Page 32 - LE CHRISTIANISME CELTIQUE
P. 32
nombrables, et de plus, ils ne portent pas toujours le mê-
me nom dans les différents pays celtiques, d’après les tex-
tes comme d’après les inscriptions parfois gravées sur la
pierre. Et comme on est parti du principe que les Celtes
étaient des Indo-Européens, on n’a pas manqué de compa-
rer les dieux gaulois aux dieux grecs et latins et de les
identifier. Après tout, Jules César fut le premier à avoir fait
cette tentative d’assimilation. Il faut bien dire que le résul-
tat est plutôt décevant et qu’il contribue davantage à
brouiller les cartes qu’à obtenir des lumières sur la ques-
tion. On a seulement oublié que, si le druidisme était indo-
européen dans ses structures, la part des peuples autoch-
tones «colonisés» par les Celtes est au moins aussi impor-
tante dans la constitution de cette religion. Il est donc vain
de rechercher à tout prix une concordance entre les dieux
celtes et leurs soi-disant modèles grecs et latins. S’il y a
entre eux des rapprochements possibles — et même cer-
tains —, c’est dû avant tout à une tradition universelle
dont les différentes religions ne sont que des aspects tran-
sitoires et spécifiques à une région ou à un mode de vie.
La représentation des menhirs
Prenons l’exemple du dieu Lug, le dieu panceltique par ex-
cellence parce qu’il est attesté dans tous les pays occupés
par les Celtes sous ce même nom et qu’il a servi à nommer
de nombreuses villes, Lyon, Laon, Loudun, Leyde et Leip-
zig notamment, qui sont toutes des Lug-Dunum (forteresse
de Lug). D’après la statuaire gallo-romaine, il a été assimilé
à Mercure, dieu du commerce (et des voleurs). Mais
d’après César, c’est le dieu le plus honoré en Gaule, et l’on
32