Page 277 - dictionnaire westphal
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(CanonMuratori  1-8,  34,  39;  Irénée,  adv. Hcer.  III,  1; III,  14)désigne comme tel le

     médecin Luc, nommé Col 4:14,2Ti 4:11 etPhm 1:24. Cette thèse a encore été défendue
     récemment par dessavants de la valeur de Harnack et de Ed. Meyer. Mais d'une
     manièregénérale elle est de plus en plus abandonnée  parce qu'elle se heurteà de
     graves difficultés. Comment se fait-il, en effet, qu'uncompagnon de Paul ait pu si mal
     connaître et ses idées et sa vie,qu'il ait  présenté ses rapports avec l'Église de

     Jérusalem sous unautre jour que l'apôtre lui-même? (cf. surtout les deux récits sur
     le«Concile»  de Jérusalem: Ga 2 et Ac 15). Comment expliquerl'absence  des idées
     spécifiquement pauliniennes, comme lajustification par la foi? Comment comprendre

     l'acceptation sansréserve de certaines traditions au sujet de la résurrection
     duSeigneur, qui supposent une conception peu en accord avec les  idéesde Paul, à
      savoir  la  revivification  du corps terrestre?  Pourquoi lelivre  des Actes  parle-t-il  (Ac
     11:30) d'un voyage de Paul àJérusalem entre son voyage mentionné Ac 9 (cf. Ga 1:18)
     etcelui de Ac 15, (cf. Ga 2:10) lequel voyageintermédiaire est expressément nié par Ga

     1:22-2:17? Veut-onidentifier, au contraire, les récits de Ga 2 et Ac 11:30?Alors il faut
     s'étonner que cette entrevue jugée si importante parPaul ait  été rapportée d'une
     manière si brève par notre auteur.Cependant la tradition lucaine ne semble pas être

     sans valeur. Rienn'empêche,  en effet,  que le récit à la 1 re personne dont nous
     avonsparlé plus haut ait été écrit par Luc, qui aurait accompagné sonmaître pendant
     une partie de ses voyages. On peut même aller jusqu'àadmettre que celui-ci s'est servi
     de son propre journal comme based'un récit des voyages de Paul, plus court ou plus
     long que celui quenous possédons, et dans lequel il  aurait lui-même  inséré

     certainesautres traditions. Ce récit primitif aurait ensuite pu être remaniépar l'auteur
     du livre, c-à-d. l'ami de Théophile. Ce ne serait pas lapremière fois dans l'histoire de la
     littérature biblique ou profaneque l'auteur d'une partie d'un ouvrage aurait prêté son
     nom au tout. Distinguer Luc de l'auteur à Théophile et limiter l'apport de Lucau récit

     de voyage représenté essentiellement par les textes à lapremière personne--solution
     qui est d'ailleurs suggérée par le texted'Irénée lui-même--c'est donc, comme on a fort
     bien dit,  rétablir  etla  sincérité  de Paul et celle  de son compagnon. Une seule
     hypothèsepourrait sauver, du moins apparemment, la thèse de l'origine lucainede tout

     le livre:  celle  de Loisy, d'après laquelle le travail  de Lucne nous serait parvenu que
     sous  une  forme profondément altérée. Maisd'une  part cette explication soulève de
     nombreuses autresdifficultés,  d'autre  part les altérations et additions réelles,
     commel'insertion du deuxième récit de l'Ascension, peuvent s'expliquer

     parl'intervention d'une troisième main. Pourquoi l'auteur à  Théophile ne raconte-t-il
      pas la  fin  de Paul?Plusieurs  hypothèses ont été  imaginées  à  ce  sujet.  Sa
     sources'arrêtait-elle  au moment où la décision du tribunal romain aurait dûêtre
     relatée? On ne comprend pas pourquoi dans ce cas il  n'a pu seprocurer d'autres

     renseignements sur cet événement assurément bienconnu des chrétiens de Rome. La
     mort lui aurait-elle retiré la plume?La date qu'on est obligé de fixer à la rédaction du
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