Page 98 - La Guerre Sainte par John Bunyan
P. 98
« Réfléchis bien, Cité de l'Âme. Je voudrais que tu redoutasses de
m'abandonner, autant que moi je crains d'avoir à le faire. Réfléchis;
le boulet est encore à ton pied; tu as la liberté si tu sais t'en servir.
Tu as aussi un roi si tu veux l'aimer et lui obéir. »
Ce discours ne fit qu'endurcir encore le cœur de la malheureuse Ci-
té: la grandeur de Shaddaï l'écrasait effectivement, et le sentiment
de sa sainteté la jetait dans le désespoir. Alors les Diaboloniens,
après avoir tenu conseil, firent dire au messager des Capitaines que
pour ce qui les concernait, ils resteraient fidèles à Diabolus, que ja-
mais ils ne capituleraient devant Shaddaï, qu'il était donc bien inu-
tile de leur envoyer de nouvelles sommations. Plutôt que de se
rendre, ils mourraient sur place. » L'horizon s'obscurcissait de plus
en plus; il semblait qu'Âme humaine fût irrémédiablement perdue.
Cependant les Capitaines connaissaient les ressources royales et re-
fusaient la défaite. Ils envoyèrent donc d'autres sommations dont la
teneur était toujours plus sévère. Mais plus Âme humaine était
pressée de se donner à Shaddaï, plus elle s'éloignait de lui.
Devant cette attitude, les Capitaines résolurent de cesser les som-
mations et de recourir à un autre moyen. Réunis en conseil, ils
examinèrent ce qui pourrait le mieux atteindre le but: conquérir la
Cité de l'Âme et l'arracher à la tyrannie de Diabolus. Après plusieurs
autres, le Capitaine Conviction se leva pour parler: « A son avis, il
fallait continuer de harceler la ville jour et nuit, ce qui abattrait son
esprit de rébellion; 2° Il lui semblait nécessaire d'envoyer une péti-
96