Page 177 - dictionnaire westphal
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ABDIAS
    Le quatrième des douze petits prophètes, vivait, d'après son uniqueoracle, dirigé contre
     Édom, à une époque où Jérusalem avait été priseet pillée par une coalition de peuples

     voisins, dont les Édomitesfaisaient partie. Il leur déclare à tous, mais particulièrement
     àceux-ci, comme les plus coupables à cause de leur parenté avec lesIsraélites, qu'ils
     seront abaissés à leur tour. Comme ils prirent unelarge part à la ruine de Jérusalem

     par Nébucadnetsar (Ps 137,La4:21 etc.),  on a cru longtemps que cet oracle fut
     composé pendantl'exil. Mais rien n'indique  qu'à  l'époque d'Abdias  Jérusalem eût
     étédétruite,  et rien non plus ne suppose la période caldéenne ou perse.De  plus,
     Jérémie a connu et reproduit en partie cet oracle (Jer49:7-22). Joe 2:32 l'a même cité:
     «Sur la colline de Sion il yaura délivrance, comme l'a dit l'Éternel. » (Cf. Ab 1:17) Or il y

     eut en effet, avant Joël et Amos, une époque où Jérusalemfut prise et pillée par les
     Philistins, les Phéniciens et diverseshordes arabes (2Ch 21:16, Joe 3:5, Am 1:6-9). Il
      est  donc biennaturel de  placer  Abdias peu avant  ces  deux prophètes.  D'autant

     plusqu'en le mettant à la suite d' Osée et de ces mêmes prophètes, ceux quiformaient
     le recueil des Douze montraient évidemment par là qu'ils leconsidéraient (avec raison)
     comme l'un des plus anciens. Seulement,comme son livre est beaucoup plus court, ils
     le placèrent après lesleurs. Procédé qui a été adopté aussi dans le N.T.  pour les
     épîtresde saint Paul, qui sont rangées d'après leur importance et leurétendue, sans

     égard pour leur ordre chronologique. Ils auraient pu setromper sans doute, mais on
     voit qu'il y a d'assez bonnes raisons depenser qu'ils ne se sont pas fait illusion. Il faut
     considérer aussi qu'il est peu probable que lalittérature  prophétique ait commencé

     chez les Hébreux seulement auVIII e siècle par l'ouvrage d'un  berger, un ouvrage
     remarquable àbien des égards (voir P. Humbert, La religion d'Amos, dans  Rev.Laus.,
      1929); et  pourquoi aucune de ces  premières  productions ne seserait-elle  conservée,
     quand des poésies bien plus anciennes, commele chant de Débora et bien d'autres,
      sont  parvenues jusqu'à nous? Onsait  qu'Ésaïe en  a  cité  une relative  à  Moab.  Celle

     d'Abdias relativeà  Édom, son imitation  par Joël et sa reproduction par Jérémie
     avecquelques modifications,  n'ont rien de plus surprenant. Il nous estresté de
     l'ancienne littérature hébraïque plus de monuments qu'unecritique trop sceptique ne
      veut  le  croire,  pour des  raisons  parfoisbien  insuffisantes.Cf.  Histoire  critique  de la

     littérature  prophétique des Hébreux, etc.,  par Ch.  Bruston,  1881.  Les plus anciens
     prophètes, par lemême, 1907, etc. L'opinion contraire a été adoptée par L. Gautier,Intr.
     A.T.; P. Fargues, Intr. A.T., etc. Il n'y a aucune raison sérieuse de douter de l'intégrité
     du textede cet oracle, mais il semble avoir subi au moins une légèrealtération. Ce qui

     n'a rien de surprenant. Il  y en a ailleurs  de bienplus nombreuses et plus graves,
     surtout dans le livre d'Osée,cependant plus récent. Ch. Br.
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