Page 182 - dictionnaire westphal
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ABEL
    Nom symbolique. D'aucuns proposent de le rattacher à l'assyrien ablou,fils, mais il est
      bien  plus  normal  de  voir  ici  la  formehébraïque  hébel  qui  signifie  vapeur, souffle

     passager,vanité. (cf. Ec 1:2) Par ce nom, qui ne se comprendrait pascomme un nom
     propre donné à son fils  par le  premier  couple quiabordait  la  vie  plein  de confiance
     dans sa jeunesse et dans sa force,l'auteur de notre récit a voulu sans doute indiquer la

     fragilité, lenéant de tout espoir conçu  en dehors  de la ligne tracée par Dieu à
     ladestinée de l'humanité. En tout cas, le nom est inspiré par le drameGe 4:3-8, il ne le
      précède  pas.Malheureusement,  une mutilation  du  texte  hébreu nous empêche
      desavoir  l'occasion du meurtre.  Il  porte:  «Et  Caïn  dit  à Abel sonfrère...»  La suite
     manque. Nos versions françaises,  en traduisant:«Caïn parla à Abel»,  esquivent la

     difficulté sans combler la lacune.Les LXX ajoutent: «Traversons la campagne.» Mais ce
     n'est peut-êtrequ'une glose. Tout ce que le récit nous permet de savoir, dans sateneur
     actuelle, c'est qu'Abel, par sa manière d'être, avaitl'approbation de Dieu et que Caïn ne

      l'avait  pas. Celui-ci  en avaitconçu de l'irritation,  de la  jalousie.  Sa réponse après le
     crime:«Suis-je le gardien de mon frère?» (Ge 4:9) nous révèle combiensont grands déjà
     les ravages de la chute dans la nature humaine.Par contre, Abel, la victime innocente,
     a pris figure de martyr,voire de martyr pour la foi et pour la justice (Heb 11:4,1Jn3:12,
     cf. Heb 12:24). Abel symbolise, à la bifurcation deschemins, l'humanité qui, engagée

     dans la voie interdite par Dieu,s'efforce tout de même de lui rester fidèle et de mériter
     encore safaveur, tandis que Caïn incarne l'évolution brutale qui faitdescendre la race
     humaine vers les moeurs féroces de l'animalité. Etc'est Caïn qui l'emporte, inaugurant

     la lignée des bourreaux par qui,de siècle en siècle, Satan a barré la route aux hommes
     qui voulaientrevenir à Dieu. C'est en ce sens que Jésus déclare aux Juifs
     sesadversaires: «Malheur à vous, fils des meurtriers des prophètes, survous retombera
      tout  le  sang innocent qui  a  été  répandu dès  lacréation  du monde,  depuis le  sang
     d'Abel...»(Mt 23:34,Lu 11:51) C'est d'Abel qu'il a été dit: «Quoiquemort, il parle encore»

     (Heb 11:4). Alex. W.
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