Page 156 - LE MANUEL DE LA BIBLE
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Rien n'est caché des péchés de David, des désordres de Salomon, des faiblesses
de foi du puissant Elie.
Les évangélistes ne sont pas moins prêts à raconter leurs propres faiblesses,
leurs chutes, leur incrédulité si longue et si persistante. Ils ne cachent ni les
souffrances, ni les faiblesses matérielles, ni les humiliations du Sauveur, ni sa
mort ignominieuse. Les apôtres n'essaient pas de taire ou de déguiser les
désordres qui se glissaient dans les nouvelles Eglises fondées par eux, et ils
reconnaissent que leur autorité a souvent été méconnue et mise en question (1
Cor., I, 11; V, 1. 2 Cor., II, 4; XI, 5-23; XII, 20).
Ce n'est pas ainsi que des imposteurs se recommandent au monde.
Une pareille abnégation d'esprit et de coeur entraîne avec elle la conviction
intime que les écrivains sacrés n'ont eu d'autre objet en vue que de faire
connaître à la conscience humaine des révélations divines.
Aucune analyse ne peut donner l'idée de la sublimité de la morale évangélique.
C'est dans son ensemble qu'elle doit être comparée avec les enseignements des
hommes. Les sages ont proclamé des maximes de vertu, ils ont fait appel aux
sentiments moraux de notre nature, et pour faciliter la pratique du bien, ils ont
fait des systèmes de morale. Mais tout cela pèche à son point de départ. Les
maximes vulgaires de vertu sont dictées par la prudence et l'expérience, non
par l'autorité du devoir. Les sentiments moraux sont bien vagues et souvent
bien fugitifs, aisément étouffés ou altérés par les passions qui les avoisinent; ils
sont le plus faibles alors qu'ils sont le plus nécessaires. Les systèmes de
morale, comme tout ce qui tient du raisonnement, dépendent de la perfection
de nos facultés, et sont trop souvent des sujets de discussion pour pouvoir
devenir des mobiles puissants de sainteté. Ils sont en outre défectueux en ce
qu'ils ne tiennent pas compte de la chute, et qu'ils méconnaissent la nécessité
d'une régénération. L'Ecriture recommande toutes ces choses aux chrétiens,
mais en les subordonnant toutes à ses propres leçons. Elle Commence l'oeuvre
morale en forçant l'homme à reconnaître sa chute, et en lui ouvrant les yeux
sur la fin de sa destinée; elle met l'âme en harmonie avec Dieu et avec elle-
même; elle éclaire et dirige la conscience, adoucit et purifie les sentiments,

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