abithophel qui s’était mis du parti d’Absçalom, versets 32-37.
OR après cela Absçalom s ’ équipa de chariots et de chevaux et il avait cinquante hommes qui couraient avec lui.
2. Et Absçalom se levait le matin et se tenait à côté du chemin qui allait à la porte et s ’ il y avait quelqu ’ un qui eût quelque affaire pour laquelle il fallût aller vers le roi pour demander justice, Absçalom l ’ appelait à lui et lui disait : De quelle ville es-tu ? Et il répondait : Ton serviteur est d ’ une telle tribu d ’Israël.
3. Et Absçalom disait : Regarde, ta cause est bonne et droite, mais tu n ’ as personne qui ait ordre du roi de t ’ écouter.
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II Samuel
4. Absçalom disait encore : Ô que ne m'établit-on pour juge au pays ! Tout homme qui aurait des procès et qui aurait le droit viendrait vers moi et je lui ferais justice.
5. Il arrivait aussi que quand quelqu'un s'approchait de lui pour se prosterner devant lui, il lui tendait sa main et le prenait et le baisait.
6. Absçalom faisait ainsi à tous ceux d'Israël qui venaient vers le roi pour avoir justice et Absçalom gagna les cœurs de ceux d'Israël.
7. Et arriva au bout de quarante ans 1 qu'Absça-lom dit au roi : Je te prie que je m'en aille et que je rende le vœu que j'ai fait à l'Éternel à Hébron,
8. Car quand ton serviteur demeurait à Guesçur en Syrie, il fit un vœu disant : Si l'Éternel me ramène pour être en repos à Jérusalem, j'en témoignerai ma reconnaissance à l'Éternel.
9. Et le roi lui répondit : Va-t'en en paix. Il se leva donc et s'en alla à Hébron.
10. Or Absçalom avait anvoyé des espions par toutes les tribus d'Israël pour dire : Aussitôt que vous aurez entendu le son de la trompette, dites : Absça-lom est établi roi à Hébron.
11. Et deux cents hommes de Jérusalem qui avaient été invités s'en allèrent avec Absçalom et ils allaient avec lui dans la simplicité de leur cœur, ne sachant rien du dessein d'Absçalom.
12. Absçalom envoya aussi appeler, lorsqu'il offrait ses sacrifices, Ahithophel Guilonite, conseiller de David, de sa ville de Guilo et il forma une puissante conjuration parce que le peuple qui allait avec Absçalom croissait de plus en plus.
13. Alors vint un messager à David disant : Tous ceux d'Israël ont leur cœur tourné vers Absçalom.
14. Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem : Levez-vous et fuyons, car nous ne saurions échaper de devant Absçalom. Hâtez-vous d'aller, de peur qu'il ne se hâte et qu'il ne nous atteigne et qu'il ne fasse venir le mal sur nous et qu'il ne fasse passer toute la ville au fil de l'épée.
15. Et les serviteurs du roi répondirent au roi : Tes serviteurs sont prêts à faire tout ce que le roi notre seigneur trouvera bon.
16. Le roi donc sortit et toute sa maison le suivait, cependant le roi laissa ses dix femmes concubines pour garder la maison.
17. Le roi donc sortit et tout le peuple le suivait et ils s'arrêtèrent dans un lieu éloigné.
18. Et tous ses serviteurs marchaient à côté de lui et tous les Kéréthiens et tous les Péléthiens et tous les Guittiens, qui étaient six cents hommes venus de Gath pour être à sa suite, marchaient devant le roi.
19. Mais le roi dit à Ittaï Guittien : Pourquoi viendrais-tu aussi avec nous ? Retourne-t'en et demeure avec le roi, car tu es étranger et même tu vas retourner bientôt en ton lieu.
20. Tu ne fais que de venir et te ferais-je aller errant ça et là avec nous ? Car quant à moi je m'en vais où je pourrai, retourne-t'en et ramène tes frères. Que la miséricorde et la vérité soient avec toi !
21. Mais Ittaï répondit au roi disant : L'Éternel est vivant et le roi monseigneur vit, qu'en quelque lieu où le roi monseigneur sera, soit à la mort, soit à la vie, ton serviteur y sera aussi.
22. David donc dit à Ittaï : Viens et marche. Alors Ittaï Guittien marcha avec tous ses gens et tous les petits enfants qui étaient avec lui.
23. Et tout le pays pleurait et jettait de grands cris et tout le peuple qui passait, puis le roi passa le torrent du Cédron et tous le peuple passa vis-à-vis du chemin qui tire vers le désert.
24. Tsadok était aussi là avec tous les Lévites qui portaient l'arche de l'alliance de Dieu et ils posèrent là l'arche de Dieu. Et Abiathar monta pendant que tout le peuple achevait de sortir de la ville.
25. Et le roi dit à Tsadok : Reporte à la ville l'arche de Dieu. Si j'ai trouvé grâce devant l'Éternel, il me ramènera et il me fera voir son arche et son tabernacle.
26. Que s'il me dit ainsi : Je ne prends plus de plaisir en toi, me voici, qu'il fasse de moi ce qu'il lui plaira.
27. Le roi dit encore au sacrificateur Tsadok : Ne vois-tu pas ? Retourne-t'en en paix à la ville et Ahi-mahats ton fils et Jonathan fils d'Abiathar vos deux fils avec vous.
28. Regardez, je m'en vais demeurer dans les campagnes du désert jusqu'à ce qu'on vienne m'apporter des nouvelles de votre part.
29. Tsadok donc et Abiathar reportèrent l'arche de Dieu à Jérusalem et ils demeurèrent là.
30. Et David montait par la montée des oliviers et en montant il pleurait et il avait la tête couverte et il marchait nus pieds. Tout le peuple aussi qui était avec lui montait chacun ayant sa tête couverte et il pleurait en montant.
31. Alors on fit ce rapport à David et on lui dit : Ahithophel est parmi ceux qui ont conjuré avec Abs-çalom et David dit : Je te prie, ô Éternel, rends inutile le conseil d'Ahithophel.
32. Et lorsque David fut venu jusqu'au sommet de la montagne où il se prosterna devant Dieu, voici : Cusçaï Arkite lui vint au devant ayant ses habits déchirés et de la terre sur la tête.
33. Et David dit : Tu me seras à charge si tu passes plus avant avec moi,
34. Mais si tu retournes à la ville et si tu dis à Absçalom : Ô roi je serai ton serviteur et je te servirai maintenant comme j'ai été serviteur de ton père dès longtemps, tu dissiperas le conseil d'Ahithophel.
35. Et n'auras-tu pas là avec toi les sacrificateurs Tsadok et Abiathar? Et ne rapporteras-tu pas tout ce que tu sauras de la maison du roi aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar?
36. Voici, ils ont leurs deux fils avec eux, savoir Ahimahats fils de Tsadok et Jonathan fils d'Abiathar. Vous m'apprendrez par eux tout ce que vous aurez appris.
37. Ainsi Cusçaï, l'intime ami de David, revint dans la ville et Absçalom vint à Jérusalem.
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Réflexions
Il faut d ’ abord remarquer ici la continuation des jugements de Dieu sur David et la vérité de ce que le prophète Nathan lui avait dit
que Dieu ferait venir de sa propre maison du mal contre lui.
David est chassé par son propre fils, réduit à sortir de Jérusalem et abandonné de la plus grande partie de ses sujets, ce qui devait lui être plus sensible que toutes les épreuves par où il était passé.
2. On voit ici la méchanceté d Absçalom, son ingratitude et son inhumanité contre son père qui lui avait pardonné. On y remarque les artifices dont il se servit pour gagner l affection du peuple et surtout son extrême impiété qui paraît en ce qu il feignit d aller rendre un vœu à Dieu à Hébron dans le temps qu ’ il y allait pour se faire déclarer roi.
Les méchants sont capables de tout et ils se servent de la trahison et même du prétexte de religion pour venir à bout de leurs mauvais desseins.
Cependant, quoique l entreprise d Absçalom fût tout à fait injuste et criminelle, il eut d abord des succès heureux.
C’ est ce qui arrive quelquefois aux méchants, mais ils n échappent pas pour cela à la justice divine.
3. L’on doit faire une grande attention à ces paroles que David prononça en renvoyant les sacrificateurs avec l ’ arche à Jérusalem :
Si j’ai trouvé grâce devant le Seigneur, il me ramènera et me fera revoir son arche et son tabernacle, que s’il me dit : Je ne prends plus mon plaisir en toi, me voici, qu ’il fasse de moi ce qui lui plaira.
On voit dans ce langage la profonde humilité avec laquelle David recevait le châtiment que Dieu lui envoyait, on y remarque sa résignation à la volonté de Dieu, on y découvre aussi son zèle et son grand attachement pour le lieu où Dieu était adoré.
C ’ est de la sorte que ceux que Dieu afflige, mais surtout les grands pécheurs, doivent s humilier sous sa main, se soumettre à sa volonté et se juger indignes de ses grâces.
La prière que David adressa à Dieu afin qu ’ il lui plût de rendre vain le conseil d ’Ahithophel montre que les conseils des personnes artificieuses et accréditées sont infiniment à craindre, mais cela fait voir aussi que David avait tout son recours à Dieu dans l ’ extrémité où il se trouvait et que quoiqu ’ il souffrît la peine de ses péchés, il se confiait encore en lui.
4. Enfin, David renvoya Cusçaï à Jérusalem avec ordre de faire semblant d ’ être du parti d ’ Absçalom et de tâcher de découvrir et de rendre inutiles les conseils d ’Ahithophel. Il faut considérer sur cela que David put faire légitimement ce qu il fit à l égard d ’Absçalom, non seulement en qualité de roi, mais principalement en qualité de père qui était attaqué par son propre fils, surtout son dessein n étant pas de nuire en aucune façon à Absçalom pour lequel il conservait toujours une grande affection, mais se
proposant de l empêcher de faire davantage de mal et de le ramener à son devoir. Ainsi cette action de David n autorise nullement la tromperie, le mensonge, ni la trahison.
Enfin, il paraît du Psaume III que David dans cette extrêmité avait toujours une parfaite confiance en Dieu et en son secours.
(1) v7 : Sur la fin des quarante ans du règne de David. D ’anciennes versions ont lu : ...au bout de quatre ans...
Chapitre XVI
Dans le temps que David était fugitif, Tsiba obtient de lui, par surprise et par calomnie, les biens de Mé-phibosceth petit-fils de Saül, versets 1-4.
David étant outragé par un homme nommé Scimbi fait paraître une grande modération et une parfaite soumission à la providence, versets 5-14.
Absçalom entre à Jérusalem et reçoit Cusçaï à son service, versets 15-23.
Quand David eut passé un peu le haut de la montagne, voici Tsiba serviteur de Méphibosceth vint au devant de lui avec deux ânes bâtés sur lesquels il y avait deux cents pains et cent paquets de raisins secs et cent d ’ autres fruits d ’ été et un baril de vin.
2. Et le roi dit à Tsiba : Que veux-tu faire de cela ? Et Tsiba répondit : Les ânes sont pour la famille du roi afin qu ’ ils montent dessus et le pain et les autres fruits d été à manger sont pour les jeunes gens et il y a du vin pour boire afin que ceux qui se trouveront fatigués dans le désert en boivent.
3. Et le roi lui dit : Mais où est le fils de ton maître ? a Et Tsiba répondit au roi : Voici il est demeuré à Jérusalem, car il a dit : Aujourd ’hui la maison d ’Israël me restituera le royaume de mon père.
4. Alors le roi dit à Tsiba : Voilà, tout ce qui est à Méphibosceth est à toi. Et Tsiba dit : Je me prosterne devant toi puisque je trouve grâce devant toi, ô roi monseigneur.
5. Et le roi David vint jusqu ’à Bahurim et voici il en sortit un homme de la famille de la maison de Saül nommé b Scimhi, fils de Guéra, qui, étant sorti, maudissait David.
6. Et il jetait des pierres contre David et contre tous les serviteurs du roi David et tout le peuple et tous les hommes vaillants étaient à la droite et à la gauche du roi.
7. Or Scimhi parlait ainsi en le maudissant : Sors, sors homme de sang et méchant homme.
8. LÉternel a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül en la place duquel tu as régné et
l ’Éternel à mis le royaume entre les mains de ton fils Absçalom. Et voilà tu souffres le mal que tu as fait parce que tu es un homme de sang.
9. Alors Abisçaï fils de Tséruja c dit au roi : D ’où vient que ce chien mort maudit le roi mon seigneur? Que je passe et que je lui ôte la tête.
10. Mais le roi répondit : Qu ’ ai-je à faire avec vous fils de Tséruja? Qu ’ il me maudisse. Car l ’Éternel lui
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a dit : Maudit David. Et qui lui dira : Pourquoi l'as-tu fait?
11. David dit aussi à Abisçaï et à tous ses serviteurs : Voici mon propre fils qui est sorti de mes entrailles cherche ma vie. Combien plus maintenant un fils de Jémini1 me traitera-t-il indignement ? Laissez-le et qu'il me mausisse, car l'Éternel le lui a dit.
12. Peut-être que l'Éternel regardera mon affliction et que l'Éternel me rendra du bien au lieu des malédictions que celui-ci me donne aujourd'hui.
13. David donc et ses gens continuaient leur chemin et Scimdi allait à côté de la montagne vis-à-vis de lui et en allant il maudissait et il jetait des pierres contre lui et il élevait de la poussière.
14. Alors le roi David et tout le peuple qui était avec lui étant fatigués vinrent et se rafraîchirent là.
15. Et Absçalom et tout le peuple, savoir les hommes d'Israël, entrèrent dans Jérusalem et Ahi-thophel était avec lui.
16. Or il arriva que quand Cusçaï Arkite, l'ami intime de David, fut venu vers Absçalom, il dit à Absçalom : Vive le roi, vive le roi !
17. Et Absçalom dit à Cusçaï : Est-ce donc là l'affection que tu as pour ton intime ami ? Pourquoi n'es-tu point allé avec ton intime ami ?
18. Mais Cusçaï répondit à Absçalom : Non, mais je serai à celui qui a été choisi par l'Éternel par ce peuple et par tous les hommes d'Israël et je demeurerai avec lui.
19. Et de plus, qui servirai-je ? Ne sera-ce pas son fils ? Je serai ton serviteur comme j'ai été le serviteur de ton père.
20. Alors Absçalom dit à Ahithophel : Consultez ensemble pour voir ce que nous avons à faire.
21. Et Ahithophel dit à Absçalom : Va vers les concubines de ton père qu'il a laissées pour garder la maison afin que, quand tout Israël saura que tu te seras rendu odieux à ton père, les mains de tous ceux qui sont avec toi soient fortifiées.
22. On dressa donc un pavillon à Absçalom sur la plate-forme de la maison et Absçalom vint vers les concubines de son père à la vue de tout Israël.
23. Or le conseil qu'Ahithophel donnait en ce temps-là était autant estimé que si quelqu'un eût demandé le conseil de Dieu. C'est ainsi qu'on considérait tous les conseils qu'Ahithophel donnait tant à David qu'à Absçalom.
Réflexions
Nous devons réfléchir
1. Sur la perfidie de Tsiba, qui, pour les biens de Méphibosceth, vint l'accuser vers David de s'être rebellé contre lui et sur la facilité de David qui se laissa surprendre à cette accusation fausse et calomnieuse.
On voit par là qu'il est dangereux d'ajouter foi aux rapports et de juger sur les apparences. Il ne faut jamais croire légèrement ceux qui accusent les
autres et la précipitation de David montre que ceux-là mêmes qui ont de la vertu peuvent se laisser prévenir et commettre de grandes injustices à moins qu'ils ne soient sur leur gardes à cet égard.
2. Dans ce qui se passa entre Scimhi et David, l'on remarque d'un côté le crime de Scimhi qui maudissait son roi et l'outrageait avec tant d'indignité et de l'autre la modération de David qui, pouvant justement punir l'audace de ce malheureux et étant sollicité de le faire, ne voulut pas qu'on lui fit aucun mal, mais souffrit patiemment tous ces outrages reconnaissant que c'était Dieu qui l'avait réduit dans l'état où il se trouvait alors et qui voulait se servir de Scimhi pour l'humilier et pour l'éprouver. C'est ce que marquent ces paroles que David prononça à cette occasion :
Laissez-le faire, car le Seigneur lui a dit : Maudit David.
Mais cela ne signifie pas que Dieu eût recommandé à Scimhi de maudire son roi ou qu'il le poussât à cela. Ainsi David marqua sa soumission à la volonté de Dieu, sa grande modération et sa profonde humilité et il reconnut que quoique Scimhi l'outrageait très injustement, Dieu le punissait justement par son moyen.
Voici un exemple qui nous apprend à ne nous venger jamais, à ne pas même souffrir que les autres nous vengent et à supporter avec patience tous les maux que les hommes nous font, considérant qu'il ne nous arrive rien que par la permission de Dieu et que nous n'ayons bien mérité.
3. Il paraît, que dans l'extrémité où le roi David était alors réduit, Dieu prenait soin de lui, puisque Cusçaï son ami fut reçu auprès d'Absçalom et que par ce moyen il put être averti des desseins que ce fils dénaturé formerait.
Enfin, le crime qu'Absçalom commit avec les femmes de son père est une nouvelle marque de l'impiété et de la méchanceté de ce malheureux fils. On remarque ici la juste punition de Dieu sur David à cause de l'adultère qu'il avait commis et l'accomplissement de ce que le prophète Nathan lui avait annoncé
que Dieu donnerait ses femmes à un de sa maison.
Et puisqu'Absçalom se laissa aller à cette action détestable par le conseil d'Ahithophel qui avait en vue de se maintenir et d'amener les choses à un point qu'Absçalom ne pût jamais faire la paix avec David, on doit reconnaître par là qu'il peut arriver bien du mal par les mauvais conseils et ce qui arriva dans la suite à Absçalom et à Ahithophel lui-même nous montre que ces conseils sont tôt ou tard funestes à ceux qui les suivent et à ceux qui les donnent.
(a) v3 : Ci-dessous 19.27
(b) v5 : I Rois 2.8
(c) v9 : Ci-dessous 19.21
(1) v 11 : Un homme de la tribu de Benjamin.
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II Samuel
Chapitre XVII
Ahithophel conseille à Absçalom de faire mourir David seul, mais Cusçaï empêcha que cet avis ne fût suivi et il en fit avertir David par Jonathan et Ahi-mahats. Ahithophel voyant que son conseil n ’avait pas été suivi et jugeant qu il était perdu se pend de désespoir. David passe le Jourdain et arrive à Maha-najim où il reçoit des rafraichissements de plusieurs personnes.
Après cela Ahithophel dit à Absçalom : Je choisirai maintenant douze mille hommes et je me lèverai et je poursuivrai David cette nuit.
2. Et je me jetterai sur lui. Il est fatigué et ses mains sont affaiblies et je l épouvanterai tellement que tout le peuple qui est avec lui s enfuira et je frapperai le roi tout seul.
3. Et je ferai que le peuple retournera à toi, car
l ’ homme que tu cherches vaut autant que si tous retourneraient avec toi, ainsi tout le peuple sera en paix.
4. Cet avis fut approuvé par Absçalom et par tous les anciens d Israël.
5. Mais Absçalom dit : Qu on appelle maintenant aussi Cusçaï Arkite et que nous entendions aussi son avis.
6. Or quand Cusçaï fut venu vers Absçalom, Abs-çalom lui dit : Ahithophel a donné un tel avis. Ferons-nous ce qu ’ il a dit ou non ? Parle toi.
7. Alors Cusçaï dit à Absçalom : Le conseil qu ’Ahithophel a donné maintenant n ’ est pas bon.
8. Cusçaï dit encore : Tu connais ton père et ses gens, que ce sont des gens vaillants et qui ont le cœur outré comme une ourse qui est aux champs à qui on a pris ses petits et même ton père est un homme de guerre et il ne passera point la nuit avec le peuple.
9. Voici, il est maintenant caché dans quelque caverne ou dans quelque autre lieu. S il arrive qu au commencement on soit battu par eux, quiconque en entendra parler l ’ ayant su dira : Le peuple qui suit Absçalom a été défait.
10. Alors le plus vaillant, même celui qui avait le cœur comme un lion perdra courage et son cœur se fondra, car tout Israël sait que ton père est un homme de cœur et que ceux qui sont avec lui sont vaillants.
11. Mais je suis d ’ avis qu ’ en diligence on assemble vers toi tout Israël, depuis Dan jusqu ’ à Béér-sébah et leur nombre sera aussi grand que le sable qui est sur le bord de la mer et toi-même en personne marches le premier en bataille.
12. Alors nous viendrons à lui en quelque lieu que nous le trouvions et nous nous jetterons sur lui comme lorsque la rosée tombe sur la terre et il ne lui restera aucun de tous les hommes qui sont avec lui.
13. Que s ’ il se retire en quelque ville tout Israël portera des cordes vers cette ville et nous la traine-rons jusque dans le torrent et on n en trouvera pas même une petite pierre.
14. Alors Absçalom et tous les hommes d ’Israël dirent : Le conseil de Cusçaï Arkite est meilleur que le conseil d ’Ahithophel. Car l ’Éternel avait ordonné que le conseil d ’Ahithophel qui était le plus utile pour Absçalom fût dissipé afin qu ’ il fit venir le mal sur Abs-çalom.
15. Alors Cusçaï dit aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar : Ahithophel a donné un tel et un tel conseil à Absçalom et aux anciens d ’Israël, mais moi j ’ ai donné tel et tel conseil.
16. Maintenant donc envoyez en diligence et faites-le savoir à David et dites-lui : Ne demeure point cette nuit dans les campagnes du désert et même ne manque point de passer plus avant de peur que le roi ne soit englouti et tout le peuple qui est avec lui.
17. Or Jonathan et Ahimahats se tenaient auprès de la fontaine de Roguel parce qu ils n osaient pas se montrer lorsqu ’ils venaient dans la ville et une servante leur alla rapporter le tout afin qu ’ ils s ’ en allassent et le rapportassent au roi David.
18. Mais un garçon les vit qui le rapporta à Abs-çalom et ils marchèrent tous les deux en diligence et ils vinrent à Bahurim dans la maison d ’ un homme qui avait un puits en sa cour dans lequel ils descendirent.
19. Et la femme de cet homme-là prit une couverture et l ’ étendit sur la bouche du puits et répandit sur elle du grain pillé et la chose ne fut point découverte,
20. Car les serviteurs d ’Absçalom vinrent vers cette femme-là jusque dans sa maison et lui dirent : Où sont Ahimahats et Jonathan ? Et la femme leur répondit : Ils ont passé le gué de l ’ eau. Les ayant donc cherchés et ne les ayant point trouvés, ils s ’ en retournèrent à Jérusalem.
21. Et après qu ’ ils s ’ en furent allés, Ahimahats et Jonathan remontèrent du puits et s ’ en allèrent et rapportèrent cela au roi David en lui disant : Levez-vous et passez l eau en diligence, car Ahithophel a donné un tel conseil contre vous.
22. Alors David se leva et tout le peuple qui était avec lui et ils passèrent le Jourdain jusqu au point du jour et il n y en eut pas un qui ne passât pas le Jourdain.
23. Or Ahithophel voyant qu ’on avait point fait ce qu ’ il avait conseillé bâta son âne et s ’ en alla dans sa maison dans sa ville et après qu il eut disposé des affaires de sa maison, il s étrangla et mourut et il fut enseveli dans le sépulcre de son père.
24. Et Davis arriva à Mahanajim et Absçalom passa le Jourdain lui et tous ceux d ’Israël qui étaient avec lui.
25. Et Absçalom établit Hamasa sur l ’ armée à la place de Joab. Or Hamasa était fils d un homme nommé Jithra, Israélite, qui était entré vers Abigaïl fille de Nahas et sœur de Tséruja mère de Joab.
26. Et Israël avec Absçalom campa au pays de Galaad.
27. Or il arriva qu aussitôt que David fut arrivé à Mahanajim, Sçobi fils de Nahas de Rabba qui avait
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été aux Hammonites et Makir fils de Hammiel de Lo-débar et Barzillaï Galaadite de Roguelin amenèrent des lits, des bassins, des vaisseaux de terre, du froment, de l'orge, de la farine, du grain rôti, des fèves, des lentilles et des grains rôtis,
28. Du miel, du beurre, des brebis et des fromages de vaches. Ils les amenèrent à David et au peuple qui était avec lui afin qu'ils en mangeassent, car ils disaient : Ce peuple est affamé et il est las et il a soif dans ce désert.
Réflexions
On voit d'abord ici une chose très remarquable, c'est qu'Ahithophel ayant conseillé à Absçalom de poursuivre David pendant qu'il était fatigué et sans secours et s'étant même offert de le tuer, Absçalom donna les mains à ce conseil détestable et consentit au meurtre de son père. C'est là une circonstance qui fait horreur et qui prouve que ce fils dénaturé était capable de tout et qu'il achevait de remplir la mesure de ses crimes.
Mais c'est là ce qui arrive ordinairement à ceux qui se sont engagés dans des entreprises criminelles et qui ont étouffé la voix de la conscience. Ils veulent se soutenir à quelque prix que ce soit et ils se résolvent enfin aux crimes les plus affreux.
D'un autre côté, on remarque ici les soins de la providence qui, voulant sauver David, empêcha par le moyen de Cusçaï que le conseil d'Ahithophel, qui n'aurait pas manqué de causer la totale ruine de David, ne fût suivi. La providence parut encore en ce que Jonathan et Ahimahats qui allaient avertir le roi de ce qui se passait à Jérusalem, ayant été poursuivis, ils ne furent pas découverts. Tous cela fait voir que Dieu prenait David en sa protection et qu'il voulait enfin donner des bornes et à l'orgueil et à la méchanceté d'Absçalom.
Cette histoire montre aussi que Dieu tourne, quand il lui plaît, le cœur des hommes du côté qu'il veut, qu'il rend inutiles les conseils les plus prudents et qu'il fait échouer les entreprises les mieux concertées.
La fin d'Ahithophel qui se pendit voyant que son avis n'avait pas prévalu et qu'Absçalom ne le soutiendrait pas mérite aussi une singulière attention. C'est un exemple tout à fait remarquable de la vengeance divine sur les traitres et sur ceux qui forment des entreprises criminelles et injustes.
Chapitre XVIII
David envoie ses troupes combattre l'armée d'Absçalom et recommande qu 'on épargne Absçalom dans le combat, versets 1-5.
L’armée d'Absçalom est défaite et comme il se retirait il demeura pendu à un chêne où Joab le tua, versets 6-18, ce que David ayant appris il en fut extraordinairement affligé, versets 19-33.
OR David fit le dénombrement du peuple qui était avec lui et il établit sur eux des capitaines sur milliers et sur centaines.
2. Et David envoya le peuple, savoir la troisième partie de ses troupes sous la conduite de Joab, l'autre troisième partie sous la conduite d'Abisçaï fils de Tsérija et frère de Joab et l'autre troisième partie sous la conduite d'Ittaï Guittien, puis le roi dit au peuple : Certainement je sortirai aussi avec vous.
3. Mais le peuple lui dit : Tu ne sortiras point, car encore que nous viendrions à fuir, on n'en fera aucun cas et quand même la moitié de nous serait tué, on n'en ferait pas de cas, quand même dans l'état où nous nous trouvons, nous serions dix mille hommes. Maintenant donc il vaut mieux que tu nous secoures de la ville.
4. Et le roi leur dit : Je ferai ce que vous voudrez. Le roi donc s'arrêta à la place de la porte et tout le peuple sortit par centaines et par milliers.
5. Et le roi commanda à Joab et à Abisçaï et à Ittaï disant : Épargnez-moi le jeune homme Absçalom et tout le peuple entendit ce que le roi recommandait à tous les capitaines touchant Absçalom.
6. Ainsi le peuple sortit aux champs pour aller contre Israël et le combat fut donné dans la forêt d'Épraïm.
7. Ce fut là que le peuple d'Israël fut battu par les serviteurs de David et il y eut dans le même lieu une grande défaite de vingt mille hommes en ce jour.
8. Et le combat s'étendit par tout le pays et en ce jour-là la forêt consuma beaucoup plus de peuple que ne fit l'épée.
9. Or Absçalom se rencontra devant les serviteurs de David et Absçalom était monté sur un mulet et son mulet était entré sous les branches entrelacées d'un grand chêne, sa tête se trouva embarrassée dans les branches du chêne, le mulet qui était sous lui passant outre.
10. Et un homme ayant vu cela le rapporta à Joab et lui dit : Voici, j'ai vu Absçalom pendu à un chêne.
11. Et Joab répondit à celui qui lui disait ces nouvelles : Et voici, tu l'as vu, pourquoi ne l'as-tu pas tué là en le jetant par terre ? Et c'eut été à moi de te donner dix pièces d'argent et une ceinture.
12. Mais cet homme-là dit à Joab : Quand je compterais dans ma main mille pièces d'argent, je ne mettrais point ma main sur le fils du roi, car nous avons entendu que le roi t'a fait ce commandement et à Abisçaï et à Ittaï disant : Prenez garde chacun au jeune homme Absçalom.
13. Autrement il me faudrait dire un mensonge au péril de ma vie, car rien ne serait caché au roi et toi même tu eusses été contre moi.
14. Et Joab répondit : Je n'attendrai pas tant en ta présence. Et ayant pris trois dards en sa main, il en perça le cœur d'Absçalom qui était encore vivant au milieu du chêne.
15. Puis dix jeunes hommes qui portaient les armes de Joab environnèrent Absçalom et le frappèrent et le firent mourir.
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16. Alors Joab fit sonner la retraite et le peuple retourna et cessa de poursuivre Israël parce que Joab retint le peuple,
17. Et ils prirent Absçalom et le jetèrent dans la forêt dans une grande fosse et ils mirent sur lui un fort grand monceau de pierre, mais tout Israël s ’ enfuit chacun dans sa tente.
18. Or Absçalom avait pris pendant sa vie une statue et se l ’ était fait dresser dans la vallée du roi car il disait : Je n ai point de fils pour laisser la mémoire de mon nom et il nomma cette statue-là de son nom et jusqu à ce jour on l appelle la place d Absçalom.
19. Et Ahimahats fils de Tsadok dit : Je vous prie que je courre maintenant et que je porte ces bonnes nouvelles au roi que l ’Éternel l ’ a garanti de la main de ses ennemis.
20. Et Joab lui répondit : Tu ne seras pas aujour-d ’hui porteur de bonnes nouvelles, mais tu le feras un autre jour, car aujourd ’hui tu ne porterais pas de bonnes nouvelles parce que le fils du roi est mort.
21. Et Joab dit à Cusci : Va et rapporte au roi ce que tu as vu. Cusci se prosterna devant Joab et se mit à courir.
22. Ahimahats fils de Tsadok dit encore à Joab : Quoi qu il en soit je courrai aussi maintenant après Cusci. Joab lui dit : À quel propos veux-tu courir mon fils, puisqu il n y a point de bonne nouvelle à porter pour toi ?
23. Mais il dit : Quoi qu ’ il en soit je courrai. Et Joab lui répondit : Cours. Ahimahats donc couru par le chemin de la plaine et passa Cusci.
24. Or David était assis entre deux portes et la sentinelle était allée sur le toit de la porte vers la muraille et élevant ses yeux elle regarda et voilà un homme qui courait tout seul.
25. Et la sentinelle cria et le fit savoir au roi. Et le roi dit : S ’ il est seul, il apporte de bonnes nouvelles. Et cet homme marchait toujours et s approchait.
26. Puis la sentinelle vit un autre homme qui courait et il cria au portier et dit : Voilà un homme qui court tout seul. Et le roi dit : Il apporte aussi de bonnes nouvelles.
27. Et la sentinelle dit : Il me semble à voir courir le premier que c ’ est ainsi que court Ahimahats fils de Tsadok. Et le roi dit : C ’ est un homme de bien, il vient quand il est question de bonnes nouvelles.
28. Alors Ahimahats cria et dit au roi : Tout va bien et il se prosterna devant le roi le visage contre terre et dit : Béni soit l Éternel ton Dieu qui a livré entre nos mains les hommes qui s ’ étaient soulevés contre le roi monseigneur.
29. Et le roi dit : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il bien ? Et Ahimahats lui répondit : J ai vu s ’ élever un grand tumulte lorsque Joab envoyait le serviteur du roi et moi ton serviteur, autrement je ne sais ce que c’ était.
30. Et le roi lui dit : Détourne-toi et tiens-toi là. Il se détourna donc et s arrêta.
31. Alors Cusci parut et dit : Que le roi monseigneur ait ces bonnes nouvelles, c est que l Éternel
aujourd ’hui t ’ a garanti de la main de tous ceux qui s ’ étaient soulevés contre toi.
32. Et le roi dit à Cusci : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il bien ? Et Cusci lui répondit : Que les ennemis du roi monseigneur et tous ceux qui se sont élevés contre toi pour te faire du mal deviennent comme ce jeune homme.
33. Alors le roi fut fort ému et monta à la chambre haute de la porte et se mit à pleurer et il disait en marchant : Mon fils Absçalom, mon fils, mon fils Absçalom, plût à Dieu que je fusse mort moi-même pour toi, Absçalom mon fils, mon fils.
Réflexions
On voit dans ce chapitre l ’ issue et la fin de la rebellion d Absçalom et la punition que Dieu fit tomber sur ce fils impie et dénaturé qui avait voulut ôter à son père la vie et le royaume. L’on découvre dans cet événement des marques bien évidentes de la malédiction de Dieu sur Absçalom, puisqu ’ il perdit la vie nonobstant que son père eût recommandé très expressément qu ’on l ’ épargnât. Outre cela, il périt d ’ une manière tout à fait tragique étant demeuré pendu à un arbre et y ayant été tué par Joab.
C ’ est ici un grand exemple de la malédiction divine sur les impies et particulièrement sur les ambitieux, sur les enfants rebelles et sur ceux qui se révoltent contre leurs princes légitimes.
Mais l ’on remarque aussi dans cette histoire que Dieu, après avoir permis la rébellion d Absçalom pour châtier son père et pour l ’humilier, le délivra de ce grand danger et lui rendit la paix. Il faut de plus considérer que ce ne fut pas seulement sur Absçalom que la vengeance céleste tomba. Les Israélites l éprouvèrent aussi et il en périt vingt-mille, Dieu ayant voulu punir ceux qui avaient suivi le parti d ’Absçalom et qui s ’ étaient soulevés contre leur roi.
Enfin, la vive douleur que David ressentit lorsqu ’ il apprit la mort d ’Absçalom doit être attribuée non seulement à l ’ extrême tendresse qu ’ il avait pour lui, bien que ce fut un fils rebelle et dénaturé, mais aussi à sa piété. Il pleurait encore plus son crime et l ’ état dans lequel il est mort que sa mort même.
L’amour paternel est bien fort. Les crimes mêmes et l ingratitude des enfants ne peuvent l arracher du cœur, mais les pères qui craignent Dieu sont surtout inconsolables quand ils ont des enfants engagés dans le crime et quand ils les voient mourir dans un état de péché et de condamnation.
Chapitre XIX
David étant averti que le deuil auquel ils ’abandonnait à cause de la mort d’Absçalom décourageait ses sujets, il se montre à eux et il est rétabli dans son royaume par ceux de Juda, versets 1-15.
Il pardonne à Scimbi qui lui avait dit des injures lorsqu ’il fuyait de devant Absçalom, versets 16-23.
Il rend à Méphibosceth le bien que Tsiba avait obtenu par surprise, versets 24-30.
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II Samuel
Il renvoie Barzillaï qui l'avait assisté pendant la guerre d'Absçalom et il prend son fils à son service, vesets 31-39.
Ceux d'Israël se plaignent de ce qu 'on ne les avait pas appelés pour reconduire David à Jérusalem, versets 40-43.
Et on rapporta à Joab : Voilà le roi qui pleure et qui s'afflige à cause d'Absçalom.
2. Ainsi la victoire en ce jour-là fut changée en deuil pour tout le peuple parce que le peuple avait entendu qu'on disait en ce jour-là : Le roi est affligé à cause de son fils.
3. Et en ce jour-là le peuple venait dans la ville à la dérobée comme ferait un peuple qui serait honteux d'avoir fui dans la bataille.
4. Et le roi couvrit sa face et criait à haute voix : Mon fils Absçalom, Absçalom mon fils, mon fils.
5. Et Joab entra vers le roi dans la maison et lui dit : Tu as aujourd'hui couvert de confusion tous tes serviteurs qui ont aujourd'hui garanti ta vie et la vie de tes fils et de tes filles et la vie de tes femmes et la vie de tes concubines,
6. En aimant ceux qui te haïssent et haïssant ceux qui t'aiment, car tu as aujourd'hui montré que tes capitaines et tes serviteurs ne te sont rien et je connais aujourd'hui que si Absçalom vivait et que nous eussions tous été tués aujourd'hui cela te plairait.
7. Maintenant donc, lève-toi et parle selon le cœur de tes serviteurs, car je te jure par l'Éternel que si tu ne sors, il ne demeurera pas cette nuit un seul homme avec toi et ce mal sera pire que tous ceux qui te sont arrivés depuis ta jeunesse jusqu'à présent.
8. Alors le roi se leva et s'assit à sa porte et on le fit savoir à tout le peuple en disant : Voilà, le roi est assis à la porte et tout le peuple vint devant le roi, mais Israël s'enfuit chacun dans sa tente.
9. Et tout le peuple se disputait dans toutes les tribus d'Israël, car ils disaient : Le roi nous a délivré de la main de nos ennemis et il nous a garantis de la main des Philistins et maintenant il s'en est fui du pays à cause d'Absçalom !
10. Or Absçalom que nous avions oint sur nous est mort dans la bataille et maintenant donc pourquoi ne parlez-vous point de ramener le roi ?
11. Et le roi David envoya dire aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar : Parlez aux anciens de Juda et dites-leur : Pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi dans sa maison ? (Car les discours que tout Israël avait tenus étaient parvenus jusqu'au roi dans sa maison).
12. Vous mes frères, vous êtes mes os et ma chair 1 et pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi ?
13. Dites même à Hamana : N'es-tu pas mon os et ma chair? Que Dieu me traite avec la dernière rigueur si tu n'es le chef de l'armée devant moi pour toujours en la place de Joab.
14. Ainsi il fléchit le cœur de tous les hommes de Juda comme si ce n'eût été qu'un seul homme et ils
envoyèrent dire au roi : Reviens avec tous tes serviteurs.
15. Le roi donc revint et arriva jusqu'au Jourdain et Juda vint jusqu'à Guilgal pour aller au devant du roi, pour lui faire repasser le Jourdain.
16. a Et Scimhi fils de Guéra, fils de Jémini qui était de Bahurin descendit en diligence avec les hommes de Juda au devant du roi David.
17. Et il avait mille hommes avec lui de Benjamin. Et Tsiba serviteur de la maison de Saül et ses quinze enfants et ses vingt serviteurs étaient aussi avec lui et ils passèrent le Jourdain devant le roi.
18. Le bateau passa aussi afin de passer la famille du roi et de faire ce qui lui plairait. Alors Scimhi fils de Guéra se jeta à genoux devant le roi comme il passait le Jourdain.
19. Et il dit au roi : Que monseigneurb ne m'impute point mon iniquité et ne se souvienne point de ce que ton serviteur fit avec méchanceté le jour que le roi monseigneur sortait de Jérusalem et que le roi ne le prenne point à cœur,
20. Car ton serviteur connaît qu'il a péché et voilà je suis venu aujourd'hui le premier de la famille de Joseph pour descendre au devant du roi monseigneur.
21. Mais Abisçaï fils de Tséruja répondit et dit : Sous ombre de ceci ne fera-t-on point mourir Scimhi puisqu'il a maudit l'oint de l'Éternel ?
22. Et David dit : Qu'ai-je à faire avec vous fils de Tséruja? Car vous êtes aujourd'hui mes ennemis. Ferait-on mourir aujourd'hui quelqu'un en Israël ? Car ne connais-je pas bien qu'aujourd'hui je deviens roi sur Israël ?
23. Et le roi dit à Scimhi : Tu ne mourras point et le roi le lui jura.
24. Après cela Méphibosceth fils de Saül descendit au devant du roi. Il n'avait point lavé ses pieds, ni fait sa barbe, ni lavé ses habits depuis que le roi s'en était allé jusqu'au jour qu'il revint en paix.
25. Il se trouva donc au devant du roi comme le roi entrait dans Jérusalem. Et le roi lui dit : Pourquoi n'es-tu point venu avec moi Méphibosceth ?
26. Et il lui répondit : Monseigneur, mon serviteur m'a trompé, car ton serviteur avait dit : Je ferai seller mon âne et je monterai dessus et j'irai vers le roi parce que ton serviteur est boiteux.
27. Etc il a calomnié ton serviteur auprès du roi monseigneur. Mais le roi monseigneur est comme un ange de Dieu. Fais donc ce qui te semblera bon,
28. Car bien que tous ceux de la maison de mon père ne soient que des gens dignes de mort envers le roi monseigneur, cependant tu as mis ton serviteur entre ceux qui mangeaient à ta table. Et quel droit ai-je donc pour me plaindre encore au roi ?
29. Et le roi lui dit : Pourquoi me parlerais-tu encore de tes affaires ? d Je l'ai dit : Toi et Tsiba partagez les terres.
30. Et Méphibosceth répondit au roi : Qu'il prenne même tout, puisque le roi monseigneur est revenu en paix en sa maison.
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31. Ore Barzillaï de Galaad était descendu de Ro-guelin et il avait passé le Jourdain avec le roi pour
l ’ accompagner jusqu ’ au delà du Jourdain.
32. f Et Barzillaï était fort vieux, âgé de quatre-vingt ans, tandis qu il avait demeuré à Mahanajim, car c ’ était un homme fort riche.
33. Et le roi avait dit à Barzaillaï : Passe plus avant avec moi et je te nourrirai avec moi à Jérusalem.
34. Mais Barzallaï avait répondu au roi : Combien d ’ années ai-je vécu que je monte avec le roi à Jérusalem ?
35. Je suis aujourd ’hui âgé de quatre-vingt ans. Pourrais-je discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais ? Ton serviteur pourrait-il savourer ce qu il mangerait et boirait ? Pourrais-je encore entendre la voix des chantres et des chanteuses ? Et pourquoi ton serviteur serait-il à charge au roi monseigneur?
36. Ton serviteur passera un peu plus avant que le Jourdain avec le roi. Mais pourquoi le roi me voudrait-il donner une telle récompense ?
37. Je te prie que ton serviteur s ’ en retourne et que je meure dans ma ville pour être mis dans le sépulcre de mon père et de ma mère. Mais voici ton serviteur Kimham passera avec le roi monseigneur, fais-lui ce qu il te plaira.
38. Et le roi dit : Que Kimham passe avec moi et je lui ferai tout ce qui te plaira, car je t ’ accorderai tout ce que tu saurais me demander.
39. Tout le peuple donc passa le Jourdain avec le roi. Puis le roi baisa Barzillaï et le bénit et il s ’ en retourna chez lui.
40. De là le roi passa à Guilgal et Kimham passa avec lui. Ainsi tout le peuple de Juda ramena le roi, même la moitié du peuple d ’Israël,
41. Mais voici tous les hommes d ’Israël vinrent vers le roi et lui dirent : Pourquoi nos frères les hommes de Juda t ’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi et à sa famille et à tous ses gens ?
42. Et tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d ’Israël : Parce que le roi nous est plus proche. Et pourquoi vous fâchez-vous sur cela? Avons-nous mangé quelque chose de ce qui est au roi ou en recevrions-nous quelques présents ?
43. Mais les hommes d ’Israël répondirent aux hommes de Juda et dirent : Nous avons dix parts au roi et même nous sommes à David quelque chose de plus que vous. Pourquoi donc nous avez-vous méprisé? Et n ’ avons-nous pas parlé les premiers de ramener notre roi ? Mais les hommes de Juda parlèrent plus durement que les hommes d ’Israël.
Réflexions
Ce chapitre nous apprend que Dieu rétablit David dans son royaume après que la conjuration d Absça-lom fut dissipée.Telle est l ’ issue des afflictions lors-qu on les reçoit comme il faut. Dieu fait cesser ses châtiments quand il voit que les hommes s ’humilient et qu ’ ils en profitent.
Outre cela, il faut faire réflexion sur ces quatre particularités qui sont rapportées.
La première, que David, qui avait souffert si patiemment, lorsqu il était fugitif, les outrages de Scimhi, lui pardonna son crime en retournant à Jérusalem, bien qu ’Abisçaï voulût qu ’on le fit mourir et qu il eût lieu de croire que ce sujet rebelle ne s humiliait que par la crainte d ’ être puni. Cette clémence de David apprend à tout le monde et surtout aux grands à pardonner autant que cela est possible les injures, mêmes celles qui sont les plus atroces et à ne pas écouter ceux qui leur inspirent la vengeance.
2. David fit acte de justice en rendant à Méphi-bosceth ses biens que Tsiba avait obtenus par une calomnie.
Un homme consciencieux restitue et fait restituer lorsqu il le peut à chacun ce qui lui appartient. ll répare autant qu il lui est possible le mal qu il a fait quand il ne l aurait fait que par imprudence et les traités où il y a de la surprise, qui ont été obtenus par de mauvais moyens et qui sont contraires à la justice ne doivent pas subsister.
Il est vrai que David partagea les terres entre Mé-phibosceth et Tsiba au lieu qu ’ il semble qu ’ il devait rendre à Méphibosceth tout son bien. Mais il se peut que David n ’ordonna cela que provisionnellement en attendant qu ’ il prît une connaissance plus exacte de ce différent et que dans la suite, ayant été mieux informé, il fit tout rendre à Méphibosceth ou qu il le dédommagea d ’ une autre manière. La droiture de ce prince nous oblige à le croire ainsi. Il se peut aussi que le roi ordonna simplement que Tsiba qui avait la conduite des biens de Méphibosceth aurait pour son salaire la moitié du revenu.
3. La reconnaissance que David témoigna à Bar-zillaï qui l ’ avait assisté pendant sa fuite nous montre qu il ne faut jamais être ingrats envers ceux qui nous ont fait du bien et le refus que fit Barzillaï d ’ aller avec le roi à Jérusalem dans l ’ âge avancé où il était nous apprend que les personnes âgées et généralement tous ceux qui cherchent le repos et la tranquilité doivent s éloigner du grand monde et fuir l ambarras et qu une vie privée est accompagnée de beaucoup plus de douceur et d innocence que celle que l on passe dans l éclat et dans les plaisirs.
Enfin, il faut remarquer sur ce que David ne fut d ’ abord rétabli que par ceux de Juda et sur les plaintes que ceux d ’Israël firent dans la suite de ce qu ils n avaient pas été appelés pour reconduire David à Jérusalem, qu il y avait déjà dès lors des semences de division entre ceux d ’Israël et ceux de Juda. Ce fut ce qui donna lieu à la sédition que Sçé-bah excita et plusieurs années après à la révolte des dix tribus d ’Israël qui arriva sous le règne de Roboam.
(a) v16 : I Rois 2.8
(b) v19 : Ci-dessus 16.5
(c) v27 : Ci-dessus 16.3
(d) v29 : Ci-dessus 16.4
(e) v31 : I Rois 2.7
(f) v32 : Ci-dessus 17.27
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(1) v12 : Mes proches et mon sang.
Chapitre XX
Sçébab fait révolter les tributs d'Israël. David commande à Hamasa d’assembler son armée, mais Ha-masa ayant trop tardé, David envoie Abisçaï contre Sçébab et Joab prenant ombrage de la confiance que David avait marquée à Hamasa en lui donnant le commandement de l armée le tua en trahison, versets 1-12.
Ensuite Joab assiègea la ville d'Abel où Sçébah s'était retiré et les habitants de cette ville, par l'avis d'une femme, coupèrent la tête à Sçébab et par ce moyen la guerre finit, versets 13-26.
Alors il se trouva là un méchant homme qui avait nom Sçébah, fils de Bicri, homme de Jémini, qui sonna de la trompette et dit : Nous n'avons point de part avec David, ni d'héritage à attendre du fils d'Isaï. Ô Israël que chacun se retire en ses tentes.
2. Ainsi tous les hommes d'Israël se séparèrent de David et suivirent Sçébah fils de Bicri, mais les hommes de Juda s'attachèrent à leur roi et l'accompagnèrent jusqu'à Jérusalem.
3. Et quand David fut venu dans sa maison à Jérusalem, il prit ses dix femmes concubines qu'il avait laissées pour garder sa maison et il les fit garder dans une maison où il les nourrissait, mais il n'allait point vers elles, ainsi elles furent enfermées jusqu'au jour de leur mort pour vivre en veuvage.
4. Puis le roi dit à Hamasa : Assemble-moi à cri public les hommes de Juda dans trois jours et toi trouve-toi ici.
5. Hamasa donc s'en alla pour assembler à cri public ceux de Juda, mais il tarda au delà du temps qui lui avait été assigné.
6. Et David dit à Abisçaï : Maintenant Sçébah fils de Bicri nous fera plus de mal que n'a fait Absça-lom. Toi donc prends les serviteurs de ton seigneur et poursuis-le de peur qu'il ne trouve quelques villes fortes et que nous le perdions de vue.
7. Ainsi les gens de Joab sortirent après lui avec les Kéréthiens et les Péléthiens et tous les hommes vaillants. Ils sortirent donc de Jérusalem pour poursuivre Sçébah fils de Bicri.
8. Et comme ils étaient auprès de cette grande pierre qui est à Gabaon, Hamasa vint au devant d'eux. Et Joab avait sa casaque dont il était vêtu ceinte et par dessus il avait la ceinture de son épée qui était attachée à son côté joignant ses reins dans son fourreau et elle se tira et tomba.
9. Et Joab dit à Hamasa : Te portes-tu bien mon frère ? Puis Joab saisit de la main droite la barbe de Hamasa pour le baiser.
10. Or Hamasa ne prenait point garde à l'épée qui était en la main de Joab a et Joab l'en frappa dans la cinquième côte et il répandit ses entrailles en terre sans le frapper pour la seconde fois et il
mourut. Après cela Joab et Abisçaï son frère poursuivirent Sçebah fils de Bicri.
11. Alors un des serviteurs de Joab s'arrêta auprès de Hamasa et dit : Que quiconque aime Joab et quiconque est pour David suive Joab.
12. Et Hamasa se vautrait dans son sang au milieu du chemin. Mais cet homme-là voyant que tout le peuple s'arrêtait poussa Hamasa hors du chemin dans un champ et jeta un habit sur lui après qu'il eût vu que tous ceux qui venaient à lui s'arrêtaient.
13. Et quand on l'eut ôté du chemin, tous les hommes qui suivaient Joab passaient outre afin de poursuivre Sçébah fils de Bicri
14. Qui passa par toutes les tribus d'Israël jusqu'à Abel et Beth-mahaca avec tous les Bériens qui s'étaient assemblés et qui même l'avaient suivi.
15. Les gens donc de Joab s'en vinrent donc et l'assiégèrent à Abel de Beth-mahaca et ils élevèrent une terrasse contre la ville qui fut dressée devant la muraille et tout le peuple qui était avec Joab frappait la muraille pour la faire tomber.
16. Alors une femme de la ville qui était sage s'écria : Écoutez, écoutez, dites, je vous prie, à Joab : Approche-toi d'ici que je te parle.
17. Et quand il se fut approché d'elle, elle lui dit : Es-tu Joab? Il répondit : Je le suis. Elle lui dit : Écoute les paroles de ta servante : Il répondit : J'écoute.
18. Elle parla encore et dit : On disait communément autrefois : Qu'on aille demander conseil à Abel et on a ainsi continué.
19. Je suis une des plus paisibles entre les villes fidèles d'Israël. Tu cherches à détruire une ville qui est des capitales d'Israël. Pourquoi détruirais-tu l'héritage de l'Éternel?
20. Joab lui répondit et dit : Dieu me garde, Dieu me garde de détruire et de ruiner.
21. La chose ne va pas ainsi, mais un homme de la montagne d'Éphraïm qui a nom Sçébah, fils de Bicri, s'est soulevé contre le roi David. Livrez-le lui seul et je me retirerai de devant la ville. Et la femme dit à Joab : Voici, on s'en va jeter sa tête par dessus la muraille.
22. Cette femme-là donc vint vers tout le peuple et elle leur parla sagement et ils coupèrent la tête à Sçébah fils de Bicri et la jetèrent à Joab. Alors on sonna de la trompette et chacun se retira de devant la ville en sa tente et Joab s'en retourna vers le roi à Jérusalem.
23.b Joab donc demeura le chef de toute l'armée d'Israël et Bénaja fils de Jéhojadah fut établi sur les Kéréthiens et sur les Péléthiens.
24. Et Adoram était sur les tribus et Jéhosçaphat fils d'Ahilud était commis sur les régistres.
25. Sçéla était le sécrétaire et Tsadok et Abiathar étaient les sacrificateurs.
26. Et Hira Jaïrite était aussi le principal officier de David.
365
II Samuel
Réflexions
Les réflexions qu ’ il faut faire sur la révolte de Sçé-bah sont celles-ci. Que les esprits factieux et remuants sont très dangereux, qu ’ ils peuvent causer bien du trouble aux états et qu il ne faut jamais écouter, ni soutenir ces gens-là.
Sur ce que Joab tua Hamasa, il faut remarquer d ’ un côté la méchanceté de Joab, qui après avoir tué Abner et Absçalom tua encore Hamasa par une trahison noire et détestable et de l ’ autre le juste jugement de Dieu sur Hamasa qui s ’ était révolté contre son roi en prenant le parti d ’ Absçalom. Et puisque ce fut l envie et la jalousie que Joab avait conçue contre Hamasa qui le poussa à lui ôter la vie, on voit par là combien il est dangereux d écouter cette passion et les suites funestes qu ’ elle peut avoir.
Ce qui est ajouté que la sédition de Sçébah fut apaisée par le sage avis d une femme qui conseilla de le faire mourir, montre que les bons conseils sont très salutaires et qu ’ il faut les suivre de quelque part qu ’ ils viennent. Cela montre aussi que les séditieux sont nc1 ordinairement une fin funeste.
Au reste, cette révolte que Sçébah excita fut un nouveau châtiment de Dieu sur David et à ce sujet nous devons considérer de la manière la plus sérieuse à combien de maux ce prince fut exposé et comment les jugements de Dieu le poursuivirent depuis qu ’ il se fut souillé par l ’ adultère où il tomba et par le meurtre d ’Urie. David vit la mort de son enfant, le déshonneur et les malheurs de sa famille, sa fille Tamar violée par son propre frère Amnon, Amnon tué par son frère Absçalom, Absçalom se révolter contre lui avec presque tous ses sujets, ses femmes déshonorées à la vue de tout Israël. Il se vit chassé de Jérusalem par son fils et obligé de prendre la fuite, il eut la douleur de voir périr ce fils dénaturé et il manqua enfin de perdre son royaume par la révolte de Sçébah.
Tout cela montre que Dieu déteste l adultère et le meurtre et ceux qui commettent ces crimes-là reçoivent ordinairement leur punition par les mêmes endroits par lesquels ils ont offensés Dieu, savoir par
l ’ impureté et par l ’ effusion de sang. Cependant il faut se souvenir que Dieu envoya tous ces maux à David pour l humilier et pour lui faire sentir son péché.
C’ est dans les mêmes vues qu ’il châtie les pécheurs en diverses manières et lorsqu ’ ils profitent de ses châtiments, il leur pardonne comme il pardonna aussi à David.
(a) v10 : I Rois 2.5
(b) v23 : Ci-dessus 8.16 et suivants.
(nc1) Dans les réflexions, troisième paragraphe, ...ont... au lieu de ...sont... ?
Chapitre XXI
Dieu envoie une famine sur le royaume d’Israël parce que Saül avait fait mourir les Gabaonites
contre le traité que Josué avait fait autrefois avec eux et cette famine ne put être apaisée que par la mort de sept fils de Saül. On ne saurait déterminer précisément en quel temps ceci arriva. Mais le verset 12 donne lieu de croire que ce ne fut pas bien longtemps après la mort de Saül, versets 1-14.
Il est aussi parlé dans ce chapitre de quatre guerres que David eut avec les Philistins et de quatre géants qui y furent tués, versets 15-22.
OR il y aut du temps de David une famine qui dura trois ans. Et David chercha la face de l ’Éternel 1. Et l ’Éternel lui répondit : C ’ est à cause de Saül et de sa maison sanguinaire, parce qu il a fait mourir les Gabaonites.
2. Alors le roi appela les Gabaonites pour leur parler. (Or les Gabaonites n étaient point des enfants d ’Israël, mais c’ était un reste des Amorrhéens et les enfants d ’Israëla leur avait juré de les laisser vivre. Cependant, Saül par un faux zèle qu ’ il avait pour les enfants d ’Israël et de Juda, avait cherché de les faire mourir.)
3. Et David dit aux Gabaonites : Que vous ferai-je et par quel moyen vous apaiserai-je afin que vous bénissiez l héritage de l Éternel ?
4. Et les Gabaonites lui répondirent : Nous n avons que faire, ni de l ’or, ni de l ’ argent de Saül et de sa maison, ni qu ’on fasse mourir personne en Israël. Et le roi leur dit : Que demandez-vous donc que je fasse pour vous ?
5. Et ils répondirent au roi : Puisque cet homme nous a détruit et qu ’ il a tellement machiné contre nous que nous avons été exterminés sans pouvoir subsister dans aucune des contrées d ’Israël,
6. Qu on nous livre sept hommes de ses fils et nous les mettrons en croix devant l ’Éternel, au cô-teau de Saül l ’ élu de l ’Éternel. Et le roi leur dit : Je vous les livrerai.
7. Or le roi épargna Méphibosceth fils de Jonathan fils de Saül b à cause du serment que David et Jonathan fils de Saül avaient prêté entre eux au nom de l Éternel,
8. Mais le roi prit les deux fils de Ritspa fille d ’Aja qu ’ elle avait enfanté à Saül, savoir Armoni et Méphibosceth nc1 et les cinq fils de Mical fille de Saül qu ’ elle avait élevés à Hadriel fils de Barzillaï Mého-lathite
9. Et il les livra entre les mains des Gabaonites qui les mirent en croix sur la montagne devant l ’Éter-nel et ces sept-là furent tués ensemble. Et on les fit mourir aux premiers jours de la moisson, savoir au commencement de la moisson des orges.
10. Alors Ritspa fille d ’Aja prit un sac et se l ’ étendit sur un roc dès le commencement de la moison jusqu à ce qu il tomba de l eau du ciel sur eux et elle ne souffrait point qu aucun oiseau du ciel se posât sur eux de jour, ni aucune bête des champs la nuit.
11. Et on rapporta à David ce que Ritspa fille d ’Aja concubine de Saül avait fait.
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II Samuel
12. Et David s'en alla et prit les os de Saül et les os de Jonathan que les habitants de Jabès de Ga-laad avaient enlevés de la place de Beth-sçan c où les Philistins les avaient pendus au jour qu'ils tuèrent Saül en Guiboah.
13. Il emporta donc de là les os de Saül et les os de Jonathan son fils et on recuilli aussi les os de ceux qui avaient été mis en croix.
14. Et on les ensevelit avec les os de Saül et de Jonathan son fils au pays de Benjamin à Tsélah, au sépulcre de Kis père de Saül et l'on fit tout ce que le roi avait commandé. Et après cela, Dieu fut apaisé envers le pays.
15. Or il y avait aussi eu une autre guerre des Philistins contre les Israélites et David y était allé avec ses serviteurs et ils avaient tellement combattu contre les Philistins que David se trouva extrêmement fatigué.
16. Et Jisçbi-bénob qui était des enfants de Rapha et qui avait une lance dont le fer pesait trois cents sicles d'airain et qui était armé de neuf avait résolu de frapper David.
17. Mais Abisçaï fils de Tséruja vint à son secours et frappa le Philistin et le fit mourir. Alors les gens de David jurèrent et dirent : Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que tu n'éteignes la lampe d'Israêl.
18. d Après cela il y eut une autre guerre à Gob contre les Philistins où Sibbécaï le Husçathite tua Saph qui était des enfants de Rapha.
19. Il y eu encore une autre guerre à Gob contre les Philistins en laquelle Elhanan fils de Jaharé-Oréguim Beth-léhémite tua le frère de Goliath Guittien qui avait une halebarde dont la hampe était comme l'ensuble d'un tisseran.
20. Il y eut encore une autre guerre à Gath où il se trouva un homme d'une taille extraordinaire qui avait six doigts aux mains et aux pieds, qui étaient en tout vingt et quatre doigts et qui était aussi de la race de Rapha.
21. Cet homme défia Israël, mais Jonathan fils de Scimba, frère de David, le tua.
22. Ces quatre étaient nés à Gath, ils étaient de la race de Rapha et moururent par les mains de David et par les mains de ses serviteurs.
Réflexions
C'est ici une histoire qui doit être bien considérée.
Dieu envoya une famine sur le royaume de David parce que Saül, par un faux zèle, avait fair mourir plusieurs des Gabaonites contre le traité que Josué avait fait avec leurs prédécesseurs quatre cents ans auparavant et il fallut que les fils de Saül fussent mis à mort pour détourner ce fléau de Dieu.
Cela montre bien que les traités qui ont été faits et confirmés par serment doivent être observés, quand même ils auraient été faits depuis longtemps et qu'il y aurait eu quelque surprise et qu'on ne doit jamais les violer sous prétexte de religion, ni par aucune autre considération que ce puisse être, la violation des promesses et du serment exposant aux
plus sévères jugements de Dieu non seulement les princes et ceux qui gouvernent lorsqu'ils se rendent coupables de ce crime, mais aussi leurs familles et même quelquefois leurs états.
L'on doit aussi remarquer dans cette histoire la malédiction de Dieu sur la postérité de Saül et apprendre de là que les méchants attirent sur eux-mêmes et sur leurs enfants toutes sortes de malheurs.
Il faut encore faire ces deux considérations :
La première que David fit mourir justement les fils de Saül puisqu'il ne les livra aux Gabaonites qu'après avoir consulté Dieu comme cela est dit au commencement de ce chapitre et leur mort ayant fait cesser la famine, Dieu fit bien voir par là que sa volonté était qu'ils mourussent. Ainsi David ne pécha point contre la loi de Dieu qui défend de punir les enfants pour les péchés de leurs pères.
L'autre considération est que si Dieu permit que ces fils de Saül fussent mis à mort, ce ne fut qu'une peine temporelle.
Ce qui est dit à la fin de ce chapitre de ces géants qui avaient été tués dans les guerres que David avait eues contre les Philistins fait voir que Dieu accorda à ce roi de grands avantages et que, quoiqu'il eût à faire à des ennemis redoutables, il le protégea toujours et qu'il se servit de lui pour achever de détruire les ennemis de son peuple.
(a) v2 : Josué 9.19
(b) v7 : I Samuel 18.3, 20.15-42 et 23.18
(c) v12 : I Samuel 31.10
(d) v18 : I Chroniques 20.4
(e) Dans la marge du verset 20 : I Chroniques 20.6
(1) v1 : Consulta le Seigneur.
(nc1) v8 : Une autre version explique : Ce fils de Saül qui porte le même nom que son neveu n 'est mentionné qu 'ici, voir 3.7. Or II Samuel 3.7 nomme Isç-bosceth, qui est un autre nom, donc une autre personne.
Chapitre XXII
David, étant libéré de ses ennemis et se voyant paisible possesseur de son royaume, loue Dieu par un cantique dans lequel il décrit les grands dangers où il s'était vu et il y célèbre la puissance, la bonté et la justice que Dieu avait fait paraître en le délivrant.
Après cela, David prononça à l'Éternel les paroles de ce cantique au jour que l'Éternel l'eut délivré de la main de tous ses ennemis et même de la main de Saül.
2. Il dit donc : a L'Éternel est mon rocher et ma forteresse et mon libérateur.
3. Dieu est mon rocher, je me retirerai vers lui, il est mon bouclier et la force de mon salut, il est ma haute retraite et mon asile. Mon sauveur, tu me garantis de la violence.
4. Je crierai à l'Éternel qui est digne de louange et je serai délivré de mes ennemis,
5. Car les angoisses de la mort m'avaient environné et les torrents des méchants m'avaient effrayé.
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II Samuel
6. Les liens du sépulcre m avaient environné, les filets de la mort m avaient surpris.
7. Quand j étais dans l adversité, je criai à l Éternel, je criai à mon Dieu et il entendit ma voix de son palais et mes cris parvinrent à ses oreilles.
8. Alors la terre fut ébranlée et trembla, les fondements des cieux croulèrent et furent ébranlés parce qu il était en colère.
9. Une fumée montait de ses narines et un feu dévorant sortait de sa bouche et des charbons en étaient allumés.
10. Il abaissa donc les cieux et il descendit ayant une épaisse obscurité sous ses pieds.
11. Et il était monté sur un chérubin et il volait et il était porté sur les ailes du vent.
12. Et il mit autour de lui les ténèbres comme une tente, des amas d eaux, les nuées qui sont dans les airs.
13. La splendeur qui était devant lui allumait des charbons de feu.
14. L’Éternel tonna des cieux et le Souverain fit retentir sa voix.
15. Il tira des flèches et il les écarta, il fit briller
l ’ éclair et il les mit en déroute.
16. Alors on vit le fond de la mer et les fondements de la terre habitable furent découverts par l Éternel qui les menaçait et par le souffle du vent de sa colère.
17. Il étendit la main d ’ en haut et il m ’ enleva et me retira des grosses eaux.
18. Il me délivra de mon ennemi puissant et de ceux qui me haïssaient, quoiqu ils fussent plus forts que moi.
19. Ils m ’ avaient prévenu au jour de ma calamité, mais l Éternel fut mon appui.
20. Il m a mis au large, il m a délivré parce qu il a pris son plaisir en moi.
21. L’Éternel m ’ a rendu selon ma justice, il m ’ a rendu selon la pureté de mes mains,
22. Car j ’ ai suivi les voies de l ’Éternel et je n ’ ai point commis d infidélité contre mon Dieu,
23. Car j ’ ai eu devant mes yeux tous ses statuts et je ne me suis détourné d aucune de ses ordonnances.
24. Et j ’ ai vécu dans l ’ intégrité devant lui et je me suis gardé de l iniquité.
25. L’Éternel m ’ a donc rendu selon ma justice et selon ma pureté qu ’ il a connue.
26. Tu es bon avec celui qui est bon, tu es parfaitement juste avec l homme qui vit l intégrité.
27. Tu es pur avec celui qui es pur, mais tu luttes fortement contre le pervers,
28. Car tu sauves le peuple affligé et tu abaisses les yeux des superbes.
29. Tu es même ma lampe, ô Éternel, et l ’Éternel éclairera mes ténèbres.
30. Et avec toi, je me jetterai sur toute une troupe et avec mon Dieu je franchirai la muraille.
31. b La voie du Dieu fort est parfaite,c la parole de l ’Éternel est purifiée par le feu, c ’ est un bouclier à tous ceux qui se retirent vers lui,
32. Card qui est un Dieu fort, sinon l ’Éternel ? Et qui est un rocher, sinon notre Dieu ?
33. Le Dieu fort qui est ma force est la véritable force et il a aplani mon chemin parfaitement.
34. Il a rendu mes pieds semblables à ceux des biches et il m a fait tenir debout sur mes lieux élevés.
35. C ’ est lui qui dresse tellement mes mains au combat que mes bras ont rompu un arc d airain.
36. Tu m a aussi donné le bouclier de ton salut et ta bonté m ’ a fait devenir grand.
37. Tu as élargi le chemin sous mes pas et mes pieds n ont point glissé.
38. J ’ ai poursuivi mes ennemis et je les ai exterminés et je ne m ’ en suis point retourné jusqu ’ à ce que je les eusse consumés.
39. Je les ai consumés et je les ai transpercés et ils ne se sont point relevés, mais ils sont tombés sous mes pieds,
40. Car tu m as revêtu de force pour le combat, tu as fait plier sous moi ceux qui s ’ élevaient contre moi.
41. Tu as fait aussi que mes ennemis et ceux qui me haïssaient ont tourné le dos devant moi et je les ai détruits.
42. Ils regardaient çà et là, mais il n ’y avait point de libérateur, ils criaient à l ’Éternel, mais il ne leur répondait point.
43. Et je les ai menuisés comme la poussière de la terre et je les ai écrasés et je les ai foulés comme la boue des rues.
44. Et tu m ’ as délivré des oppositions de mon peuple, tu m as gardé pour être le chef des nations, le peuple que je ne connaissais point m a été soumis.
45. Les étrangers m ’ont menti 1, ayant entendu parler de moi, ils se sont rendus obéissants.
46. Les étrangers se sont écoulés et ils ont tremblé de peur dans leurs retraites cachées.
47. L’Éternel est vivant et mon rocher est béni, c’est pourquoi, que Dieu, qui est le rocher de ma délivrance, soit exalté.
48. Le Dieu fort est celui qui me donne les moyens de me venger et qui m assujettit les peuples.
49. C ’ est lui qui me retire d ’entre les mains de mes ennemis, tu me mets au dessus de ceux qui s ’élèvent contre moi, tu me délivres de l ’homme violent.
50. e C ’est pourquoi, ô Éternel, je te célèbrerai parmi les nations et je chanterai des Psaumes à ton nom.
51. C ’ est lui qui délivre magnifiquement son roi et c ’ est lui qui fait miséricorde à David son oint et à sa postérité à jamais.
Réflexions
Les considérations qu ’ il a à faire sur ce cantique sont ces quatre principales.
La première, que David, quoiqu ’ il fût un roi aimé et chéri de Dieu, avait été exposé à des dangers où sa perte semblait inévitable.
La même chose peut arriver à ceux que Dieu aime, mais ils ne laissent pas d ’ être toujours l ’objet
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II Samuel
de son amour et ils ne doivent jamais désepérer de son assistance.
La seconde réflexion regarde la magnifique description que David fait dans ce cantique de la puissance que Dieu avait déployée en sa faveur et de la facilité avec laquelle il avait confondu tous ses ennemis.
De là nous devons tirer des motifs à la confiance, considérant que Dieu, étant tout puissant, rien ne peut nuire à ceux qu'il prend en sa protection.
3. Ce que David dit dans ce cantique que Dieu lui avait rendu selon sa pureté, qu 'il avait marché dans les commandements et qu 'il n 'avait point commis d'infidélité contre son Dieu mérite une attention particulière.
Cela ne veut pas dire que David se crût innocent devant Dieu, mais cela signifie que Dieu avait soutenu la justice de la cause de David et son innocence contre Saül et tous ses ennemis qui le persécutaient injustement. Cela marque aussi que ce prince n'avait pas abandonné le culte de Dieu et qu'il n'était jamais tombé dans l'idolâtrie. Au reste il avait commis de grands péchés, mais Dieu avait eu égard à sa repentance.
Les hommes ne méritent rien devant Dieu, cependant, Dieu, qui est saint et juste, a égard selon ses promesses à la droiture et à l'intégrité de ceux qui le servent. C'est ce qui est exprimé par ces paroles : envers celui qui est juste, tu es juste, envers celui qui est pur, tu es pur, mais tu rends au méchant selon sa malice.
Dieu protège les gens de bien, il les exauce dans leurs afflictions au lieu qu'il rejette les prières des méchants, comme David le marque en disant : que lorsqu ils sont en détresse, il n y a point de libérateur pour eux et que quand ils crient à l'Éternel, il ne les exauce point.
Enfin, les actions de grâce que David rend à Dieu avec tant d'ardeur dans ce cantique doivent nous engager à conserver la mémoire des dangers où nous avons été exposés et d'où Dieu a eu la bonté de nous tirer afin de nous exciter par là à lui en témoigner notre reconnaissance et à célébrer continuellement ses bontés.
(a) v2 : Psaume 18.3
(b) v31 : Deutéronome 32.4 ; Daniel 4.37 ; Apocalypse 13.3
(c)v31 : Psaumes 12.7 et 119.140; Proverbes 30.5
(d) v32 : Deutéronome 32.39 ; I Samuel 2.2 ; Psaume 86.8 ; Ésaïe 45.15
(e) v50 : Psaume 18.50 ; Romains 15.9 (1) v45 : Se sont soumis à moi.
Chapitre XXIII
Il y a deux choses qui sont reportées dans ce chapitre.
1. Les dernières paroles de David.
2. Les noms des principaux et des plus vaillants officiers de ce prince et quelques-unes de leurs actions mémorables.
OR ce sont ici les dernières paroles de David. David fils d'Isaï dit : L'homme qui a été élevé pour être l'oint du Dieu de Jacob et qui compose les agréables cantiques d'Israël dit :
2. L'esprit de l'Éternel a parlé par moi et sa parole a été sur ma langue.
3. Le Dieu d'Israël a dit : Le rocher d'Israël a parlé de moi disant : Celui qui domine sur les hommes avec justice et qui règne dans la crainte de Dieu
4. a Est comme la lumière du matin lorsque le soleil se lève, d'un matin qui est sans nuage, comme la lumière du soleil qui fait germer la terre après la pluie.
5. Il n'en est pas ainsi de ma maison devant Dieu, mais il m'a établi une alliance éternelle et bien ordonnée et ferme en toutes choses. Il est ma délivrance et tout mon plaisir et ne fera-t-il pas fleurir ma maison ?
6. Mais les méchants seront tous ensembles comme des épines qu'on jette au loin parce qu'on ne les prend pas avec la main.
7. Mais celui qui les veut manier s'arme pour cela de fer ou du bois d'une halebarde et on les brûle entièrement sur le lieu même.
8. b Ce sont ici les noms des vaillants hommes que David avait. Josceb Bascebeth Tachkémonite était un des trois principaux capitaines. Hadino le Hetsnite qui eut le dessus sur huit cents hommes qu'il tua en une seule fois.
9. Après lui était Éléazar fils de Dodo, fils d'Ahohi.
Il était l'un des trois vaillants hommes qui étaient avec David lorsqu'on rendit confus les Philistins qui s'étaient assemblés pour combattre et que ceux d'Israël montèrent.
10. Il se leva et il battit les Philistins jusqu'à ce que sa main se lassant de tuer demeura attachée à l'épée. En ce jour-là l'Éternel accorda une grande victoire et le peuple retourna seulement après Éléa-zar pour prendre la dépouille.
11. Après lui était Sçamma fils d'Agué Hatarite, car les Philistins s'étant assemblés dans un village où il y avait un endroit d'un champ rempli de lentilles et comme le peuple fuyait devant les Philistins,
12. Il se tint au milieu de cet endroit-là du champ et le défendit et frappa les Philistins, ainsi l'Éternel fit remporter une grande victoire.
13. Il en descendit encore trois d'entre les trente capitaines qui vinrent au temps de la moisson vers David dans la caverne de Hadullam lorsqu'une compagnie des Philistins était campée dans la vallée des Réphaïns.
14. David était alors dans la forteresse et la garnison des Philistins était en ce même temps là à Beth-léhem.
15. Et David fit ce souhait et dit : Qui est-ce qui me ferait boire de l'eau du puits qui est à la porte de Bethléhem ?
16. Alors ces trois vaillants hommes passèrent au travers du camp des Philistins et puisèrent de l'eau du puit qui était à la porte de Bethléhem et l'ayant apportée, la présentèrent à David qui n'en voulut point
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boire, mais qui la répandit en la présence de l ’Éter-nel,
17. Car il dit : Dieu me garde de faire une telle chose ! Boirais-je le sang de ces hommes qui ont fait le voyage au péril de leur vie ? Et il n ’ en voulut point boire. C ’ est ce que firent ces trois vaillants hommes.
18. Il y avait aussi Abisçaï, frère de Joab, fils de Tsé-
ruja qui était un des principaux capitaines. Celui-ci lançant sa halebarde contre trois cent hommes les blessa à mort et il s acquit un grand nom entre les trois.
19. C ’ était le plus considéré de ces trois et, il fut leur chef, cependant il n égala point ces trois-là.
20. Bénaja aussi fils de Jéhojadah fils d ’ un vaillant homme de Kabtséel avait fait de grands exploits. Il tua deux des plus puissants hommes 1 de Moab, il descendit aussi et tua un lion au milieu d une fosse dans un jour de neige.
21. Il tua aussi un homme Égyptien qui était un bel homme. Cet Égyptien avait en sa main une ha-lebarde, mais Bénaja descendit contre lui avec un bâton et il arracha à cet Égyptien la halebarde de sa main et le tua de sa propre halebarde.
22. Bénaja fils de Jéhojadah fit ces choses-là et il fut illustre entre les trois hommes vaillants.
23. Et il fut plus honoré que les trente, encore qu ’ il n ’ égalât point ces trois-là. C ’ est pourquoi David l ’ établit sur ses gens de commandement.
24. Hasaël frère de Joab était des trente. Elhanan fils de Dodo de Bethléhem.
25. Sçamma Harodite, Élika Harodite.
26. Hélets Paltite, Hira fils de Hikkés Tékohite.
27. Abihézer Hanathothite, Mébunnaï Husçathite.
28. Tsalmon Ahohite, Maharaï Nétophathite.
29. Héleb fils Bahana Nétophathite, Ittaï fils de Ri-baï de Guibha des enfants de Benjamin.
30. Bénaja Pirhathotite, Hiddaï des vallées de Ga-has.
31. Abi Halbon Harbathite, Hazemaveth Barhu-mite.
32. Eliachba Sçahalbonite. Des enfants de Jes-cen, Jonathan.
33. Sçamma Hararite, Ahiam fils de Sçarar Hara-rite.
34. Eliphelet fils d ’Ahasbaï fils de Mahacati, Eli-ham fils d Ahitophel Guilonite.
35. Hetsraï Carmelite, Paharaï Arbite.
36. Jiguéal fils de Nathan de Tsoba, Bani Gadite.
37. Tsélek Hammonite, Naharaï Béerothite qui portait les armes de Joab fils de Tséruja.
38. Hita Jithrite, Hareb Jithrite.
39. Urie Héthien qui font en tout trente-sept.
Réflexions
Ce qui doit être principalement observé dans ce chapitre, ce sont les dernières paroles de David dont voici le sens.
Il y donne l ’ idée d ’ un bon prince et il le compare au soleil qui par ses rayons échauffe la terre après
qu elle a été humectée par la pluie et qui la rend fertile. Il témoigne qu il était persuadé qu il en serait de même de sa famille, qu elle donnerait après sa mort de bons conducteurs au peuple d ’Israël et que Dieu la comblerait de ses faveurs pendant qu ’ il dé-ployerait ses jugemsnts sur les méchants, lesquels il compare à des épines qu on brûle après les avoir coupées.
On voit ici quel est le devoir des rois, c ’ est d ’ avoir de la piété, d ’ être juste et bienfaisants et de procurer le bonheur de ses sujets. Les sentiments que David avait sur cela conviennent encore mieux aux rois et aux princes chrétiens. Ces paroles nous enseignent aussi que des princes religieux et justes sont une source de bénédictions pour les peuples, qu on ne saurait trop les estimer et les honorer, ni demander à Dieu avec trop d ’ ardeur qu ’ il en suscite de semblables.
Enfin, nous devons recueillir des derniers discours de David que la faveur de Dieu se répand sur les personnes qui le craignent et sur leur postérité, mais que les méchants éprouvent sa colère.
Pour ce qui est du dénombrement des vaillants hommes qui étaient au service de David et dont les actions remarquables sont ici rapportées, il faut considérer que quand Dieu veut élever un prince et protéger un peuple, il suscite des personnes propres à exécuter de grandes choses et qu ’ en général lors-qu il se propose une fin, il ne manque jamais de moyens pour y parvenir.
On remarque dans l ’ actions de ces trois vaillants hommes qui allèrent puiser de l eau à Bethléhem leur courage et leur amour pour leur roi. Cependant David ne voulut pas boire de cette eau parce qu ’ ils étaient allés la chercher au péril de leur vie. Il montra par là qu ’ il n ’ approuvait pas qu ’ ils se fussent ainsi exposés sans nécessité. Mais il fit un usage religieux de cette eau en la répandant en l honneur de Dieu, ce qui était plus honorable à ceux qui étaient allé la puiser que s ’ il en eût bu.
Cela marque la prudence de David et le cas qu il faisait de la valeur de ces trois hommes-là et cela nous apprend que nous ne devons jamais exposer les autres à aucun danger pour notre intérêt et pour notre satisfaction particulière, ni permettre qu ils s y exposent eux-mêmes sans nécessité.
(a) v4 : Psaume 72.6
(b) v8 : I Chroniques 11.11
(1) v20 : Ou deux puissants lions.
Chapitre XXIV
David, ayant péché en faisant faire le dénombrement de ses sujets, versets 1-10,
Dieu lui fit dire par le prophète Gad qu ’il devait choisir d’être puni par la famine, par la guerre ou par la mortalité, versets 11-13.
Ce roi choisi ce dernier fléau, verset 14 et septante mille de ses sujets périrent, mais il apaisa Dieu par sa profonde humiliation et par un
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sacrifice qu 'il offrit par le commandement de Dieu dans un lieu que Gad lui marqua, versets 15-25.
OR a la colère de l'Éternel s'alluma encore contre Israël et David fut incité contre eux et il dit : Va fais le dénombrement d'Israël et de Juda.
2. Et le roi dit à Joab chef de l'armée qu'il avait avec lui : Traverse maintenant toutes les tribus d'Israël depuis Dan jusqu'à Béer-scébah et faites le dénombrement du peuple afin que j'en sache le nombre.
3. Mais Joab répondit au roi : Que l'Éternel ton Dieu veuille augmenter ton peuple autant et cent fois autant qu'il est maintenent et que les yeux du roi monseigneur le voient ! Mais pourquoi le roi monseigneur veut-il faire cela ?
4. Néanmoins, la parole et la volonté du roi l'emporta sur Joab et sur les chefs de l'armée et Joab et les chefs de l'armée sortirent de la présence du roi pour faire le dénombrement du peuple d'Israël.
5. Ils passèrent donc le Jourdain et ils campèrent à Haroher, à main droite de la ville, qui est au milieu du torrent de Gad et vers Jahzer.
6. Et ils vinrent à Galaad et dans la terre de ceux qui habitent au bas pays d'Hodsci et ils vinrent à Dan Jahan et puis aux environs de Sidon.
7. Et ils passèrent de là jusque près de Tyr et dans toutes les villes des Héviens et des Cananéens et ils sortirent vers le Midi de Juda à Béer-scébah.
8. Ainsi ils traversèrent tout le pays et revinrent à Jérusalem au bout de neuf mois et vingt jours.
9. Alors Joab donna le rolle du dénombrement du peuple au roi et il se trouva de ceux d'Israël huit cents mille hommes de guerre tirant l'épée et de ceux de Juda cinq cents mille hommes.
10. Alors David fut touché en son cœur après qu'il eut ainsi fait le dénombrement du peuple et David dit à l'Éternel : J'ai commis un très grand péché dans cette action, mais je te prie, ô Éternel, fais maintenant passer l'iniquité de ton serviteur, car j'ai agi très follement.
11. Après cela, David se leva de bon matin et la parole de Dieu fut adressée à Gad le prophète, qui était le voyant de David, disant :
12. Va et dis à David : Ainsi a dit l'Éternel : J'apporte trois choses contre toi, choisi l'une des trois afin que je la fasse.
13. Gad vint donc vers David et le lui fit savoir disant : Que veux-tu qu'il t'arrive, ou sept ans de famine sur ton pays ou que l'espace de trois mois tu fuies devant tes ennemis et qu'ils te poursuivent ou que pendant trois jours la mortalité soit en ton pays ? Maintenant consulte et vois ce que tu veux que je réponde à celui qui m'a envoyé.
14. Alors David répondit à Gad : Je suis dans une très grande extrêmité, je te prie que nous tombions entre les mains de l'Éternel, car ses compassions sont en grand nombre et que je ne tombe point entre les mains des hommes.
15. L'Éternel envoya donc la mortalité en Israël depuis le matin jusqu'au temps marqué 1 et il mourut
du peuple depuis Dan jusqu'à Béer-scébah soixante et dix milles hommes,
16. Mais quand l'ange eut étendu sa main sur Jérusalem pour la détruire, l'Éternel se repentit de ce mal là et dit à l'ange qui détruisait le peuple : C'est assez, retire à cette heure ta main. Or l'ange de l'Éternel était auprès de l'aire d'Arauna Jébusien.
17. Et David voyant l'ange qui frappait le peuple parla à l'Éternel et dit : Voici, c'est moi qui ai péché, c'est moi qui ai commis iniquité, mais ces brebis qu'ont-elles fait ? Je te prie que ta main soit contre moi et contre la maison de mon père.
18. En ce jour-là Gad vint vers David et lui dit : Monte et dresse un autel à l'Éternel dans l'aire d'Arauna Jégusien.
19. Et David monta suivant la parole de Gad comme l'Éternel l'avait commandé.
20. Et Arauna regarda et vit le roi et ses serviteurs qui venaient à lui et se prosterna devant le roi le visage contre terre.
21. Et Arauna dit : D'où vient que le roi monseigneur vient vers son serviteur? Et David répondit : Pour acheter ton aire afin d'y bâtir un autel à l'Éternel et que cette plaie soit arrêtée de dessus le peuple.
22. Et Arauna dit à David : Que le roi monseigneur prenne et offre ce qu'il lui plaira. Voilà les taureaux pour l'holocauste et des chariots et un attelage de bœufs au lieu de bois.
23. Arauna donna tout cela au roi comme s'il eût été roi 2 et même Arauna dit au roi : L'Éternel ton Dieu veuille t'avoir pour agréable.
24. Et le roi répondit à Arauna : Non, mais j'achèterai de toi pour un certain prix et je n'offirai point à l'Éternel mon Dieu des holocaustes qui ne me coûtent rien. Ainsi David acheta l'aire et acheta aussi les bœufs pour cinquante sicles d'argent 3.
25. Puis David bâtit là un autel à l'Éternel et il offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités et l'Éternel fut apaisé envers le pays et la plaie fut arrêtée de dessus Israël.
Réflexions
Il y a quatre choses dans ce chapitre sur lesquelles il faut faire réflexion, savoir le péché de David, sa punition, sa repentance et le pardon qu'il obtint.
Il pécha en faisant dénombrer le peuple parce qu'il le fit sans nécessité contre le commandement de Dieu et par principe d'orgueil. Et il fut d'autant plus coupable qu'il avait été averti par Joab et par ses officiers qu'il pécherait en cela et qu'il arriverait du mal au peuple d'Israël. D'ailleurs, David après ses péchés et les châtiments qu'il avait soufferts devait être plus humilié.
Il est mal aisé de conserver l'humilité dans la prospérité et dans l'élévation et ce n'est pas toujours en faisant des choses criminelles en elles-mêmes qu'on pèche, on peut aussi péché dans les choses permises lorsqu'on les fait autrement que Dieu ne le permet ou que l'on agit par un mauvais principe.
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2. Sur la punition que Dieu envoya à David il faut remarquer que Dieu en faisant mourir un si grand nombre de ses sujets et en si peu de temps le punit de ce qu il s était glorifié de leur multitude et qu en lui ordonnant de choisir l un des trois fléaux que Gad lui proposa, il voulait l éprouver et voir s il se remettait entièrement à Dieu ou s il se confierait aux moyens humains. Mais surtout il voulait lui faire d ’ autant mieux sentir par là que c’ était lui qui avait attiré la colère de Dieu. Cependant, il lui donna aussi en cela un témoignage de sa bonté et David marqua son humilité, sa confiance en Dieu et sa résignation en choisissant la mortalité qui procède plus particulièrement de Dieu et qui pouvait tomber sur lui aussi bien que sur ses sujets au lieu qu il pouvait se précautionner contre la guerre et la famine.
Et voilà aussi comment, lorsque Dieu veut nous affliger, nous devons nous abandonner entièrement à lui et nous soumettre à tout ce qu ’ il lui plaît de nous dispenser.
3. David témoigna une amère douleur de son péché et s il s était oublié en se laissant aller à des mouvements d ’orgueil, il s ’humilia d ’une manière bien édifiante en se prosternant et en disant devant tous son peuple :
C est moi qui ai péché, mais ces brebis qu ont-elles fait ? Je te prie, Seigneur, que ta main soit
contre la maison de mon père, mais qu elle ne soit pas contre ton peuple pour le détruire.
Ce language marque une profonde humilité en David, un vif sentiment de son péché et un grand amour pour ses sujets et c’ est ainsi que ceux qui sont bien touchés de leurs fautes n ont point de honte de les confesser publiquement, surtout lorsqu en péchant ils ont causé du mal aux autres.
Nous avons aussi en cela un bel et rare exemple de la tendresse que les rois doivent avoir pour leurs sujets.
Enfin, le pardon que Dieu accorda à David ensuite de sa repentance et de son sacrifice montre que Dieu fait cesser sa colère et qu ’ il fait grâce aux pécheurs lorsqu ils s humilient sincèrement et qu ils ont recours à sa bonté.
(a) v1 : I Chroniques 21, c ’ est tout.
(1) v15 : C ’ est-à-dire : jusqu ’au troisième jour, voyez le verset 13.
(2) v23 : Hébreux : Arauna roi donna tout cela au roi. Il se peut qu Arauna, qui est appelé Jébusien, fut de la race des rois ou des princes des Jébusiens qui avaient longtemps possédé une partie de la ville de Jérusalem jusqu au règne de David.
(3) v24 : David paya cinquante sicles d ’ argent pour l ’aire et les bœufs, mais il donna six cents sicles d or pour tout le terrain ou pour toute la montagne, comme cela est dit dans I Chroniques XXI.25, parce que ce lieu fut choisi pour y bâtir le temple. Voyez I Chroniques XXII.1.
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