Page 27 - LE CHRISTIANISME CELTIQUE
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sans problème, surtout chez les Irlandais qui, n’ayant ja-
mais été conquis par les Romains, n’étaient point obligés
de se convertir à la religion dominante. Et comment pour-
rait-on admettre cette facilité de conversion si la doctrine
druidique avait comporté la croyance en la métempsychose
? Au contraire, l’affirmation selon laquelle une âme immor-
telle se réincarne dans un autre monde était conforme à la
doctrine chrétienne du temps.
Cela dit, il importe de savoir ce qu’était exactement le
druidisme et à quelle expérience spirituelle il pouvait cor-
respondre. Le terme de druidisme est assez récent: il ne
fait que recouvrir d’un nom l’organisation, le rituel et le
dogme d’une religion qui était celle de tous les peuples cel-
tes, au premier siècle avant notre ère, sur l’ensemble des
territoires qu’ils occupaient, Gaule, île de Bretagne, Irlan-
de, nord-ouest de l’Espagne, différents points de l’Europe
centrale et royaume des Galates dans la Turquie actuelle,
c’est-à-dire partout où l’on parlait une langue celtique.
L’organisation druidique est nettement indo-européenne.
Le rituel et le dogme, pour ce qu’on peut en savoir, le sont
beaucoup moins: tout se passe comme si le druidisme
avait, selon des modes de pensée indo-européens, opéré
une synthèse entre les différentes religions des peuples au-
tochtones soumis par les Celtes et codifié celles-ci jusqu’à
parvenir à une doctrine cohérente et à un culte sinon uni-
que, du moins de type universaliste.
Les druides constituaient une classe sacerdotale bien net-
te, qui jouait un rôle considérable dans la vie sociale et po-
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