Page 114 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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Certain jour enfin, sous les coups répétés des béliers, un passage
fut ouvert dans la forteresse où Diabolus s'était retranché, et tout
aussitôt les Chefs le firent savoir au Prince. Les trompettes firent ré-
sonner la bonne nouvelle par tout le camp, ce qui fut l'occasion
d'une grande allégresse. Car maintenant on pouvait envisager la fin
de la guerre et l'heure de la Délivrance de la Cité allait sonner.
Revêtu d'une armure d'or, précédé de son étendard, entouré de sa
garde, le Prince traversa la ville et vint jusqu'au château-fort. Tous
se pressaient sur son passage, tous se sentaient attirés vers lui,
mais tous remarquaient aussi son attitude réservée, et y voyaient
l'indication qu'un châtiment sévère allait atteindre la ville rebelle.
Arrivé au château, Emmanuel commanda à Diabolus de se rendre.
Rampant, se tordant, implorant la pitié, celui-ci se présenta: « Ne
me précipite pas dans l'abîme avant le temps, suppliait-il, laisse-moi
sortir de la Cité en paix. » Il fut lié sur l'ordre du Prince, et conduit
sur la place du Marché, dépouillé de l'armure dont il se glorifiait, ex-
posé en spectacle, afin que la Cité de l'Âme pût voir la ruine de celui
en qui elle avait mis sa confiance. Puis lié de chaînes aux roues du
char d'Emmanuel, qui traversa la ville de part en part, il fut conduit
jusqu'à la porte de l'Oeil pour de là gagner le camp. Ce fut un grand
cri d'allégresse dans le camp de Shaddaï lorsqu'on vit Diabolus lié et
réduit à l'impuissance, un cantique de louanges s'éleva pour le
Prince: « II a mené captif, celui qui retenait captif, il a dépouillé les
principautés et les puissances, les exposant en spectacle. À la
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