Page 160 - LE MANUEL DE LA BIBLE
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Cette influence de l'Evangile se fit sentir de bonne heure parmi les nations

anciennes. En Grèce, les impuretés les plus effrayantes avaient été patronnées

par Lycurgue et Solon. A Rome, elles se commettaient publiquement et sans

être l'objet d'aucune désapprobation. Le suicide était presque partout estimé,

recommandé même dans certaines circonstances. Sénèque et Plutarque, Pline

l'ancien et Quintilien l'applaudissent. Les sacrifices humains, l'exposition des

petits enfants sont permis et encouragés. Mais partout où l'Evangile pénètre, il

condamne ces pratiques, les frappe de honte et finit par les faire disparaître.

Ces progrès ne furent évidemment pas l'oeuvre de la civilisation, car ils

s'opérèrent par l'avènement de la doctrine évangélique au milieu de peuples

bien supérieurs aux chrétiens en connaissances et en raffinements de toutes

espèces; toujours et partout la moralité progresse et s'élève dans la mesure où

se développe, non l'intelligence de l'homme, mais la connaissance de la vérité

divine.

Le soin des pauvres et l'assistance donnée aux malheureux sont partout un

caractère particulier des nations chrétiennes. Il n'y avait pas à Constantinople,

avant l'introduction du christianisme, un seul établissement de charité; mais

peu de temps après qu'il eut pénétré dans cette grande cité, on y compta

jusqu'à trente maisons et plus, consacrées à recueillir les infortunes de cette

terre, les pauvres, les malades, les orphelins, les vieillards, les étrangers, etc. A

Rome, également, vingt maisons de charité ne tardaient pas à s'élever sous

l'influence de l'Evangile. C'est le même esprit encore, on peut l'affirmer, qui a

aboli la polygamie, adouci les horreurs de la guerre, racheté les prisonniers,

aboli l'esclavage, tenu en échec la tendance oppressive de la féodalité, flétri les

lois des nations barbares. “On est obligé de reconnaître, dit Gibbon, qui n'est

guère suspect en cette matière, que le triomphe du christianisme fut pour

l'ancien et le nouveau monde la source de nombreux bienfaits matériels, qu'il

prévint la destruction complète de la littérature, adoucit la férocité des temps,

vint en aide aux faibles et aux opprimés, et rendit à la société civile l'ordre et la

paix     depuis  longtemps  menacés  (Gibbon,  Hist.,  LV).”

Ainsi, comme on reconnaît la providence de Dieu dans la conservation de la

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