Page 120 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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nommé parce qu'il versait beaucoup de larmes de repentance sur
lui-même et sur ses compatriotes. Tous deux partirent la corde au
cou, les mains liées.
Ils s'excusèrent en arrivant à la cour de venir à nouveau importuner
le Prince, mais à cause de leurs péchés ils n'avaient plus de repos ni
jour ni nuit. Ils remirent la supplique de la Cité et attendirent pros-
ternés la décision du Prince, qui, après avoir lu le manuscrit, leur
posa plusieurs questions sur leur naissance et leur situation. Sans
doute celles-ci étaient très hautes, puisqu'on les avait choisis
comme députés ? - Non, ils étaient au contraire gens du commun,
répondirent-ils, et ils ne s'expliquaient pas le choix de leurs conci-
toyens. Que le Prince ne prît pas offense de leur bassesse ! Oh !
pardonne nos transgressions, et ne te retiens pas plus longtemps
d'avoir pitié; n'éloigne pas plus longtemps l'instant de la Grâce, et la
gloire qui t'en reviendra ! »
Le Prince commanda qu'ils se tinssent debout, ce qu'ils firent. Alors,
il montra la grandeur de l'iniquité de la Cité de l'Âme rejetant son
Père comme Roi, pour mettre à la place un tyran, un menteur, un
rebelle. « Lié de chaînes et déjà condamné à l'Abîme, il est venu
vous offrir ses services et vous l'avez accepté ! Nous, nous sommes
venus pour chasser l'Usurpateur, et qu'avez-vous fait ? Vous avez
pris parti pour lui, fermant vos portes et faisant la guerre contre
nous... Maintenant que j'ai vaincu le Tyran, vous venez implorer ma
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