Page 33 - LE CHRISTIANISME CELTIQUE
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trouve partout ses simulacres : or, si on interprète le latin
simulacrum correctement, il faut inclure dans ces repré-
sentations gauloises de Mercure les menhirs (de plus de
deux mille ans antérieurs aux Gaulois) qui sont encore fort
nombreux de nos jours. Il est très vraisemblable que les
Celtes ont récupéré les croyances et le culte concernant les
menhirs (croyances qui se sont perpétuées dans l’Europe
chrétienne), mais si un menhir est la représentation de
Lug-Mercure chez les Gaulois — et il n’y a pas de raison
d’en douter —, voilà notre dieu du commerce affublé d’une
fonction complémentaire, son symbolisme phallique étant
évident, ce qui nous amène à le considérer comme un dieu
de la fécondité, voire de l’agressivité virile, autrement dit de
la guerre. Et dans les textes irlandais, très loquaces sur le
personnage, Lug est surnommé Salmidanach, le «Multiple
Artisan». Le voici maintenant dieu des techniques les plus
diverses, le véritable démiurge de cet insaisissable pan-
théon.
Ajoutons que dans ces mêmes textes, son caractère solaire
est non moins évident, et qu’il pourrait être assimilé à
Apollon. Il est d’ailleurs probable qu’il est aussi honoré
sous le nom, ou plutôt le surnom, de Belenos, ce qui signi-
fie «Brillant», comme en témoignent diverses inscriptions
gallo-romaines. Et comme par hasard, tous les lieux
consacrés à Lug-Belenos, généralement sur des hauteurs,
sont devenus, depuis le christianisme, des monts Saint-
Michel, en hommage à l’archange le plus «brillant», vain-
queur du dragon des ténèbres comme Apollon le fut du
serpent Python. Et que dire du dieu Cernunnos, divinité
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