Page 248 - dictionnaire westphal
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ACHAB
     1. Fils d'Omri, roi d'Israël de 871 à 852 environ. Le Livre des Rois consacre à ce règne
     des développements plusconsidérables qu'à celui de Salomon lui-même (1Ro 16:29 à

     2Ro10:36), chapitres d'une valeur historique très inégale. Lesmeilleurs éléments sont
     extraits d'une histoire populaire de ladynastie d'Omri et de sa chute: 1Ro 20-22,2Ro 9-
    10. Ces pages,d'un ton anecdotique, ont dû être rédigées vers l'an 800. Elles

     sontactuellement interrompues par les biographies d'Élie et d'Elisée.D'autre part, les
      récentes et  importantes  fouilles  américaines  surl'emplacement de Samarie  précisent
     nos connaissances sur lacivilisation israélite au temps d'Achab et sur la personnalité
      de  cesouverain.  Enfin  la  stèle  de  Mésa  et  les  documents assyrienscomplètent
     opportunément la documentation. Le tout vient appuyer lejugement de Renan: «Achab

     égala Salomon par l'ouverture d'esprit etle surpassa par sa valeur militaire.»  En
     épousant Jézabel, fille du roi de Tyr Ethbaal, Achabs'assurait l'alliance de la principale
     puissance phénicienne contreles redoutables ennemis héréditaires  d'Israël,  les

      Araméens de  Damas.Il  put,  de la  sorte,  obtenir  quelques succès;  en outre,  sous
     sonrègne, les hostilités subirent des temps d'arrêt. Ben-Hadad, roi deDamas, menacé
     à son tour par Salmanasar III  d'Assyrie, lui opposa unecoalition de douze princes
     parmi lesquels figure Achab, et quesoutenait l'Egypte. La bataille de Karkar, près de
     l'Oronte, dontSalmanasar, dans une inscription, s'attribue le gain mais qui enréalité

     ne lui procura aucun  avantage, fournit la première dateentièrement certaine de
     l'histoire israélite: 854. Le danger assyrienconjuré pour l'heure, Araméens et Israélites
      redevinrent ennemis.Pour récupérer Ramoth ou Rama, au delà  du Jourdain, Achab

     appela àson aide le roi de Juda; et cette alliance aussi fut cimentée par lemariage de la
     fille du roi, Athalie, avec le prince héritier judéenJoram, fils  de Josaphat. Achab,
     mortellement frappé devant Ramoth,expire tandis que son armée se débande. Il avait,
     pendant un tempsseulement, maintenu en vasselage ses voisins Moabites (Mésa),
     etAmmonites aussi semble-t-il. Aucun souverain israélite n'apparaît sous un jour plus

     sombre auxyeux du rédacteur des Rois. En fait, si Achab manifesta un certainamour
     du luxe et même des allures de despote (meurtre judiciaire deNaboth), s'il ne comprit:
      pas l'exclusivisme  religieux  du culte  del'Éternel représenté  avant tout  par  les
     prophètes (Élie, Michée, filsde Jimla), il fut brave, énergique, avisé politique et se fit

     aimerde son peuple. L'érection a Samarie d'un temple du Baal de Tyr,Melqart, en signe
     de l'alliance des deux États, ne paraît pas avoirmécontenté les sujets d'Achab: comme
     sous Salomon, on en est encoreau  stade où Israël reconnaît les, droits des autres
     dieux, à côté deceux du sien. Si la conscience religieuse d'une élite s'offusqua, cefut

     quand on put voir le roi en personne, régulièrement peut-être,sacrifier au Baal tyrien
     dans le sanctuaire de Samarie, alors queseuls les sujets d'un dieu national ont qualité
     pour lui rendre leurculte. Sous Achab Israël accède à la diplomatie internationale et
     prendun réel essor économique. Par ce que, grâce aux fouilles,  nousentrevoyons  de

     l'organisation du royaume, avec son intendance,véritable ministère des finances et des
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