Page 36 - LE CHRISTIANISME CELTIQUE
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Sans prétendre que tous les adeptes du druidisme aient eu
la notion d’un dieu unique dont les manifestations consti-
tuent l’existence des êtres et des choses, on peut cepen-
dant croire avec quelque raison que les druides eux-
mêmes, considérés par les Grecs et les Latins comme de
remarquables philosophes détenteurs d’une doctrine non
révélée à tout le monde (ésotérisme), habiles aux spécula-
tions métaphysiques, soient parvenus à ce haut degré de
spiritualité. Comment expliquer autrement que par cette
spiritualité le passage sans obstacles de la religion druidi-
que au christianisme ?
On a dit que les druides ont été pourchassés par les Ro-
mains. Cela est en partie faux. On leur a seulement inter-
dit d’enseigner, parce que leur doctrine, dans son essence
et par l’idéal socioculturel qu’elle proposait, était contraire
au système romain et risquait de le mettre en danger.
D’ailleurs, en Irlande, les Romains ne sont jamais venus,
ce qui n’a pas empêché les Irlandais de se convertir très tôt
et de se montrer les plus zélés propagateurs de la nouvelle
religion. Ils l’ont même ré-infusée sur le continent à
l’époque mérovingienne, quand le continent était sur le
point de revenir à des néo-paganismes.
Le monothéisme latent du druidisme
Ce monothéisme latent du druidisme a facilité la conver-
sion de ses fidèles au sein du christianisme. Le sacrilège
du sacrifice de la Messe, sacrifice non sanglant s’il en fût,
a recouvert le sacrifice sanglant des païens. La croyance en
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