Page 276 - dictionnaire westphal
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Joppé. Les renseignements sur l'évangélistePhilippe peuvent avoir été transmis à
l'auteur par ses filles, quePaul et ses compagnons (et sans doute beaucoup d'autres
chrétiensaprès eux) ont visitées à Césarée. De toute manière les deux premières
parties, où se côtoient despéricopes de provenances et de caractères très divers, sont
loin deprésenter l'homogénéité relative de la troisième; mais elles révèlentd'autant
mieux la manière de composer de l'auteur du livre. Soucieuxde présenter un ouvrage
historique complet, il utilise sans trop departi pris, et en les juxtaposant, des récits de
provenancesdiverses. C'est ainsi qu'il maintient les traditions qui suggèrent unrôle
prépondérant des Douze dans l'histoire de l'Église, quoiquecette attente soit plutôt
déçue par la suite du récit. A un certainmoment, il présente Pierre comme le champion
par excellence de lamission parmi les païens, quoique la troisième partie du
livreconfère ce rôle décidément à l'apôtre de Tarse. Le baptême chrétienest tantôt
opposé (Ac 1:5) tantôt identifié (Ac 9:1816:15-33 etc.) au baptême par l'eau; parfois ils
se suiventdans l'un ou dans l'autre ordre (Ac 8:16-17 10:44-48). Quant auxidées
christologiques, elles présentent, malgré l'absence des idéespauliniennes, johanniques
ou alexan-drines sur la préexistence, uneassez grande variété, Jésus étant présenté
parfois comme instructeur,comme prophète, comme fils de l'homme, ou comme simple
homme élevé àla dignité de fils de Dieu après sa résurrection (voy. p. ex. Ac2:22 3:22
4:27-30 5:31 7:37) Le point de vue personnel de l'auteur peut être saisi
parfoisindirectement si l'on tient compte de la manière dont il présente lesévénements.
Ainsi nous constatons que les conflits entre un partijudéo-chrétien très puissant et
l'apôtre Paul sont loin de présenterle caractère aigu, profond et acharné que nous leur
connaissons parles épîtres de l'apôtre des Gentils. L'auteur insiste au contrairesur
tout ce qui peut rapprocher Paul de Jérusalem et notamment dePierre. Il croit même
(Ac 15:20) que Paul se serait laisséimposer pour ses. Églises les commandements dits
noachiques, faitdémenti par Ga 2:10 et par les renseignements sur les coutumesdes
Églises pauliniennes donnés dans les épîtres de leur fondateur.L'École de Tubingue a
voulu voir dans cette manière d'écrirel'histoire une déformation volontaire de la vérité
au profit d'unetendance conciliatrice. Mais on s'accorde généralement à voir
dansl'auteur un homme de bonne foi, vivant à une époque et dans un milieuoù la
portée et le sens des événements n'étaient plus toujours biencompris. Toutefois le
conflit entre Paul et Pierre à Antioche, quiavait dû faire quelque bruit dans les Églises,
a pu être éliminéintentionnellement. De même le discours d'Etienne semble
abrégé.Cette manière de composer de notre auteur, dont le sens critiquen'égale pas
toujours le souci d'être complet, rappelle d'une façonfrappante celle du troisième
évangile, dont les «Actes» serapprochent également par le vocabulaire, le style, une
certaineprédilection pour les récits de voyage, les scènes pittoresques,parfois
légèrement humoristiques. Il n'y a donc pas lieu de douter del'identité de l'auteur des
Actes avec celui du troisième évangile,attestée d'ailleurs par les
prologues.L'AUTEUR.Qui est cet auteur? Une tradition remontant au II e siècle