Page 119 - La Guerre Sainte par John Bunyan
P. 119
L'attitude du Prince fut expliquée différemment dans la Ville: « Elle
était un indice de clémence, disaient les uns. - Non, non ! c'était
une marque de sévérité, assuraient les autres. Il fallait se préparer
à mourir, etc., etc... » Perplexité et doutes firent place rapidement à
la terreur, un grand trouble tomba sur la Cité. Mieux valait la mort
que cette incertitude, que ces terreurs planant sur eux jour et nuit.
Dans leur misère, ils résolurent d'envoyer une troisième supplique
au Prince.
Dans celle-ci ils louaient d'abord la grandeur du Prince et sa bonté,
puis ils confessaient leur iniquité: « Nous ne sommes plus dignes
d'être considérés comme tes sujets, nous méritons l'Abîme. Si tu
décides de nous faire passer au fil de l'épée, certes nous déclare-
rons que ta sentence est équitable; si tu nous condamnes, ce n'est
que justice. Mais, oh ! Seigneur ! laisse agir ta Grâce, sauve-nous,
pardonne nos transgressions, et nous chanterons à jamais ta bonté
et tes jugements miséricordieux. Âmen. » La question du messager
se posa de nouveau. Plusieurs voix proposèrent Bonnes Œuvres;
mais l'Archiviste s'opposa énergiquement à ce choix: « Quoi
« Bonnes Œuvres » comme messager, quand toute notre requête
crie: « Miséricorde ! » Si le Prince lui demande son nom et qu'il le
décline, Emmanuel répondra: « Quoi, Bonnes Œuvres vit encore
dans la Cité de l'Âme ? Eh bien ! que les Bonnes Œuvres vous sau-
vent de la détresse où vous êtes. » On se rallia aux paroles de M.
Conscience et on mit Bonnes Œuvres de côté. Cœur réveillé fut à
nouveau choisi et, à sa demande, on lui adjoignit M. Détresse, ainsi
117