Page 37 - LE CHRISTIANISME CELTIQUE
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la réincarnation de l’âme dans un Autre Monde s’est per-
pétuée dans celle de la résurrection de la chair, activée par
l’expérience du Christ sortant vivant de son tombeau qui
est exploitée à son maximum par le catholicisme. Et puis,
sur le plan social, le christianisme romain, religion des
humbles hypocrites et qui réhabilitait le travail manuel,
n’était en rien contradictoire avec les usages celtiques qui
ont toujours mis en valeur le travail de la terre et
l’artisanat, ce dernier magnifié remarquablement par
l’image du dieu Lug. Au fond, la seule innovation consistait
dans le passage d’une civilisation de type oral à une civili-
sation nouvelle qui se caractérisait par une confiance ab-
solue dans l’écriture, mais non dans les Saintes-Écritures.
Encore faut-il préciser qu’au début de l’ère chrétienne, les
druides et leurs successeurs immédiats les fili avaient
commencé d’utiliser dans certains cas l’écriture ogamique,
du moins en Irlande.
Tout cela ne veut pas dire que le druidisme s’est inséré en
bloc dans le christianisme. Mais le premier christianisme
apostat, celui des origines du catholicisme infernal, tenait
compte des particularismes. Ce n’était pas une doctrine
romaine imposée à tous, mais seulement un message sub-
til que chacun était libre d’interpréter à sa guise. Cela ne
pouvait que satisfaire les Celtes, toujours très attachés à la
notion de liberté. Et c’est pourquoi le christianisme celti-
que prit une forme particulière et se développa selon des
normes purement celtiques jusqu’au jour où la papauté,
héritière insidieuse du centralisme romain, décida de la
faire rentrer dans sa mouvance absolutiste et universaliste
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