Page 117 - Aberrations trinitaires du dieu à trois faces
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qu’on ne doit pas regarder fixement nos mystères». Il faut
donc répéter des mots sans ne leur donner aucun sens et
affirmer qu’on croit sans savoir ce qu’on croit. L’aveu célèbre
de saint Augustin au livre VII de son traité De la Trinité, est
plus court et plus net: «On parle de trois personnes, non pour
dire quelque chose, mais pour ne pas se taire». Dictum est

tamem tres personœ, non ut illud diceretur sed ne taceretur.

Les trois dieux (pardon ! il n’y en a qu’un); les trois morceaux
de Dieu (pardon ! chacun « possède la divinité tout entière »):
les trois ce que vous voudrez; les trois personnes, - puisqu’il
est entendu, depuis Saint Augustin, que le mot n’a aucun
sens, - sont également éternelles et pourtant le Fils est
engendré par le Père; le Saint-Esprit n’est pas engendré
mais, pour l’Église grecque et pour les Pères de Nicée, il
procède du Père, pour l’Église latine, il procède du Père et du
Fils. Prière de ne donner aucun sens aux mots engendrer et
procéder, si on ne veut pas tomber dans quelque hérésie.

N’essayons pas une histoire de ce dogme ou de tout
autre dogme. Croyons-les et croyons qu’ils remontent
tous aux apôtres. Car, affirme Bossuet (préface de l’Histoire
des Variations), « le Saint-Esprit répand des lumières pures
et la vérité qu’il enseigne a un langage toujours uniforme...

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