Page 567 - LE MANUEL DE LA BIBLE
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n'aurait rien d'étonnant, puisque nous voyons, par 2 Rois, XVIII, 26, que la
langue caldéenne (araméenne ou syriaque) était familière aux fonctionnaires
publics de la cour d'Ezéchias. Mais, en fait, il n'y a que trois caldaïsmes bien
caractérisés, tout au plus quatre, et encore se trouvent-ils dans les parties
généralement reconnues comme authentiques (VII, 14 (?); XXIX, 1; XVIII, 7;
XXI, 12).
2° Les soi-disant différences de style, entre certaines parties et certaines
autres, ne sont pas plus grandes que celles que l'on trouve toujours entre les
premières productions d'un écrivain et celles de sa vieillesse, ou bien entre des
discours faits pour être prononcés et des pages écrites pour être lues. Un
examen sérieux et attentif prouve, au contraire, que d'un bout à l'autre du livre
c'est bien le même style, énergique, magnifique et sublime. Sous ce rapport, les
chapitres indiqués ne le cèdent en rien à ceux qu'on admet comme ayant été
composés par Esaïe.
3° Notre Seigneur et ses apôtres citent le prophète Esaïe comme ne formant
qu'un seul tout. Ils le citent plus souvent qu'aucun autre prophète, et lui
attribuent entre autres les chapitres I, VI, IX, X, XI, XXIX, XL, XLII, LIII, LXI et
LXV. Tous ces chapitres faisaient partie de la version des Septante, qui datait
de 280 avant Christ. C'est enfin le livre du prophète Esaïe qu'on remit à notre
Seigneur dans la synagogue de Nazareth, quand il l'ouvrit pour y lire LXI, 1-3
(voyez Luc, IV, 17). L'unité du livre se voit également par la disposition
régulière de l'ensemble.
4° Remarquons enfin que presque tous les auteurs qui donnent à ces
fragments d'Esaïe une date postérieure, sont des hommes qui nient ou
restreignent l'idée de l'inspiration, celle précisément dont ces chapitres
fournissent par leur contenu les preuves les plus évidentes. Aucune sagesse
humaine ne pouvait en effet prévoir aux jours d'Esaïe l'élévation et la chute de
la monarchie des Caldéens, bien moins encore l'origine et le nom du futur
conquérant de Babylone. Ceux qui nient la possibilité du fait prophétique
doivent naturellement placer plus tard des oracles aussi clairs et aussi précis.
Malheureusement pour leur cause, ils sont loin de s'entendre entre eux; leurs

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