Page 106 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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À peine le prince Emmanuel avait-il dit ces mots que la garde des
portes fut renforcée. Il donna quand même son message à la Corpo-
ration, message d'amour, de compassion, d'appel, d'avertissement
aussi... « Je ne veux en aucune manière te causer aucun dommage
Cité de l'Âme, dit le Prince en sa péroraison. Pourquoi fuis-tu celui
qui t'aime et te réfugies-tu auprès de ton ennemi ? Il est vrai que je
voudrais voir en toi des sentiments de repentance. Mais ne déses-
père pas de la vie; ma puissance ne veut pas s'employer à te nuire,
mais à briser tes chaînes, ton esclavage, à te ramener à mon obéis-
sance. La guerre, je la fais au Diable et aux Diaboloniens. C'est lui
l'homme fort que je veux lier, pour partager son butin. Ma puis-
sance pourrait l'abattre d'un seul coup et l'obliger au départ; mais
j'agirai avec lui selon les lois de la guerre ».
L'appel du Prince resta sans réponse. Alors il se prépara à livrer
l'assaut et envoya les sommations d'usage. Cette fois on tint un
conseil de guerre dans la ville de l'Âme, et on décida la reddition de
la Cité à certaines conditions que fut chargé d'exposer M. Col roide,
un Diabolonien dur et hautain qui avait déjà rendu de grands ser-
vices à son Maître.
M. Col roide vint donc au camp d'Emmanuel, une audience lui fut
accordée, et après les cérémonies d'introduction, l'ambassadeur de
Diabolus exposa le message dont il était chargé: « Auguste Sei-
gneur, dit-il en s'adressant au Prince, tous connaîtront désormais
quelle est la bonté naturelle de mon Prince et Maître. Il m'envoie
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