Page 147 - Aberrations trinitaires du dieu à trois faces
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trinité dont on lui fait honneur. C’est dans le livre sixième de
sa République chimérique, lorsqu’il dit: «Parlons du fils,
production merveilleuse du bon, et sa parfaite image.» Mais
malheureusement il se trouve que cette parfaite image de
Dieu, c’est le soleil. On en conclut que c’était le soleil
intelligible, lequel, avec le verbe et le père, composait la
trinité platonique. Il faut maintenant trouver les trois
personnes. Elles sont dans la seconde lettre de Platon à
Denys. Ces lettres ne sont pas assurément supposées. Le
style est le même que celui de ses Dialogues. Platon dit à
Denys: «Le roi de l’univers est environné de ses ouvrages, tout

est l’effet de sa grâce. Les plus belles des choses ont en lui

leur cause première; les secondes en perfection ont en lui une

seconde cause; et il est encore la troisième cause des
ouvrages du troisième degré.» Dans l'Epinomis et ailleurs, il
établit pour principe «le premier bien, le Verbe ou

l'entendement, et l'âme. Le premier bien, c'est Dieu;... le Verbe,

ou l'entendement, c'est le fils de ce premier bien, qui l'a

engendré semblable à lui; et l'âme, qui est le terme entre le
Père et le Fils, c'est le Saint-Esprit.» Platon avait emprunté
cette doctrine de la Trinité de Timée de Locres, qui la tenait
lui-même de l'École italique. Nous ne pouvons plus douter de
la source de la Trinité Ontologique dont le principe vital est

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