Page 74 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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vez-vous d'où viennent ces gens, et pourquoi ils se retranchent de-
vant notre Cité ? Ce sont ceux dont je vous ai parlé depuis long-
temps, et contre lesquels je vous ai armés. Pourquoi n'avez-vous
pas allumé le signal et sonné l'alarme lorsque vous les avez vus ?...
Que de soins n'ai-je pas pris pour rendre la ville imprenable et pour
endurcir vos cœurs ! Ai-je tant travaillé en vain ? Et n'ai-je en défi-
nitive sous mes ordres qu'une compagnie d'innocents, bons tout au
plus à regarder du haut des remparts leurs plus mortels ennemis ?
Préparez-vous donc au combat, et que personne, sans un ordre
émanant de moi, n'ose plus passer la tête par-dessus les murs. »
À l'ouïe de ce discours, les habitants furent comme pris de panique,
ils coururent de-ci, de-là par les rues, appelant au secours, et disant
que les hommes qui mettaient le monde sens dessus dessous
s'étaient rangés en bataille devant leur Cité...
« J'aime mieux les voir ainsi, dit Diabolus, quand on vint lui annon-
cer en quel état son discours avait jeté les habitants. »
Avant la fin du troisième jour, le généralissime commanda à son
trompette d'aller jusqu'à la porte de l'Oreille pour sommer la Cité de
l'Âme de donner audience à l'envoyé du grand roi Shaddaï. Le
trompette obéit, fit retentir l'appel, mais personne ne se présenta,
car Diabolus l'avait défendu. L'envoyé revint donc rendre compte de
sa mission à Boanergès et de son échec. Il fut envoyé une seconde
fois; à nouveau sans résultat. Enfin la troisième fois, le trompette
reçut l'ordre d'avertir la ville que si elle refusait l'audience deman-
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