Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-T


septembre 3, 2010 avec la gracieuse permission du site GoDieu



T


TABBAT,


ville de Palestine, qui fut le terme de la fuite des Madianites, Juges 7:22. Elle n'est connue que par cette mention.


TABÉAL,


Ésaïe 7:6, père de l'homme à qui les rois alliés de Syrie et d'Israël se proposaient de donner la couronne de Juda, après avoir détrôné Achaz. On suppose, à cause du verset 5, et à cause des prétentions bien connues d'Éphraïm, que Tabéal était Éphraïmite, et quelques auteurs pensent que son fils était l'ambitieux Zicri.


TABÉEL,


Voir: Bislam.


TABERNACLE.


Ce mot qui a fini par prendre, dans notre langue, une signification, ou, pour ainsi dire, une couleur particulière, n'est autre que le mot latin qui signifie tente, et nous réunissons, dans un même article, ce qu'il y a à dire sur les tentes des Hébreux, et sur les divers tabernacles dont il est parlé dans l'Écriture.

Les tentes sont le plus ancien système d'habitations que la civilisation ait donné aux hommes; comparées aux cavernes des hommes primitifs, elles sont le premier pas vers le progrès, et les peuplades nomades, les Arabes en particulier, en conservèrent l'usage longtemps après l'introduction d'un mode d'habitation plus solide, Habacuc 3:7. Les soldats, les bergers et les voyageurs de l'Orient, continuèrent également de s'en servir, et ces derniers, au temps de Jésus, portaient souvent avec eux des tentes légères et faciles à transporter, n'étant pas toujours assurés de trouver pour la nuit un abri ou un gîte hospitalier. Les patriarches demeuraient dans des tentes, Genèse 13:3,12; 18:1; 26:25, et plusieurs expressions du Pentateuque, qui n'ont pas dans nos traductions la même valeur, sont empruntées à la manière de planter, de dresser ou d'enlever les tentes. Elles étaient d'abord couvertes de, peaux; plus tard on y substitua des couvertures de laine ou de poil de chameau, ordinairement noires, ou du moins foncées, Cantique 1:4; celles qui étaient tissées avec du poil de chèvre passaient pour les meilleures contre la pluie; les chèvres de Cilicie fournissaient, sous ce rapport, les matières les plus estimées, et l'on croit que c'est à faire des étoffes de ce genre que s'occupait l'apôtre Paul de Tarse. La couverture, supportée par une ou plusieurs perches, était assujettie dans la terre par des pieux, et fortement tendue. La forme des tentes de l'Orient moderne, est ronde, ou ovale comme la coque renversée d'un vaisseau; l'intérieur est divisé, par des rideaux ou tapis, en trois compartiments, dont le premier est réservé aux animaux délicats (les autres restent dehors), le second aux hommes, le troisième aux femmes. Les riches avaient même pour les femmes, et spécialement pour les veuves, des tentes séparées, Genèse 24:67,31,33, comme les émirs de nos jours en Arabie. La première division même, au lieu d'être affectée au bétail, sert quelquefois de vestibule chez les grands personnages, et de chambre pour les gens de service. Le sol est garni de tapis ou de nattes, qui font, la nuit, l'office de lits. L'ameublement de ces tentes est toujours fort simple: une lampe pour éclairer l'intérieur, et un tapis de cuir, coupé en rond, pour servir de nappe à l'occasion. Les villages nomades campent ayant leurs tentes disposées circulairement, et gardées par de gros et mauvais chiens (Arvieux). Il est parlé de villages semblables, Genèse 25:16; Ésaïe 42:11: ce sont plutôt des campements.

Le tabernacle d'assignation, appelé aussi tabernacle de l'assemblée, ou tabernacle de Dieu, parce que c'était là qu'Israël s'assemblait dans le désert pour le service divin, était une grande tente mobile, garantie des injures du temps par plusieurs couvertures que Moïse construisit d'après le modèle que Dieu lui-même lui en avait donné sur le Sinaï, Hébreux 8:5; Exode 25-27, surtout 26:15-30; et 36:3; sq..

Le tabernacle était un rectangle dont la largeur et la longueur étaient entre elles comme 8 à 20; il était fermé de trois côtés, au nord, au sud, et à l'ouest, par des ais d'acacia couverts de lames d'or, avec des bases d'airain, hauts de 10 coudées, larges de 1 coudée 1/2, emboîtés l'un dans l'autre par deux tenons, l'un en haut, l'autre en bas, et portés par deux bases l'une supérieure, l'autre inférieure, où il y avait deux mortaises dans lesquelles ils s'emboîtaient: pour soutenir le tout, comme le tabernacle devait être souvent démonté et remonté, il y avait à chaque ais cinq anneaux d'or à égales distances, dans lesquels on passait cinq bâtons de bois d'acacia, plaqués en or. La longueur du tabernacle était de 30 coudées (vingt ais de 1 coudée 1/2) 16m,20; sa largeur de 12 (huit ais de 1 1/2) 6m,48: l'intérieur n'avait que 10 coudées de large, 15m,40, soit que l'on admette avec Bæhr que l'épaisseur des ais fut de 1 coudée, ce qui n'aurait pas rendu le tabernacle très portatif, soit que les ais du plus petit côté fussent posés horizontalement, et protégeassent par une saillie de 1 coudée de chaque côté les coins du tabernacle,

Voir: Exode 26:24.

L'entrée, tournée vers l'orient, se fermait par un magnifique voile ou tapis de tin lin, teint en pourpre, et brodé, attaché par des anneaux d'or à cinq colonnes de bois plaquées d'or.

Le tabernacle n'avait aucun jour; d'épaisses tentures le recouvraient de toutes parts; la première de ces draperies, celle de dessous, était la plus précieuse; c'était un tapis de fin coton retors, bleu foncé, pourpre, et cramoisi, semé de figures de chérubins; il garnissait l'intérieur du tabernacle, et retombait des deux côtés jusqu'à environ une coudée du sol; il n'était visible au dehors que du côté de l'orient, fermant l'entrée du sanctuaire; sa longueur était de 28 coudées (15m,12), sa largeur de 40 (21m,60). Par dessus ce premier voile s'étendait, pour le préserver de la pluie, une tenture en poils de chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44 de large; puis une troisième couverture en peaux de moutons teintes en rouge, et enfin une quatrième, couleur de terre, de peaux de blaireaux, ou taissons, q.v. Les deux premiers tapis étaient fixés au tabernacle par des crochets ou agrafes d'or; les autres couvertures étaient superposées, et n'avaient d'autre but que de protéger les premières contre les intempéries de l'air. On y a vu cependant un type, la protection dont Christ couvre son Église, Christ aux enfers, Christ sur la croix, et Christ dans la gloire, successivement figuré par la couleur de terre, par le rouge, et par le bleu; ou encore Christ (le rouge) servant d'intermédiaire entre Dieu et la terre, le bleu et le tais-son. L'intérieur du tabernacle était divisé en deux compartiments, le lieu saint, long de 20 coudées, et au fond Je saint des saints, long, large, et haut de 10 (5m,40), séparé du lieu saint par un voile de pourpre, orné de figures de chérubins, supporté par quatre piliers d'acacia plaqués en or. Le lieu saint contenait la table des pains de proposition, le chandelier d'or, et l'autel des parfums; dans le saint des saints était l'arche de l'alliance. (Mon frère, le pasteur J. Bost, de La Force, a reconstruit d'après les données bibliques, et en réduisant la coudée à 1 centimètre, le plan complet du tabernacle, avec tous ses accessoires, couleurs, boiseries, tentures, etc. C'est la meilleure manière de se former une idée exacte et précise de ce monument du mosaïsme il serait utile de le reproduire, et peut-être sur une échelle un peu plus grande. Je crois qu'on pourrait, malgré quelques difficultés d'exécution, faire un travail analogue pour le temple de Salomon.)

Le tabernacle était entouré d'une grande cour, le parvis des lévites et des sacrificateurs, qui seuls avaient le droit d'y entrer. Ce parvis avait 100 coudées de long, et 50 de large; il était fermé par des courtines de fin coton retors, attachées à des colonnes, 20 dans la longueur, 15 dans le fond: quatre piliers avec leurs soubassements d'airain servaient de porte sur le devant, et supportaient une tapisserie plus fine que le reste, Exode 27:9-18. Dans cette cour étaient la mer d'airain, les cuviers, l'autel des holocaustes, et quelques ustensiles destinés aux sacrifices,

Voir: la gravure qui est en tête des Méditations de Rochat sur les Chroniques.

On appelait enfin parvis du peuple tout l'espace environnant le parvis des prêtres, parce qu'il était permis au peuple d'aller jusque-là. Dans les campements, la tribu de Lévi entourait de tous côtés le parvis qui était son apanage, Moïse, Aaron et ses fils étant près de l'entrée, les Mérarites, les Guersonites, et les Kéhathites occupant les trois autres côtés. Les douze tribus avaient chacune leur place déterminée; Juda était vis-à-vis de l'entrée; les enfants de Rachel étaient derrière, etc, les Lévites étaient chargés d'assembler, de désassembler et de transporter les diverses pièces du tabernacle, Nombres 3:21; 10:17: nul autre qu'eux seuls n'eût osé y toucher.

Après que les Israélites furent établis en Palestine, le tabernacle fut d'abord fixé à Silo, Josué 18:1; 19:51, jusqu'au temps de Saül, Juges 18:31; cf. 20:18; 21:2; 1 Samuel 1:3; 2:14; 3:3; 4:3; 14:3. Cependant il n'était pas considéré comme unique sanctuaire, et d'autres lieux, tels que Nob et Sichem, Josué 24:26; 1 Samuel 21; Juges 17:5, servirent successivement ou simultanément de lieux de culte. Dès ce moment, l'arche paraît seule; elle est portée à Kirjath-Jéharim, puis à Jérusalem, sans que les historiens sacrés nous disent positivement ce qu'est devenu le tabernacle. Peut-être était-il encore sous Saül à Nob dans la tribu de Benjamin, et fut-il transporté à Gabaon lors de la destruction de cette ville, 1 Samuel 22. Il ressort en effet de 1 Chroniques 16:39; 21:29, qu'aux jours de David le pavillon de l'Éternel était encore à Gabaon; d'après 1 Rois 8:4, il aurait été déposé dans le temple de Jérusalem; c'est la dernière notice biblique sur le sort de ce célèbre monument du désert.

Le rationalisme a voulu voir dans la description biblique du tabernacle une description faite après coup, ornée et embellie dans un temps où les pièces du procès avaient disparu, et où l'on ne pouvait plus en vérifier l'exactitude; on s'appuie pour cela sur la magnificence de cette construction, la masse de métaux précieux qu'elle eût dû absorber, la rareté de plusieurs substances qu'on y a employées, la pourpre en particulier, et la difficulté de se les procurer dans le désert, le peu de temps employé à l'achèvement de tous ces travaux, neuf ou dix mois, les difficultés enfin du transport, si le tabernacle était tel qu'il est décrit. Il est aisé de répondre à toutes ces objections: le génie des chefs de travaux, l'or et l'argent emporté d'Égypte, les caravanes du désert, le grand nombre d'ouvriers mis en œuvre, toute une tribu employée au service matériel de transport et d'assemblement, font disparaître la plupart des difficultés, et Winer lui-même, qui les explique d'une manière naturelle et en faisant abstraction de Dieu, les trouve exagérées,

Voir: aussi Hævernick, Introduction II, 460 et suivant, g, des Bergeries, p. 180 et suivant, Grandpierre, Essais sur le Pentateuque, E. Guers, le Camp et le Tabernacle, etc.

Fête des Tabernacles. C'était l'une des trois grandes fêtes des Hébreux, l'une de celles que les Israélites devaient célébrer par leur présence personnelle à Jérusalem, Deutéronome 16:15; 31:10; cf. Zacharie 14:16; Jean 7:2. C'était aussi la plus réjouissante de ces fêtes annuelles. Comme elle était instituée en mémoire du voyage dans le désert, les Israélites quittaient leurs maisons, et s'établissaient pendant sept jours, le huitième était un sabbat, sous des tentes de feuillage et de peaux, qu'ils dressaient soit hors de la ville, soit dans les rues, dans les cours, ou même sur les toits, Lévitique 23:42; Néhémie 8:15. C'était aussi la fête de la récolte, parce qu'elle venait après que les Israélites avaient heureusement recueilli les fruits de leurs jardins, de leurs vignes, et de leurs champs; on la célébrait en conséquence par des actions de grâces publiques, et des réjouissances auxquelles étaient invités les pauvres, les étrangers, les serviteurs et les orphelins, Deutéronome 16:14; Exode 23:16; Nombres 29:12. Outre les sacrifices ordinaires qui sont indiqués dans les passages ci-dessus, on devait prendre des fruits des plus beaux arbres, des branches de citronniers, de palmiers ou de saules (d'où son nom de fête des palmes), des rameaux d'arbres branchus, et les porter en signe de réjouissance, Lévitique 23:40. Les Juifs du temps de notre Seigneur chantaient aussi dans ces jours-là, des cantiques entremêlés d'Hosannas (sauve, je te prie!). La tradition ajoute que, depuis l'exil, les Juifs allaient, pendant les jours de cette fête, puiser de l'eau à la fontaine de Siloé, et qu'ils venaient en faire aspersion dans le temple, en chantant les paroles de Ésaïe 12: Vous puiserez de l'eau avec joie des sources de cette délivrance; peut-être le passage Jean 7:37, renferme-t-il une allusion à cette coutume.

— La fête commençait au milieu du septième mois (tisri), le quinzième jour après la nouvelle lune de septembre; les travaux de la campagne étaient finis, et la fraîcheur de la saison n'était pas encore assez sensible pour rendre incommode ou désagréable le séjour des pavillons de feuillage.


TABITHA,


Voir: Dorcas.


TABLES


de proposition,

Voir: Pain.


TABOR, ou Thabor,


aujourd'hui Djebel-Tor, belle et grande montagne calcaire, entièrement isolée, qui s'élève comme un cône tronqué, à environ 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à 366 mètres au-dessus du niveau de la plaine de Jizréhel, au nord-est de laquelle elle est située. Ses flancs uniformes et rapides sont, grâces à d'abondantes rosées, fertiles jusqu'au sommet, et sont aujourd'hui couverts en partie de bois de chênes et de pistachiers, en partie de bons pâturages, semés de mille fleurs. Le sommet, souvent garni de nuages au matin, est plat et a une demi-lieue de circonférence; on y trouve les ruines d'une muraille qui en faisait le tour, d'une forteresse, et de deux églises, constructions qui datent probablement du temps des croisades. La vue s'étend au loin sur les montagnes de la Samarie; on voit le Carmel, les monts de Guilboah, Basan, l'Hermon, et les montagnes de la Galilée, la Méditerranée, le Kison, la plaine de Jizréhel, et selon quelques auteurs, le lac de Tibériade. Au pied du Tabor, entre les collines qui l'entourent, sont plusieurs vallons boisés où se tiennent des panthères et des sangliers: non loin de là, vers le sud, s'élève le petit Hermon. Le Tabor formait la limite des tribus d'Issacar et de Zabulon, Josué 19:22; cf. Juges 4:6,12,14. Il s'élevait au centre de la Galilée, entre la plaine de Jizréhel et Scythopolis, à 5 stades du Jourdain, à deux journées de Jérusalem, à 11 kilomètres sud-est de Nazareth. Les voyageurs s'accordent dans les éloges qu'ils font de son aspect enchanteur, de la magnificence du spectacle que l'on découvre de son sommet. Il en est parlé plusieurs fois dans l'Ancien Testament, Jérémie 46:18; Osée 5:1; Psaumes 89:12. La tradition ajoute que c'est la montagne sainte, 2 Pierre 1:18, sur laquelle a eu lieu la transfiguration, Matthieu 17, Marc 9. Les catholiques et les Grecs y célèbrent encore aujourd'hui une espèce d'anniversaire de ce merveilleux événement; mais cette tradition ne repose sur aucun fondement sérieux.

— La ville de Tabor, ou Kisloth-Tabor, 1 Chroniques 6:77; Josué 19:12,22, appartenait à Zabulon, et fut donnée aux Mérarites; on ne la connaît pas autrement.


TABRIMON,


1 Rois 15:18;

Voir: Hezjon.


TACHPÉNÈS,


reine d'Égypte, femme de Pharaon, contemporaine de David, n'est connue que pour avoir élevé un fils de sa sœur, femme de Hadad l'Iduméen. On ignore si cette adoption, qui rappelle celle de Moïse, fut dictée par l'amour d'une tante, ou par la politique: ce dernier cas serait beaucoup plus probable, par le fait même que cette mention n'aurait aucune importance s'il ne s'agissait que d'une affaire de famille; 1 Rois 11:19.


TADMOR, ou Thadmor


ou Thadmor (palmier), en grec Palmyre, ville du désert syrien, que Salomon fit bâtir (ou agrandir) et fortifier, comme un boulevard contre les invasions des Syriens et des Arabes, 2 Chroniques 8:4; 1 Rois 9:18. Elle était située dans une oasis, qui devint dès lors non seulement un lieu de repos, mais un lieu de protection pour les marchands qui se rendaient d'Orient à Damas par la grande route des caravanes. Ses ruines, à 268 kilomètres nord-est de Damas, sont au nombre des plus vastes et des plus magnifiques que l'on connaisse; elles ont été éloquemment décrites par Volney.


TANANAK,


ville cananéenne située en-deçà du Jourdain, non loin de Méguiddo; elle fut donnée à la tribu de Manassé, qui à son tour dut la céder aux Lévites, Josué 12:21; 17:11; 21:25; Juges 5:19. Les Cananéens continuèrent de l'habiter pendant la période des juges (1:27); mais elle apparaît sous Salomon comme entièrement conquise, 1 Rois 4:12.


TAHANATH-SILO,


Josué 16:6, ville des frontières d'Éphraïm, située, d'après Eusèbe, à 10 milles est de Sichem, vers le Jourdain.


TAISSON.


C'est le mot par lequel Martin a rendu dans nos versions l'hébreu thachash, Exode 25:5; 26:14; 35:23; 36:19; 39:34. Ostervald traduit, avec les Septante, par peaux de couleur hyacinthe; Sacy, par violet; Luther a peaux de blaireau; les versions varient beaucoup, et l'on a peu de chances de trouver la signification exacte de ce mot. Le contexte n'est pas d'un grand secours; il s'agit de la quatrième couverture du tabernacle, de celle qui recouvrait et cachait les autres: si l'on s'attache à l'idée qu'elle devait servir à protéger les autres contre les intempéries de l'air, on penche vers l'opinion qui fait de cette couverture quelque chose de grossier, mais'de solide: si l'on s'attache au contraire à l'idée que c'était une couverture extérieure, et par conséquent, la seule visible, du tabernacle, on penche vers l'opinion qui en fait un ornement, un objet de luxe. D'après Nombres 4:6,8,10, où l'on voit les vases sacrés enveloppés pour le voyage dans des peaux de thachash, il semble de nouveau que ce ne devaient être que des couvertures solides; puis, Ézéchiel 16:10 (ou Martin a adopté la traduction hyacinthe), on voit qu'on en faisait des chaussures précieuses.

— La plupart des anciens interprètes voient dans thachash une couleur, les Septante l'hyacinthe, le syriaque et le caldéen une nuance entre le pourpre et l'écarlate, l'arabe le noir ou le bleu foncé, couleur du dauphin; Niebuhr raconte qu'un juif d'Arabie lui a dit que le thachash n'était autre chose qu'une peau de mouton teinte en rouge. D'autres interprètes entendent ce mot d'un animal, et l'emploi du pluriel le rendrait vraisemblable, mais ils ne sont pas d'accord sur la nature de cet animal. La traduction du rabbin Salomon, adoptée par Luther, et appuyée par une ressemblance de nom (allemand, Dachs), doit être abandonnée: quelques-uns pensent à une espèce de syrène, le trichechus manatus de Linnée, d'autres à une espèce de chien marin, le phoca vitulina, très abondant dans la mer Rouge, et dont la peau, qui passait pour écarter la foudre, servait souvent à faire des tentes; mais cette peau est trop rude pour qu'on puisse en offrir des souliers de luxe à une femme; d'autres pensent à une espèce de rat (Iltis, — Voir: Bochart); d'autres enfin, sur les traces de Rüppel, à un animal nommé dugong, qu'il a trouvé en Afrique, et auquel, dans la persuasion où était ce savant que c'est là le vrai thachash, il a donné le nom de halicorus tabernaculi: mais il faut attendre de nouveaux renseignements avant de se prononcer sur l'identité de cet animal qui doit appartenir à l'espèce syrène.


TALION.


Les lois égyptiennes, comme les lois de tous les anciens peuples, jusqu'aux Grecs et aux Romains, jusqu'aux lois ecclésiastiques et canoniques, admettaient la loi du talion, au moins en principe, et très souvent dans l'application. Moïse l'a également conservée dans sa législation, mais en l'adoucissant, en la restreignant au meurtre, aux lésions corporelles des hommes libres, et au cas de faux témoignage, et en plaçant l'exercice entre les mains, non de l'offensé, mais des juges. Cette loi, dit saint Augustin, est la justice d'hommes injustes. Notre Seigneur l'a solennellement condamnée, Matthieu 5:38, et le christianisme seul pouvait venir à bout de remplacer la vengeance par le pardon; car si le talion, quant à l'offenseur, n'est que la justice sous sa forme la plus simple, quant à l'offensé, ce n'est autre chose que la vengeance sous sa forme la plus hideuse; ce n'est pas une peine moralisante, ce n'est pas une garantie pour la sécurité publique, ce n'est pas une satisfaction donnée à la morale ou à l'opinion publique, c'est la jouissance de se venger octroyée à l'offensé, le droit de faire du mal à celui qui a fait du mal. Le maintien de cette peine dans la législation mosaïque, Exode 21:23-25; Lévitique 24:19-20; Deutéronome 19:19, n'est donc, malgré toutes ses restrictions, qu'une concession faite à des mœurs et à des opinions à demi-barbares, qui ne pouvaient s'élever d'un seul bond à la perfection chrétienne; le mosaïsme tout entier n'était qu'un premier pas vers Christ, le pédagogue qui devait lentement conduire les Juifs à l'Évangile, Galates 3:24, d'un côté en les convainquant de péché, de l'autre en leur apprenant à mieux faire,

Voir: Cellérier, Espr. de la Lég, mos. II, 89.


TALMAÏ.


  1. Voir: Hanak.
     

  2. Roi de Guésur, fils d'Dammihud. Sa fille Mahaca devint l'épouse de David, soit que le roi d'Israël ait, par politique, recherché cette alliance, soit que la fille de Talmaï, faite prisonnière à la guerre, et devenue prosélyte pendant son séjour à Jérusalem, ait réussi à captiver le cœur du monarque, 2 Samuel 3:3; 1 Chroniques 3:2. Elle devint mère de Tamar et d'Absalon, et, lorsque ce jeune homme, après le meurtre d'Amnon, son frère, dut fuir la colère paternelle, ce fut à la cour de son aïeul Talmaï qu'il se retira pendant trois années.


TAMAR.


  1. Cananéenne; selon les Juifs, fille de Melchisédec; deux fois belle-fille de Juda, et deux fois veuve sans enfants; frustrée injustement de l'espoir d'épouser celui que la loi lui donnait pour époux, elle se fit justice elle-même par un stratagème où il y avait plus d'impudeur que d'impureté, et eut de Juda, son beau-père, deux jumeaux, Pharez et Zara, dont le premier compte parmi les ancêtres de Jésus, Genèse 38, 1 Chroniques 2:4; Ruth 4:12; Matthieu 1:3. Son nom signifie palmier, et Schrœder pense qu'il lui fut donné à cause de la grandeur et de l'élégance de sa taille. Quant aux réflexions que suggère ce honteux épisode,

    Voir: Schrœder, Comment., et Grandpierre, Essais, etc.
     

  2. Tamar, fille de David et de Mahaca, violée par Amnon, son frère de père, et vengée par Absalon, n'est connue que par cette mention; aucun blâme ne pèse sur sa mémoire, 2 Samuel 13, 1 Chroniques 3:9.
     

  3. Tamar, fille d'Absalon, 2 Samuel 14:27. On s'étonne qu'Absalon ait donné à sa fille le nom de sa sœur; peut-être était-ce une protestation?


TAMBOUR,


Voir: Musique.


TAPHATH,


Voir: Basémah.

(La Concordance porte par erreur Taphaph).

Cette fille de Salomon avait épousé un des douze pourvoyeurs de vivres de la maison de son père.


TAPHNÈS, ou plutôt Tachpanchès,


ville d'Égypte, dans laquelle s'était réfugiée une colonie de Juifs; elle possédait un palais royal, et paraît, en général, avoir été une ville assez considérable, Jérémie 2:16. On ne doute pas que ce ne soit la ville que les Grecs appellent Daphné, située sur la frontière de l'Égypte, vers la Syrie, à 16 lieues romaines (6 lieues) sud-ouest de Pélusium, parce que c'était une des premières villes de l'Égypte où arrivèrent les Juifs qui émigrèrent après la prise de Jérusalem, Jérémie 43:7,9; 44:1; 46:14; Ézéchiel 30:18. Ce n'est plus qu'une ruine.


TAPPUAH, et Hen-Tappuah,


deux villes appartenant, l'une aux frontières d'Éphraïm et de Manassé, l'autre, ancienne cité royale des Cananéens, aux plaines de Juda, Josué 17:8; 12:17; 15:34.


TARÉ


(odoriférant), fils de Nacor, et père d'Abraham, voit mourir un de ses fils au lieu de sa naissance, prend ensuite avec lui Abram, Lot et Sara, quitte la Caldée pour se rendre en Canaan, s'arrête à Caran, en Mésopotamie, et y meurt, âgé de deux cent cinq ans, Genèse 11:24; 1 Chroniques 1:26; Luc 3:34. Bien que le récit semble supposer qu'il émigra de son propre mouvement et comme chef, les passages Genèse 12:1; Actes 7:2, montrent qu'il ne se mit en route que pour accompagner son fils à qui Dieu s'était révélé, et à qui il se manifesta de nouveau après le séjour de Caran. Taré, comme presque tous les hommes de son temps, était idolâtre, Josué 24:2,14; il est probable cependant, puisqu'il suivit son fils, qu'il accepta ses motifs, et qu'il se convertit de l'idolâtrie au culte du vrai Dieu. Lorsqu'il mourut, il avait à peine parcouru le quart de la carrière de ses pères, et la vie qu'il légua à ses fils ne tarda pas à être encore abrégée de moitié.


TARPÉLIENS


(violateurs), Esdras 4:9, colons assyriens qui furent transportés en Samarie pour y remplacer les Éphraïmites emmenés en captivité. Ptolémée parle de Tapuriens, et Strabon de Tapyriens, peuple grossier de la Médie; mais ces deux noms ne peuvent être rapprochés de celui des Tarpéliens que par une ressemblance peu marquée, et qui ne prouve rien.


TARSE,


grande et populeuse ville de la Cilicie, capitale de cette province pendant la période romaine, située dans une plaine fertile, sur les rives du Cydnus, et fondée, les uns disent par les Syriens, d'autres par Persée, d'autres par Sardanapale. Elle est célèbre par un séjour de Cyrus, par la première entrevue de Marc-Antoine et de Cléopâtre, et plus encore comme lieu de naissance et première résidence de l'apôtre Paul, Actes 9:11; 11:25; 21:39; 22:3. Ses habitants, descendants d'une colonie grecque, n'oublièrent pas leur origine, et, tout en s'adonnant avec succès au commerce, ils continuèrent de cultiver les lettres et les sciences. Les écoles de Tarse pouvaient être comparées aux plus célèbres écoles d'Athènes et d'Alexandrie. Le luxe régnait partout, et, pour l'éclipser, il fallut que Cléopâtre avalât, dissoute dans du vinaigre, une perle estimée un million. Tarse était une ville libre en ce sens que, tout en appartenant à l'empire romain, elle s'administrait par ses propres lois, et élisait elle-même ses magistrats, faveur qui lui avait été octroyée par Antoine, mais qui n'emportait pas plus le droit de cité qu'il n'imposait les charges de colons; ce n'est donc pas comme natif de Tarse que Paul pouvait se dire Romain de naissance. Tarse compte encore aujourd'hui 7 à 8,000 habitants, pendant l'hiver environ 30,000, mais renferme beaucoup de ruines.


TARSIS


(pierre précieuse, ou selon d'autres, et plus probablement, soumission, vasselage, pays conquis). Les notices bibliques sur cette ville, ou contrée, sont de deux sortes: les unes sont générales, telles que Genèse 10:4; Psaumes 72:10; Ésaïe 66:19, et dirigent les recherches vers les côtes et les îles éloignées du nord et de l'ouest de la Palestine; les autres sont spéciales, précises, telles que Ézéchiel 27:12,25, où l'on voit Tyr s'approvisionner à Tarsis d'argent, de fer, d'étain, de plomb, etc. (cf. 38:13; Jérémie 10:9); Ésaïe 23:10, où Tarsis paraît placée sous la domination tyrienne, et Jonas 1:3; 4:2, où l'on voit un vaisseau partir de Joppe pour Tarsis. Il ressort enfin de 1 Rois 10:22; cf. 22:49, que Tarsis était une place de commerce très fréquentée par les Phéniciens; car les vaisseaux qui, sous Salomon et Josaphat, faisaient le service d'Hetsjon-Guéber à Ophir, portent le nom de vaisseaux de Tarsis, comme une espèce de litre d'honneur désignant de grands bâtiments de commerce. Cependant, les Phéniciens ayant eu de tous côtés des établissements maritimes, les notices qui précèdent ne suffisent pas pour déterminer l'emplacement de Tarsis, et les opinions les plus divergentes se sont fait jour. Les uns, sur les traces de Flavius Josèphe, ont confondu cette ville avec Tarse de Cilicie, ou avec la Cilicie elle-même; mais Tarse n'a pas été une place de commerce assez importante pour justifier une aussi grande célébrité, et Jonas, fuyant Ninive, n'aurait pas pris le chemin de la Cilicie pour s'en éloigner. D'autres, surtout à cause de 2 Chroniques 9:21; 20:36, ont placé Tarsis en Éthiopie. Le besoin de trouver un pays produisant les divers objets énumérés, a fait oublier le moyen de s'y rendre; car, à moins de supposer que la flotte tyrienne fît le tour de l'Afrique en doublant le Cap, il faut renoncer à cette hypothèse: la seule force de cette opinion se trouve dans les deux passages indiqués des Chroniques; mais les passages parallèles, 1 Rois 10:22; 22:49, peuvent expliquer une méprise de l'auteur des Chroniques, qui aura pris pour vaisseaux partant de Tarsis des vaisseaux qui n'en avaient que le nom, et se rendaient en Ophir (cf; 9:28; 10:11). D'autres auteurs mettent Tarsis sur la côte septentrionale de l'Afrique, baignée par la Méditerranée, à Carthage, par exemple, toujours par rapport aux produits présumés du pays. Cette hypothèse, plus vraisemblable que la précédente, est cependant, comme elle, combattue par la table des peuples de Genèse 10, qui se distingue par une grande précision et un grand ordre géographique, et qui, après avoir compté Tarsis parmi les peuples de l'Europe descendants de Japhet, ne passe aux Africains descendants de Cam qu'au verset 6.

— D'autres, également à cause du passage des Chroniques, ont pensé aux Indes Orientales, et ils s'appuient sur son rapprochement de Scéba, Psaumes 72:10; mais, outre que dans ce verset le rapprochement peut n'établir qu'un contraste, ce que le texte rend assez probable, l'embarquement de Jouas à Joppe, Jonas 1:3, suffit à renverser cette opinion. L'hypothèse la plus généralement admise, parce que c'est celle qui présente le plus de preuves et soulève le moins d'objections, voit dans la Cadix moderne, dans le Tartessus des anciens, le Tarsis des Hébreux et des Phéniciens. Le vieux Emporium Tartessus, situé au-delà des colonnes d'Hercule, dans la partie sud-ouest de l'Espagne, non loin de l'embouchure du Bétis (Guadalquivir, le grand fleuve), offrait dans son voisinage d'abondantes mines d'argent, et, comme le nom de Tartessus désignait l'ensemble des colonies phéniciennes de cette contrée, il est probable que le nom de Tarsis avait aussi, pour les Hébreux, une signification générale. Cette identité de lieu est appuyée d'abord sur l'identité de nom, plus frappante en hébreu avec la prononciation araméenne; puis, sur le fait bien connu que la partie sud-sud-ouest de l'Espagne, particulièrement Tartessus, était le principal lieu de commerce des Phéniciens, qui en rapportaient à chaque voyage de riches trésors; enfin, sur ce que tous les produits mentionnés dans Ézéchiel et Jérémie s'y rencontraient. L'Espagne renfermait d'abondantes mines d'or et d'argent, ces dernières dans le voisinage de Tartessus; on y trouvait du plomb, au dire de Pline, et l'airain y était apporté des Îles Britanniques, pour être de là transporté sur les marchés de l'Asie par les vaisseaux de Tyr; il parait même que la contrée renfermait de l'airain, et ce métal y était si abondant qu'on s'en servait pour les constructions.


TARTA, 2 Rois 18:17, lieutenant de Sanchérib, et l'un de ceux qui accompagnèrent Rabsaké à Jérusalem. On ignore si c'est le même que Tartan qui, sous le règne de Sargon, assiégea et prit Asdod pour le compte de son maître, Ésaïe 20:1. Gesenius l'affirme.


TARTAC


(Tharthak), 2 Rois 17:31, idole des Haviens. D'après les rabbins, elle aurait eu la figure d'un âne. On suppose que c'était un mauvais génie, le dieu des ténèbres, qui, dans le système de l'astrologie assyrienne, serait représenté par les planètes de malheur, Mars ou Saturne. Son nom même, en langue pehlvi, signifie épaisses ténèbres, ou héros des ténèbres.


TARTAN,


Voir: Tarta.


TATOUAGE.


On en trouve quelques traces dans l'antiquité; quelquefois les esclaves portaient, gravé sur le corps, le nom de leurs maîtres; les soldats, celui de leurs chefs, ou tel autre signe caractéristique; les idolâtres, le nom ou l'image de leur idole, et quelques auteurs ont cru voir des allusions à cet usage dans Ésaïe 44:5; Zacharie 13:6; (?) Galates 6:17; Apocalypse 13:16; 14:1. II ne faut pas confondre avec le tatouage proprement dit les signes de reconnaissance ordinairement imprimés par le feu aux criminels, aux prisonniers de guerre, aux esclaves, ni les incisions que les anciens se faisaient en signe de deuil, Jérémie 16:6; 41:5; 47:5,8,37, et qui étaient sévèrement interdites aux Israélites, comme un acheminement à l'idolâtrie, Lévitique 19:28; Deutéronome 14:1. Quant aux incisions des prophètes de Baal, 1 Rois 18:28, elles appartenaient à leur culte, et constituaient un moyen apparent de contraindre la divinité à se montrer.


TATTENAÏ


(offrande, présent?), successeur de Réhum dans l'administration des provinces samaritaines du nord de la Judée, se montra par sa justice, plus favorable aux Juifs que son prédécesseur. Cependant lorsque, sous la direction de Zorobabel, ceux-ci voulurent poursuivre la construction du temple, il intervint avec ses collègues, et fit momentanément interrompre les travaux, dans l'incertitude où il était sur la portée de l'autorisation accordée aux Juifs. Il écrivit en conséquence à Darius pour connaître sa volonté; son rapport est exact et modéré: la réponse ayant été favorable, il n'hésita pas à laisser les Juifs reprendre leurs travaux, et mérita la réputation d'un sujet fidèle, d'un magistrat intègre, d'un administrateur bienveillant; Esdras 5, et 6.


TAUPE.


Cet animal paraît désigné par le nom de hholed, il est rangé, Lévitique 11:30, au nombre des animaux impurs. Il ne s'agit pas là cependant de notre taupe européenne, quoique celle-ci se trouve aussi en Syrie, mais de la taupe asiatique, spalax microphthalmus, qui a les paupières entièrement fermées. Elle creuse dans la terre des galeries horizontales, rejette au-dehors des taupinières, comme nos taupes, et se nourrit surtout de plantes aromatiques à fortes odeurs.

— Luther et d'autres commentateurs ont encore traduit par taupes les mots thinshèmeth, Lévitique 11:30.

Voir: Lézard., et hheparpéroth, Ésaïe 2:20 (d'après Jérôme et Théodotion);

Gesenius entend par ce dernier mot, des rats, Hitzig, des moineaux; Winer, d'après l'étymologie, traduirait d'une manière générale: des animaux qui creusent la terre (pour y chercher leur nourriture); la traduction qui donnerait le meilleur sens, est celle qui s'attache à la langue arabe: «dans des trous de souris.»


TÉBETS,


ville du centre de la Palestine, située non loin de Sichem, Juges 9:50; 2 Samuel 11:21. On en trouvait encore les restes au temps d'Eusèbe.


TÉHINNA,


de la tribu de Juda, descendant de Pharez, n'est connu que comme fondateur de Hirnahas en Juda, 1 Chroniques 4:12.


TEIGNE,


Luc 12:33. L'hébreu et le grec désignent souvent le même insecte, que nos versions traduisent tantôt par teigne, tantôt par ver ou par vermisseau, Job 4:19; 13:28; Ésaïe 50:9; 51:8; cf. Matthieu 6:19. Il s'agit probablement dans ces passages de la phalæna tinea sarticella, de ce ver qui ronge les vêtements de laine, et qui est si universellement connu et redouté.


TÉKOAH


(son de la trompette), ville située au sud-est de Bethléem, sur le sommet d'une montagne (Jérémie 6:1) allongée, sur laquelle se voient encore des ruines considérables, et qui produit des olives et du miel. Amos, le berger de Tékoah, promenait ses troupeaux dans la grande et solitaire contrée de pâturages qui s'étend de là au sud du Cédron, Amos 1:1; 7:14; 2 Chroniques 20:20. Roboam fit fortifier la ville, 2 Chroniques 11:6.


TÉLABIB


(du blé nouveau), sur le Chaboras en Mésopotamie: une colonie de Juifs y était établie, Ézéchiel 3:15. C'est peut-être le Thalaban de la carte de d'Anville.


TÉLAJIM


(agneaux), 1 Samuel 15:4, non loin de la frontière hamalécite, peut-être le même endroit que Télem, Josué 15:24, qui appartenait à Juda vers Édom.


TÉLAZAR, ou Thélassar,


2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12, province inconnue, placée sous la domination assyrienne. On compare ce nom avec celui d'Ellasar, Genèse 14:1,9, qui se trouve en connexion avec Élam et Sinhar, et que le Targum de Jonathan a rendu par Thélassar; la version arabe le rend par Arménie. Dans la version de Luther, Judith 1:6, le roi Arioc Ellasar est fait seigneur de Ragau (Rages), dans les Septante, il est roi des Élyméens (Élam), et dans la Vulgate, rex Élicorum. Toutes les notices indiquent donc d'une manière générale un pays situé vers la mer Caspienne, au nord de la Médie.


TÉLHARSA et Telmélah,


Esdras 2:52,59; Néhémie 7:61, villes inconnues de la Babylonie.


TÉMOINS.


La loi de Moïse avait consacré et reconnu l'importance et la nécessité du témoignage oculaire en matière pénale ou criminelle, et dans la pratique de la vie ordinaire (des témoins étaient fréquemment appelés dans les cas où chez nous la signature et le cachet suffisent. La condamnation d'un homme accusé de meurtre ne pouvait avoir lieu que sur l'accusation de deux ou de trois témoins, Nombres 35:30; Deutéronome 17:6; cf. Hébreux 10:28. Et en général pour tout crime ou délit, ce nombre de témoins devaient être entendus, Deutéronome 19:15; cf. Matthieu 18:16; 1 Timothée 5:19; Jean 8:17. Les témoins devaient être Israélites, hommes, et libres: les femmes, les enfants, les étrangers, les esclaves ne pouvaient témoigner. Les témoins, cités devant le juge, étaient assermentés, et ne pouvaient se refusera porter témoignage, Lévitique 5:1; et afin qu'il sentissent dans tous les cas la gravité de leurs paroles, pour qu'ils fussent solennellement responsables du sang versé sur leur déclaration, ils devaient mettre la main sur la tête de l'accusé, et lui jeter la première pierre s'il était condamné, Deutéronome 17:7; cf. Jean 8:7; Actes 7:58. Celui qui avait sciemment porté un faux témoignage, et chargé un innocent, était puni avec toute la rigueur du talion, et subissait la peine qu'avait encourue et peut-être subie sa victime, Deutéronome 19:16. Ces précautions, le serment, l'exécution, le talion, cf. encore Exode 23:1, n'étaient que des mesures extérieures; elles n'avaient de garantie que dans la conscience des individus; là où cette conscience manquait, les mesures étaient inefficaces, et dès les temps de la royauté, lorsque la piété était sur son déclin, on vit souvent les témoins se faire un jeu de leur parole et de leur serment, Proverbes 6:19; 12:17; 14:5; 19:5; 24:28; Psaumes 27:12. On voit enfin par Ruth 4:9; Jérémie 32:10, que même en dehors des questions judiciaires, le témoignage était employé pour la conclusion d'affaires particulières, contrats, ventes, etc. Le Talmud renferme encore beaucoup de détails secondaires qui ne sont pas mentionnés dans la Bible, sur la qualité des témoins, les peines des faux témoins, les épreuves auxquelles ceux-ci étaient soumis, etc.

Les deux témoins de l'Apocalypse, 11:3-10, sont expliqués dans chaque système d'après l'analogie du système. Il y en a deux, parce que le Seigneur envoie toujours ses serviteurs deux à deux pour se fortifier mutuellement, Moïse et Aaron, Eue et Élisée, Zorobabel et Jéhosuah, etc.; et aussi parce que toute parole sera confirmée par la bouche de deux ou de trois témoins. Ils représentent l'Église fidèle en général, pendant les 1260 ans du règne de l'Anti-Christ (Guers), et spécialement les Vaudois et les Albigeois (Digby): ce seront deux individus (Newton, Pensées), et probablement Moïse et Eue, ou Énoch et Élie. Les deux systèmes, ainsi qu'il a été dit ailleurs, nous paraissent devoir être conciliés; l'Église rendra témoignage pendant toute la durée de la lutte, et quand l'Anti-Christ personnel viendra résumer toute la haine du monde contre Christ, deux témoins, personnels aussi, résumeront par leur mort la fidélité de l'Église, et par leur résurrection, la puissance et la fidélité de Jésus, le chef de l'Église.


TEMPÉRATURE.


Le climat de la Palestine, comme celui de tous les pays qui s'étendent sur plusieurs degrés de latitude, et qui renferment des hauteurs et des vallées, des montagnes et des côtes maritimes, est extrêmement varié; dans les vallons et les plaines, il est chaud en été, doux en hiver; sur les montagnes, il est doux en été, rude en hiver. En général, cependant, on peut dire que la température est modérée, et plus régulière que chez nous. Arago, dans l'annuaire du Bureau des Longitudes de 1834, compte que la température moyenne du Caire étant de 22°, celle de Jérusalem qui est située à 2° plus au nord doit être de 21° environ, et les observations la portent en effet à 21 1/2°. Il en résulterait que depuis trois mille trois cents ans le climat de la Palestine n'a pas beaucoup changé, car la culture de l'orge ne comporterait pas une chaleur de plus de 23°-25° en moyenne, et la limite inférieure est fixée par la production de l'arbre à baume, qu'on trouvait à Jérico, et qui exige une température d'au moins 21°-22°. En outre les Juifs célébraient la fête des Tabernacles après la vendange, en octobre, et de nos jours c'est encore à la fin de septembre, ou au commencement d'octobre, qu'on cueille le raisin dans la contrée de Jérusalem. La moisson se faisait anciennement entre la mi-avril et la fin de mai, et des voyageurs modernes ont vu les épis déjà mûrs en avril dans le midi de la Palestine, le 13 mai aux environs de Saint-Jean-d'Acre. En Égypte, où le climat est un peu plus chaud, on coupe les blés vers la fin d'avril et au commencement de mai. La chaleur qui devrait être insupportable en été, d'après la latitude de la Palestine, puisqu'en juin, à midi, le soleil n'est qu'à 9° ou 10° du zénith, est considérablement combattue par la brièveté des jours. Le plus long jour d'été n'a que 14 heures 12 minutes, le soleil se levant vers 5 heures, et se couchant déjà vers 7 heures du soir. Le plus court jour d'hiver a encore 9 heures 48 minutes. L'année se divise en deux saisons, la pluie et le beau temps, l'hiver et l'été. L'hiver commence en octobre et finit en avril: des pluies presque continuelles le caractérisent, parfois aussi de la grêle, ou de la neige pendant les plus grands froids, en janvier et en février; mais cette neige, comme les glaces de la nuit, se fond ordinairement pendant le jour; cf. Esdras 10:9. Le froid n'est jamais excessif, mais il est suffisant pour que les personnes qui le peuvent, s'en garantissent encore quelquefois par des feux de cheminée, ou des brasiers, Jérémie 36:22.

La mention faite de l'hiver, Matthieu 24:20, se rapporte plus au mauvais état des chemins qu'à l'idée du froid. L'hiver légal, tel qu'on pouvait l'entendre pour les contrats, loyers, etc., allait, d'après le Talmud, depuis la fête des Tabernacles jusqu'à Pâques. L'été comprenait le reste de l'année; une chaleur toujours croissante, un ciel pur et sans nuages, d'abondantes rosées pendant la nuit, des orages, mais très rares, cf. Proverbes 26:1; 1 Samuel 12:17, sont dans tout l'Orient, et dans la Palestine en particulier, les caractères de la bonne saison. C'est à la fin d'octobre, lorsque les jours étant encore agréables, les nuits commencent à devenir froides, que surviennent les pluies de la première saison, Deutéronome 11:14; Jérémie 3:3; 5:24; elles augmentent en novembre, le mois des semailles, et, en décembre, elles deviennent toujours plus fortes et plus abondantes, se changent quelquefois en neige dans le mois de janvier, mais laissent apercevoir déjà en février l'approche du printemps. Dès lors, jusqu'à la mi-avril, c'est la pluie dite de la dernière saison, cf. Jacques 5:7, qui vient féconder la terre; la chaleur devient plus sensible, mais les nuits sont encore froides, cf. Jean 18:18. Quelques orages épurent l'atmosphère. Vers la fin d'avril, le ciel achève de se découvrir presque entièrement; l'air devient sec et chaud, les rosées commencent. C'est le temps de la moisson. Le tonnerre et la grêle ne sont pas rares en mai. Dans les trois mois suivants, la chaleur devient souvent insupportable, les nuits même sont ardentes, et beaucoup de ruisseaux tarissent. Septembre prépare le retour de l'hiver.


TEMPLE.


Ce mot qui, dans le Nouveau Testament et dans quelques passages de l'Ancien, se prend dans un sens spirituel, pour désigner tantôt l'Église de Jésus-Christ, 2 Thessaloniciens 2:4, Apocalypse 3:12, tantôt le ciel, Psaumes 11:4 (mal traduit palais), Apocalypse 7:15, tantôt l'âme du croyant, 1 Corinthiens 3:16; 6:19, signifie généralement un lieu de culte consacré au service d'une divinité quelconque. On trouve mentionnés dans l'Écriture les temples païens, de Dagon à Gaza, Juges 16:23; de Dagon à Asdod, 1 Samuel 5:1-2; cf. 1 Maccabées 10:84; de Bahal à Samarie, 1 Rois 16:32; le temple de Hastaroth, 1 Samuel 31:10; celui de Rimmon, 2 Rois 5:18; celui de Nisroc à Ninive, Ésaïe 37:38; ceux de Kémos et de Molec, 1 Rois 11:7; le temple de Babylone, Daniel 1:2; ceux du veau d'or à Dan et à Béthel, 1 Rois 12:28; sq. (d'après Flavius Josèphe, on aurait encore trouvé les restes du temple de Dan près du petit Jourdain); le temple de Diane à Éphèse, Actes 19:27; enfin le temple des Samaritains à Guérizim, 2 Maccabées 6:2; cf. 5:23; celui de Nanéa, 2 Maccabées 1:13, et celui de Bel, Histoire de Bel et du dragon, 1:9. Mais le plus célèbre de tous, sans contredit, celui dont le nom revient le plus souvent dans les Écritures, celui dont nous avons aussi plus spécialement à nous occuper, c'est le temple de Jérusalem, ordinairement désigné sous le nom de temple de Salomon, son premier fondateur. Dans l'Écriture, il est aussi appelé maison de Dieu, Esdras 5:13,16; Ecclésiaste 5:1; maison de l'Éternel, sanctuaire, 1 Chroniques 22:19; temple de l'Éternel, Esdras 3:6; Jérémie 7:4; tabernacle du Seigneur, Apocalypse 21:3; cf. Psaumes 76:2; palais de la sainteté de l'Éternel, Psaumes 5:7; 138:2; cf. Jonas 2:8. (Le mot de temple, ou maison de l'Éternel, est même employé par les auteurs sacrés pour désigner le tabernacle à une époque où les Hébreux n'avaient pas encore de temple à Jérusalem, Exode 23:19; Josué 6:24, 1 Samuel 1:24)

Avant d'en essayer la description, il convient de retracer rapidement les différentes phases de son histoire; les faits étant à leur place, on pourra mieux se rendre compte de la valeur des témoignages qui se rapportent à l'architecture du temple, on ne confondra pas, comme l'ont fait quelques auteurs, le passé, le présent et le futur, et l'on trouvera la clef des différences, et même des contradictions apparentes, qui se trouvent dans les récits des historiens sacrés, relativement aux ornements, à la disposition, et aux dimensions du temple.

David en eut la première idée, mais il ne lui fut pas donné de l'exécuter: Dieu lui permit seulement de tout préparer pour cette construction, matériaux et ouvriers, 2 Samuel 7; 1 Chroniques 17; 18:1-8; quel que fût le rôle que Dieu avait assigné à la guerre dans les rapports d'Israël avec les autres peuples, il la déclarait cependant lui-même inconciliable avec l'édification de son Église. Un prince pacifique pouvait seul ériger un temple au Dieu de paix: ce fut l'œuvre de Salomon. Il jeta les fondements du temple 1012 ans avant J.-C., l'an 2994 du monde, au second mois (zif); l'ouvrage fut achevé l'an 1006, et la dédicace eut lieu l'année suivante, 1005 avant J.-C., après sept années de travail, 1 Rois 6:38, la onzième année du règne de Salomon. Des ouvriers étrangers, spécialement des Phéniciens fournis par le roi Hiram de Tyr, furent presque exclusivement chargés de cette construction; ils apportèrent avec eux du bois du Liban, 1 Rois 5:18.

Depuis sa solennelle consécration, le temple eut à subir diverses révolutions: en 971 avant J.-C., Sisak, roi d'Égypte, enlève les trésors qui y sont renfermés, 1 Rois 14:26; 2 Chroniques 12:9.;

— de 858 à 856, Joas le répare et y fait de nouveau amasser de l'argent, 2 Rois 12:7; 2 Chroniques 24:8 (Hatalie et la famille d'Achab avaient achevé l'oeuvre de Sisak, 2 Chroniques 24:7);

— en 740, Achaz dépouille le temple, pour payer des alliés païens, le roi d'Assyrie, qui le, trompe; il y place un autel sur le modèle de celui de Damas; il fait reculer l'autel d'airain, il ôte la mer d'airain de dessus les bœufs qui la supportent, il enlève les cuviers d'airain, brise les vases sacrés, supprime la tribune du roi, et finit par faire fermer le temple, 726 avant J.-C., 2 Chroniques 28:21; 2 Rois 16:10;

— en 726, Ézéchias rouvre le temple et le répare, 2 Chroniques 29:3; puis, en 713, pour payer Sanchérib, il le dépouille de nouveau, 2 Rois 18:15; on croit qu'il le rétablit plus tard;

— Menasse profane le temple et y met des idoles, 2 Rois 21, sq. 2 Chroniques 33:5-15; mais, à son retour de la captivité (676), il répare le mal qu'il a fait, et retourne au culte du vrai Dieu;

— en 624, Josias travaille à rétablir et à restaurer le temple, 2 Rois 22, 2 Chroniques 34 et 35;

— Nébucadnetsar le pille, le dépouille, en fait enlever les vases et les trésors, d'abord sous Jéhojakim, puis sous Jéhojachin, et enfin le ruine complètement sous Sédécias, en 588, 2 Chroniques 36:6,10,18; 2 Rois 25.;

— le temple reste abandonné et en ruines pendant cinquante-deux ans, jusqu'à la première année de Cyrus, qui en autorise la reconstruction (536), 2 Chroniques 36:23; Esdras 1:2; c'est dans cet intervalle, entre la ruine du premier temple et l'édification du second, que se place la description prophétique d'Ézéchiel, 40-48;

— en 535, Jésuah et Zorobabel jettent les fondements du second temple, mais l'année suivante, 534, les travaux sont interrompus par ordre supérieur, Esdras 3 et 4;

— en 519, sous Darius fils d'Hystaspe, les travaux de reconstruction sont repris; le, second temple, ou temple de Zorobabel, est achevé et consacré en 515, Esdras 6:15;

— il est profané par Antiochus Épiphanes qui le pille et le consacre aux idoles, 1 Maccabées 1:23:49; 4:38; 2 Maccabées 6:2-5 (175-163); Judas Maccabée, après l'expulsion des Syriens, l'an 165, le rétablit, le purifie, le restaure, et y ajoute un grand nombre d'ornements nouveaux, 1 Maccabées 4:43; 2 Maccabées 1:18; 10:3; le temple est même fortifié de divers côtés pour être mis à l'abri de nouvelles attaques et de profanations ultérieures, 1 Maccabées 4:60; 6:7; cf. 13:53;

— plus tard, Alexandre Jannée, 106 avant J.-C., sépare le parvis des prêtres du parvis extérieur;

— Pompée, 63, arrose de sang les parvis, profane le saint lieu, pénètre même dans le lieu très saint, mais laisse intact le trésor;

— en 37, lorsque Hérode le Grand s'empare de Jérusalem, le temple éprouve de nombreux dommages; quelques-unes de ses cours et de ses galeries sont dévastées;

— Hérode, qui veut plaire aux Juifs et qui trouve le temple de Zorobabel trop mesquin pour sa royale résidence, le rebâtit à neuf, au moins dans quelques-unes de ses parties; les travaux sont commencés 13 ans avant Christ, selon d'autres 20 ou 21 ans avant l'ère chrétienne, 46 ans avant la première pâque de Christ, Jean 2:20. Le temple fut achevé en un an et demi, les parvis en huit ans; mais on continua d'y travailler pour l'embellir et en mieux terminer les détails. Le temple d'Hérode, ou troisième temple, subsista soixante-dix-sept ans, jusqu'en l'an 73 de Jésus-Christ; Flavius Josèphe en a laissé une description détaillée.

On connaît les nombreux essais que l'on a faits pour reconstruire, au moyen des indications que nous ont données les historiens sacrés et Flavius Josèphe, le plan du célèbre temple de Jérusalem; on connaît les travaux du doyen Prideaux, et les trois in-folio du savant jésuite Villalpande (mort le 22 mai 1608) sur ce sujet; il est peu d'auteurs qui n'aient essayé de jeter quelques lumières sur ce point enveloppé de tant d'obscurités, et avec les mêmes données on est arrivé aux résultats les plus différents: soit parce que l'imagination a dû suppléer à plusieurs lacunes, et que chacun s'est cru libre d'imaginer quelque chose de neuf (Villalpande surtout s'est distingué à cet égard comme inventeur et comme architecte); soit parce que l'on n'a pas suffisamment distingué, non seulement les trois temples différents, mais encore les restaurations successives de chacun d'eux; soit enfin parce qu'on a voulu donner à la vision d'Ézéchiel une valeur matérielle et monumentale que la simple lecture de ces huit ou neuf chapitres condamne et réfute cependant de la manière la plus péremptoire; nous reviendrons plus loin sur le caractère de cette vision; pour le moment, nous nous bornerons à rassembler les détails historiques qui peuvent servir de guide pour la construction du plan de ces trois temples.

TEMPLE DE SALOMON.

Il s'élevait sur le haut de la colline de Morija, 2 Chroniques 3:1: cela n'est dit expressément que dans ce seul passage, tandis qu'en plusieurs autres il est parlé, mais d'une manière, ou vague, ou poétique, du mont de Sion comme étant la montagne de l'Éternel; le passage cité est, dans tous les cas, formel, et il a pour but spécial de désigner l'emplacement. Vu la grandeur du temple et de ses abords, il fallut commencer par déblayer et niveler le terrain; lorsqu'on eut ainsi créé sur le sommet de la montagne une plaine artificielle, on dut, pour la maintenir et la rendre capable de supporter le poids énorme dont elle devait être chargée, l'entourer d'épaisses murailles de revêtement, faites avec les pierres de taille que l'on trouvait en abondance dans la vallée; ces travaux furent surtout importants sur le côté oriental; Flavius Josèphe dit même que Salomon ne fit fortifier ainsi que le flanc est de Morija, et que les autres côtés ne furent construits qu'au fur et à mesure que le besoin s'en fit sentir, Guerre des Juifs 5, 5, 1; mais dans un autre passage il attribue tous ces travaux à Salomon, Antiquités Judaïques 15, 11, 3. L'Écriture se tait entièrement sur ce point.

Les chapitres qui seuls renferment une description proprement dite du temple, quoiqu'on trouve ailleurs encore quelques détails épars, sont: 1 Rois 6 et 7; 2 Chroniques 3 et 4. Ces chapitres disent fort peu de chose sur le plan général; ils s'attachent en revanche beaucoup à décrire certains détails, et varient ou se contredisent sur le chiffre de quelques dimensions, erreurs qui s'expliquent aisément par la méthode défectueuse de la numération écrite chez les Hébreux,

Voir: Nombres;

les deux relations renferment beaucoup de termes obscurs, beaucoup de lacunes; et celle des Chroniques, en outre, en qualité de relation postérieure, et peut-être aussi de relation sacerdotale, contient des détails étrangers à la première, et fait mention d'ornements et de dorures qui n'appartenaient peut-être pas aux premières années de l'existence du temple, mais qui y furent ajoutés plus tard par la piété des fidèles, ou par la libéralité des rois qui, appelés à restaurer un édifice pillé à diverses reprises, ne se bornèrent pas à ramener les choses dans leur ancien état, mais profitèrent de l'occasion pour faire mieux. L'historien Flavius Josèphe, qui a ajouté à la description biblique des détails nouveaux, quoiqu'il n'eût pas plus que nous le temple de Salomon sous les yeux, Antiquités Judaïques 8, 3, est souvent en contradiction avec la Bible; et lorsqu'il en supplée les lacunes, il parait le faire par de simples conjectures architectoniques, ou en puisant ses renseignements dans Ézéchiel, ce qui ôte à son travail descriptif une partie de sa valeur.

On distingue dans le temple de Salomon plusieurs parties principales, concentriques, indépendantes: le temple proprement dit, les bâtiments du temple, le parvis des prêtres, et le parvis d'Israël. De grands murs ou des galeries couvertes séparaient ces divers compartiments.

  1. Le temple proprement dit se divisait lui-même en trois parties, le vestibule, le lieu saint, et le lieu très saint; il avait 60 coudées (32m,40) de long, 20 (10m,80) de large, et 30 (16m,20) de haut, 1 Rois 6; 2 Chroniques 3.

    — Le portique, porche, ou vestibule, était à l'orient; il avait ainsi 20 coudées de long; sa profondeur était de 10 coudées (5m,40); d'après 2 Chroniques 3:4, suivi par Flavius Josèphe, sa hauteur était de 120 coudées (64m,80), ce qui aurait formé une tour non seulement fort considérable, mais encore hors de proportion avec les autres dimensions du bâtiment. Stieglitz y a vu deux tours de 60 coudées chacune (32m,40), mais cette manière de résoudre la difficulté n'a pas trouvé de partisans; d'autres voient dans ce chiffre une exagération ou une erreur; Hirt supprime le chiffre 100, et ne laisse subsister que 20 coudées, mais comme les deux colonnes qui sont devant le portique, Jakin et Boaz, ont avec leurs chapiteaux, 23 coudées de hauteur, on ne saurait raisonnablement supposer le portique moins élevé; Winer pense arbitrairement que le porche avait 25 coudées de hauteur; Meyer, que le temple était bâti sur un terre-plein à 3 coudées au-dessus du sol, que le portique avait comme le reste du temple, 20 coudées de hauteur, plus les 3 coudées du remblai, et que les colonnes situées sur le sol même, n'atteignaient avec leurs 23 coudées que le niveau même de la hauteur du temple. On ne saurait choisir entre ces diverses hypothèses; les anciens connaissaient, comme nous, l'usage des tours s'élevant au-dessus des temples, comme on le voit par les médailles du temple de Paphos, mais le chiffre paraît cependant trop considérable, et le livre des Chroniques renferme sous ce rapport plus d'une difficulté, l'on peut dire plus d'une erreur de chiffres. Le porche était garni dans sa partie intérieure de nombreuses dorures (de pur or, 2 Chroniques 3:4).

    — Le lieu saint avait 40 coudées (21m,60) de long, 20 (10m,80) de large, et probablement 30 (16m,20) de haut, (1 Rois 6:2); les murailles et la voûte étaient lambrissées intérieurement d'ais de cèdre; le sol était planchéié de lattes de cyprès,

    Voir: Sapin;

    l'extérieur était tout bâti de pierres fines, semblables au marbre blanc: les lambris intérieurs étaient ornés de diverses figures en relief, couvertes de lames d'or jusqu'à la hauteur de 20 coudées. Dans le lieu saint se trouvaient l'autel du parfum, les tables des pains de proposition, les chandeliers d'or et quelques autres ustensiles, Hébreux 9:2.

    — Le lieu très saint, appelé aussi le saint des saints, le sanctuaire, et l'oracle, avait 20 coudées dans toutes ses dimensions; il avait ainsi 10 coudées de moins en hauteur que le lieu saint, mais on ignore si cette différence se faisait apercevoir par l'abaissement de la toiture (comme dans les temples égyptiens), ou si, avec un toit d'égal niveau, il y avait au-dessus du lieu très saint un espace vide de 10 coudées formant une espèce de grenier; mais dans ce dernier cas, la hauteur de la muraille qui séparait le lieu saint du très saint n'étant que de 20 coudées, 1 Rois 6:16, ce vide aurait été visible à l'intérieur et n'aurait été dissimulé que par les chaînettes d'or et le voile, ou réseau, dont il est parlé verset 21. Quelques auteurs pensent que la hauteur intérieure du lieu saint n'était que de 20 coudées (6:16) comme celle du très saint, et que au-dessus de l'un et de l'autre se trouvait un espace vide de 10 coudées; le toit, dans ce cas, serait supposé incliné, et il aurait recouvert également, et sans différence de niveau, les deux bâtiments intérieurs du temple. La hauteur de 30 coudées serait la hauteur du temple vu de dehors (Hirt pense que l'espace de 10 coudées compris entre le toit et le lieu très saint contenait une machine électrique, destinée aux opérations divines; Winer trouve cette idée malheureuse; il y a là en effet de quoi compromettre un homme et un parti). Le lieu saint et le saint des saints étaient séparés par une porte à deux battants de bois d'olivier, chacun des battants se pliant lui-même en deux, et étant orné de diverses figures en relief, 1 Rois 6:31; on ne sait pas au juste ce qu'était ce voile de l'oracle, ni quel était son usage, si c'était un simple ornement, ou un réseau à larges mailles étendu au-dessus de la porte pour laisser s'échapper la fumée du sacrifice.

    — Quant aux deux colonnes, il en a été parlé à l'article Boaz; on n'est pas d'accord sur leur position; elles étaient devant le portique, mais s'élevaient-elles indépendantes? c'est ce qui semblerait le mieux justifier la solennelle importance que leur donne l'écrivain sacré; ou supportaient-elles une espèce de toit plat, à l'ombre et à l'abri duquel on pouvait se réfugier (Meyer)? d'autres enfin les placent à l'entrée même du temple, derrière la porte, et adossées aux murailles latérales.

    Les murs du temple étaient, selon toute apparence, de pierres massives, comme ceux du palais de Salomon, 1 Rois 7:10. C'est à tort, et par suite de fausses interprétations ou de vagues conjectures, que quelques auteurs ont pensé que les fondements seuls étaient de pierre, et que le corps de l'édifice était en bois. La toiture seule, comme les parois intérieures, étaient faites de bois de cèdre, 1 Rois 6:9,15, la charpente de même; rien n'indique si le toit était plat ou incliné. La porte d'entrée, dont la largeur ni la hauteur ne sont marquées, était en cyprès plaqué d'or, avec diverses figures en relief, des fleurs, des palmes, des chérubins; d'après le passage correspondant, Ézéchiel 41:2-3, la porte du lieu saint aurait eu 10 coudées de large, celle du lieu très saint 6 coudées. Le saint des saints ne contenait que l'arche de l'alliance.
     

  2. Les bâtiments du temple étaient trois étages de chambres qui entouraient le temple au sud, à l'ouest et au nord, communiquant ensemble par des portes, et destinées aux provisions, aux vases sacrés et aux trésors du lieu saint, 1 Rois 7:51; 15:15; 2 Rois 11:10; La hauteur de ces chambres, ou appentis, étaient uniformément de 5 coudées (2m,70), leur profondeur augmentait d'une coudée par étage, de 5 coudées au premier, de 6 au second, de 7 au troisième, l'épaisseur des murs diminuant à mesure qu'ils s'élevaient et qu'ils avaient une moindre charge à supporter, 1 Rois 6:6. Les rétrécissements dont il est parlé dans ce passage (mig'raoth) s'expliquent d'une manière à la fois claire et simple par le passage correspondant de Ézéchiel 41:6; il en résulte que pour que le lieu saint ne servît pas en quelque sorte d'appui matériel aux bâtiments qui l'entouraient, un contre-mur était adossé à la muraille du temple, et que les soliveaux des chambres entraient dans cette muraille extérieure sans toucher les murs mêmes du temple. D'autres, cependant, entendent que le mur du temple était, à l'extérieur, construit en forme d'escalier (trois différences d'épaisseur), et que les solives des chambres s'appuyaient sur ces espèces de degrés extérieurs, sans qu'il eût été nécessaire de faire des trous dans la muraille pour y faire entrer les solives. La longueur des chambres n'est pas déterminée; Ézéchiel parle de trente chambres, dix par étage, ce qui ferait quatre pour chaque côté de la longueur, et deux pour la largeur derrière le lieu très saint; avec les dimensions admises plus haut, ces chambres auraient eu ainsi, les plus grandes, 15 coudées (8m,10) de long, les deux autres, 10 coudées.

    — L'entrée de ces chambres était au côté droit sud de la maison; l'on montait par une vis, ou escalier tournant, au deuxième étage, et de là au troisième.

    — La hauteur de ces bâtiments était de 15 coudées; il restait ainsi de la place pour les fenêtres du temple, même dans la supposition, peu admissible, que le temple n'eût que 20 coudées de hauteur au-dedans. Les fenêtres étaient larges à l'intérieur, et rétrécies par dehors, comme les fenêtres de nos vieux châteaux, et les meurtrières de nos forteresses. On n'en connaît au reste ni la grandeur, ni le nombre, ni la forme (peut-être étaient-elles treillissées?); elles servaient plutôt à rafraîchir l'air qu'à donner du jour. Le lieu très saint n'en avait point.
     

  3. Immédiatement autour du temple était le parvis intérieur, 1 Rois 6:36, qui est appelé parvis des prêtres, 2 Chroniques 4:9, parce qu'il n'était accessible qu'à eux et aux lévites. C'est là qu'ils offraient les sacrifices et accomplissaient la plupart de leurs fonctions; c'est là qu'étaient l'autel des holocaustes, la mer d'airain, les cuves et les deux colonnes. C'était un carré de, 100 coudées (54m) de côté; il avait trois portes, une à l'orient, une au sud, une au nord. On descendait de là par huit marches dans l'enceinte extérieure, appelée:
     

  4. Le parvis d'Israël ou parvis du peuple; il avait 500 coudées de côté (270m), et quatre portes d'airain aux quatre vents; il était sans toiture, et pavé de marbres de différentes couleurs.

    Ces deux parvis étaient séparés par une muraille de trois rangées de pierres polies, et d'une rangée de poutres de cèdre, 1 Rois 6:36. Flavius Josèphe dit que sa hauteur n'était que de 3 coudées (1m,62), afin que le peuple, de son parvis, pût voir ce qui se faisait dans celui des sacrificateurs, Antiquités Judaïques 8, 2 (détail qui ne s'accorderait pas avec une différence de niveau marquée par les huit marches). De chaque côté de la muraille étaient des portiques et des loges pour les lévites et les sacrificateurs, des réduits pour divers ustensiles, pour le bois et pour les provisions nécessaires, 1 Chroniques 28:12. Le mur extérieur du parvis du peuple était en outre bordé de galeries magnifiques, soutenues par deux ou trois rangs de colonnes, sous lesquels on pouvait s'abriter et se promener.

    — On ne saurait nier que ces deux parvis ne fussent l'œuvre de Salomon, 2 Rois 21:5; 23:12; Ézéchiel 9:7; mais il est plus difficile de déterminer jusqu'à quel point leurs ornements et leurs dépendances, bâtiments, chambres, réduits, et autres, dont quelques-unes furent assez considérables pour avoir un nom spécial, appartiennent à son règne;

    Voir: Jérémie 38:2,4; 36:10,20,21; 2 Rois 23:11; cf. 11:19,6; 15:35; 2 Chroniques 24:8; 35:15; Jérémie 20:2; 26:10; Ézéchiel 8:3,5; 9:2; 10:19; 11:1.

    Il ressort même de plusieurs de ces passages que des changements et des modifications eurent lieu sous les rois suivants, et l'histoire du temple nous a montré en quelles circonstances ces adjonctions ont pu être nécessitées, et quelles causes les ont produites.

    D'après ce qui précède, on peut se faire une idée assez juste, peut-être assez claire, de ce qu'était le temple de Salomon: plus riche que majestueux, plus magnifique que grandiose, fait pour Dieu plutôt que pour les hommes, bien proportionné dans son ensemble, mais petit en comparaison de la multitude de peuple qui ne devait avoir que ce seul sanctuaire; sacerdotal et non populaire, puisque les simples Israélites ne pouvaient pas même pénétrer jusqu'au parvis qui l'entourait immédiatement. Son espèce de clocher, ses appentis latéraux et la dépression de la partie occidentale du bâtiment, ont été sinon copiés, du moins imités dans la construction de plusieurs temples catholiques, et l'église de Dresde est citée par Winer, comme répondant assez exactement à l'idée qu'on doit se faire du temple de Salomon par les récits bibliques.

    À peine le temple fut-il achevé que Salomon y fit transporter l'arche de l'alliance, et qu'il le consacra lui-même d'une manière solennelle, comme le temple de tout le peuple. Mais peu d'années après la mort de son fondateur, les changements politiques qui survinrent, détachèrent du temple de Jérusalem la plus grande partie des ressortissants des dix tribus schismatiques, et le temple de Salomon ne fut plus que le centre religieux du petit royaume de Juda; encore fut-il à plusieurs reprises profané et consacré aux idoles par des rois de la famille de David, 2 Rois 21:4; 23:4, etc. Lorsque Nébucadnetsar le détruisit et le brûla, il comptait environ quatre cent dix-huit années d'existence.

    Dom Calmet, dans son dictionnaire, entasse sur un seul temple tous les détails relatifs aux trois temples qui se succédèrent, et au temple d'Ézéchiel. De là des contradictions sans nombre. C'est la science du pèle mêle.

VISION D'ÉZÉCHIEL.

Avant de passer à la description du temple de Zorobabel, c'est ici le lieu de dire quelques mots de la vision renfermée dans les neuf derniers chapitres d'Ézéchiel, et spécialement des chapitres 40:1-43:12. Le prophète, qui, malgré les malheurs de sa patrie, attend la restauration d'Israël, et qui termine son livre par ce long cri d'espérance, de joie et de triomphe, voit en vision le saint lieu rétabli, le sacerdoce réintégré dans ses fonctions, le culte renouvelé, Jérusalem restaurée, une source de bénédictions nouvelles descendre sur un peuple longtemps coupable, mais puni et pardonné, et l'Église sortie de ces ruines, se partager de nouveau Canaan pour y servir à toujours l'Éternel. Si l'on oublie le sens de cette vision, l'on tombe aussitôt dans le non sens; Villalpande, en voyant dans ce temple symbolique une réminiscence du temple de Salomon (ce qui est cependant contredit par la différence des détails), Grotius, en y voyant une réminiscence du temple tel qu'il était lorsqu'il fut détruit par Nébucadnetsar, méconnaissent le caractère spirituel de la prophétie. Dœderlein, au contraire, en ne voyant que le côté idéal de cette vision, en n'y voyant qu'une description poétique, une œuvre de fantaisie, un élan d'imagination, ou bien encore une œuvre d'art, un plan médité à loisir, méconnaît la mission religieuse du prophète et de la prophétie en général, mission positive, pratique, féconde, messianique. Herder, Eichhorn et d'autres n'ont ni mieux compris, ni mieux réussi en cherchant à réunir ces deux points de vue différents, et en disant qu'Ézéchiel voulait laisser à la génération nouvelle le modèle d'un temple à reconstruire lorsqu'ils seraient rentrés dans leur patrie, et qu'il a fait ce plan moitié de souvenir, moitié d'imagination. Les commentateurs juifs se rapprochent de l'idée messianique, mais ils la présentent, comme toujours, sous un point de vue charnel; Ézéchiel a vu le temple tel qu'il existera matériellement lors de la venue du Messie. Ewald, qui partage en quelque sorte cette manière de voir, ajoute que si le prophète décrit si minutieusement certaines parties du temple et de l'autel, maintenant détruits et perdus, c'est pour que du moins le souvenir en reste, et qu'on puisse les reproduire et les reconstruire lorsqu'Israël sera délivré et rétabli. La conscience chrétienne a si formellement protesté contre cette interprétation judaïque, que par réaction sans doute, et par un excès de spiritualisme, on en est venu à appliquer généralement et exclusivement toute cette vision à l'Église du Nouveau Testament. Quelques théologiens ont essayé de tempérer cette vue exagérée, en admettant qu'Ézéchiel a bien voulu faire la description d'un temple matériel que les Juifs devraient bâtir un jour, mais que ce temple serait l'image et la représentation de, l'Église. Il y a dans toutes ces interprétations quelque chose de trop arbitraire ou de trop dogmatique. La vision d'Ézéchiel ne peut être prise ni comme une description matérielle, ni comme un travail d'imagination, ni comme un composé de l'une et de l'autre, ni comme un simple type; elle est un symbole. Il importe en effet, de remarquer:

  1. que le temple de Zorobabel n'a pas été construit d'après les données d'Ézéchiel, quoique les contemporains du prophète fussent encore vivants; preuve qu'on n'estimait pas qu'il eût voulu imposer de la part de Dieu la forme du nouveau temple,
     

  2. Plusieurs détails de la description étaient d'une exécution matériellement impossible, n'ayant qu'une valeur symbolique; ainsi, l'étendue de l'enclos autour du temple, 500 cannes de côté (1800 mètres), 42:16; sq.; la gloire de Dieu qui se manifeste, 43:2; les eaux qui sortent de dessous le seuil de la maison, qui augmentent en volume jusqu'à devenir un torrent que le prophète traverse à la nage, quoiqu'elles n'aient point d'affluent, qui finissent par se jeter dans la mer d'Orient, la mer Morte, et qui en assainissent les eaux, 47:2; sq.; le nouveau partage du pays entre les douze tribus, partage qui n'a jamais eu lieu, 47:13, etc.
     

  3. Ézéchiel, le lévite, avec son caractère sacerdotal et mosaïque, si attaché à la loi de l'Éternel, d'ordinaire si attaché à la lettre du Pentateuque, l'abandonne ici à plusieurs reprises, n'en conservant que l'esprit, et semble entrer dans une voie nouvelle de développement, comme s'il pressentait celui qui n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir; comme s'il pressentait l'ère nouvelle de la loi parfaite, Moïse remplacé par Jésus, la synagogue par l'Église,
     

  4. La prophétie est présentée sous la forme d'une vision, et c'est le propre d'une vision de présenter des idées abstraites sous des formes concrètes, matérielles, physiques; le prophète se voit lui-même transporté dans un temps nouveau, il participe aux bénédictions que la vision lui montre; il ne pouvait pas voir l'ère de Christ sous une forme spirituelle,
     

  5. Le prophète lui-même en plusieurs autres passages, notamment 20:40 (cf. aussi 11:19; 36:26, et surtout 37:26-28), semble déjà fixer notre attention sur une époque ou le culte sera esprit et vie, où Dieu sera le sanctuaire de son peuple comme il l'a déjà été, 11:16.
     

  6. L'analogie des autres prophètes appuie le sens symbolique de ce passage; ainsi Jérémie, 31:38, représente la restauration du culte et de la théocratie sous l'emblème de la reconstruction de Jérusalem;

    Voir: aussi 33:17; cf. encore Aggée, 2:7; Ésaïe 60:10; Zacharie 2:2; sq.; 4; 6:13; 14.
     

  7. Le Nouveau Testament, et spécialement les deux derniers chapitres de l'Apocalypse, confirme pleinement et péremptoirement l'explication symbolique de la vision d'Ézéchiel, comme étant la seule juste, la seule conforme à l'analogie de la foi.
     

  8. La lecture enfin de cette prophétie reste obscure à quelque point de vue qu'on se place, mais elle acquiert une entière clarté si l'on abandonne le sens matériel, ou simplement poétique et prophétique, pour ne voir dans ces magnifiques descriptions que le langage symbolique du chrétien à qui Dieu révèle une économie nouvelle, une dispensation nouvelle de grâces, de bénédictions, de joie, de paix et de fidélité.

Il appartient aux commentaires d'entrer à cet égard dans des développements; ce qui précède suffit pour montrer que le temple symbolique du prophète ne peut servir que par d'incertaines analogies à la reconstruction du temple de Salomon ou du temple de Zorobabel. On peut lire dans l'excellent commentaire de Hævernick les détails exégétiques que notre travail ne comporte pas.

TEMPLE DE ZOROBABEL.

On n'a pas de détails sur la forme, la grandeur et l'architecture de ce temple; on suppose qu'il était construit à l'instar du premier, sur l'emplacement duquel il s'élevait; mais il n'en égala ni la richesse, ni la splendeur, Esdras 3:12; Aggée 2:3. Il avait des parvis, des portiques, et quelques bâtiments ou cellules dans leur enceinte, 1 Maccabées 4:38,48. Les vieillards qui avaient vu le premier temple pleurèrent en voyant combien le second lui était inférieur; mais Aggée les consola en prophétisant que la gloire de cette seconde maison serait plus grande que celle de la première, car le maître de cette maison devait un jour l'honorer de sa présence, Aggée 2:9; cf. Malachie 3:1. (Les Juifs ne savent comment expliquer cette supériorité, puisqu'ils n'admettent pas que la présence de Jésus en a été le plus bel ornement.) Les docteurs juifs disent qu'il manquait à ce temple cinq choses qui étaient dans celui de Salomon: l'esprit de prophétie, l'oracle, le feu sacré qui devait brûler continuellement sur l'autel, l'Urim et le Thummim. Dieu voulait que, peu à peu, ces types fissent place à la réalité, Jérémie 4:4.

TEMPLE D'HÉRODE.

Il est quelquefois appelé second, quelquefois troisième temple; ceux qui lui donnent ce dernier nom veulent faire mentir la prophétie d'Aggée relative à la gloire du temple de Zorobabel; c'est donc plutôt une question dogmatique qu'une affaire de chiffres qui distingue ces deux titres, l'un et l'autre, du reste, également justifiés. Hérode fit faire au temple de Zorobabel de tels changements, que l'on put l'appeler un nouveau temple; mais ces changements qui ne détruisirent à peu près rien de ce qui existait déjà, ne furent, dans un autre sens, que la continuation des travaux commencés au retour de l'exil. Le nom importe peu, pourvu qu'on se rappelle que le temple d'Hérode ne fut que celui de Zorobabel enrichi et augmenté. Flavius Josèphe, dans la Guerre des Juifs 5, 5, et dans ses Antiquités 15, 11, 3, le Talmud dans le traité de Middoth (Mishna 5, 10), nous en ont conservé la description; cette dernière autorité est moins sûre, et quelquefois suspecte.

Le temple, avec ses abords, avait quatre stades de tour (864m), un stade (216m) par côté. Il s'élevait par une suite de terrasses, chaque parvis intérieur étant plus élevé que celui qui l'entourait immédiatement, et le temple couronnant et dominant ses parvis et la ville tout entière. Le parvis extérieur avait plusieurs portes, quatre à l'ouest, une à chaque autre côté (selon d'autres, deux au sud); ce parvis était entouré, au moins de trois côtés, d'un double rang de galeries en bois de cèdre, larges de 30 coudées, et soutenues par des colonnes de marbre hautes de 25 coudées: là se trouvait, à ce qu'on pense, le portique de Salomon, Jean 10:23; Actes 3:11. La porte surnommée la Belle, Actes 3:2,10, était probablement la porte orientale, dite porte de Susan, parce qu'un tableau de la ville de ce nom y était représenté. Une synagogue, Luc 2:46, des chambres pour les lévites, une maison de change et un marché s'abritaient sous les colonnes de cette galerie; là on vendait les objets nécessaires aux sacrifices sanglants et non sanglants, de la farine, de l'huile et des animaux. Le marché était naturellement plus fréquenté à certaines époques de l'année; à Pâques, par exemple, une hausse artificielle pouvait se faire sentir dans le prix des marchandises, et les cris des acheteurs, des vendeurs et des animaux ne pouvaient que troubler la dévotion des Israélites pieux qui visitaient le temple, cf. Matthieu 21:12; Jean 2:14. C'est sur ce portique, bâti au bord d'un précipice, que quelques auteurs pensent que Jésus fut mené par le diable (De Wette); d'autres croient que ce fut sur le portique du roi, d'autres, enfin, sur le temple même, construit en plateforme et garni d'une balustrade. Le sol de ce parvis était pavé de pierres plates de différentes couleurs; une balustrade de fer, avec des colonnes de distance en distance et des inscriptions grecques et latines, marquait le point au-delà duquel il était défendu aux gentils, sous peine de mort, de pénétrer. Ce premier parvis est appelé, par les archéologues chrétiens, le parvis des Gentils, d'après l'analogie de Apocalypse 11:2.

On montait de là, par quatorze degrés, à une espèce de petite terrasse large de 10 coudées, que l'on traversait pour arriver au parvis proprement dit. La muraille qui l'entourait, avait 40 coudées de haut; mais elle paraissait moins élevée à cause des degrés, qui en dissimulaient une partie, un entrait dans ce parvis par neuf portes (quatre au sud, quatre au nord et une à l'est), auxquelles conduisaient cinq degrés. À lest était le parvis des femmes, séparé par une muraille du parvis des hommes, et moins élevé. Quinze degrés conduisaient dans le parvis des Israélites par la porte orientale, qui formait l'entrée principale. Cinq degrés seulement, mais plus élevés, aboutissaient du parvis des hommes à la même entrée. Des appartements étaient construits au-dessus des portes, jusqu'à la hauteur de 40 coudées; deux colonnes de 4 coudées de diamètre étaient placées comme ornement devant chacun de ces vastes bâtiments. Les portes proprement dites étaient à deux battants; elles avaient 30 coudées de haut et 15 de large; l'or et l'argent les recouvraient du haut en bas. Une simple galerie supportée par de hautes et belles colonnes, courait le long des murs intérieurs du parvis. C'était le parvis d'Israël.

Le mur qui le séparait du parvis des prêtres, n'avait qu'une coudée de hauteur. Ce dernier entourait immédiatement le temple de tous les côtés. L'un et l'autre étaient pavés de dalles plates, et comme les prêtres devaient remplir leurs fonctions nu-pieds, ils étaient assez fréquemment exposés à des indispositions plus ou moins graves; un ou plusieurs médecins étaient, en conséquence, attachés au service du temple. Dans le parvis des prêtres était l'autel des holocaustes; c'est là qu'on sacrifiait, qu'on priait, qu'on bénissait, et que les lévites chantaient les doux cantiques d'Israël.

Enfin, à 12 coudées au-dessus du parvis, s'élevait le temple lui-même, ayant 100 coudées de haut, autant de long, et autant de large par devant, son immense portique faisant saillie des deux côtés, et s'avançant de 15 à 20 coudées à droite et à gauche. Ce portique avait également 100 coudées de haut; le fronton en était couvert de dorures; un cep de vigne colossal, d'or ou doré, s'élevait au côté de la porte, et laissait retomber à profusion des grappes d'or de hauteur d'homme, symboles du bonheur promis par les prophètes, Jérémie 2:21; Ézéchiel 19:10; cf. Joël 1:7; occasion peut-être du discours de Jésus. Jean 15; (c'est à ce fait qu'il faut probablement rattacher la tradition qui porte que les Juifs adoraient Bacchus). Sous le portique on trouvait deux tables, l'une de marbre, l'autre d'or, sur lesquelles le sacrificateur déposait, en entrant dans le temple et en en sortant, les pains de proposition. Deux portes d'or à deux battants, hautes de 55 coudées et larges de 16, devant lesquelles pendait, à l'intérieur, un riche rideau de broderie, ouvraient sur le lieu saint, haut de soixante coudées, large de 20, long de 40; il renfermait le chandelier d'or à sept branches, la table d'or des pains de proposition, et l'autel d'or des parfums, un rideau magnifique, celui qui se déchira à la mort du Sauveur, Matthieu 27:51, (les rabbins disent deux rideaux éloignés d'une coudée l'un de l'autre) conduisait au lieu très saint, qui était vide, l'arche ayant disparu lors de la captivité de Babylone; au dire des Juifs, une pierre massive en occupait la place. Le saint des saints avait 20 coudées de long, 20 de large et 60 de haut. Le toit était probablement plat, quoique Flavius Josèphe n'en dise rien, et que De Wette pense le contraire. Il était garni de flèches d'or ou dorées (d'une coudée de haut), qui devaient empêcher les oiseaux de s'y établir, et qui purent aussi faire l'effet de paratonnerres à l'insu de ceux qui les avaient imaginées. L'espace compris entre le toit et la hauteur du temple était occupé par des appartements et des chambres pour les prêtres, les provisions et les vaisseaux du temple. De même que l'intérieur, l'extérieur du bâtiment était couvert d'or, et brillait au soleil du plus vif éclat; tout ce qui n'était pas dorure était marbre, et ces énormes blocs d'une blancheur éclatante donnaient de loin au temple l'apparence d'un monticule couvert de neige.

Ce temple, dans les parvis duquel notre Seigneur se promenait ordinairement pendant ses séjours à Jérusalem, et où il prononça quelques-uns de ses plus beaux discours aux nombreux rassemblements de peuple qui s'y formaient naturellement chaque jour, était en contact immédiat avec la basse ville, et il se reliait à la haute ville bâtie sur Sion, au moyen d'un pont à plusieurs arches. Il était lui-même dominé par le fort Antonia, qu'Hé-rode fit construire au commencement de son règne, à l'extrémité nord-ouest de la montagne du temple, et qui communiquait avec ce bâtiment par le moyen de souterrains inconnus. De l'une des tours de la forteresse on pouvait voir tout ce qui se passait dans le temple, et une garnison romaine l'occupait habituellement, pour comprimer de là toute espèce de tentative que pourraient faire les Juifs pour procurer leur émancipation. Plusieurs mouvements eurent lieu en effet, mais ils restèrent infructueux et ne produisirent que des dévastations partielles. Le lieu saint resta intact sous Hérode et sous ses fils; on songeait même, sous Hérode Agrippa II, à reprendre quelques réparations; mais le dernier soulèvement qui eut lieu, et la manière dont les Romains s'en rendirent maîtres, rendirent inutile ce projet; la dernière heure avait sonné. Des troupes juives furent caser-nées dans les parvis du temple, et leurs armes furent suspendues aux portes mêmes du saint lieu; c'était là le dernier boulevard de l'indépendance nationale. Les Romains (l'an 70), sous Titus, s'y précipitèrent du fort Antonia; les Juifs, au désespoir, mirent le feu au parvis; un soldat romain jeta un tison ardent contre les bâtiments qui tenaient au temple vers le nord; la flamme s'élança, Titus essaya en vain d'arrêter les progrès de l'incendie, et tout fut dit. Les vainqueurs n'eurent plus qu'à réunir sur un char de triomphe, les débris qu'ils purent arracher à l'incendie, la table des pains de proposition, le chandelier d'or, le livre de la loi, et deux trompettes; ces insignes de la victoire furent plus tard représentés en relief sous la voûte de l'arc de Titus, et l'on en possède plusieurs copies.

Les fondements du temple avaient été épargnés; quelques murailles sans doute restaient encore debout, et pouvaient servir de centre de ralliement aux Juifs fanatisés. Adrien (136), en élevant sur la place de l'ancienne Jérusalem la ville nouvelle d'Ælia Capitolina, construisit un temple de Jupiter sur la place et avec les débris du temple de l'Éternel, et interdit aux Juifs l'entrée de la ville. Quelques tentatives malheureuses de ces derniers méritent à peine d'être mentionnées, et lorsque Julien, en 368, voulut essayer lui-même cette œuvre d'hostilité contre Dieu, des flammes sorties des fondements découverts, le forcèrent d'abandonner cette entreprise. Aujourd'hui c'est une mosquée magnifique, l'une des trois plus belles des mahométans, qui s'élève au sommet de la ville sainte; elle fut construite en 636 par le calife Omar, avec les débris d'une église chrétienne.

Quant au sicle du sanctuaire,

Voir: Impôt, et Sicle.

La perception de cet impôt était proclamée le 1er adar; les bureaux des changeurs s'ouvraient le 15 dans les provinces, et le 25 à Jérusalem. Il fallait en effet que les Juifs sujets à l'impôt, pussent se procurer au lieu, de la monnaie courante, la monnaie ancienne dans laquelle l'impôt était perçu, et le change se faisait contre un certain agio. Il y avait une amende pour celui qui ne s'était pas acquitté au 25. Les villes éloignées envoyaient leur recette en or pour la facilité du transport. Un évalue à près de 2 millions de francs le produit annuel de cet impôt, du temps de Christ. Les sommes reçues étaient déposées dans deux troncs du parvis des femmes; dans l'un on mettait le produit de l'année, dans l'autre les paiements arriérés de l'année précédente. Ces richesses accumulées, et parfois exagérées, attirèrent souvent l'attention des généraux et des princes qui s'emparèrent de Jérusalem, 1 Maccabées 1:24, etc. Les chambres du trésor furent brûlées par l'armée romaine, mais Titus ne put se rendre maître des richesses qu'elles renfermaient.

On infère de plusieurs passages, Deutéronome 31:26; 2 Rois 22:8; 2 Maccabées 2:13, qu'il y avait dans le temple, ou plutôt dans un des bâtiments voisins, des archives ecclésiastiques et nationales; mais ces passages ne suffisent pas à le prouver, quoique le fait n'ait en lui-même rien d'invraisemblable; 1 Maccabées 14:49, et Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 5, 1. 17. Guerre des Juifs 7, 5, 5, ne sont pas davantage des témoignages péremptoires.

Ce fut toujours une coutume, dès la plus haute antiquité, chez les Juifs comme chez les païens, d'offrir au temple des présents, soit de prières, soit d'actions de grâces, lorsqu'on partait pour une expédition, ou qu'on en revenait. Les Philistins firent une offrande de ce genre lorsqu'ils renvoyèrent l'arche de l'alliance, 1 Samuel 6. Les livres apocryphes citent d'autres exemples de princes païens, ou de riches prosélytes qui prirent plaisir à orner le temple. Ces sortes d'ex voto qui n'étaient pas en numéraire, étaient publiquement exposés, soit dans l'intérieur du temple, soit dans le portique ou dans les parvis, et leur nombre était si considérable qu'il ne pouvait manquer d'attirer l'attention des promeneurs, cf. Luc 21:5. Ptolémée Philadelphie en particulier, témoigna par la richesse de ses dons, sa reconnaissance pour la traduction grecque des Septante qui lui fut envoyée. Quelques trophées se trouvaient aussi mêlés aux ornements du temple, 2 Rois 11:10; cf. 1 Samuel 21:9.

Un nombreux personnel était naturellement attaché au service de bâtiments aussi vastes et aussi nombreux. La police du temple avant l'exil était spécialement confiée aux lévites, q.v.; cf. aussi 2 Chroniques 23:19; cependant nous n'avons aucun détail sur l'organisation de ces services.

Après l'exil, au dire de Flavius Josèphe, les gardiens du temple furent placés sous les ordres d'un chef spécial; l'ouverture et la fermeture des portes exigeait le travail de vingt hommes, et se faisait par les soins des prêtres. Le chef des gardiens est quelquefois cité à côté du souverain sacrificateur; il avait un secrétaire, et veillait à l'ordre, à la propreté, et à la tranquillité des parvis: on suppose qu'il était choisi parmi les prêtres du premier rang. Les prêtres avaient trois postes autour du temple, les lévites en avaient vingt-un aux portes des parvis; ils devaient veiller à ce qu'aucun homme impur, ou femme souillée, ne dépassât les limites qui lui étaient posées; on ne pouvait aborder le temple avec un bâton à la main, ni avec des souliers, ni avec des pieds non lavés; on ne pouvait non plus, comme cela se pratique de nos jours encore en plusieurs lieux, traverser avec une charge, corbeille ou autre, les parvis du temple pour abréger son chemin.

Un temple juif avait été construit, 180-145 avant J.-C., à Léontopolis, en Égypte, par le souverain sacrificateur Onias, sous le règne de Ptolémée Philométor, sur le modèle de celui de Jérusalem, mais en petit. Le décrire serait sortir des limites de notre plan. Il fut détruit sous Vespasien.


TENTES,


Voir: Tabernacle.


TÉRÉBINTHE,


le pistacia terebinthus de Linnée, probablement désigné par les mots hébreux allah et élah, bel arbre au tronc vigoureux, aux branches nombreuses et fortes (Sirach 24, 22), originaire du Levant, et que l'on trouve dans presque toute l'Asie Mineure, mais particulièrement dans les îles de Chypre et de Chios: il paraît être devenu rare en Palestine, quoiqu'on l'y rencontre encore, de même qu'en Syrie. Son écorce est grisâtre, gercée; ses feuilles, roides, d'un vert lustré, longues de 1 pouce et 1/2 à 2 pouces, ressemblent à celles de l'olivier, et persistent en hiver. Ses fleurs se montrent à la fin d'avril, au bout des branches, et ressemblent à celles de l'olivier; les fruits, groupés en forme de grappes ou de bouquets, sont durs, résineux, gros comme les grains du genièvre, et renferment une petite amande blanche et charnue, mangeable, mais d'une digestion difficile. Le bois de l'arbre est blanc et dur. Le tronc donne une espèce de résine que l'on rend plus abondante au moyen d'incisions artificielles; mais l'on n'en retire jamais une bien grande quantité: quatre térébinthes de soixante ans donnent environ 1 kilogramme 1/2 à 2 kilogrammes, et l'île de Chios tout entière n'en rapporte guère annuellement que 600. La vraie térébenthine était en conséquence comptée au nombre des essences les plus précieuses de l'Orient; la médecine en tirait un grand parti. On dit que le térébinthe atteint un âge fort avancé, environ mille ans, cf. Ésaïe 6:13, et Flavius Josèphe raconte que l'on en montrait de son temps à Hébron un aussi vieux que le monde! C'est le cas, ou jamais, de passer au moins au déluge.

Les voyageurs s'arrêtaient volontiers sous l'ombrage touffu et bienveillant de cet arbre, Juges 6:11,19; 1 Rois 13:14; on y adorait des idoles, Ézéchiel 6:13; Osée 4:13: on y élevait des monuments, Josué 24:26, on y enterrait ses morts, 1 Chroniques 10:12.

— Nos versions, à l'imitation des anciennes, et sans doute à cause de la ressemblance des noms hébreux, ont presque toujours confondu le térébinthe avec le chêne, q.v.

Voir: aussi Vallée.


TÉRÈS,


Voir: Bigthan.


TERRE.


Ce mot a dans l'Écriture, comme dans le langage ordinaire, plusieurs significations différentes: il désigne le sol sur lequel nous marchons, Genèse 1:10: toute la matière grossière qui fut créée au commencement, Genèse 1,1; le globe terrestre avec tout ce qu'il contient, hommes, animaux, plantes, métaux, etc., Psaumes 24:1; 115:15-16; Genèse 8:17; il désigne aussi les habitants de la terre, Genèse 6:13; 11:1. Quelquefois il se dit d'une contrée particulière, le plus souvent de la Palestine, à moins qu'un autre pays ne soit spécialement désigné, la terre d'Égypte, d'Assyrie, de Moab; il s'applique à tout l'empire de Caldée et d'Assyrie, Esdras 1:2. Dans les Psaumes, la terre signifie en premier lieu le pays d'Israël, et ensuite prophétiquement le monde entier, Psaumes 33:8,14; 45:16; 48:2; 57:5,11, etc. La terre des vivants marquait dans l'esprit des Juifs, soit la Palestine, par opposition aux lieux de leur captivité, soit la vie à venir, par opposition à la vie présente, Psaumes 27:13; 52:5; Ésaïe 38:11; 53:8. La terre d'oubli, c'est le tombeau, Psaumes 88:42; Job 10:21,22. Dans Je sens moral, la terre est opposée à l'esprit, elle est l'emblème de la matière, le mot terrestre est opposé à céleste, Jean 3:34; Colossiens 3:5; 1 Corinthiens 15:47-48; 2 Corinthiens 5:4; la terre représente la corruption, la décomposition, Psaumes 103:14. Dans le langage prophétique, dans Daniel, et dans l'Apocalypse en particulier, le mot terre désigne encore d'une manière spéciale le territoire des quatre monarchies, l'Asie Mineure, et toute la portion de l'Europe comprise entre la Méditerranée au sud, le Rhin et le Danube au nord (— Voir: Gaussen). Newton y ajoute encore l'Angleterre. On multiplierait à l'infini l'énumération des acceptions diverses dans lesquelles ce même mot est pris dans la Bible; ce travail n'est pas nécessaire.

Quant à la terre proprement dite, il a été parlé aux articles Genèse et Création de ce qui concerne son origine et du récit que nous en font les historiens sacrés; de l'aveu même des théologiens les moins suspects d'enthousiasme, de Winer, par exemple, le récit biblique de Genèse 1, est si sage, si bien conçu, si naturel, et raconté dans un style si beau, si élevé, qu'il n'est aucune autre cosmogonie de l'ancien monde qui puisse lui être comparée sous ce rapport,

Voir: aussi Cuvier, Discours, etc.; Chaubard, Éléments de Géologie, etc.

Il est difficile de se former une idée des opinions des Hébreux relativement à la structure de la terre; il est probable même qu'ils ne s'étaient pas posé la question. Les descriptions poétiques de Psaumes 104:5; Job 9:6; 38:6; Psaumes 75:3, qui nous parlent des bases et des piliers de la terre, ou de Psaumes 24:2; 136:6, qui nous représentent la terre comme fondée sur l'Océan, ne doivent pas plus être prises à la lettre que celle de Ésaïe 11:12, qui semble indiquer une terre carrée (Gesenius); de Job 26:7, qui la représente planant dans l'espace, soutenue par la puissante main de Dieu, ou de Proverbes 8:27; Job 26:10; Ésaïe 40:22, qui la représentent comme une sphère, ou comme une circonférence, dont Jérusalem serait le centre, Ézéchiel 5:5; cf. 38:12.

 

(Le mot «terre» ou «ERETS» en Hébreu signifie proprement «ce qui est stable ou fixe», nous indiquant que la Terre n'est pas en motion, elle ne tourne pas sur elle-même ni ne tourne-t-elle autour du soleil. Elle est le centre même de l'univers et tout est en rotation perpétuelle autour d'elle.)

Avant l'exil, les Juifs ne connurent guère que les pays qui les avoisinaient immédiatement, et avec lesquels ils avaient des occasions de contact, l'Égypte, l'Arabie, la Syrie et la Phénicie; niais leurs connaissances géographiques s'étendirent avec la captivité; ils apprirent à connaître l'Assyrie, la Médie, la Babylonie, et peut-être leurs rapports avec les Phéniciens leur firent-ils connaître aussi les îles, les pays de l'ouest, et même le nord de l'Asie, Gog et Magog, Ézéchiel 27, Jérémie 51:27; cf. Ésaïe 14:13. Les premiers essais d'une géographie datent de cette époque, et Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 1, 6) nous fait part des travaux de celui qui, le premier sans doute, essaya de résoudre les difficultés et les obscurités généalogiques de Genèse 10, par les traditions des peuples sur leurs origines. Depuis les Maccabées, les Juifs entrèrent en rapport avec la Grèce et l'Italie; lé commerce et la politique agrandirent de ce côté leur horizon.

— On a cru trouver, Josué 18:9, la première trace de cartes géographiques, mais on peut l'entendre aussi d'une description des lieux, d'une topographie; en Égypte, cependant, Sésostris aurait eu, d'après la tradition, la première idée de planés et de cartes du pays.


TERTIUS


n'est connu que parce qu'il servit de secrétaire à saint Paul, lorsque celui-ci écrivit son épître aux Romains, Romains 16:22, soit qu'il ait recopié la lettre autographe de l'apôtre, soit plutôt qu'il ait écrit sous sa dictée. Lightfoot suppose que Tertius est le même que Silas, ce dernier nom pouvant signifier, en hébreu, le troisième. Quelques éditions grecques portent Térentius. On ne sait, du reste, rien de positif sur sa vie.


TERTULLE,


orateur, rhéteur ou avocat, dont le nom signifie imposteur. II ne doit sa réputation qu'à son plaidoyer contre saint Paul à Césarée, devant Ananias et le gouverneur Félix, Actes 24:1. Quoique son discours ne nous soit rapporté qu'en extrait, on y reconnaît, soit pour le fond, soit pour la forme, tout ce qui caractérise les époques de décadence, des précautions oratoires stéréotypées, de la violence et de l'exagération dans la plainte, et ce système d'intimidation qui provient de la peur que causent à ceux qui gouvernent les moindres innovations, et surtout les mouvements de la piété. C'est au nom de la tranquillité publique qu'il combat la liberté des cultes; c'est au nom de l'ordre qu'il demande le châtiment d'un apôtre. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.


TESTAMENT,


Voir: Alliance, et Bible.


TÉTRARQUE,


nom sous lequel régnèrent en Palestine, et dans son voisinage, plusieurs princes vassaux de Rome, notamment Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, tétrarque de Pérée et de Galilée, Luc 3:1, qui fit trancher la tête de Jean-Baptiste; Philippe, également fils d'Hérode le Grand, et tétrarque de la Trachonite, Luc 3:1, de la Batanée et de la Gaulonite; enfin Lysanias, prince d'Abilène.

Voir: leurs articles.

Le premier est nommé roi, Matthieu 14:9; cf. 2:22, par suite de l'extension donnée à la signification primitive de tétrarque, ou, pour mieux dire, ce mot qui signifiait d'abord chef d'un quart du pays, avait complètement perdu sa signification pour ce qui concerne les princes de la famille d'Hérode, comme chez nous plusieurs titres subsistent encore, qui n'ont plus de réalité, duc de Dalmatie, prince de la Moskowa, duc d'My, comte de Montebello, etc. C'est au démembrement de la Thessalie en quatre tétrarchies, par Philippe de Macédoine, qu'il faut remonter pour trouver l'origine de ce mot et son véritable sens. Puis trois tribus galliques ayant émigré de Thrace en Galatie, partagèrent chacune leur territoire en quatre cercles ou districts, dont les chefs reçurent le nom de tétrarques. Dès lors ce titre s'est conservé jusque dans la période romaine, quoiqu'il n'y eût plus à cette époque qu'un seul tétrarque, Déjotarus. En Palestine, ce furent d'abord les fils d'Antipater, Hérode et Phasaël qui, après avoir été longtemps à la tête des provinces, reçurent d'Antoine moins les fonctions que le nom de tétrarques. Plus tard Hérode, devenu chef de toute la Palestine et de l'Idumée, reçut le titre de roi. Mais, après sa mort, le royaume fut de nouveau partagé entre deux de ses fils, Antipas et Philippe, qui furent appelés tétrarques, tandis que le troisième, Archélaüs, régna sous le nom d'ethnarque. Avec eux s'éteignit pour la famille d'Hérode la charge du tétrarchat; mais elle reparut dans la personne de Lysanias. D'après Flavius Josèphe et Pline, il y avait encore des tétrarchies aux environs du Liban et dans la Cœlésyrie, comme, en général, pendant la fin de la république et sous les empereurs, le nom de tétrarque fut donné à de petits princes vassaux, auxquels on ne voulait pas laisser le titre de rois.

Voir: Sallust. Catil. 20, 7. Tacit. Ann. 15, 25.


THABOR,


Voir: Tabor.


THADDÉE,


Voir: Jude.


THADMOR,


Thamar, etc.

Voir: Tadmor, Tamar, etc.


THAMMUS.


Ce mot ne se trouve que Ézéchiel 8:14. Au milieu des visions qui lui montrent l'idolâtrie ravageant le pays et souillant l'autel du Seigneur, le prophète voit des femmes assises qui pleurent Thammus. C'était le dieu du deuil, une divinité qu'adoraient les femmes dans les larmes de leur douleur, l'Adonis des Phéniciens; tous les commentateurs sont d'accord à cet égard. Son culte principal se célébrait à Byblos; il était aussi adoré en Syrie et en Chypre, et de bonne heure, quoique avec des modifications, ce culte passa en Grèce. L'Adonis de nos mythologies ne doit donc pas être confondu avec l'Adonis de l'Orient. Chez les Phéniciens, la fête d'Adonis se célébrait au mois de juin, qui fut peut-être, à cause de cela, nommé Thammuz par les Israélites après le retour de l'exil; elle commençait par le deuil, et finissait par la joie. Les femmes poussaient des cris plaintifs, se rasaient la tête, et allaient jusqu'à offrir leur virginité dans le temple en l'honneur du dieu qu'elles avaient perdu; l'on enterrait ensuite solennellement l'idole, avec toutes les cérémonies en usage. Alors venait la seconde partie de la fête: le dieu était retrouvé, ressuscité, et des réjouissances sans nombre succédaient aux lamentations et au désespoir. Le sens de cette fête était clair et simple. Adonis était le symbole du soleil, tour à tour perdu et retrouvé, et, sous ce rapport, il n'est autre que l'Osiris des Égyptiens. Il résulte de la vision d'Ézéchiel que cette idolâtrie avait aussi ses sectateurs à Jérusalem; mais on se demande d'où vient ce nom de Thammus qui, nulle part ailleurs, n'est employé dans ce sens. Hævernick est peut-être le seul commentateur qui ait convenablement résolu cette question: selon lui, le prophète évite de prononcer le nom d'Adonis, qui a trop de rapport avec le nom de l'Éternel, Adonaï, et il le remplace par un mot appellatif composé, qui rappelle l'idole d'une manière assez claire pour être comprise. Thammus qui, selon saint Jérôme, signifie abstrus, caché, conviendrait assez au secret dont on enveloppait les mystères de ce dieu; mais une autre étymologie, développée par Hævernick, semble meilleure encore: Thammus serait une contraction de Tham'sus ou de Thanmus, qui signifie celui qui s'en va, qui s'évanouit, qui meurt.

 

(Thammuz est un des noms de Nemrod sous lequel il fut adoré. Sa mort violente fut pleurée par les anciens qui virent en lui un bienfaiteur et un sauveur.)


THÉÂTRE,


Voir: Jeux.

Il n'en est parlé qu'une seule fois dans l'Écriture, à l'occasion du tumulte d'Éphèse, Actes 19:29.


THÉMAN


(parfait, sud).

  1. Chef édomite, fils d'Éliphas et petit-fils d'Ésaü, Genèse 36:11,15,42.
     

  2. Ville et district de l'Idumée, Jérémie 49:7,20; Ézéchiel 25:13 (opposé à Dédan), Amos 1:12; Habacuc 3:3; Abdias 9. Au temps d'Eusèbe et de Jérôme, Théman avait encore une garnison romaine. Les Thémanites, Genèse 36:34, partageaient avec les autres Iduméens la réputation d'une grande sagesse, et passaient pour ne s'exprimer qu'en un langage sentencieux, Abdias 8; Jérémie 49:7; le plus sage des trois consolateurs de Job, Éliphas, est Thémanite, 2:11; 4:1.


THÉOPHILE


(ami de Dieu), personnage qui n'est absolument connu que par la mention qu'en fait saint Luc en lui dédiant ses deux ouvrages, Luc 1:3; Actes 1:1. On suppose, par le titre de très excellent, qui lui est donné dans l'Évangile, qu'il était un homme de distinction, cf. Actes 23:26; 24:3; 26:25, où cette épithète n'est donnée qu'à de hauts personnages; peut-être occupait-il un poste éminent a cette époque, et le perdit-il plus tard; peut-être l'intimité qui s'établit entre lui et Luc permit-elle à celui-ci de supprimer dans son second ouvrage un titre que l'étiquette lui imposait dans le premier. On n'en sait rien; on ignore si Théophile était païen ou juif d'origine, gouverneur romain ou souverain sacrificateur juif, quand, comment et par qui il fut converti; on ignore tout, et l'on n'a pas même quelque vague tradition à invoquer. Cependant, comme il est dans la nature des interprètes de vouloir tout savoir, et il faut le leur pardonner, les suppositions se sont multipliées autour de ce personnage; Morus en fait un Athénien, Hase un Alexandrin, Eichhorn un Italien, etc. D'autres pensent que Luc désigne par un faux nom un homme qu'il ne veut pas nommer, gouverneur ou autre, qui penchait vers le christianisme, que son Évangile décida, et qui dès lors se lia d'une amitié intime avec lui; d'autres enfin croient que le nom de Théophile, ami de Dieu, désigne d'une manière générale tous les chrétiens. L'opinion qui se recommande le plus au milieu de toutes ces hypothèses, est celle d'Eichhorn, que Théophile habitait l'Italie, elle se fonde sur ce que Luc, ordinairement si exact dans ses détails géographiques, pour la Palestine, l'Asie et la Grèce, se borne pour la Sicile et l'Italie à la simple mention des noms, comme si Théophile devait suffisamment connaître ces contrées; la fin subite du livre des Actes qui s'arrête en quelque sorte au moment le plus intéressant, aux luttes de Paul avec les puissances de Rome, fortifie ce sentiment; Luc ne dit plus rien, parce que Théophile était là qui pouvait suivre par lui-même l'histoire de l'apôtre.


THÉRAPHIMS,


sans doute des dieux domestiques, une espèce de pénates, que les premières générations de la famille d'Abraham paraissent avoir hérités de leurs ancêtres, Genèse 31:19,34; cf. Ézéchiel 21:26, et qu'ils consultaient comme des oracles, Juges 18:5; cf. 17:5; Zacharie 10:2. Pour les croyants, ce culte était une idolâtrie, 2 Rois 23:24; Osée 3:4. Il y avait des théraphims de toute grandeur, depuis ceux que Rachel déroba et cacha, jusqu'à celui que Mical plaça dans le lit de David, 1 Samuel 19:13,16. Ils avaient des visages humains. Quelques auteurs ont cru que c'étaient des cadrans solaires, des anneaux constellés, des espèces de silènes, etc.; il n'est naturellement pas d'absurdités que les rabbins n'aient accueillies ou du moins recueillies sur ce sujet.


THESSALONIQUE


(victoire des Thessaliens), ville importante, qui était au temps des Romains la capitale du second district de la Macédoine, et la résidence du præses et du questeur, les deux premiers magistrats romains. Appelée d'abord Émathia, puis Halia, puis Therma, elle reçut, à ce qu'il paraît, son nouveau nom de Philippe, père d'Alexandre (les anciens géographes et scoliastes varient cependant sur ce point), ou de son gendre Cassandre, soit en l'honneur de Thessalonique, fille de Philippe, épouse de Cassandre, soit en l'honneur d'une victoire remportée sur les Thessaliens. Située au fond du golfe qui porte son nom, sinus Thermæus, la ville faisait un grand commerce par lequel elle s'enrichissait de plus en plus; au temps de Pline, elle avait le titre de ville libre, plus tard elle devint métropole; au cinquième siècle, grande, populeuse, riche, elle était la capitale d'un pays d'une très grande étendue; maintenant elle s'appelle Salonichi, et compte environ 70,000 habitants, qui vivent en grande partie du commerce. D'après le récit de Strabon, Philippe, en renouvelant la ville, y fit entrer les habitants des petites villes voisines, ce qui augmenta singulièrement sa population; plus tard, un assez grand nombre de Romains vinrent s'y fixer aussi, comme dans toutes les villes considérables de l'empire; enfin, le commerce y attira encore des Juifs. Le nombre paraît en avoir été assez considérable, car ils y possédaient même une synagogue, ou plutôt, pour rendre précisément l'expression des Actes, la synagogue, ce qui implique que c'était la synagogue, non seulement de la ville, mais encore des environs, la synagogue dont la proseuque de Philippes pourrait n'avoir été qu'une simple annexe. C'est dans cette synagogue que Paul commença à prêcher, lorsque après avoir passé pour la première fois par la Phrygie et la Galatie, il eut été poussé par l'Esprit à porter l'Évangile en Europe. Forcé de quitter Philippes, il avait pris la grande route le long de la côte, et il était arrivé à Thessalonique par Amphi-polis et Apollonia. Il prêcha pendant trois sabbats consécutifs, et gagna à Christ quelques Juifs et un grand nombre de païens attachés au culte juif, Actes 17:1-4; mais les Juifs incrédules, qu'on voit avoir été nombreux, riches et influents, causèrent un tumulte en se servant, comme de juste, des hommes oisifs et fainéants qu'ils trouvèrent sur la place publique; le mot de saint Luc, αγοραίοι, devrait proprement se traduire par flâneurs (Steiger, notes manuscrites); ils rassemblèrent la populace, en grande partie sans doute composée de leurs débiteurs, et qui, par ce motif, était d'autant mieux préparée à suivre l'impulsion qu'ils leur donneraient; suivis de cette foule, ils cherchèrent Paul et Silas dans le dessein de les faire paraître en jugement devant l'assemblée populaire, Actes 17:5. Ne les ayant pas trouvés, ils s'en prirent à Jason et à ses amis, tous hommes de distinction, qu'ils n'osèrent pas juger sommairement et qu'ils traduisirent devant le sénat en formulant une accusation bien propre à effrayer une autorité municipale soumise au joug des Romains. Jason et les siens ne furent point incarcérés, mais durent fournir un cautionnement. Saint Paul dut fuir; il se retira d'abord à Bérée, puis à Athènes, et enfin à Corinthe. C'est de là, qu'après avoir travaillé avec bien du succès, il écrivit sa

1re aux Thessaloniciens,

Voir: 1 Thessaloniciens 1:8; 3:6.

L'occasion de cette lettre se trouve dans l'arrivée de Timothée auprès de saint Paul; il lui apporte des nouvelles du beau réveil de la Macédoine, de ce réveil dont Paul n'avait vu que les premiers moments, mais qui s'était développé après son départ sous la direction de Silas et de Timothée, non seulement dans la ville même de Thessalonique, mais aussi dans les environs, parmi les Juifs et au milieu des païens, réveil qui fournit plus tard à l'apôtre des collaborateurs et des aides, Actes 20:4. Paul loue les Thessaloniciens pour leur foi et leur charité, il les exhorte à la persévérance, leur donne quelques préceptes généraux, et s'attache à combattre des vues fausses qui s'étaient introduites dans l'Église sur divers points, spécialement sur le retour du Seigneur et le jugement dernier. On peut diviser cette épître en cinq parties:

  1. 1-2:16. Paul rappelle aux Thessaloniciens leur histoire spirituelle, la manière dont l'Évangile fut reçu dans leur ville, l'impression qu'a produite sur d'autres leur conversion, etc.
     

  2. L'amour de l'apôtre pour cette Église, et sa sollicitude pour les fidèles depuis son départ, 2:17-3:13.
     

  3. 4:1-12. Exhortations morales, de la conduite des chrétiens en général, et de l'amour fraternel,
     

  4. 4:13-5:11 . Réponse aux doutes, aux erreurs, et aux préoccupations des Thessaloniciens sur le second avènement de Christ, consolations, et exhortations à la vigilance,
     

  5. 5:12-24. Exhortations relatives à l'Église et à la morale.
     

2e aux Thessaloniciens.

Elle fut écrite également de Corinthe, et peu de temps après la première, pour rassurer ses amis qu'une fausse interprétation de sa première lettre, ou qu'une lettre supposée, et exploitée dans de mauvaises intentions, avait alarmés et troublés. Il censure avec plus de force encore ceux qui vivent dans l'oisiveté et dans une curiosité inquiète; il exhorte l'Église à s'attacher toujours plus à la saine doctrine, et à surmonter avec constance les persécutions présentes ou futures, 1:1-12; il leur annonce l'homme de péché, le mystère d'iniquité, 2:1-12, et les engage à se garder de toute séduction, 2:13-3:1-6, et à éviter tous ceux qui ne se conduisent pas d'une manière régulière, 3:7-18.

L'authenticité de ces deux épîtres, prouvée par les témoignages des Pères, Polycarpe, Justin martyr, Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, n'a guère été révoquée en doute que par quelques savants tout à fait modernes, qui n'ont pas même trouvé du crédit auprès de leurs collègues, les autres rationalistes. La seconde épître a en sa faveur des témoignages encore plus anciens que la première. Quant aux commentaires, on peut citer celui de Turretin (1739), ceux de Koppe, Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui d'Olshausen.


THÉUDAS ou Théodas,


(ou Théodas, contracté de Théodore), célèbre émeutier juif, nommé dans le discours de Gamaliel, Actes 5:36, comme ayant réussi à se mettre à la tête de 400 hommes, qui du reste ne tardèrent pas à être défaits. Son histoire se place donc avant Gamaliel qui la raconte, et avant celle de Judas le Galiléen, ainsi qu'il résulte du verset 37, par conséquent avant Tibère, ou au plus tôt sous son règne. C'est donc à tort qu'on a voulu le confondre avec un autre factieux du même nom dont la révolte, arrivée sous le règne de Claude, et sous le gouvernement de Cuspius Fadus, vers 44, est racontée par Flavius Josèphe. Pour les confondre on est obligé de recourir à trop de subterfuges, jusqu'à supposer que Luc met dans la bouche de Gamaliel un anachronisme, et lui prête un discours qui n'a pu sans doute être prononcé à cette époque, mais qui du moins renfermait pour les lecteurs des Actes une allusion facile à comprendre. L'interrègne qui suivit la mort d'Hérode le Grand fut fécond en émeutes, moitié politiques, moitié religieuses, et le nom de Theudas était assez commun pour qu'on puisse admettre, à quelques années d'intervalle, deux chefs de ce nom.


THOMAS,


surnommé Didyme, deux noms qui, l'un en hébreu, l'autre en grec, signifient jumeau; (d'après la tradition, sa sœur jumelle s'appelait Lysia): apôtre de Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:15; Actes 1:13, que l'on suppose avoir été originaire de la Judée, cf. Jean 21:2. L'Évangile de saint Jean est celui qui nous le fait le mieux connaître, quoiqu'il ne mentionne que des faits relatifs aux derniers temps de la vie de Jésus, et l'on peut dire qu'il est peu d'apôtres dont le caractère soit généralement plus mal connu et plus faussement apprécié. Thomas est presque toujours pris pour le symbole du doute, du manque de foi; et si une circonstance de sa vie, Jean 20:24; cf. 14:5, semble indiquer en lui un homme positif, qui ne se paie pas de paroles, il faut ajouter que ses doutes furent partagés par tous les disciples, que ses doutes ne forment pas non plus l'unique trait, ni le trait distinctif de son caractère. C'est lui qui, voyant Jésus partir pour la Judée où l'attendait la famille de Lazare, s'écrie en songeant aux dangers que son maître allait courir: Allons-y aussi, et mourons, avec lui, Jean 11:46: ce fait seul montre que Thomas était dévoué, chaleureux, mais d'une vivacité d'esprit semblable à celle de Pierre, souvent peu réfléchie; comme Pierre l'aurait fait, il interrompt Jésus, qui préparait ses disciples à sa lin prochaine, par cette exclamation: Seigneur nous ne savons où tu vas, comment pourrions-nous en savoir le chemin? Jean 14:5. Et lorsque le berger eut été frappé, lorsque les brebis se trouvèrent dispersées, Thomas éloigné des autres apôtres par un motif quelconque, ayant quitté peut-être, comme les disciples d'Emmaüs, un théâtre de deuil et d'amers souvenirs, ne put assister à la première apparition du Sauveur à ses disciples. Ceux-ci n'avaient pas cru à la parole des femmes qui étaient venues leur annoncer la résurrection du maître; ils rie crurent que lorsqu'ils l'eurent vu. Thomas n'eut pas plus de foi qu'eux, mais il n'en eut pas moins, et lorsqu'il eut entendu leur récit, il s'écria comme, eux, mais dans un langage plus expressif: «Si je ne, vois les marques de ses clous en ses mains, et si je ne mets mon doigt dans la plaie des clous, et si je ne mets la main dans son côté, je rie croirai point.» te dimanche suivant il obtint la preuve qu'il demandait, et Jésus faisant allusion à ses paroles, l'engagea à vérifier par lui-même la réalité de sa résurrection. Thomas, confus, et transporté, ne put que s'écrier dans l'élan de sa joie: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus n'ajouta pas un mot de blâme, et tes paroles: «Ne sois pas incrédule, mais fidèle,» sont plus une exhortation qu'une censure. De même les paroles qui suivent: «Bienheureux ceux, qui n'ont pas vu mais qui ont cru», sont à, l'adresse des disciples de tous les temps; ce qu'elles avaient d'actualité se rapportait aux autres apôtres comme à Thomas, et ce qu'elles avaient de général n'est qu'une déclaration des promesses faites à tous ceux qui ont dû croire sans voir, depuis les patriarches qui ont dû espérer, jusqu'aux futurs membres de cette Église chrétienne qui ne pouvait reposer que sur la foi.

— Si quelque chose distingue Thomas de saint Pierre, c'est plus de modestie, moins de confiance en lui-même; il a moins promis, et sa chute n'a été que celle des autres disciples; à cela près on trouvé eh lui la même droiture et la même chaleur.

Il assista à la réintégration de saint Pierre, Jean 21:2, et aux assemblées qui suivirent l'Ascension, Actes 1:43; dès lors on perd ses traces, et l'on en est réduit aux traditions qui le font, les unes évangéliser les Parthes et mourir à Édesse, les autres passer aux Indes et y mourir martyr. L'existence des chrétiens de Saint-Thomas, sur la côte de Malabar, a donné à cette dernière opinion quelque probabilité, et elle est presque généralement admise. En revanche son Évangile et ses Actes, mentionnés par les Pères et déjà condamnés par Gélase, sont rejetés comme apocryphes.

— (Sermon de Saurin.)


THRACE.


On suppose que cette contrée, à peu près la Turquie actuelle, anciennement si fertile, si populeuse et si riche, est désignée par le mot Thiras ou Tiras, q.v., Genèse 10:2. Il n'en est, du reste, parlé nulle autre part dans l'Écriture, et aucune de ses nombreuses villes n'y est mentionnée,

Voir: 2 Maccabées 12:35.


THUMMIM,


Voir: Urim.


THYATIRE,


Actes 16:14; Apocalypse 1:11; 2:18. Ville de la province de Lydie, plus anciennement nommée Pélopia, et Évippia, située sur le Lycus, à 33 milles nord de Sardes, frétait une colonie macédonienne, assez importante sous le double point de, vue militaire et commercial. Ses habitants s'occupaient surtout de fabriquer des étoffes de pourpre. Il se trouvait dans cette ville une petite communauté chrétienne à laquelle saint Jean reproche de s'être laissée envahir par les mœurs païennes.

— C'est maintenant un bourg nommé Akhissar, où, l'on trouve encore quelques vieilles ruines, et des monuments grecs.


TIBÈRE,


Luc 3:1, fils adoptif de l'empereur Auguste, et second empereur de Rome. D'abord juste et modéré, comme le sont presque toujours les monarques au début de leur règne, il ne tarda pas à donner essor à son caractère sombre, égoïste, défiant et cruel. Il supprima les assemblées du peuple romain, et réduisit le sénat au rôle d'exécuteur servile de ses volontés. Toute plainte était un crime que la mort devait expier. La délation était encouragée par la protection et les récompenses du tyran. Il fit empoisonner Germanicus son neveu, jeune guerrier qui s'était signalé par de nombreuses et brillantes victoires en Germanie; la jalousie lui dicta cet arrêt, qui enveloppa la famille presque entière de cette noble victime. L'infâme Séjan était son favori et le docile exécuteur des hautes œuvres: après avoir versé des flots de sang, Séjan eut soif du sang de son maître, porta ses vues jusqu'au trône et fut mis à mort. Tibère, devenu vieux, quitta le monde, et se retira dans l'île de Caprée, d'où chaque jour il envoyait au sénat la liste des victimes qui devaient lui être immolées. Saint Luc fixe à la quinzième année de son règne le commencement du ministère de Jean-Baptise. Ce fut également sous son règne que le Christ souffrit. C'est de lui qu'il est parlé, Matthieu 22:17; Marc 12:14; Luc 20:22;; 23:2; Jean 19:12. Il mourut âgé de soixante-dix-huit ans, le 16 mars de l'an 37; Néron seul a pu briguer l'honneur de l'égaler en cruautés.

— Tertullien raconte que Tibère ayant entendu parler des miracles de Jésus, aurait conçu l'idée de le faire admettre au nombre des dieux; ce fait qui n'est du reste pas prouvé, serait en opposition avec ce que rapporte Tacite, que Tibère fit chasser de Rome 4,000 Juifs, et proscrivit les cultes venus d'Égypte et de Judée. II est vrai que Tibère n'était pas homme à reculer devant une contradiction.


TIBÉRIADE.


Il a été parlé du lac de ce nom à l'article Génésareth. Quant à la ville de Tibériade, elle était bâtie sur la rive occidentale du lac, vers le midi, resserrée entre l'eau et la montagne: elle possédait un palais et un stade assez remarquables. Hérode Antipas, son fondateur, l'avait nommée Tibériade en l'honneur de l'empereur Tibère; elle fut la capitale de la Galilée avant Diocésarée. Si c'est la même que Kinnéreth, Josué 19:35, elle avait appartenu primitivement à la tribu de Nephthali, mais c'est peu probable, le lot de cette tribu commençant à Capernaüm, Matthieu 4:13; Josué 19:34. La contrée environnante, qu'entourent de hautes montagnes, est très chaude et très fertile, mais malsaine et fiévreuse; il y existe plusieurs sources thermales qui contiennent du soufre, du sel et du fer, et forment un dépôt tantôt blanc, tantôt jaune. Jésus-Christ n'est jamais entré dans cette ville, dans la demeure du renard, Luc 13:32, du meurtrier de Jean-Baptiste. La pêche, et le service du lac, formaient la principale occupation de cette population, presque tout entière grecque et païenne. Néron donna Tibériade à Hérode Agrippa II, et pendant la dernière guerre des Juifs, elle joua un rôle important; sa défense fut longue et désespérée; Vespasien, pour la punir, fit abattre une partie de ses murailles. Dès lors elle devint, et pour assez longtemps, une ville de savants: ce fut là que se rassemblèrent, après la ruine de Jérusalem, quelques Juifs et quelques-uns de leurs prêtres les plus distingués; ils y jetèrent les fondements d'une académie, qui devint célèbre par la composition de la Mishna, la fixation des points-voyelles, et la réputation des docteurs qui y professèrent: elle passait avec Saphet, Hébron et Jérusalem, pour l'une dés quatre villes où, d'après les traditions talmudiques, le Messie devait séjourner et régner. Elle porte le nom de Claudia Tiberias sur plusieurs médailles; sur d'autres qui datent du règne de Trajan, elle représente, à cause de ses sources, la déesse de la santé, ceinte d'un serpent, et assise sur une montagne d'où sort une grande abondance d'eaux; sur d'autres enfin une barque lui sert d'exergue. Tabarié n'est plus aujourd'hui qu'un gros bourg de 4,000 habitants, dont un quart de Juifs; il paraît ne pas occuper tout à fait la même place que la Tibériade historique, dont on trouve encore des ruines assez considérables près de là. Tabarié fut presque détruite par un tremblement de terre le 1er janvier 1837; les murailles et une partie de l'ancienne ville résistèrent seules à cette catastrophe; les habitants se sont en hâte rebâti des maisons ou des huttes de bois. Les sources sont à trente-cinq minutes de là, et à vingt pas du lac.


TIBNI


(foin, paille), 1 Rois 16:21, fils de Guinath, convoita le trône d'Israël que la mort d'Éla rendait vaquant; il le disputa trois ans à Homri avec un succès partagé, mais il finit par être vaincu, et sa mort, en laissant les siens sans chef, assura le succès de son rival.


TIDHAL,


Genèse 14:1, l'un des rois alliés de Kédor-Lahomer qui furent défaits par Abraham; il est appelé roi de Gojim (des nations), soit que ce fût le nom de sa peuplade et de sa ville, soit que, par suite de victoires, il se fût mis à la tête de quelques peuplades, dont la réunion lui aurait assuré une certaine prépondérance.


TIGLATH-PILÉSER (ou Tillegath-Pilnéeser dans les Chroniques),


2 Rois 16:7; 15:29; 1 Chroniques 5:26; 2 Chroniques 28:20, 747 avant J.-C., roi d'Assyrie, fit alliance avec Achaz, roi de Juda, lui prit son or et son argent, jusqu'à dépouiller le temple, s'en servit pour envahir la Syrie et le royaume d'Israël, mit à mort Retsin après avoir pris Damas, et conduisit en Assyrie les dix tribus vaincues, accomplissant sans le savoir les oracles d'Ésaïe, 7:17; 8:4. Il se montra diplomate habile; sous le nom de protecteur, il fit payer à Juda les frais de ses campagnes, et s'enrichit avec l'argent d'autrui, se délivrant de ses ennemis et peuplant ses états de sujets industrieux. On croit qu'il est désigné, Osée 5:13; 10:6, sous l'épithète de Jareb. On ignore sous quel nom il est connu dans l'histoire profane, mais il paraît que c'est à peu près à l'époque du démembrement de l'ancien royaume assyrien, sous Sardanapale, qu'il faut placer ces événements, alors que des ruines de l'empire surgissaient les trois monarchies nouvelles des Assyriens, des Babyloniens et des Mèdes.


TIGRE.


  1. Fleuve, le Hiddekel du paradis, q.v. Genèse 2:14; Daniel 10:4.
     

  2. Animal qui n'est pas mentionné dans l'Ancien Testament, quoique quelques versions aient cru le trouver dans l'hébreu laïsh, Job 4:11, qui signifie lion, q.v.


TILLÉGATH-PILNÉESER


(celui qui délivre les captifs),

Voir: Tiglath-Piléser.


TILLEUL.


Luther a cru que le élon de Ésaïe 6:13, et le libneh de Osée 4:13, signifiaient le tilleul, mais,

Voir: Chêne, et Stacte.


TIMÉE


(honorable), père du célèbre aveugle de Jérico, Marc 10:46, est inconnu.


TIMNA


(défendu), ville de Juda, située à la frontière septentrionale, mais conquise sous Achaz, par les Philistins, Josué 15:40,57; 2 Chroniques 28:18. On la distingue peut-être à tort de Timnatha, Genèse 38:12, qui est indiquée, Josué 19:43, comme appartenant à la tribu de Dan; plusieurs villes qui avaient été d'abord données à Juda, passèrent, dans une seconde répartition à la tribu voisine. Timna est connue surtout par les exploits de Samson, Juges 14:1, et l'on voit qu'à cette époque déjà les Philistins s'en étaient emparés. Eusèbe mentionne un bourg de ce nom, Tamna, qui existait encore de son temps entre Jérusalem et Diospolis; il paraît n'avoir pas été sans importance sous les Romains, 1 Maccabées 9:50. Jos. Guerre des Juifs 3, 3, 5. Pline 5, 15.


TIMNATH-HÉRÈS, et Timnath-Sérah,


ville des montagnes d'Éphraïm, où demeurait et où fut enseveli Josué, 19:50; 24:30; Juges 2:9.


TIMON


(honorable), Actes 6:5, un des sept premiers diacres de l'Église de Jérusalem, inconnu. Les uns le font évêque de Bostra en Arabie, les autres de Bérée, ou de Tyr et Sidon.


TIMOTHÉE,


(craignant Dieu), évangéliste, et l'un des plus fidèles compagnons de Paul, 2 Timothée 4:5, était probablement Lycaonien, natif de Derbe, fils d'une femme juive, Eunice, et d'un père païen, Actes 16:1,3; 20:4; 2 Timothée 1:5. Sa Mère; et son aïeule Lois, furent probablement converties lors du second séjour de Paul en Lycaonie, et peut-être que lui-même, quoique fort jeune, reçut à cette époque, des impressions sérieuses que les soins pieux de sa famille n'eurent pas de peine à développer, 2 Timothée 1:5; 3:15. Les passages 1 Timothée 1:2; 2 Timothée 1:2; 1 Corinthiens 4:17, n'indiquent pas nécessairement que Paul ait été l'instrument de la conversion de son jeune ami; elles peuvent se rapporter à l'influence qu'il exerça sur lui en le formant à l'évangélisation. Timothée justifiait, par une bonne réputation, sans doute aussi par des dons naturels, les prophéties positives qui avaient été faites à son sujet, 1 Timothée 1:18; 4:14, et il se recommandait ainsi à l'attention de l'apôtre qui n'hésita pas à se l'attacher. Après l'avoir circoncis et lui avoir donné l'imposition des mains (l'an 52), Paul le prit avec lui pour se rendre par Troas en Macédoine, Actes 16:1,3; 1 Timothée 4:14; 6:12; 2 Timothée 1:6. Il le laissa d'abord à Bérée, l'envoya peu de temps après à Athènes, puis à Thessalonique pour avoir des nouvelles de cette Église, au sujet de laquelle il était inquiet, Actes 17:14,15; 1 Thessaloniciens 3:2. Timothée, apportant des nouvelles de Thessalonique, rejoint Paul à Corinthe (52 ou 53), et signe, avec lui, ses deux lettres aux Thessaloniciens, 1 Thessaloniciens 1:1; 3:6; cf. Actes 18:5; 2 Thessaloniciens 1:1. Ici nous perdons de vue Timothée; la narration des Actes est interrompue quant à ce qui le concerne, et ce n'est qu'après un certain temps que nous le retrouvons; il est à Éphèse, Actes 19:22. Paul l'envoie de là en Macédoine et à Corinthe, Actes 19:22; 1 Corinthiens 4:17; 16:10 (l'an 56 ou 57); cependant, en écrivant sa première lettre aux Corinthiens (16:10), Paul ne sait encore rien de l'arrivée de Timothée au milieu d'eux; les résultats de ce voyage, comme en général plusieurs points de la vie de Timothée, restent assez obscurs, et l'on a de la peine à découvrir comment cadrent ensemble les récits des Actes et des Épîtres, la vie de Paul et celle de Timothée. Nous trouvons de nouveau ce dernier en Macédoine, auprès de Paul, lors de l'envoi de la seconde aux Corinthiens, 1:1, et l'on suppose que retenu par diverses occupations, Timothée n'a pu aller jusqu'à Corinthe, ce qui expliquerait le silence que garde l'apôtre, 2 Corinthiens, sur la présence et l'activité de Timothée dans cette ville. Mais lorsque, plus tard, Paul écrit de Corinthe aux chrétiens de Rome (58), Timothée paraît être auprès de lui, Romains 16:21. Paul, revenant par la Macédoine, envoie Timothée à Troas, Actes 20:4, et nous le perdons de vue encore une fois. Puis vient la captivité de Paul à Rome, et dès lors il devient toujours plus difficile de raconter la vie de Timothée; des faits sont indiqués çà et là, mais aucune date ne les lie; peut-être est-il à Rome avec son maître. Quoi qu'il en soit, après cette première captivité, l'on peut supposer (tous les interprètes en sont réduits à des suppositions sur ce point) que Paul, passant à Éphèse ou près de là, y laissa Timothée muni de quelques instructions qui cependant n'étaient point suffisantes, 1 Timothée 1:3; qu'il poursuit son voyage par Philippes, jusqu'à Troas, 2 Timothée 4:13; qu'il revient de la Macédoine dans l'Asie-Mineure pour y voir Timothée, ainsi qu'il le lui avait promis dans sa première épître; qu'il lui fait des adieux solennels, 2 Timothée 1:4, comme s'il allait entreprendre un voyage long et dangereux; que dans ce voyage il laisse Trophyme malade à Milet, et Éraste à Corinthe, 2 Timothée 4:20; qu'il pousse peut-être jusqu'en Espagne, et qu'enfin il arrive à Rome, soit libre, soit prisonnier; qu'il envoie de là quelques-uns de ses compagnons comme missionnaires, 2 Timothée 4:10; qu'il fait peut-être prévenir verbalement Timothée de venir le joindre (supposition nécessaire pour expliquer sa seconde Épître, où il s'adresse à Timothée comme si celui-ci connaissait déjà son emprisonnement); qu'ayant été entendu par le juge, et n'espérant plus recouvrer sa liberté, Paul presse Timothée de venir le voir avant l'hiver, et d'amener Marc avec lui, 2 Timothée 4:11,21. La seconde Épître à Timothée aurait donc été écrite de Rome en 67, et adressée au disciple à Éphèse. Quant à la première, elle se place naturellement pendant le voyage que fit Paul en Macédoine après qu'il eut établi Timothée à Éphèse, de sorte que la notice ajoutée dans les éditions ordinaires à la fin de l'épître est fausse, comme d'autres qui font dater la lettre d'Athènes. L'Épître à Tite fut écrite à la même époque, ainsi que cela résulte de sa grande ressemblance avec la première à Timothée. La tradition ajoute à ces données du récit biblique, que Timothée fut évêque d'Éphèse, et qu'il souffrit le martyre sous Domitien (81-96 avant J.-C.). On suppose que le Timothée de Hébreux 13, est le même que le disciple de Paul, mais ou ne sait à quel événement de sa vie l'apôtre fait allusion en parlant de sa mise en liberté, si toutefois cette traduction doit être admise, ce qui est contesté par plusieurs commentateurs.

— Le caractère de Timothée est assez relevé parla confiance et l'amitié de saint Paul; on peut dire qu'il est sans tache; pur, égal, aimant et doux pour les autres, il ne se ménageait pas assez lui- même, et l'apôtre ne lui reproche que trop de sobriété, un ascétisme trop rigoureux et trop austère, 1 Timothée 5:23. Heureux les pasteurs qui ne méritent pas d'autre censure! Le ministère si fécond de Timothée n'est connu que par les lettres qu'il a reçues d'un apôtre; sa carrière si importante serait entièrement oubliée sans cette circonstance, et l'on-peut se faire une idée, par ce seul exemple, de ce que doit avoir été l'activité des premiers apôtres et missionnaires, sur la vie desquels nous n'avons aucun détail. Il semble aussi qu'on doive se réjouir de ce qu'au milieu de toutes les peines de sa vie, Paul ait eu la douceur de rencontrer un ami comme Timothée, qui pouvait si bien le comprendre et sympathiser avec lui, 2 Timothée 3:10. Dépareilles amitiés ne peuvent s'établir qu'entre chrétiens; elles sont durables et parfaites, parce qu'elles unissent la connaissance et le sentiment, la vérité et la charité; cf. 2 Jean 2.

Épîtres pastorales.

On désigne sous ce nom les deux Épîtres à Timothée, et l'Épître à Tite. Elles se distinguent de toutes les lettres de Paul qui nous sont parvenues, en ce qu'elles sont les seules qu'il ait adressées à des compagnons de service; elles se distinguent aussi par là de l'Épître à Philémon, qui n'est qu'une simple lettre de particulier, et qui ne traite que d'un seul objet de la plus grande simplicité, d'une demande pour laquelle une exposition longue et variée était moins nécessaire qu'une manière persuasive de la présenter. Dans les épîtres pastorales, au contraire, Paul est convaincu d'avance que son lecteur est disposé à recevoir les préceptes qu'il lui donne. Ce sont des lettres d'amitié, mais ce sont aussi des lettres d'affaires; elles ont ce double caractère, et il est évident qu'elles étaient destinées à recevoir une certaine publicité. Ce qui a été dit plus haut sert à fixer les dates de ces lettres, les lieux d'où elles furent écrites et leurs circonstances: il faudrait un livre spécial pour résoudre les doutes et prouver les assertions; ce n'est point ici notre tâche.

Il n'est aucune épître dont l'authenticité ait éprouvé de plus rudes attaques que la première Épître à Timothée; c'est Schleiermacher qui lui a porté les premiers coups, s'appuyant de la logique, de la philologie et de l'histoire. On lui prouva (Planck) que la plupart de ses arguments s'appliquaient avec la même force aux deux autres épîtres pastorales, et Eichhorn, profitant de la leçon, ne tarda pas à attaquer les trois épîtres ensemble; d'autres ont suivi leurs traces, mais Ils ont été; réfutés à plusieurs, reprises par Bœhm, Heidenreich, Schneckenburger, etc. La violence des attaques a fait faire des recherches consciencieuses qui ne sont pas restées sans résultat.

Il est difficile de donner une analyse de ces épîtres, surtout de la première à Timothée, où il y a plus d'abondance que d'ordre, où toute disposition oratoire est négligée, plus encore que dans les autres épîtres de Paul, et où l'apôtre semble avoir jeté, au fur et à mesure qu'ils se présentaient à lut, les préceptes, les sentences, les souvenirs, l'expression de ses sentiments personnels, des directions générales, des détails intimes, les conseils de l'apôtre et les conseils de l'ami. Les docteurs et les doctrines que Paul s'attache à combattre, ou qu'il signale à l'attention du pasteur d'Éphèse, sont les mêmes tendances qu'on a vu combattues dans les Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens; il lui recommande de les combattre surtout en proclamant l'Évangile, en opposant aux erreurs les vérités Contraires, l'autorité de son ministère au charlatanisme des faux docteurs.

La seconde à Timothée parle également des faux docteurs, mais d?une manière plus vague, moins circonstanciée, 3:1-5; 4:3; etc.; c'est, en quelque sorte, un supplément d'instructions; elle est, du reste, plus personnelle, plus intime, et, comme on l'a dit, elle reflète les dispositions de l'âme de l'apôtre, qui s'attendait à un prochain délogement, et qui fait son testament avant de mourir, instituant, en quelque sorte, Timothée pour son héritier et exécuteur testamentaire.

L'Épître à Tite ne traite, pour ainsi dire, qu'un seul sujet, la nécessité de nommer des anciens dans les villes de l'île de Crète; il ne s'agit pas, comme dans les précédentes, de redresser ou de compléter un ordre de choses déjà existant, mais en partie affaibli ou corrompu; il ne s'agit, par conséquent, pas de combattre: aussi les préceptes donnés par Paul sont-ils tout à fait simples. Le reste de l'épître traite de la doctrine et de l'enseignement. L'Évangile avait pénétré en Crète d'assez bonne heure, mais d'une manière en quelque sorte privée; on y voyait des croyants, on n'y trouvait pas d'Église, et Tite fut chargé d'organiser ces troupeaux. L'absence de conducteurs spirituels et le contact des idées juives avaient pu favoriser l'action du principe judaïsant, et l'antique mauvaise renommée des Crétois, justifiée par leur immoralité, continua de subsister même après l'établissement partiel du christianisme dans cette île.

Chacune des trois épîtres pastorales a donc son caractère, chacune forme un ensemble dont les différentes parties se lient, d'une manière conforme au but particulier de l'apôtre, et aux circonstances dans lesquelles elle a été composée.

— Comment. Heidenreich.


TIPHSAH,


1 Rois 4:24, ville frontière du royaume de Salomon, vers le nord-est. Son nom signifie passage, et elle était, en effet, la clef militaire et commerciale de l'Euphrate. C'est le Thapsacus des anciens, grande et populeuse cité, bâtie sur la rive occidentale de l'Euphrate, à une forte journée à l'est de Palmyre. Elle reçut, depuis Séleucus Nicator, le nom d'Amphipolis, et s'appelle maintenant El-Déir.

— Il ne faut pas la confondre avec la ville nommée 2 Rois 15:16; car, à cette époque, la frontière du désert n'appartenait plus aux successeurs de Salomon, et, vu sa signification, le même nom a pu être donné à bien des villes différentes.


TIRAS,


Genèse 10:2. Depuis les Targumistes, tous les interprètes croient retrouver les descendants de Tiras dans les Thraces, les habitants actuels de l'Albanie. Tyras était l'ancien nom du Dniester, et l'affinité de nom devient plus frappante encore quand on se rappelle que le ξ des Grecs (Thrax) se trouve dans l'alphabet à la place de l's des Hébreux,

Voir: Thrace.

— Il y avait aussi une ville de Thyrée dans le Péloponèse, et, comme Tiras était frère de Javan, cette parenté pourrait établir le voisinage de leurs descendants. Schrœder, enfin, pense aux Tyrrhéniens (Tyrséniens est probablement une faute d'impression), qui étaient unis ou identiques aux Pélasges, et célèbres comme navigateurs et comme pirates. Les noms de Toersha (Tiras), et de Mashoach (Mésec), se retrouvent à côté l'un de l'autre sur diverses inscriptions égyptiennes, comme les noms de peuples ou peuplades qui ont été en guerre avec l'Égypte.


TIRHACA,


le Taracus de Manéthon, le Téarcon de Strabon, le troisième roi de la 25e dynastie égyptienne (l'éthiopienne), dont le nom est confirmé par les monuments et les inscriptions de l'Égypte, n'est connu que par l'alarme qu'il jeta dans le camp de Sanchérib, et l'heureuse diversion qu'elle fit en faveur d'Ézéchias, 2 Rois 19:9; Ésaïe 37:9 (714 ou 712 avant J.-C.). On ignore si ce fut une panique imaginaire, ou si Tirhaca porta réellement ses armes en Assyrie. D'après Strabon, ce prince, plus fort que ses prédécesseurs, aurait, dans ses expéditions, poussé jusqu'aux colonnes d'Hercule. Il doit avoir régné dix-huit ans, de 714-696. C'est peut-être lui qui est désigné Ésaïe 30:2, si ces oracles se rapportent à Ézéchias, et l'on croit que Ésaïe, 19, annonce les événements qui suivirent sa mort, et l'avènement d'une dynastie nouvelle.


TIRTSA


(grâce, beauté), ville cananéenne et résidence royale, Josué 12:24, devint, par la suite, la capitale du royaume d'Israël, depuis Jéroboam jusqu'à Homri, 1 Rois 14:17; 15:21,33; 16:8. Son palais fut brûlé dans une des dernières guerres de succession, 1 Rois 16:15,17,23, et Homri choisit Samarie pour sa résidence. Tirtsa est célébrée à cause de la beauté de ses environs, Cantique 6:4, mais on ne connaît plus au juste son emplacement; on croit qu'elle était située au nord-est de Sichem, sur le plateau d'une belle montagne. Quelques voyageurs du treizième et du quinzième siècle pensent en avoir trouvé les ruines, sous le nom de Tersa, à 3 lieues est de Samarie.


TISBÉ,


ville de la tribu de Nephthali, en Galilée, Tobie 1:2; d'autres, à cause de 1 Rois 17:1, croient que Tisbé était en Galaad. Elle n'est connue que comme patrie d'Élie; mais il suffit de cette mention pour réfuter l'assertion des pharisiens, Jean 7:52, car il n'est pas de ville aussi petite qui puisse revendiquer l'honneur d'avoir donné le jour à un prophète plus grand qu'Eue le Tisbite.


TISSERAND.


L'art de faire des tissus est fort ancien. On peut croire qu'il fut l'une des premières découvertes de l'esprit humain, car il était pour l'homme une nécessité, et s'il est compliqué dans son exécution, il est du moins tellement simple dans son idée première, que cette idée, fécondée par le besoin, ne dut pas tarder à porter ses fruits et à donner aux hommes, avec un art nouveau, des ressources nouvelles. Hérodote nous montre déjà les Égyptiens travaillant le lin et le coton; la Bible, confirmant les assertions de l'histoire profane, parle de magnifiques tissus blancs de fin lin travaillés en Égypte, Genèse 41:42; Ésaïe 19:9, et plus tard de tapis de fin lin moires ou semés de dessins, dont l'Égypte faisait le commerce, Ézéchiel 27:7; cf. Proverbes 7:16. C'est là probablement que les Israélites avaient fait leur apprentissage, puisque dans le désert ils avaient déjà des ouvriers assez habiles pour confectionner tous les tapis et tentures du tabernacle, Exode 35:35. Chez eux cependant, c'étaient plutôt les femmes, même les princesses, et souvent les esclaves, qui s'occupaient de tisser comme de filer, Proverbes 31:13,19; cf. 21,22,24. Exode 35:25; 2 Rois 23:7. Cependant cette règle avait ses exceptions, Exode 35:35; cf. 1 Chroniques 4:21. En Égypte au contraire, c'étaient les hommes qui tissaient, Hérodote 2, 35, cf. Ésaïe 19, 9. Le métier du tisserand était chez les anciens assez élevé, de telle sorte que l'ouvrier travaillait debout.

Les diverses pièces nommées dans l'Écriture sont la navette, Job 7:6; l'ensuble, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel 21:19; la cheville du métier avec la chaîne, Juges 16:14 (mal traduit dans Martin, l'attache de la tissure avec l'ensuble); la chaîne et la trame, Lévitique 13:48; les pesnes, Ésaïe 38:12, etc. La fréquence de ces expressions et l'usage qu'en font les prophètes dans leurs poétiques comparaisons, montrent que le métier du tisserand était assez général parmi les Israélites, quoique l'on puisse conclure de Proverbes 7:16, qu'ils continuèrent de tirer d'Égypte leurs tissus les plus estimés. Ils travaillaient surtout le coton, le lin et la laine, peu ou point la soie; ils faisaient entre autres des étoffes grossières de poil de chèvre et de poil de chameau qui servaient d'habits de deuil, de vêtements pour les pauvres, ou de garnitures de tentes, Matthieu 3:4; Exode 26:7; 35:6; Cantique 1:5. On sait qu'il n'entrait jamais deux matières différentes dans un même tissu, Lévitique 19:19. Il est difficile de déterminer exactement la nature des diverses étoffes mentionnées dans l'Écriture; on voit seulement qu'il y en avait de plusieurs sortes, des quadrillés, des croisés, des espèces de damas avec des dessins symboliques en broderies, etc. La robe sans couture, Jean 19:23, quelque simple qu'on l'imagine, montre à quel haut degré de développement ils avaient déjà porté le travail de la fabrication.


ΤΙΤΕ,


aide et compagnon de Paul, était païen d'origine, et ne revêtit point, même après sa conversion, le signe de la nationalité juive, Tite 1:4; Galates 2:3. Les Actes ne le nomment nulle part, et il n'est un peu connu que par l'épître qu'il a reçue de Paul, et par la mention qui est faite de lui à plusieurs reprises dans la 2e aux Corinthiens. C'est à Antioche que nous le trouvons d'abord; député par cette église au concile de Jérusalem, il s'y rend avec Paul, son père spirituel, Galates 2:3; cf. Actes 15. Paul l'envoie plus tard d'Éphèse à Corinthe sur les traces de Timothée, pour travailler à rétablir l'ordre troublé dans cette Église. Tite y est bien reçu, remplit avec succès la mission qu'il a acceptée, et refuse toute espèce de don ou de récompense, 2 Corinthiens 7:13; 12:18. Il rejoint en Macédoine, peut-être à Philippes, son maître, qui l'a vainement attendu à Troas, 2 Corinthiens 2:12-13; 7:6. Paul le renvoie de nouveau à Corinthe pour y organiser ou y presser des collectes, 2 Corinthiens 8:6, etc. On croit que ce fut lui qui porta la seconde lettre de Paul aux Corinthiens. Dès lors on a plus de peine à suivre sou histoire. Après sa première captivité. Paul laisse Tite en Crète avec la mission spéciale d'organiser les troupeaux en mettant des anciens à leur tête; là, Tite reçoit la lettre de l'apôtre qui lui demande de venir le trouver à Nicopolis, Tite 1:5; 3:12. II accompagne Paul dans son second voyage à Rome, mais le quitte au bout de quelque temps pour se rendre en Dalmatie, 2 Timothée 4:10. Les plaintes de l'apôtre qui, après avoir dit: Tous m'ont abandonné, mentionne spécialement l'absence de Tite, peuvent être aussi bien un regret qu'un reproche, et rien, ni dans les paroles de Paul, ni dans la vie de Tite, ne permet de croire que le voyage de Dalmatie fût pour Tite une affaire d'intérêt ou de peur. La tradition ajoute que Tite devint évêque de Crète et qu'il mourut dans cette île à un âge fort avancé.

— Quant à son épître, voyez Timothée.


TOB,


district situé au-delà du Jourdain, dans le voisinage d'Hammon et de la Syrie, Juges 11:3; 2 Samuel 10:6, peut-être le même que le Tubin ou Tubius de 1 Maccabées 5:13. Ptolémée compare Thauba dans l'Arabie Déserte, d'autres pensent à Tabaï en Pérée.


TOBIJA.


  1. vil intrigant hammonite qui, d'esclave affranchi, était devenu chef d'une tribu samaritaine, et n'usa de son influence que pour se faire le complice de Samballat et son agent dans toutes ses perfidies contre les Juifs et contre Néhémie en particulier. Il avait épousé la fille de Sécania, son fils était gendre de Messullam, et par ces relations avec deux des premières familles de Jérusalem, il pouvait se tenir facilement au courant de tout ce qui se faisait. Longtemps la présence de Néhémie déjoua ses projets; une absence de ce gouverneur l'enhardit, il s'établit à Jérusalem, et profita de son intimité avec le souverain sacrificateur Éliasib pour se faire concéder l'usage d'un des appartements du temple. Néhémie, de retour, le fit honteusement chasser et jeter ses meubles hors des parvis: ce fut là sans doute ce qui lui fut le plus sensible. Cette âme basse et inconséquente ne connaissait que deux passions, l'envie et la cupidité, Néhémie 2:10; 4:3; 6:1; 13:4.
     

  2. contemporain d'Esdras,

    Voir: Heldaï.


TOGARMA,


Genèse 10:3. D'après une ancienne tradition qui s'est conservée en Arménie, Togarma serait le père des Arméniens. Comme les Septante traduisent constamment Togarma par Thorgama, d'autres ont cru voir dans ces peuples les Turcomans ou les Turcs. Les deux opinions peuvent être vraies, et il est difficile de décider entre elles. La mention de Ézéchiel 38:6; 27:14, montre que cette peuplade ou nation s'occupait surtout de l'élève des chevaux, des mulets, et par conséquent des ânes. La tradition arménienne nomme, comme souche de ce peuple, Haïk, fils de Thorgom, petit-fils de Gamer (Schrœder).


TOHI,


2 Samuel 8:9; 1 Chroniques 18:9, roi de Hamath, ville de Syrie, fut heureusement débarrassé par David de Hadadhéser, son puissant voisin, avec lequel il était toujours en guerre. Il envoya son fils Joram féliciter le vainqueur et lui porter des présents, démarche qui doit être placée non après la première victoire de ce prince, mais après la seconde, qui consomma sans retour la ruine totale de son adversaire; il eût été imprudent, en effet, de se réjouir avec trop d'éclat lorsque toute chance de salut n'était pas encore perdue pour le roi de Syrie.


TOIT.


On sait que les toits de l'Orient sont plats, comme ils l'ont toujours été: la sécheresse habituelle du climat permet ce genre de construction, qui chez nous compromettrait la solidité des maisons par le long et fréquent séjour de pluies sans écoulement. Il était du reste pourvu, par une légère inclinaison du plancher, partant du milieu ou de l'un des côtés, à ce que l'eau, pendant la saison des pluies, pût s'écouler facilement; elle était conduite de là par des tuyaux dans les citernes destinées à la recevoir. Un parapet peu élevé courait autour du toit, servant de barrière et d'appui, Deutéronome 22:8; 2 Rois 1:2 (?). Le toit était fait d'une espèce de bousillage à peu près imperméable, sur lequel on trouvait quelquefois, comme sur nos toits, une espèce d'herbe qui, presque sans racines, ne tardait pas à sécher, Psaumes 129:6; 2 Rois 19:26; Ésaïe 37:27. Parfois aussi, mais rarement, le toit était formé de dalles de pierres. Il servait à différents usages: on s'y rendait pour se reposer, pour se distraire, pour prendre l'air frais du soir, 2 Samuel 11:2; Daniel 4:29; on y dormait l'été; on s'y retirait pour des entretiens intimes, ou pour s'abandonner librement à sa douleur, 1 Samuel 9:25,26; Ésaïe 15:3; Jérémie 48:38; on y dressait des tentes, on y célébrait la fête des Tabernacles et d'autres solennités religieuses, 2 Rois 23:12; Jérémie 19:13; Sophonie 1:5; Actes 10:9, comme si l'on y était plus près de Dieu; on y faisait aussi des choses que l'on désirait voir connues du public, 2 Samuel 16:22, telles que des proclamations, Matthieu 10:27; Luc 12:3; on observait ce qui se passait au dehors, Juges 16:27; Ésaïe 22:1; on s'y défendait contre des attaques, Juges 9:51; 2 Maccabées 5:12; on y exposait les ustensiles et objets de ménage que l'on voulait sécher, etc., Josué 2:6; en un mot, l'on s'en servait comme de véritables terrasses, pour tous les usages possibles; mais l'on n'y demeurait pas d'habitude, et l'image de Proverbes 21:9; cf. 25:24, dit assez combien c'eût été une triste existence que de vivre sur un toit et exposé aux intempéries de l'air.

On montait sur le toit par deux escaliers, l'un intérieur, l'autre extérieur; il était en outre facile d'enjamber d'un toit sur le toit voisin et d'aller ainsi d'un bout de la rue à l'autre, Matthieu 24:17; Marc 13:15; Luc 17:31.

D'après ce qui précède, on comprend comment les amis du paralytique purent porter leur malade sur le toit quand la foule les empêchait d'entrer par la porte, Marc 2:3-4.

Quelques observations du révérend Hartley compléteront ce qu'il y a à dire sur ce sujet: Quand j'étais à Égine, dit-il, j'étais souvent occupé à regarder le toit au-dessus de ma tête, et j'admirais combien l'action des amis du paralytique était facile. Au-dessus des poutres était une couche de grands roseaux; ces roseaux étaient couverts de broussailles, et par dessus tout cela était une couche de terre, battue au point de former une masse solide. Il leur fut très aisé de remuer la terre, puis les broussailles, et enfin les roseaux; cela ne leur eût pas été plus difficile lors même que la terre eût été couverte de tuiles, cf. Luc 5:19; ils ne pouvaient incommoder en aucune manière les personnes qui étaient au-dessous dans la maison en enlevant les tuiles et la terre, ces personnes étant garanties par les broussailles et les roseaux qui devaient être remués les derniers.

— Le même missionnaire explique encore Ésaïe 22:4, par la coutume turque de monter sur tes toits quand on entend crier au feu! pour voir de quel côté l'incendie s'est déclaré.

Voir: Maisons.


TOKEN,


Tolad, villes inconnues, de Siméon, 1 Chroniques 4:29,32.


TOLAH.


  1. Fils aîné d'Issacar, Genèse 46:13; Nombres 26:23; 1 Chroniques 7:1.
     

  2. Le septième des juges d'Israël, de la tribu d'Issacar, peut-être d'une famille distinguée; il gouverna le pays pendant vingt-trois ans après la mort d'Abimélec, et profita sans doute des douceurs de la paix pour réparer le mal qu'avaient fait les guerres précédentes, et l'usurpation d'Abimélec, Juges 10:1. Il mourut à Samir, lieu de sa résidence.


TOMBEAUX,


Voir: Sépulcres.


TOPAZE,


hébreu pitdah, Exode 28:17; Ézéchiel 13:28, Job 28:19. Les traducteurs sont en général d'accord sur la traduction du mot, mais ils ne s'entendent plus sur la couleur de la topaze; les Grecs disent qu'elle est d'un jaune d'or, Pline la fait verte, ce qui a porté les modernes à penser que l'ancienne topaze est la chryso-lithe d'à présent; la mention de Job est, du reste, d'accord avec celle de Pline, Job cherche la belle topaze en Éthiopie, Pline la trouve dans une île de la mer Rouge. Ce qu'on appelle aujourd'hui topaze, est une pierre transparente d'un jaune citron, ou tirant sur la couleur du vin; on en connaît aussi de Manches.


TOPHETH


(horreur), entrée de la partie inférieure de la vallée de Hinnom, près de Jérusalem,

Voir: Hacel-Dama et Hinnom.


TORRENTS,


Voir: Ruisseaux.


TOURNOIEMENT,


Voir: Lever.


TOURTERELLE,


Voir: Colombe.

La tourterelle proprement dite, Jérémie 8:7. (Septante τρυγών), est un oiseau de passage qui apparaît en Palestine avec le printemps, Cantique 2:12, et qui devait être offert par les pauvres en holocauste et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique 1:14; 5:7. Il était offert aussi comme sacrifice de purification, Lévitique 12:6,8; cf. Luc 2:24, et par le nazarien après une violation de son vœu, Nombres 6:10. D'après Sonnini, il y a en Égypte une espèce de tourterelle qui y habite toute l'année, dont l'espèce est très nombreuse, et qui peut être celle dont parle Moïse dans ses préceptes de purifications; cf. encore Lévitique 14:22; 15:14,29. La tourterelle, columba turtur de Linnée, est un peu plus petite que le pigeon, le dos gris, le poitrail rose-chair, des taches noires avec des raies blanches au cou, et pareillement à la queue, dont les extrémités sont blanches. Cet animal, au dire de Buckingham, est encore très commun en Palestine. Dans le second temple il y avait toujours une très grande provision de tourterelles, que chacun pouvait acheter pour les sacrifices; elles étaient confiées aux soins d'un præfectus turturum; Mishna Shekal. 7, 7.


TRACHONITE,


Luc 3:1, district qui, après avoir appartenu d'abord à Hérode le Grand, passa à la tétrarchie de Philippe son fils, puis à Hérode Agrippa. Elle était située entre l'Anti-Liban et les montagnes de l'Arabie, à l'est de la Batanée et un peu au sud de Damas, entre la Déca-pole et Bostra, sans que ses limites fussent bien définies. Le nom même de Trachonite, qui est grec, exprime l'âpreté d'un pays montagneux, qu'habitaient les Trachones, excellents tireurs adonnés au brigandage, qui se retiraient dans des cavernes profondes où ils passaient leur vie comme des bêtes. L'entrée en était si étroite qu'il n'y pouvait passer qu'une personne à la fois. Ils se volaient entre eux, lorsqu'ils ne trouvaient pas à piller les étrangers;

Voir: Flavius Josèphe Antiquités Judaïques 15, 10, 1


TRAÎNEAU,


Voir: Char.


TREMBLEMENTS de terre.


La Palestine, comme presque tous les pays de montagnes bordés par la mer, était exposée à des tremblements de terre. Il en est mentionné deux dans l'Ancien Testament, l'un qui arriva sous Achab (918-897 avant J.-C.) 1 Rois 19:11, l'autre sous Hozias (811-759), Amos 1:1; Zacharie 14:5. Flavius Josèphe fait de ce dernier une description effrayante et sans doute exagérée, lorsqu'il dit que la moitié de la montagne qui était à l'occident de Jérusalem se détacha, roula l'espace de 4 stades, 500 pas, et ne fut arrêtée que par la muraille qui est à l'orient de Jérusalem, qu'elle combla le chemin et couvrit les jardins du roi. La destruction de Sodome et Gomorrhe, Genèse 19:24; sq., fut probablement aussi accompagnée de phénomènes de ce genre.

Des tremblements de terre, au reste, sont souvent annoncés lorsqu'il est parlé de la venue du Seigneur, et il semble qu'ils fassent partie intégrante de toutes les théophanies, Psaumes 18:7; 104:32; Habacuc 3:6; cf. Nahum 1:5; Ésaïe 5:25; 6:4. La destruction du globe par le feu, 2 Pierre 3:7; sq., peut fort bien, lorsqu'on a quelques idées sur la constitution actuelle de la terre, être regardée comme devant être produite par des causes naturelles, surtout si l'on se rappelle que des tremblements de terre isolés, mais nombreux, préluderont à cette dernière catastrophe, Matthieu 24:7-8. Il est évident que dans tous les cas, la mention de ce phénomène a pour but de faire d'autant mieux sentir la grandeur, la puissance et la majesté de celui qui tient dans sa main les forces les plus redoutables de la terre, et si ces expressions ne sont quelquefois qu'une image, cette image est belle parce qu'elle est simple et naturelle.

Plusieurs interprètes ont inutilement multiplié les tremblements de terre, et c'est par des phénomènes de ce genre, qu'ils essaient d'expliquer un grand nombre de miracles, les scènes de Sinaï, la traversée de la mer Rouge, la prise de Jérico, etc, cf. aussi 1 Rois 20:30. Le seul tremblement de terre qui soit indiqué dans le Nouveau Testament, est celui qui arriva à la mort de Jésus, Matthieu 27:51. Il fut accompagné d'épaisses ténèbres, comme cela arrive souvent lors des éruptions volcaniques, sans que l'on puisse dire cependant que ces deux faits aient été nécessairement liés l'un à l'autre. Flavius Josèphe raconte encore un autre tremblement de terre qui ravagea la Judée à l'époque de la bataille d'Actium; des accidents semblables ont continué jusqu'à nos jours de désoler de siècle en siècle un pays du reste si favorisé; Jérusalem doit à sa position physique d'avoir presque toujours été épargnée.


TRIBUS.


C'est le nom sous lequel on désigne ordinairement les familles descendues de Jacob par ses douze fils, et, dans ce sens, on compte douze tribus, savoir: celles de Juda, Ruben, Gad, Aser, Nephthali, Dan, Siméon, Lévi, Issacar, Zabulon, Joseph, et Benjamin. Cette division est, en quelque sorte, la division de famille, une liste généalogique et historique; on la trouve indiquée Genèse 49. Cette division était naturelle, conforme aux usages de tous les anciens peuples nomades: des Édomites, Genèse 36; des Ismaélites, Genèse 25:12; cf. 17:20; des Perses, cf. Hérodote 1, 125. On la retrouve encore chez les Bédouins arabes de nos jours, et les voyageurs modernes en font foi. Elle ne fut cependant pas acceptée au point de vue théocratique, ou, pour mieux dire, elle fut modifiée et restreinte, comme si l'esprit de Dieu eût voulu maintenir et constater, dès les temps les plus anciens, sa liberté d'action, et rappeler, au sein de la postérité d'Abraham, que les dons de Dieu ne sont pas des accidents de la naissance, mais des bienfaits de sa grâce. Dans la nation constituée, une tribu fut mise à part, l'aînée perdit son droit de primogéniture, une des plus jeunes obtint deux portions, la sixième partie de l'héritage général. Lévi fut supprimé dans la répartition du territoire conquis en Canaan, et Joseph fut chef de deux tribus, celles de ses deux fils, Éphraïm et Manassé, qui furent elles-mêmes des plus considérables (Genèse 48). La division territoriale, au moyen de cette double modification, conserva encore le chiffre de douze tribus; on trouve dans le livre de Josué les détails de la répartition, et les limites des territoires. En refusant à la tribu sacerdotale une part dans le pays, Dieu rappelait même, sous cette économie visible et charnelle, que ceux qui s'occupent des choses de son règne ne doivent pas être tentés d'y mêler des préoccupations politiques et temporelles; il repoussait, en principe, les États de l'Église; d'un autre côté, en assurant aux Lévites des villes, des villages, des habitations sur le territoire de leurs frères, il pourvoyait aux besoins légitimes des uns et des autres, aux besoins temporels de ceux qui travaillaient pour l'autel, aux besoins spirituels des tribus, et de tous les Israélites qui devaient avoir à leur portée l'instruction et les secours religieux nécessaires, Josué 21. Il résulte de ces changements opérés que les noms des douze tribus varient suivant le point de vue auquel on se place; ils varient encore par le fréquent échange des noms de Joseph, d'Éphraïm et de Manassé, qui sont presque indistinctement mis à la place les uns des autres, et par suite de l'omission intentionnelle tantôt d'un nom, tantôt d'un autre. C'est ainsi que, sur les treize ou quatorze noms (les douze noms des fils de Jacob, et les deux des fils de Joseph) qui sont employés pour désigner les tribus, il n'y en a que huit qui se trouvent régulièrement sur toutes les listes; ce sont les noms de Ruben, Juda, Gad, Aser, Issacar, Nephthali, Zabulon et Benjamin;Dan manque, Apocalypse 7:5; Siméon, Deutéronome 33; Lévi, Nombres 1, et 13, et, en général, partout où l'énumération se fait, en quelque sorte, dans un point de vue temporel; 1 Chroniques 12, il y a treize noms parce qu'il s'agit du pays réel, et non pas du pays territorial, et les Lévites sont nommés au milieu des autres sans avoir une place à part; ils sont portés comme hommes, tandis que Nombres 26, où l'on trouve également treize noms, ils sont relégués à la fin et comme en appendice; dans ce dénombrement des plaines de Moab, ils ne sont pas comptés avec les autres tribus comme hommes d'armes, mais leur chiffre est indiqué comme faisant partie du peuple, ou comme prêtres; de même Ézéchiel 48, les sacrificateurs et les lévites sont nommés au milieu des douze tribus, non comme tribu, mais comme prêtres,

Voir: 10 et 11.

Éphraïm est appelé Joseph, Apocalypse 7:8, tandis que c'est au contraire Manassé qui porte le nom de son père, Nombres 13:12. Les deux frères sont nommés, Nombres 1, comme chefs de deux tribus, et Joseph n'est rappelé que pour mémoire; mais Genèse 49, Joseph seul est nommé; il remplace ses deux fils; de même Ézéchiel 48:32. Quant aux détails, on les trouvera à chaque article.

La famille araméenne de l'illustre Abraham se constitua donc en tribus à la quatrième génération, et ces tribus parentes restèrent distinctes, et formèrent comme des corporations les unes à côté des autres. Chaque tribu se divisa en outre elle-même en groupes moins nombreux, qui sont appelés familles et maisons (des pères), comme on dit chez nous aussi une maison pour désigner une branche d'une race, la maison de Lorraine, la maison de Bourgogne; Nombres 1:2,18; Josué 7:14; 1 Samuel 10:19,21; cf. Tobie 5:12 (17). La maison des pères comprenait toutes les familles fondées par les fils du chef de la tribu; les familles elles-mêmes étaient une subdivision des maisons, et présentaient une idée moins étendue; elles ne comprenaient, en quelque sorte, que les parents à un degré reconnaissable, cf. Nombres 1:2; Josué 7:14; 1 Chroniques 6:4; 24:4, et le registre généalogique de 1 Chroniques 8. Au reste, ces deux subdivisions sont quelquefois prises l'une pour l'autre; parfois elles sont identiques, Exode 6:14; ailleurs la famille est plus grande que la maison. Le mot de millier quelquefois employé, Michée 5:2, l'est, en général, comme synonyme de familles, Juges 6:15; 1 Samuel 10:19; cf. verset 21. À la tête de chaque tribu était son chef naturel, le chef de la maison de ses pères, et au-dessous de lui, sur chaque millier, le chef de ce millier, Nombres 1:4,16,44; 2:3; 10:4; 1 Chroniques 27:16; Esdras 1:8; cf. Exode 6:14; 1 Chroniques 5:15,24; 2 Chroniques 5:2. Les tribus étaient représentées tantôt par leurs douze chefs, Nombres 1:44; 7:2, tantôt par les chefs des milliers, Josué 22:21,30, tantôt par les chefs des maisons des pères, Josué 14:1; 2 Chroniques 1:2; 1 Rois 8:1, tantôt enfin par là réunion des anciens, q.v., librement élus par le peuple; ce dernier mode représenterait une chambre des députés par opposition aux trois premiers systèmes qui, reposant sur l'hérédité, rappelleraient nos anciennes chambres des pairs ou la chambre des lords. Cette organisation de la nation juive, que Diodore de Sicile attribue à tort à Moïse, existait déjà en Égypte; elle était simple et naturelle: Moïse n'eut qu'à l'accepter et à la mettre en harmonie avec la constitution qu'il donna au peuple. Pendant la période des juges, le lien qui unissait les tribus, la religion de leurs pères, s'étant excessivement relâché, les tribus cessèrent, en quelque sorte, de former une confédération, et non seulement elles pourvurent isolément à leur sûreté personnelle, mais encore elles en vinrent à des hostilités ouvertes, dans lesquelles la jalousie politique des grandes tribus se déploya sans réserve, Juges 8:1-2; 12:4; 20:11. L'établissement de la monarchie semblait devoir fondre tous les intérêts en un seul; mais la constitution ancienne ne se laissa pas absorber par la nouvelle forme du gouvernement: les représentants des tribus continuèrent de se réunir comme les États de la nation, et intervinrent parfois avec une grande énergie dans les affaires du pays, 1 Samuel 10:20; 2 Samuel 3:17; 5:1; 1 Rois 12, 2 Chroniques 24:17. Il paraîtrait même, d'après 1 Chroniques 5:19-20, que, pendant le règne de Saül, une tribu fit, tout à fait isolée, et pour son propre compte, la guerre à un état voisin; de même pendant le règne d'Ézéchias, 1 Chroniques 4:41. L'influence de l'esprit de tribu était surtout évidente dans les élections des rois, et cet esprit surexcité à la mort de Salomon, sans que rien le retint, perdit à la fois le royaume et les tribus; il n'y eut plus un royaume, il n'y eut plus douze tribus, il y eut deux royaumes, représentant chacun le principal fragment dont ils étaient composés, Éphraïm et Juda; c'est à ce dernier que se réunirent les Lévites; ils suivirent la légitimité, et dans une théocratie, ils eurent raison, 2 Chroniques 11:13; cf. 1 Rois 12:31.

La séparation des tribus parait être demeurée entière pendant l'exil, et les Israélites pieux semblent avoir désiré ne contracter d'alliances qu'avec des membres de leurs tribus, Tobie 1:9; 4:13; 6:12; 7:14; cependant cf. 3:15. En l'absence d'un territoire qui garantissait l'existence et l'intégrité de la tribu, la pureté des mariages pouvait suppléera cette lacune et amener un résultat semblable. L'attachement à cette antique séparation était si profond en Israël, que dans les premières années de l'exil, un prophète annonçant la restauration du pays et le rétablissement de sa nationalité, pose la division du nouveau territoire en douze portions comme un des faits fondamentaux de ce nouvel ordre de choses, Ézéchiel 47 et 48. Mais lorsque le décret royal eut été promulgué, il n'y eut guère, outre les Lévites, que des hommes de Juda et de Benjamin qui en profitèrent, Néhémie 11:4: ce furent eux qui restèrent chargés du poids de la nationalité tout entière, et comme ils ne représentaient pas les douze tribus, l'idée même de la tribu commença à déchoir, d'autant plus que depuis longtemps les Benjamites avaient dû s'habituer à n'être traités que comme une fraction de la tribu de Juda; c'est de là que vint, pour désigner le peuple entier, le nom de Judéen ou de Juif. Dès lors aussi, les familles et non plus la tribu, devinrent la base des généalogies, Esdras 8, Néhémie 7, et les chefs de ces familles furent nécessairement considérés comme des représentants du peuple, Néhémie 10. Cependant les familles conservèrent encore, soit par leurs anciennes tables généalogiques, soit par la tradition, le souvenir des tribus dont elles étaient originaires, cf. Luc 2:36; Actes 13:21; Romains 11:1; Philippiens 3:5, et les espérances d'Israël se rattachent encore comme à une base nécessaire, au type primitif des douze tribus, Apocalypse 5:5,9; 7:4.

Quant aux dix tribus dont le retour en Palestine n'est pas raconté par les historiens sacrés, leur sort est inconnu, mais les hypothèses pour le découvrir, n'ont pas manqué. Les uns pensent qu'elles ont Uni, petit à petit et lentement, par rentrer clans leur pays, tellement qu'aux jours de saint Pierre, 1 Pierre 1:1, il n'en restait plus qu'un petit nombre dispersés dans l'exil; d'autres croient qu'elles ont fini par se fondre dans les familles des vainqueurs; d'autres, qu'elles habitent encore les montagnes de la Perse, ou qu'elles se sont répandues dans l'Inde, dans la Chine, qu'elles ont passé en Amérique où l'on peut retrouver leurs traces chez les Indiens du Nord et chez les Mexicains. Ces suppositions auxquelles Calmet a consacré un article intitulé Transmigrations, et que plusieurs auteurs modernes ont développées avec plus ou moins de talent, et souvent dans un but dogmatique, ne sont que des hypothèses, et ne valent pas une sincère déclaration d'ignorance.

Les registres généalogiques avaient pour les tribus juives une plus haute importance que pour tous les autres peuples de l'Orient; ce n'était pas seulement un souvenir historique, une filiation qu'ils étaient destinés à maintenir, c'était l'intégrité des territoires, à cause du droit d'héritage qui, chez eux, se rattachait essentiellement à la propriété foncière. Les terres restaient, ou devaient rester, dans les familles; celui qui prouvait sa filiation était par cela même propriétaire. En vertu de la constitution du pays, les tribus furent également intéressées à tenir en ordre des registres qui leur assuraient des hommes et des terres, et à ne se laisser entamer d'aucun côté. Il y eut donc des généalogies de familles et des généalogies de tribus faites ensuite de dénombrements authentiques. Aux unes et aux autres on ajoutait quelquefois, comme commentaire historique, le récit de certains faits remarquables, cf. Genèse 4:17,20; 1 Chroniques 2:3,7; 4:9-10,14,38, et peu à peu, ces additions devenant plus considérables ou plus détaillées, changèrent les registres en de véritables chroniques. L'auteur de 1 Chroniques, suivant l'usage de son temps, fait précéder son histoire proprement dite d'un coup d'oeil généalogique ou d'un extrait du registre des familles (1-8,). Dans le Pentateuque, les généalogies forment les jalons de l'histoire, et comme des espèces de sommaires, Genèse 4:17; 5:3; 9:18, etc. Exode 6:14; Nombres 3:17, et outre tous ces tableaux de détail relatifs à la famille juive et aux branches collatérales descendues d'Abraham, l'auteur sacré présente en raccourci le registre généalogique de tous les peuples issus de Noé et répandus autour de lui dans le monde. Pour les Juifs, en tant que nation, les tableaux les plus importants étaient naturellement ceux qui concernaient les sacrificateurs et la famille royale; les premiers même furent rapportés de l'exil, Esdras 2:62; Néhémie 7:64, soigneusement conservés et continués, car les Lévites qui désiraient devenir prêtres, devaient avant tout, prouver leur filiation, Esdras 2:61; Néhémie 7:64. Quant aux listes royales, nous en trouvons deux fragments, Ruth 4:17; Matthieu 1, Luc 3, qui ont pour but d'établir la généalogie de Jésus, comme issu de la famille de David.

L'exil de Babylone a dû jeter bien de la perturbation dans l'état civil des Hébreux, et comme on l'a dit, il n'y eut que les familles vraiment attachées à la foi de leurs pères, qui se donnèrent de la peine pour maintenir intacts et complets leurs arbres généalogiques, la pureté de leur race et de leur tribu.

On n'insérait en général, sur ces registres, que les noms des descendants mâles, de ceux qui perpétuaient le nom et le souvenir de la famille (mâle et souvenir s'expriment en hébreu par le même mot, zacar); il n'y avait, à cette règle, d'exception que pour les héritières, quand il n'y avait pas d'héritiers, ou pour les femmes qu'un fait spécial signalait à l'attention de la postérité, Matthieu 1:3. Les premières tables n'étant point écrites, mais confiées à la mémoire des fils et transmises de bouche en bouche, il put arriver dans plusieurs familles, que plusieurs chaînons intermédiaires furent oubliés, et que lors de la première confection de listes écrites, on dut se contenter des ancêtres dont le noms vivaient encore, en unissant par les rapports de père et de fils des hommes séparés par une ou deux générations; d'autres fois, comme chez les Arabes, on condamna expressément à l'oubli des noms mal famés, et ils furent rayés des registres; d'autres fois encore, dans l'intérêt d'une mémorisation facile, ou pour procurer une régularité factice, on omit quelques noms moins célèbres, comme Matthieu 1, où la généalogie de Jésus est réduite en trois périodes de quatorze membres chacune. D'autres noms ont été omis sans qu'on en sache le motif; par exemple, Zorobabel, fils de Salathiel, d'après Aggée 1:1; Esdras 5:2, n'était que son petit-fils, d'après la liste plus détaillée de 1 Chroniques 3:17,19; cf. aussi 1 Chroniques 7:14; avec Nombres 26:29-30, etc. Enfin, certaines familles remontant par deux branches à une source primitive, pouvaient, suivant les cas, se rattacher à l'une ou à l'autre de ces branches, ou confirmer péremptoirement par cette double généalogie une filiation importante ou contestée. Plusieurs de ces explications jetteront du jour sur les deux listes de Matthieu 1, et Luc 3, sans que nous puissions entrer dans des détails qui sont du ressort d'un commentaire;

Voir: aussi les différents articles.

Les généalogies, à la recherche desquelles s'adonnaient les Juifs d'Éphèse et de Crète, 1 Timothée 1:4; Tite 3:9, sont: ou bien une filiation que, dans un orgueil de judaïsants, les Juifs convertis cherchaient encore à établir entre eux et Abraham pour bien démontrer qu'ils étaient Juifs pur sang, par opposition aux païens, recherche que Paul condamne comme impossible ou comme oiseuse, même en cas de réussite;

— ou bien, plus probablement, il est question dans ces passages de la doctrine gnostique des émanations, des Éons, des vertus célestes qui s'engendrent les unes les autres (Irénée, Tertullien), recherche absurde et fastidieuse, comme le savent tous ceux qui s'en sont occupés, et de laquelle Paul pouvait bien dire qu'elle était de nature à produire des disputes plutôt que l'édification de Dieu.

Les douze tribus d'Israël doivent être un jour rétablies de Dieu dans le pays qui fut promis à leur père Abraham. Cette doctrine a été professée de tout temps dans l'Église chrétienne; elle fut celle de tous les Pères, soit grecs, soit latins. Elle est de la plus haute importance pour l'Église des gentils, comme pour celle des Juifs; car elle se lie d'une manière intime et nécessaire à toutes les espérances des enfants de Dieu sur le règne de Jésus-Christ, sur la résurrection des saints, sur l'avènement du Sauveur; en un mot, elle se rattache à toutes les gloires futures du peuple de Dieu. S'il fallait en venir à des témoignages pour la justifier, nous aurions bientôt cité: dans l'Ancien Testament, le 30e chapitre du Deutéronome, le 11e, le 43e et 49e d'Ésaïe; le 23e, le 31e, le 33e de Jérémie; le 1er et le 3e d'Osée; le 12e de Daniel; les déclarations d'Ésaïe dans son 28e chapitre et dans les onze suivants; et dans le Nouveau Testament, le 23e de Matthieu, le 1er des Actes, le 11e des Romains. Cependant toute la force de l'argument qu'on lire de ces nombreux passages en faveur d'un retour, encore à venir, des Israélites au pays de leurs pères, est dans le double fait que voici: «Les dix tribus d'Israël ne furent jamais rétablies, et elles existent encore quelque part.»

Il faut donc établir:

  1. Que le retour des Juifs à Jérusalem, après les soixante-dix ans de captivité à Babylone, ne les a point concernées; et
     

  2. qu'elles vivent encore en quelque contrée du globe sous des conditions telles qu'on puisse y reconnaître un jour leur identité nationale.

Le fait de la restauration future de toute la maison d'Israël (y compris Éphraïm, aussi bien que Juda), est attesté par les prophéties les plus claires (— Voir: plus particulièrement Jérémie 3:18,23; Ézéchiel 39:25,40; Osée 1:14). Et ce qui prouve incontestablement que cette prédiction n'eut point son accomplissement alors que les Juifs des deux tribus revinrent de Babylone, c'est
 

  1. que le prophète Zacharie, qui n'écrivit qu'après ce retour des Juifs à Jérusalem, prédit lui-même une restauration de la maison de Joseph (père d'Éphraïm) avec celle de Juda (chapitre 10).
     

  2. C'est qu'Ézéchiel a soin de mentionner ce petit nombre d'Israélites des dix tribus, qui se joignirent aux Juifs revenant de Babylone, et de nous dire qu'il s'agira de bien autre chose dans la restauration dernière. Il prend un bâton, et il écrit dessus: «Pour Juda, et pour les enfants d'Israël, ses compagnons.» Voilà pour le premier. Mais il reçoit l'ordre aussi d'en prendre un autre, et d'écrire dessus: Pour Joseph le bâton d'Éphraïm, et pour toute la maison d'Israël, ses compagnons.» Voilà donc les deux nations qui, dans l'avenir, doivent ne former qu'un seul et même peuple; c'est, d'un côté, Juda, avec le petit nombre des Éphraïmites qui se joignirent à lui; c'est, de l'autre, Éphraïm, avec tout le reste des dix tribus.

    — «Ils ne seront plus deux nations; ils ne se souilleront plus par leurs infamies; je les retirerai de toutes les demeures dans lesquels ils ont péché» (verset 22), dit l'Éternel. Ézéchiel 37:16.
     

  3. Enfin, c'est que les Israélites rétablis n'auront alors qu'un seul et même roi de la maison de David (Ézéchiel 37:22,24; Jérémie 30:3,9; Ézéchiel 34, Osée 3:4-5; Zacharie 12:10). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis le temps de Cyrus jusqu'à celui de Titus: il est donc encore à venir.

    Mais, si les dix tribus doivent être rétablies dans les derniers temps, et si leur identité nationale doit être alors reconnue, où sont-elles aujourd'hui? Voilà la grande question.

    Nous croyons que le livre de Grant vient y donner une réponse satisfaisante, et c'est une des principales considérations qui nous ont inspiré le désir de le faire connaître aux Églises de notre langue.

    Jérôme (qui mourut vers l'an 420) disait les dix tribus encore établies de son temps aux régions où le roi d'Assyrie les avait transportées.

    Nous apprenons aussi par divers témoignages qu'elles y étaient nombreuses encore au moyen âge, au onzième siècle, au douzième et même au quatorzième.

    Où sont-elles aujourd'hui?

    On avait répondu jusqu'ici par des conjectures de deux espèces. Les premières désignaient, comme originairement descendues des dix tribus, des nations ou des races d'hommes qui ne s'en doutaient plus, les Américains, les Welches ou Bretons, et les Irlandais; les autres alléguaient des peuples dont certaines traditions, et peut-être des tables généalogiques, paraissent attester une origine éphraïmite, les Juifs blancs de Cochin, les Afghans surtout, (— Voir: sir H. Jones, Asiatic Researches, vol. I, p. 336).

    D'autres contrées, telles que le Cachemire et l'intérieur de l'Afrique, avaient été désignées comme le séjour actuel des dix tribus; mais nous avons l'espérance que les découvertes de Grant vont enfin jeter un grand jour sur cette intéressante question.

    Cependant, il importe encore de faire observer que l'obscurité répandue depuis plusieurs siècles sur l'existence de ce peuple prophétique ne devait nullement ébranler notre foi sur l'accomplissement littéral des prédictions qui le concernent, il fallait plutôt y voir, au contraire, une confirmation de leur vérité. Les Écritures elles-mêmes nous parlent de la nuit où seront cachées ces populations miraculeuses jusqu'au jour de leur restauration. C'est une observation de M. Brooks, dans ses «Éléments d'interprétation prophétique» (p. 267-277), (— Voir: dans Ésaïe, chapitre 11, qu'il a soin de distinguer les rejetés d'Israël d'avec les dispersés de Juda. — Voir: Ésaïe 49:21-22; 16:3-4; — Voir: enfin les observations de M. Keith sur Daniel, 11:41).

Le livre du docteur Grant (les Nestoriens, ou les Tribus perdues), à la préface duquel nous avons emprunté les lignes qui précèdent, établit l'identité des dix Tribus et des Nestoriens par des preuves plutôt morales et traditionnelles, que positives et écrites. Cependant, elles ne manquent pas d'une certaine force, surtout si l'on réfléchit que chez ces pauvres Nestoriens l'instruction est nulle; que, par conséquent, des documents écrits ne sauraient avoir pour eux une grande valeur, et si l'on se rappelle ensuite qu'ils sont d'autant moins intéressés à revendiquer une communauté d'origine avec les Juifs, qu'ils ne sont pas, en général, en très bons termes les uns avec les autres. Les Juifs qui sont au milieu d'eux ne nient point le fait de leur parenté avec les Nestoriens; mais ils sont profondément humiliés de voir une pareille apostasie au sein de leur nation, et ils évitent, le plus qu'ils peuvent, d'avoir à se prononcer sur ce point.

Voici comment Grant (p. 102 et suivant) établit l'identité, depuis longtemps soupçonnée, de ces deux peuples si distincts maintenant:

  1. Je remarque d'abord, dit-il, que cette tradition est généralement répandue et reçue parmi les Nestoriens de l'Assyrie et de la Médie. Ils en parlent volontiers en tout lieu et en toute occasion. Smith et Dwhigt, dans leur courte visite aux Nestoriens, furent frappés de les entendre affirmer qu'ils étaient les descendants des dix tribus. Ils reconnaissent ce fait dans leurs conversations entre eux, aussi bien que vis-à-vis des étrangers. Un de leurs prêtres reprochait à son peuple les fautes et la responsabilité qui se trouvaient accumulées sur eux à cause de leur étroite relation avec ceux «à qui appartiennent l'alliance et les promesses», et son langage était celui de la réprimande, bien plus que celui de la flatterie. Souvent j'ai entendu leurs ecclésiastiques faire la remarque qu'ils étaient un peuple de col roide, comme leurs pères de l'Ancien Testament. Ces allusions accidentelles à leurs ancêtres hébreux, prouvent d'une manière victorieuse que leur tradition est généralement reçue comme une vérité. Quoique cela tourne à leur confusion, pas un d'entre eux ne nie qu'il ne soit enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le jeune homme et le vieillard, tous reconnaissent cette relation.
     

  2. La haine qui existe entre les Nestoriens et les Juifs écarte toute idée d'une tradition fabriquée. Quel motif pourrait les conduire à vouloir s'affilier à leurs plus implacables ennemis? Est-il croyable qu'une tradition, dénuée de fondement, et prétendant les lier à un peuple avec lequel ils ne veulent pas même manger, eût été universellement adoptée parmi les diverses tribus des Nestoriens? Par qui, et À quelle époque de leur histoire, leur aurait-elle été imposée? Comment aucune réclamation ne se serait-elle élevée au milieu d'une nation si nombreuse? Là, comme partout ailleurs, les Juifs sont les plus méprisés et les plus persécutés de tous les peuples: la haine est donc attachée à tout ce qui s'allie à eux. Par crainte de cette haine, j'ai vu des Nestoriens hésiter à répondre quand on les interrogeait sur leurs ancêtres, et cependant ils finissaient tous par convenir de leur origine juive.
     

  3. Leur ignorance des prophéties ne permet pas non plus de supposer que cette tradition ait pris sa source chez les conducteurs religieux, en vue des grandes bénédictions temporelles promises aux Juifs. Ils n'ont aucune idée de bénédictions de ce genre pour les Israélites en particulier; ils croient au triomphe final du christianisme dans le monde, mais ne réclament pour eux-mêmes aucune prééminence sur les autres chrétiens. Ils lisent peu les prophètes, et les comprennent encore moins; leur interprétation des écrits prophétiques est, en général, mystique et confuse.
     

  4. La situation écartée du grand corps de l'Église nestorienne s'oppose presque entièrement à ce que l'idée de leur origine juive leur ait pu être suggérée par les nations voisines. Ils habitent principalement des montagnes presque inaccessibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'abri de toute influence du dehors. Les étrangers n'ont que bien rarement pénétré jusqu'à eux, et je ne connais aucun peuple qui entretienne aussi peu de rapports avec ceux qui l'entourent; bien plus, si leurs voisins les avaient assimilés aux Juifs, n'auraient-ils pas repoussé jusqu'à la pensée d'une semblable connexion? Est-il croyable qu'ils l'eussent reçue comme base d'une tradition générale? et, quand il serait probable qu'une pareille falsification se fût introduite en quelque localité, comment aurait-on pu induire la nation tout entière à admettre une imposture contre laquelle se révoltaient tous leurs sentiments naturels?

    Plus loin, au chapitre 12, page 110 et suivant, M. Grant s'attache à prouver que les lieux habités aujourd'hui par les Nestoriens, sont précisément ceux dans lesquels les dix tribus furent transportées, et c'est une chose assez remarquable que, quoique emmenées captives par différents conquérants, et à quatre-vingt-dix ans d'intervalle, toutes les tribus furent établies dans la même contrée; rien ne prouve ou ne fait même supposer qu'elles aient été déplacées; au cinquième siècle, dans tous les cas, elles habitaient encore la terre de la captivité.


TRIBUT,


tributaires,

Voir: Impôts.

Le tribut, qui implique la reconnaissance d'une souveraineté, se dit ordinairement de l'impôt payé à une puissance étrangère; cependant le mot s'emploie quelquefois aussi des impôts payés au maître légitime. Dieu étant le vrai souverain d'Israël, avait la première part dans les tributs prélevés sur le pays; les rois eurent la seconde, et ils se la firent large, au point que les murmures du peuple, après le règne do Salomon, finirent par provoquer la scission du royaume. On fait souvent une révolution pour obtenir une réduction dans les impôts, et l'on est souvent trompé. Les dix tribus en firent l'expérience. Quant aux tributs étrangers, les Israélites tour à tour les imposèrent et durent les payer. Sous Salomon, les Cananéens furent rendus tributaires, 1 Rois 9:21-23. 2 Chroniques 8:8; sous d'autres princes, et surtout vers les temps qui précédèrent l'exil, ce furent au contraire les Israélites qui, tantôt à la suite d'une conquête, tantôt en vue dune alliance à obtenir, payèrent des tributs aux rois étrangers, d'Égypte, de Syrie ou d'Assyrie. Les Romains furent les derniers auxquels ils furent tributaires, et l'on trouve, Luc 2:1-2, la mention d'un dénombrement qui eut lieu sous Auguste par Cyrénius (Quirinius), dans le but de baser le tribut sur un nouveau recensement des personnes et une nouvelle estimation des biens. Les passages Matthieu 22:17; 17:24-27, renferment les déclarations les plus positives de notre Seigneur sur le paiement du tribut: les gens de ce siècle le doivent à ceux qu'ils reconnaissent pour légitimes souverains; les enfants de Dieu, les fils du vrai roi de la terre, ne le doivent pas à des rois qui ne sont rois que par un malentendu; mais ils sont tenus de le payer, pour ne pas scandaliser un monde qui pourrait les accuser de cupidité ou de rébellion, ne comprenant pas la grandeur de leurs motifs;

Voir: encore Jean 8:33; Romains 13:1-8; 1 Pierre 2:13.


TROAS,


ville de Phrygie ou de Mysie, sur l'Hellespont, à 6 lieues sud-ouest de l'ancienne Troie et à 7 lieues nord-ouest d'Assos, entre les promontoires de Rhœtée, où fut enterré Ajax, et de Sigée, le tombeau d'Achille. Antigone l'avait surnommée de son nom, Lysimaque lui donna plus tard le nom d'Alexandrie, en l'honneur d'Alexandre le Grand; Auguste lui accorda le titre de colonie de droit italien (juris italici). Saint Paul y passa au moins deux fois, et c'est là qu'il eut sa vision d'un homme macédonien (l'ange de la Macédoine, d'après Calmet), Actes 16:8,11; 20:5; cf. 2 Corinthiens 2:12. Dans un de ses voyages, il y laissa, chez Carpe, son manteau, ses livres et ses parchemins, 2 Timothée 4:13. Elle s'appelle maintenant Eski Stamboul, et ses ruines, que l'on regarde à tort comme celles de Troie, sont assez considérables pour établir l'ancienne importance de cette colonie italienne.


TROËNE.


C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu kopher, Cantique 1:13; 4:13. Luther, dans le premier passage, a conservé le mot hébreu; dans le second, il l'a rendu par cypre, la fleur de Chypre, Cyperblume, et la plupart des commentateurs, depuis les Septante, sont d'accord à le traduire ainsi; c'est l'alhenna des Arabes. Cet arbrisseau est fort abondant en Chypre; on prétend même que c'est la plante qui a donné le nom à l'île. On en trouve cependant aussi en Égypte et en Palestine, particulièrement aux environs d'Askélon et d'Hen-Guédi. Il atteint, quand on ne le coupe pas, une hauteur de 3 ou 4 mètres; ses feuilles sont lancéolées, courtes, lisses, semblables à celles de l'olivier, réunies en touffes autour des rameaux. Ses fleurs, très odoriférantes et réunies en grappes, Cantique 1:13, s'ouvrent en mai et durent jusqu'au mois d'août; elles sont d'un blanc jaunâtre et sont d'une forme très gracieuse. Les femmes égyptiennes en font des bouquets et les portent sur leur cœur. Délayées dans de l'eau, les feuilles de cet arbre séchées et réduites en poudre, font une espèce de teinture jaune-orange dont le goût oriental se sert pour orner les ongles, les pieds, les lèvres et les cheveux de ses beautés; avec une décoction de séné, cette teinture est d'un brun foncé; l'on s'en sert pour se noircir les cheveux et la barbe. Les fruits sont renfermés dans des capsules d'abord vertes, puis rougeâtres, à quatre loges; les grains sont bruns, durs et triangulaires. Calmet appelle cet arbuste souchet. C'est la lawsonia spinosa inermis de Linnée.


TROGYLE,


Actes 20:15, ville et promontoire de l'Ionie, située entre Éphèse et l'embouchure du Méandre, au pied du mont Mycale.


TROIS-BOUTIQUES,


Voir: Forum d'Appius.


TROMPETTES,


Voir: Musique.


TRÔNE,


le siège officiel sur lequel, revêtus de vêtements magnifiques, s'asseyaient les rois, soit à leur avènement, soit dans des audiences solennelles, ou lorsqu'ils rendaient la justice, 1 Rois 2:19; 22:10; 2 Rois 11:19; Esther 5:1; Proverbes 20:8. C'était un grand fauteuil avec un marchepied, parfois aussi avec plusieurs degrés, Ésaïe 6:1. Le trône de Salomon est célébré dans l'Écriture comme une merveille, 1 Rois 10:18, et les rois de l'Orient en général ont toujours attaché une grande importance à la beauté et au luxe des ornements de ce siège; le trône des Hérodes était d'or ou doré, Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 1, 1;

Voir: aussi Odyss., 1, 130; 4, 136, la description que fait Homère des trônes de ses princes.

Le trône était l'un des signes distinctifs du pouvoir royal, Genèse 41:40; les expressions: être assis sur le trône, ou s'asseoir sur le trône de quelqu'un, sont souvent prises dans un sens figuré, pour régner ou succéder à un roi, Deutéronome 17:18; 1 Rois 1:13; 16:11; 2 Rois 10:30. L'Écriture contient un grand nombre d'images empruntées à cet emblème de la royauté: les cieux sont le trône de l'Éternel, et la terre est le marchepied de ses pieds, Ésaïe 66:1; cf. Psaumes 89:14; 110:1; Luc 22:69; Actes 7:49. Jésus lui-même et les vieillards de l'Apocalypse sont assis sur des trônes pour juger le monde, Apocalypse 3:21; 4:4.


TROPHIME,


disciple d'Éphèse, païen de naissance, qui accompagna Paul dans son troisième voyage missionnaire, d'abord de Troas en Macédoine, puis à Jérusalem où il fut l'occasion des persécutions qu'éprouva l'apôtre et qui le conduisirent à Rome, Actes 20:4; 21:29. On ne le retrouve plus dès lors que malade à Milet, 2 Timothée 4:20, et ceux qui, comme Winer, n'admettent pas deux captivités de Paul à Rome, avouent qu'ils ne peuvent expliquer ce détail; Trophime ne fut laissé malade à Milet par l'apôtre que lorsqu'ils y passèrent une seconde fois, c'est-à-dire après la délivrance de la première captivité, puisqu'après y avoir passé une première fois ils continuèrent ensemble leur voyage jusqu'en Judée. La tradition porte qu'il souffrit le martyre à Rome avec saint Paul. Incertain.


TRYPHÈNE et Tryphose,


Romains 16:12, peut-être deux sœurs, disciples de Rome, qui travaillaient pour le service du Seigneur; elles ne sont connues que par cette honorable mention, et par des traditions sans valeur.


TSAANAN,


Michée 1:11, ville de Palestine que Bochart et Michaélis identifient avec le Tsénan de Josué 15:37.


TSADOC,


fils d'Ahitub, descendant d'Ithamar, 1 Chroniques 6:8; 18:16; 2 Samuel 8:17; 20:25, connu par sa fidélité à David. Il régla, de concert avec Abiathar, tout ce qui concernait le transport de l'arche à Jérusalem, 1 Chroniques 15:11, obéit à David lors de la révolte d'Absalon, resta dans la ville sainte auprès du traître, et fit passer à David par l'intermédiaire de son fils, de sages et précieux avis, 2 Samuel 15:24; 17:15. Il calma l'effervescence populaire après la mort d'Absalon, 2 Samuel 19:11, prit parti contre Adonija, et sacra Salomon roi d'Israël pendant que la conspiration se tramait. Ses services furent récompensés par la collation de la souveraine sacrificature, qui fut enlevée à Abiathar exilé, et qui rentra ainsi dans la branche aînée, 1 Rois 1:8; 2:35; 4:4 (sans que l'on sache comment elle en était sortie). Quelques auteurs pensent qu'Abiathar et Tsadoc avaient exercé simultanément la sacrificature, l'un à Jérusalem, l'autre à Gabaon, 1 Chroniques 16:39; d'autres, que Tsadoc était sagan ou vicaire d'Abiathar; mais la déposition de ce dernier et son remplacement par Tsadoc, montre évidemment qu'ils se sont succédé, et l'historien sacré a pu dire, sans se contredire, qu'ils avaient tous deux exercé la sacrificature de leur temps.


TSAHANNAJIM,


Juges 4:11, et Tsahanannim, Josué 19:33 (par erreur Tsahannim dans quelques éditions françaises), une des villes frontières de Nephthali, probablement vers le nord; quelques auteurs ont traduit le Alôn de Tsahanannim de Josué 19:33, par le chêne des nomades,

Voir: Rosenmuller;

mais si cette traduction est possible, il est cependant peu vraisemblable que, dans une délimitation de frontières, un chêne serve de limites, et que deux noms soient ainsi pris dans un sens appellatif.

— On a cru que cette ville est le Saana de Ptolémée, entre Abila et Ina (?).


TSALMUNAH


(ombre),

Voir: Zébah.


TSARTHAN


(détresse), en deçà du Jourdain, Josué 3:16, et non loin de ses rives, vis-à-vis de Succoth, 1 Rois 7:46; probablement le même endroit que Tsarthana, 1 Rois 4:12, ou Tseredatha, 2 Chroniques 4:17 (dans l'hébreu), ou Tséréra, Juges 7:22, ou Tséréda, 1 Rois 11:26 (lieu de naissance de Jéroboam): dans ce cas elle aurait appartenu à la tribu d'Éphraïm. Presque toutes ces légères différences ne proviennent que de la facile confusion des lettres hébraïques r et d, et des finales locales.


TSÉBOIM


(chèvres, biches).

  1. Ville de Benjamin située dans une vallée, Néhémie 11:34; 1 Samuel 13:18.
     

  2. Une des villes de la plaine, qui furent détruites avec Sodome et Gomorrhe, dans la vallée de Siddim, Genèse 10:19; 14:2,8; Deutéronome 29:23; Osée 11:8.


TSÉLAH


(côte), ville de Benjamin, dans laquelle furent enterrés Saül et son père, 2 Samuel 21:14; Josué 18:28.


TSÉLOPHCAD


(ombre de la crainte), 1 Chroniques 7:15; Nombres 26:33; 27:1; Josué 17:3, était fils d'Hépher, de la tribu de Manassé, resta en dehors de la conspiration de Coré, mais mourut au désert conformément à la condamnation divine prononcée contre la génération du désert. Il ne laissait après lui que cinq filles, qui se trouvèrent déshéritées en vertu de la loi des héritages qui n'accordait de terres qu'aux enfants mâles; le nom de leur père allait s'éteindre, celui de leur aïeul périssait, si l'on n'établissait qu'en l'absence d'enfants mâles les filles devenaient aptes à hériter. Leur réclamation, portée devant Moïse, fut trouvée juste, et elles eurent un territoire assuré. Mais la tribu de Manassé réclama à son tour, craignant que le mariage de ces filles avec des hommes d'une autre tribu ne diminuât son territoire, et un second décret statua qu'une fille, après avoir hérité des biens de son père, ne pourrait se marier que dans sa tribu, Nombres 36:6. Les filles de Tsélophcad s'v conformèrent.


TSÉMARAJIM.


  1. Ville de Benjamin, Josué 18:22.
     

  2. Une des montagnes d'Éphraïm, 2 Chroniques 13:4, peut-être celle sur laquelle fut bâtie la ville de ce nom.


TSÉMARIENS,


Genèse 10:18, peuplade cananéenne, nommée entre les Arvadiens et les Hamathiens: on croit en retrouver les traces (Schrœder) dans la ville phénicienne de Simyra, située au pied du Liban, sur le fleuve Éleutherus, Ptolém. 5, 15. Pline 5, 17. Shaw en a vu les ruines à environ 8 ou 10 lieues sud-est de Tortosa. L'opinion de Hamaker qui place les Tsemariens sur les bords du Tamyras entre Béryte et Sidon, ne s'appuie que sur cette analogie de nom; et les rabbins, suivis par Jérôme, qui pensent à la ville d'Émesa ou Émissa, magnifique ville située sur l'Oronte en Syrie, avec un temple du soleil, nous transportent trop loin, et oublient que cette ville ne fut construite que beaucoup plus tard.


TSÉRÉRA,


Voir: Tsarthan.


TSÉRUIA,


sœur de David, fille de sa mère, d'un premier mari nommé Nahas, n'est connue que par ses trois fils Joab, Abisaï, et Hazaël, 2 Samuel 2:18; 17:25; 1 Chroniques 2:16. Elle est souvent nommée avec eux; son mari est complètement inconnu.


TSIBA


(soldat, guerrier), 2 Samuel 9:2, ancien serviteur de Saül, se distingua plus sous le nouveau régime par son habileté, que par sa fidélité. Nommé par David intendant des domaines restitués à Méphiboseth, il goûta les douceurs de l'indépendance, et ne rêva rien moins que de devenir le propriétaire des biens qu'il administrait; lors de la révolte d'Absalon, il vint au-devant de David sur le mont des Oliviers, lui offrit quelques provisions, et fut naturellement interrogé sur ce qu'il savait; il dénonça son maître, Méphiboseth, comme aspirant à la couronne, et cette infâme calomnie, quoique mal inventée et mal racontée, lui assura la possession de ces domaines qu'il convoitait, 2 Samuel 16. Lorsque la victoire fut assurée à David, et qu'il eut repris le chemin de Jérusalem, Tsiba, craignant que la lumière ne se fît jour pendant la paix, vint avec ses quinze enfants et vingt serviteurs, se mit à la suite de Simhi qui sollicitait son pardon, ne vit ses intrigues qu'à moitié déroulées, et n'eut à restituer que la moitié des biens qu'il avait si honteusement acquis. Il eut tous les dons qu'il faut pour réussir par le mal, et n'eut aucune des qualités qui font une bonne réputation; de l'esprit, mais point de cœur.


TSIDKIJA


(justice de l'Éternel), fils de Kénahana, 1 Rois 22:11; 2 Chroniques 18:10, imposteur et chef d'une école de faux prophètes. Le front armé de cornes de fer, symboles d'une puissance extraordinaire, Michée 4:13, il se présenta devant Achab qui le consultait sur la guerre qu'il allait porter en Ramoth de Galaad, et flattant ses désirs, il lui annonça une victoire éclatante, au nom de l'Éternel. Le prophète Michée ayant osé lui répondre par des oracles plus vrais, Tsidkija s'emporta violemment contre lui jusqu'à le frapper; Michée en appela à l'accomplissement, et annonça à cet imposteur une honte et une fuite prochaine. L'accomplissement de cet oracle ne nous est pas raconté. Tsidkija et les siens paraissent n'avoir pas été compris dans l'exécution des faux prophètes ordonnée par Élie, cette dernière n'ayant porté apparemment que sur les prêtres de Banal, 1 Rois 22:6; cf. 18:19. Il fallait que l'imposteur jouît à la cour d'Achab d'une bien grande faveur pour avoir osé s'emporter devant le roi, et cette colère qui à elle seule eût suffi pour prouver l'imposture, prouve aussi que la majesté d'Achab était complice des fourberies du faux prophète.


TSIHOR


(petit), Josué 15:54, ville des montagnes de Juda, située, d'après Eusèbe qui croit en avoir retrouvé les restes, entre Jérusalem et Éleuthéropolis.


TSIKLAG


(mesure pressée), ville cananéenne, qui, après avoir appartenu successivement aux tribus de Juda et de Siméon, Josué 15:31; 19:5, était retombée entre les mains des Philistins, et se trouvait, aux jours de David, sous la dépendance du roi de Gath, 1 Samuel 27:6. Elle fut assignée pour demeure à David qui en fit le centre de ses expéditions militaires, 1 Samuel 30:1,14,26; 2 Samuel 1:1; 4:10. Dès cette époque, elle redevint Israélite, et après l'exil on la retrouve habitée par des Juifs, Néhémie 11:28. Elle était située au sud du pays, au pied des montagnes de Juda, et sur un torrent qui se jette dans le Bésor.


TSIN


(bouclier), désert de l'Arabie Pétrée. Les Israélites du désert y arrivèrent de Hetsjon-Guéber, Nombres 33:36, espérant de là pénétrer en Canaan en traversant le pays des Édomites qui l'avoisine, Nombres 34:3. C'est un plateau dont la partie la plus élevée (1,500 à 2,000 pieds au-dessus de la mer) est située vers le sud et vers l'est, et qui s'abaisse au nord vers les montagnes de Juda, et surtout à l'ouest vers la Méditerranée, Nombres 13:22; Josué 20:1. Le sol est d'une extrême aridité; à peu près aucune source; rien que des réservoirs et des puits taillés dans le rocher; pas un seul ruisseau qui atteigne la mer; des rochers nus et inhabités; des serpents et des scorpions. Kadès est la seule ville nommée comme appartenant à cette solitude désolée, Nombres 20:1; 27:14. Le désert de Tsin et celui de Paran qui le touche, portent aujourd'hui le nom de Djebel el Tyh Beni Israjël, la montagne des errements des fils d'Israël. Il ne faut pas le confondre avec le désert de Sin, q.v.


TSINNA,


ville de Juda, située probablement au midi, Nombres 34:4; Josué 13:3.


TSOBA, ou plus complètement Aram Tsoba,


la Syrie de Tsoba, 2 Samuel 10:6; Psaumes 60, petite monarchie syrienne dont les rois, sous Saül d'abord, puis sous David, s'unirent fréquemment avec des puissances voisines, les Araméens, les Hammonites, pour faire la guerre à Israël, mais furent défaits par David en deux rencontres, 1 Samuel 14:47; 2 Samuel 8 et 10. D'après le nombre de leurs troupes, et la richesse du butin qu'ils laissèrent entre les mains des Israélites, on peut conclure qu'ils étaient assez puissants, et le pays paraît leur avoir offert assez de ressources pour que bientôt après une défaite importante ils aient pu de nouveau se remettre en campagne, 2 Samuel 8:3; 10:6. Peut-être avaient-ils au-dessous d'eux des rois vassaux, 2 Rois 10:6. Le nom d'Hadadhéser, q.v., était commun, probablement héréditaire chez les Rois de Tsoba. Malgré l'espèce d'importance de ce petit pays, ou ne sait au juste ou il était situé; d'après 1 Samuel 14:47, il aurait été proche voisin de la Palestine, tandis que 2 Samuel 8:3; 10:6, le renvoie aux rives de l'Euphrate, et que 2 Samuel 8:5,9, le place dans le voisinage de Hamath et de Damas: les deux noms Bétah et Bérothaï, 2 Samuel 8:8, sont trop peu connus pour fournir une indication, et l'on peut supposer que David n'aura pas poussé beaucoup plus loin que les villes frontières. Le plus probable c'est que la Syrie de Tsoba s'étendait au nord-est de Damas, entre l'Oronte et l'Euphrate, peut-être jusqu'à ce dernier fleuve. Les rabbins pensent qu'il s'agit de la contrée d'Alep, d'autres à Accad, Genèse 10:10, d'autres au pays de Nisibis, Bochart enfin à la partie de l'Arabie la plus voisine de Damas vers le sud.


TSOHAN,


ville d'Égypte, Nombres 13:23, de la Basse-Égypte, Psaumes 78:12,43, qui paraît être devenue une des capitales de ce pays aux jours d'Ésaïe, 19:11,13; 30:4, et d'Ézéchiel 30:14. Elle porte dans les Septante et dans les historiens profanes le nom de Tanis, et paraît avoir été, avant Psammétique, le siège d'une dynastie royale. Elle était située au milieu du lac Manzalé ou Tanis, formé par trois bouches du Nil, et l'on en trouve encore sous le nom de Zôn ou Tsôn des ruines assez considérables sur le bord oriental du bras tanitique de ce fleuve, à quelques lieues de Manzalé (Diospolis).


TSOHAR,


d'abord nommée Bélah, Genèse 14:2; cf. 19:22, ville située à l'extrémité sud de la mer Morte, Genèse 13:10; cf. Deutéronome 34:3; Ésaïe 15:5; Jérémie 48:34, dans une plaine fertile et très large. Elle était gouvernée par ses rois propres au temps d'Abraham, Genèse 14:2, et fut épargnée lors de la catastrophe qui abîma les autres villes de la plaine, Genèse 19:22. Elle n'appartint jamais aux Israélites; les Moabites la possédèrent, Jérémie 48:34. Après l'exil, ce furent les Arabes qui s'en emparèrent, et ce sont encore eux qui la possèdent aujourd'hui; elle est habitée par 300 pauvres familles de paysans, qui montrent aux voyageurs, pour de l'argent, les prétendus restes de la statue de la femme de Lot. D'après Eusèbe, les Romains y auraient eu une garnison, et la contrée environnante aurait produit du baume.


TSOPHAR,


Job 2:11, Nahamathite, soit que ce nom désigne sa famille ou sa patrie, est le plus obscur des trois amis de Job; il est à la fois le plus violent et le plus faible; il parle dans un langage affecté, et, à la fin de son discours, il ne sait que se répéter lui-même. Ses reproches roulent surtout sur la prétention de Job d'être innocent. En ne parlant que deux fois, il se rend justice, Job 11:1; 20:1. Il assiste au sacrifice qui termine le livre Job 42:9, et, selon le système de quelques commentateurs, il est lui-même la victime expiatoire.


TSORHA,


ville située dans les plaines de Juda, dans la partie septentrionale de Sephéla, Josué 15:33, mais appartenant à la tribu de Dan, Josué 19:41. Voisine d'Estaol, elle est célèbre comme lieu de naissance, et comme séjour habituel de Samson, Juges 13:25; cf. 18:2,8,11. Dans la suite, elle devint forteresse frontière du royaume de Juda, 2 Chroniques 11:10, et fut, après l'exil, encore habitée par des Juifs, Néhémie 11:29.


TSUR,


l'un des cinq rois de Madian, sans doute le chef d'une des cinq branches de cette famille (Genèse 25:4) Nombres 31:8. Père de l'impudique Cozbi, il périt dans la guerre qui suivit les désordres de sa fille, Nombres 25:15; 31:8.


TUBÂL ou Thoubal


(la terre, le monde), l'un des descendants de Japhet, nommé Genèse 10:2, entre Javan et Mésec; et il est encore nommé avec ces deux peuplades Ézéchiel 27:13, avec Mésec seulement, Ézéchiel 32:26; 38:2-3; 39:1, avec Javan seul, Ésaïe 66:19. La peuplade à laquelle il donna son nom était représentée dans ces passages comme une race belliqueuse, soumise à Gog, et qui amenait sur le marché de Tyr du cuivre et des esclaves, Ézéchiel 27:13. On a vu à l'article Mésec que ce sont probablement les Tibaréniens qui représentent l'ancienne race de Tubal; c'est l'opinion de Bochart et de Michaélis, et elle s'accorde parfaitement avec ce que l'Écriture nous dit des produits de Tubal, car on sait que dès les plus anciens temps les montagnes de l'Arménie et du Caucase ont été riches en métaux, surtout en cuivre, et que, de nos jours encore, les esclaves de la Mingrélie et de la Géorgie sont très recherchés. Les Tibaréniens et les Méséchiens étaient administrativement et militairement unis au temps des Perses.


TUBAL-CAÏN,


fils de Lémec et de Tsilla, inventa l'art de travailler les métaux, Genèse 4:22, comme semble même l'indiquer, d'après l'étymologie perse et arabe, son nom, dont la forme hébraïque primitive est Twalkan ou Twalkin. C'est le dernier rejeton de la famille de Caïn dont la Bible fasse mention, et elle s'arrête sur son nom, comme s'il devait essentiellement caractériser la famille entière. Son nom, qui, d'après les uns, signifie possession terrestre, et, d'après les autres, forgeron, ouvrier en métaux, doit rappeler, d'après Schrœder, une sorte de restauration de Caïn, l'éloge du premier fratricide. Quoi qu'il en soit du sens, ce nom a été conservé, avec peu de modifications, dans presque toutes les traditions profanes: Vulcain, Telchines, chez les Grecs, Dvalinn dans la mythologie du Nord, passent pour les premiers forgerons, et des armes sortirent de leurs ateliers en même temps que les instruments pacifiques de l'agriculture. L'art de forger les métaux est si précieux, qu'il n'est pas étonnant que le nom du premier inventeur ait échappé à l'oubli, et que la plupart des peuples païens l'aient divinise.


TUNIQUE,


Voir: Vêtements.


TURBAN.


C'était la coiffure ordinaire des anciens Hébreux des deux sexes; mais on ne saurait en déterminer la forme qui, d'ailleurs, devait varier beaucoup suivant les goûts des individus. Quatre noms différents sont employés dans l'Écriture:

  1. Tsaniph paraît avoir désigné la coiffure en général, celle des hommes, Job 29:14; des femmes, Ésaïe 3:23, et du souverain sacrificateur, Zacharie 3:5. Nos versions l'ont traduit par tiare, un peu au hasard.
     

  2. Mitsnépheth, également traduit par tiare, était la coiffure du souverain sacrificateur, Exode 28:4,37,39; 29:6; Lévitique 16:4. Il n'est employé que Ézéchiel 21:31, en parlant d'une coiffure royale.
     

  3. Le migbahah (calottes), la coiffure des simples prêtres, Exode 28:40; 29:9; Lévitique 8:13.
     

  4. Le peér, traduit par magnificence, Ésaïe 61:10; par bonnet, Ézéchiel 24:17, et par atours, Ésaïe 3:20, était une coiffure de luxe pour les hommes (les époux) et les femmes; selon Schrœder, un turban dressé sur la tête comme une petite tour, et qui servait de décoration. Ces deux derniers noms sont employés Exode 39:28, en parlant des prêtres (les ornements des calottes), cf. Ézéchiel 44:18.

Le tsephira de Ésaïe 28:5, signifiant une couronne, n'appartient pas ici.

Les Arabes et les Persans de nos jours portent des turbans souvent magnifiques, ordinairement entourés d'une large pièce de mousseline; mais il ne paraît pas que ces turbans modernes aient été connus des anciens; on ne voit sur les ruines de Persépolis que des espèces de bonnets plats ou pointus, et des turbans formés de bandelettes entrelacées, qui se terminent en pointe. C'est probablement cette dernière coiffure qui faisait l'ornement des riches Israélites. Quant aux pauvres, ils se bornaient à rattacher leurs cheveux avec un ruban, ou même une ficelle, pendant leur travail, ou bien ils les retenaient avec un linge, un mouchoir quelconque, noué sur la tête.

— On croit trouver les turbans des Caldéens mentionnés Ézéchiel 23:15, et ceux des Perses, Esther 8:15; Daniel 3:21; d'autres pensent qu'il s'agit là de manteaux.


TYCHIQUE,


chrétien de l'Asie Mineure, et l'un de ses disciples à qui saint Paul témoigna le plus de confiance; il accompagna l'apôtre dans son cinquième voyage, de Troas à Jérusalem, en passant par la Macédoine, Actes 20:4, le rejoignit ou l'accompagna à Rome, ou Paul le chargea de porter à Éphèse, à Laodicée et aux Églises des environs, l'Épître aux Éphésiens, Éphésiens 6:21, pendant qu'Onésime en portait une autre à peu près semblable aux fidèles de Colosses, Colossiens 4:7. Tychique n'arriva dans cette dernière ville qu'après Onésime. Puis il rejoignit Paul, qui l'envoya d'abord en Crète remplacer Tite qu'il rappelait, Tite 3:12; puis à Éphèse, 2 Timothée 4:12. Sa vie, si bien remplie, fut, jusqu'à la fin, honorée de la confiance de l'apôtre. La tradition fait de Tychique un évêque de Chalcédoine en Bithynie.


TYPE.


Ce mot grec, τύπος, dérivé du verbe τύπτω qui signifie frapper, est employé dans divers sens par les auteurs du Nouveau Testament. Il désigne:

  1. L'effigie, l'empreinte, l'impression que fait une chose dure sur une autre qui l'est moins, par exemple l'empreinte d'un cachet sur la cire; Jean 20:25, les marques des clous sur les pieds et sur les mains du Sauveur.
     

  2. Toute ressemblance entre deux objets, modèle, image, simulacre, plan, Philippiens 3:17; 1 Thessaloniciens 1:7; 1 Corinthiens 10:11; Actes 7:43, contenu exact (d'une lettre), Actes 23:25.
     

  3. Un modèle à suivre, un exemple dont nous devons tirer des leçons, 2 Thessaloniciens 3:9; Tite 2:7, etc.
     

  4. Ce mot désigne encore dans l'Écriture certaines choses qui appartenaient à l'économie de l'Ancien Testament, lesquelles en figuraient d'autres qui devaient se réaliser dans le Nouveau. C'est en ce sens qu'il est dit, par exemple, qu'Adam était le type de celui qui devait venir, savoir de Jésus-Christ, Romains 5:14. (Les mots ombre et figure, σκιά ύπόδειγμα, sont quelquefois synonymes du mot type, Colossiens 2:17; Hébreux 10:1, et l'accomplissement du type, sa réalisation, est appelée anti-type, ou Corps, τό άντίτυπον, σώμα.)

C'est ce dernier sens que la théologie dogmatique donne le plus habituellement au mot type, et ce sens étant convenu, il reste encore à s'accorder sur ce qu'il signifie; car, bien que l'on soit d'accord d'une manière générale, on ne l'est plus quand on en vient aux détails. La doctrine, la théorie, et à certaines époques la manie des types a pris des développements si considérables, qu'on a fini par tomber, d'un côté dans les jeux d'esprit, de l'autre dans la négation même des types, et dans leur rejet absolu.

Il est extrêmement difficile, si même c'est possible, de donner une définition exacte des types, de manière à les distinguer nettement des symboles, des allégories, et même des rapports accidentels. Où commencer? ou s'arrêter? Quel sera le juste-milieu entre ceux qui, avec quelques théologiens modernes, ne voient de types que dans les sacrifices, l'agneau pascal, et la grande fête des expiations, et ceux qui prétendent, avec Philon, que laver le ventre de la victime signifiait se nettoyer de toute souillure, que laver les pieds des victimes c'était se détacher de la terre et tendre vers les cieux, et avec Augustin, que le serpent d'airain a été fait, non de pierre ou de bois, mais de métal travaillé au feu, parce que Jésus-Christ n'a pas été, comme les autres hommes, le fruit d'une union conjugale, mais a dû la naissance au feu du Saint-Esprit. Les définitions les plus simples, comme les plus compliquées, laissent à l'arbitraire une marge considérable.

On peut se borner à dire avec M. Guers que: «nul type ne doit être reçu que sur l'autorité de la parole de Dieu; tout symbole qu'elle ne sanctionne pas doit être rejeté; tout symbole qu'elle admet doit être reçu avec une entière soumission de foi; ainsi, par exemple, celui du tabernacle.»

On peut avec g, des Bergeries, réduire à quatre les marques d'un véritable type. La première, si l'Écriture prononce quelque part que telle chose charnelle est le type, le signe ou l'ombre d'une chose spirituelle. La seconde, si le nom ou la description d'une chose décrite, prédite ou instituée sous l'Ancien Testament, est appropriée à une chose spirituelle sous le Nouveau. La troisième, si l'on ne peut apercevoir aucune raison pour laquelle une chose est instituée, si ce n'est en ayant recours à quelque mystère de type. La quatrième, si la chose instituée dans le Vieux Testament a une belle et naturelle analogie avec une autre chose spirituelle qui appartienne à l'Évangile.

Malgré la forme, tout cela est singulièrement vague.

On peut encore dire avec le ministre Reymond, éditeur du livre de Bergeries: «Sans être de ceux qui voient des types partout, qui poussent la manie des types jusqu'à la licence, nous pensons cependant que nous pouvons et devons chercher un sens mystique et figuratif dans bien des faits, dans bien des récits et dans maintes circonstances où nous ne soupçonnons pas de sens caché. Qui aurait vu et trouvé, avant l'apôtre Paul, une institution typique dans la défense d'emmuseler le bœuf qui foule le grain? Il en est de même de l'allégorie qu'il tire d'Agar et de Sara: le plus spirituel des chrétiens n'aurait osé voir dans ces deux femmes l'alliance des œuvres, et l'alliance de grâce. Nous ne nous serions pas avisés davantage de chercher des types dans ce qui arriva aux enfants d'Israël au désert, et cependant le même apôtre nous apprend que «ces choses leur arrivaient en figures, et qu'elles sont écrites pour notre instruction (1 Corinthiens 10).» Les types de Jonas, de Jérusalem et de son temple, ne se seraient pas d'abord présentés à notre esprit, et cependant le Nouveau Testament ne laisse pas la moindre incertitude à cet égard.»

Toutes ces assertions, car on ne saurait les appeler autrement, ne font pas avancer la question, et ces définitions ne définissent rien.

On peut, comme on le fait habituellement, distinguer les types en personnels, sacramentels, rituels, lévitiques, dogmatiques, locaux, etc., ou bien admettre avec Bickersteth des personnes typiques (Adam, Melchisédec), des choses typiques (l'arche de Noé, la manne), des institutions (la circoncision), des lieux (les villes de refuge), des instruments (le chandelier d'or), des offrandes et sacrifices (presque tous), des époques (la pâque, la pentecôte), et enfin des purifications typiques (la purification de la lèpre); l'admission ou le rejet de tous ces types dépendra évidemment de la définition même qu'on donnera du mot pour commencer. Car tout est là.

Ce sont les Pères de l'Église qui, les premiers, et par une fausse spiritualité dont ils ont donné d'autres preuves encore, ont ouvert cette abondante carrière de types; c'était dans leur caractère et dans la nature de leur foi. Leur maxime était que «les paroles des livres saints signifient tout ce qu'elles peuvent signifier», et Augustin ne s'est pas rappelé cette autre maxime si sage, qu'il avait lui-même formulée: «En pressant le raisin, on obtient du vin, mais en le pressant trop, on obtient une piquette amère. «Ils ont voulu aller au-delà de ce qu'avaient fait les apôtres, et pour les imiter et perfectionner leur ouvrage, ils ont cherché et trouvé partout des sens typiques et allégoriques.

Ainsi le pressoir où Gédéon battait son blé, le blé qu'il battait, l'ange qui lui apparaît, l'arbre sous lequel se fit cette apparition, tout enfin, dans l'Ancien Testament, est devenu pour eux des types. Justin et Clément d'Alexandrie ont frayé cette voie dans laquelle se sont jetés plus ou moins Chrysostôme, Bernard, Ambroise, Grégoire, Jérôme même, et pardessus tous Augustin et Origène. «Le fils de Dieu, dit Augustin, est appelé la vigne, car c'est lui qui était figuré par la grappe de raisin que les deux espions rapportèrent de Canaan, suspendue à un bâton, pour marquer le Sauveur suspendu à la croix. Les deux hommes qui portaient la grappe représentaient les Juifs et les païens; celui qui allait le premier tournant le dos au raisin, est l'emblème des Juifs qui ont précédé Jésus-Christ, et lui ont tourné le dos et non le visage, comme Dieu s'en plaint, Jérémie 2:27; les païens, au contraire, qui ont embrassé le christianisme, sont figurés par celui qui marchait le second en regardant la grappe.» Il serait aisé de citer un grand nombre d'exemples de ce genre, les écrits de ce père en fourmillent. Pour Origène, se fondant sur ce que le culte lévitique était une figure du christianisme, il a voulu voir des types jusque dans les moindres ustensiles employés au service du temple.

Après les Pères sont venus les scholastiques qui, appliquant cette méthode aux sentences de Moïse et des prophètes, ont ainsi tâché de justifier des cérémonies et des dogmes qui n'avaient point de fondement dans la Bible; c'est ainsi qu'ils ont fondé le pouvoir temporel et spirituel du pape sur les deux épées que Pierre présente au Sauveur: les sandales et souliers que l'on voit aux pieds des prélats chantant la messe, n'y sont que parce qu'il est écrit au Psaumes 60: «Je jetterai mes souliers contre Édom»; leurs gants viennent de ce qu'il est écrit: «Que votre main droite ne sache pas ce que fait votre main gauche» (Matthieu 6:3); et ces gants sont de peau, et non pas de soie ou de filoselle, parce que Jacob avait les mains couvertes de peaux quand il surprit la bénédiction d'Isaac (Innocent III, liv. I des Myst., chapitre 41 et 57, — Voir: Puaux, Anat. du Papisme, p. 265)

De pareilles aberrations font naturellement réfléchir. On aurait tort sans doute de conclure de l'abus contre l'usage, mais on est conduit à examiner les titres mêmes de l'usage, et la question se pose encore ici: que faut-il entendre par un type?

Lorsque nous examinons nos saints livres, nous trouvons un assez grand nombre de comparaisons que Jésus-Christ et les apôtres ont établies entre certains objets des deux alliances, qui paraissent renfermer des figures de Christ et de ses bienfaits. C'est ainsi que par rapport à la personne de Jésus-Christ, on voit expliqués typiquement: Jonas (Matthieu 12:39),

— le serpent d'airain (Jean 3:14), Adam (Romains 5:14), Melchisédec (Hébreux 7,) auquel plusieurs veulent qu'on ajoute Salomon (Matthieu 12:42; Hébreux 1:8-9),

— David (Romains 1:4; Hébreux 1:5), ainsi que les rois, les sacrificateurs et les prophètes. Par rapport aux bienfaits du Messie, on trouve l'agneau pascal (1 Corinthiens 5:7; Jean 19:36),

— tout l'appareil des sacrifices, et, en particulier, la fête des Expiations (Hébreux 9, et 10,),

— l'arche de Noé (1 Pierre 3:20),

— la terre de Canaan (Hébreux 4),

— Sara et Agar (Galates 4:22),

— Jacob et Ésaü (Romains 9:10),

— l'union d'Adam et d'Ève (Éphésiens 5:31).

Tous ces objets sont liés avec leurs analogues par des rapports plus ou moins étroits. Les uns, tels que l'agneau pascal, la fête des Expiations, nous offrent des analogies si belles et si frappantes avec la doctrine chrétienne, leur qualité typique rend si bien raison de leur institution, que nous ne pouvons nous empêcher d'y voir l'empreinte de l'intervention divine, et qu'il ne nous paraîtrait point étrange qu'on classât ces objets parmi les types, fussent-ils dépourvus de tout témoignage biblique. Les autres, au contraire, malgré ces témoignages, n'inspirent que des doutes sur leur nature emblématique. Ils offrent, avec les objets chrétiens, des ressemblances tellement accidentelles, qu'ils donnent naissance à une forte objection, non seulement contre leur qualité de types, mais encore contre celle des objets de la première classe, par la difficulté apparente de poser entre eux une ligne de démarcation.

Si l'on savait mieux distinguer entre types et comparaisons, on limiterait rapidement le nombre des premiers, et l'on serait plus libre de donner, en bonne conscience, carrière à son imagination pour ce qui concerne les autres. Le Nouveau Testament lui-même, qu'on invoque, serait interprété d'une manière plus judicieuse et plus simple, et l'on ne se heurterait plus contre certaines comparaisons que les plus intrépides défenseurs des types reconnaissent qu'ils n'auraient eux-mêmes pas eu le courage de considérer comme tels; ainsi Galates 4,

Voir: plus haut.

La Bible ne donne pas des directions très précises sur le sujet des types, qui est bien loin de jouer chez elle le même rôle que dans quelques-uns des ouvrages de notre littérature religieuse, ancienne et moderne. L'Ancien Testament garde sur ce point un silence complet (sauf peut-être Deutéronome 10:16; Jérémie 4:4, qui donnent un sens figuré à la circoncision, et Psaumes 110, où le sacerdoce de Jésus-Christ est comparé avec celui de Melchisédec). Quant au Nouveau Testament, il renferme quelques passages peu nombreux qu'on a l'habitude d'invoquer, et qui méritent d'être examinés sous ce point de vue.

Le passage classique, fondamental, est 1 Corinthiens 10:6: «Ces choses ont été des exemples (grec, types) pour nous.» Il s'agit des Corinthiens, dont la vie n'était pas en harmonie avec la doctrine chrétienne, et qui pensaient qu'après avoir reçu le baptême et la sainte cène, ils étaient enfants de Dieu, indépendamment de la réalité de leur foi. Saint Paul leur rappelle des faits analogues de l'Ancien Testament, la traversée de la mer Rouge, le séjour sous la nuée, la manne du désert, l'eau du rocher, et il conclut: «Malgré ces grâces signalées, nos pères n'en ont pas moins péri à cause de leurs péchés... Ces choses sont pour nous des exemples (types), afin que nous ne nous abandonnions pas à nos mauvais désirs, comme ils firent.» L'idée d'exemple domine évidemment: les types regardent l'avenir et l'annoncent. Paul, ici du moins, ne considère pas les faits sous ce rapport; il voit dans le passé des souvenirs qui doivent être utilisés dans le présent. Le mot type importe peu.

Colossiens 2:17. La loi est appelée par l'apôtre l'ombre, la figure des choses à venir. De même encore Hébreux 10:1. (σκία τών μελλοντων). Mais la simple lecture de ces deux passages prouve que, si l'idée de ressemblance entre pour quelque chose dans la pensée de l'apôtre, cependant c'est l'idée d'infériorité surtout à laquelle il s'attache. La circoncision, la distinction des mets, différents jours de fêtes institués par Moïse, sont les faibles et pauvres rudiments de Galates 4:9, une ombre en comparaison du corps, de la réalité qui est Christ, cf. encore Tite 3:9; Hébreux 7:18; 8:6. Paul rabaisse évidemment la loi de Moïse pour relever celle de Christ.

Hébreux 8:5; 9:23. Le tabernacle et les objets du culte sont appelés une image et une ombre des choses du ciel. La fin du premier de ces deux versets (le second n'est qu'un parallèle du premier) explique le sens de l'image: le tabernacle n'est pas appelé l'ombre de quelque chose à venir, mais la simple et grossière copie du modèle que Moïse avait vu, l'imparfaite imitation de quelque chose de plus relevé: c'est donc moins un type qu'une copie, un souvenir, et ces passages ne sauraient suffire à fonder une doctrine.

Nous ne prétendons pas que l'économie juive n'ait aucun rapport avec le christianisme, car presque partout leurs rapports généraux sont indiqués d'une manière générale; mais ces rapports, selon nous, tiennent plus à la nature des choses qu'à une institution, ou intention proprement dite, et sont tels qu'on doit les attendre de deux révélations données par le même Dieu, et qui ne diffèrent qu'en ce que l'une est plus étendue et plus parfaite que l'autre. Il y a d'ailleurs une similitude générale dans toutes les opérations de la Providence, et une analogie des choses, dans le monde moral aussi bien que dans l'ordre naturel, d'où il est aisé d'argumenter par forme de parité, et il est même très commun de le faire. Ainsi la chenille, tour à tour ver, chrysalide et papillon, peut très bien représenter la vie, la mort, et la résurrection de l'homme, sans qu'on veuille affirmer, pour cela, que les chenilles ont été créées spécialement pour préfigurer notre destinée. De même encore les livres saints comparent la fragilité de la vie et de la gloire de l'homme aux fleurs qui se fanent, sans qu'on imagine de voir là autre chose qu'une comparaison pure et simple.

Les deux révélations, qui ont la même origine et qui tendent vers un même but, ne sauraient autrement que d'avoir de nombreux points communs; mais vouloir que chaque détail de l'une soit l'annonce d'un détail analogue dans l'autre, c'est à la fois puéril et dangereux.

Les types, comme on l'a dit plus haut, ne peuvent exister pour nous que s'ils existaient déjà pour ceux à qui ils étaient nécessaires. À nous, ils ne nous importent, non plus que les prophéties, que comme les détails de ce vaste ensemble préparatoire qu'on appelle le mosaïsme; les types ne nous annoncent rien, les prophéties déjà accomplies ne nous annoncent rien. Pour les Juifs au contraire, les types, comme les prophéties, devaient être une révélation de l'avenir dans un sens spécial; c'était là leur but; ils n'avaient par conséquent pas le droit de se cacher: c'était une des conditions de leur existence. M. Robert Haldane, dans un de ses meilleurs ouvrages (Évid. de la div. Rév., p. 227 et suivant), a pressenti, sans la formuler, une règle qu'il n'a pas suivie lui-même, et qui renferme le germe de la doctrine sur ce point: «Le plan préparatoire de la venue du Messie, dit-il, était amené à sa fin... par une série de phénomènes typiques et paraboliques qui frappaient les sens, par lesquels l'œuvre de la rédemption était figurée et restait sous les yeux des hommes.» C'est en effet l'idée de la rédemption que nous devons surtout rechercher dans les types; mais il ne faut pas oublier, et cela ressort de ce que dit M. Haldane, que c'est en nous plaçant au point de vue des Juifs que nous devons faire cette recherche. Ce qui peut être frappant pour nous ne l'était pas nécessairement pour eux; ce que nous découvrons, ils ne pouvaient pas toujours le comprendre; et il est impossible qu'il ne se soit pas trouvé entre le Fils de l'homme et les hommes pieux qui ont été avant lui, une foule de rapports de vie, de position, de naissance, de caractère, de souffrance, etc., qui peuvent parler à notre esprit, mais qui ne disaient rien à l'esprit des Juifs. Après l'accomplissement, on remarque toujours des coïncidences que l'on ne pouvait pas soupçonner auparavant, et qui doivent prendre alors le nom de rapports, de ressemblances, d'analogies, et non celui de types, de présages, de prédictions.

À moins qu'on ne veuille dire que rien n'arrive sans la volonté de Dieu, ce qui est vrai, et conclure que tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à l'un des traits de la vie de Jésus, fut destiné à l'annoncer, ce qui serait faux, et d'ailleurs prouverait trop.

Deux grands caractères doivent donc être réunis pour qu'il y ail type: il faut

  1. que le symbole annonce Jésus-Christ, et
     

  2. qu'il l'annonce assez clairement pour que les Juifs aient pu le comprendre.

C'est presque dire: il faut que les types aient été utiles. Avec cette définition sur la rédaction de laquelle nous ne voulons pas insister, mais qui nous paraît tout comprendre, on n'acceptera guère comme types véritables que

  1. les sacrifices en général,
     

  2. l'agneau pascal,
     

  3. la grande fête des Expiations, et peut-être
     

  4. la vache rousse,
     

  5. le sabbat,
     

  6. le tabernacle dans son sens le plus général.

(M. Guers qui, dans son ouvrage Le Camp et le Tabernacle, paraît avoir eu pour but de combattre les exagérations des frères de Plymouth, a lui-même encore poussé le figurisme un peu loin; par exemple, dans ses réflexions sur «la position du propitiatoire entre le coffre de l'arche et la gloire de Dieu», p. 286, sq. Et nous-mêmes, dans le cours de ce long ouvrage, nous avons fait bien des concessions à l'habitude, mais on verra plus bas dans quel sens.)

On objectera peut-être, la Bible à la main, les longues énumérations de types indiqués dans le Nouveau Testament;

Voir: G, des Bergeries, qui en énumère environ quatre-vingts sans les détails, et Haldane, Évid., etc. À ces catalogues, nous répondrons:

  1. qu'il faut en retrancher d'abord un certain nombre d'individus, tels que Abel, Énoch, Noé, Joseph, Samson, etc., qui ne sont nulle part cités comme types;
     

  2. quant aux autres (auxquels nous ajouterions Daniel, si nous acceptions ce point de vue), que ce sont des comparaisons frappantes de justesse, mais qui n'ont pu avoir de signification typique au moment où les événements se passaient. Pour les mariniers qui jetèrent Jonas à l'eau, pas plus que pour Jonas lui-même, cet événement ne pouvait annoncer la mort et la sépulture du Seigneur; et Jésus-Christ, en s'adressant aux pharisiens, se borne à les comparer aux Ninivites, en annonçant que le seul miracle qu'il fera pour eux sera celui de Jonas le prophète: «Car, dit-il, comme Jonas fut dans le ventre de la baleine trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.» De même l'histoire de Sara et d'Agar, d'Isaac et d'Ismaël, n'était point une action destinée à en figurer une autre, et saint Paul appelle allégorique, Galates 4:24, l'application qu'il en fait à l'ancienne et à la nouvelle alliance. Qu'est-ce que l'Écriture nous dit de Melchisédec, Genèse 14:18; sq.? Qu'il était roi de Salem, en même temps que souverain pontife, suivant la coutume de ce temps; il va au-devant d'Abraham victorieux, suivant la même coutume, et donne quelque nourriture à ses troupes, en reconnaissance de quoi le patriarche lui offre la dîme du butin, et reçoit la bénédiction de ce vieillard, adorateur du Très-Haut. Rien de plus simple, rien de plus concis; la famille même de Melchisédec est passée sous silence, parce qu'il n'appartenait pas à la race élue. Dans l'Épître aux Hébreux, au contraire (chapitre 7), tout revêt une autre couleur, tout devient emblème et mystère: le sacerdoce lévitique, qui n'existait point encore, est béni cependant en la personne d'Abraham, parce qu'il était en germe dans les reins du patriarche; Melchisédec est sans père, sans mère, sans commencement de jours et sans fin de vie, etc. Les contemporains de Melchisédec n'ont évidemment pas pu voir en lui un type du Sauveur; pour eux il avait père et mère, pour eux il est né et il est mort: pour eux aussi Abraham ne pouvait supposer Lévi; mais l'étrange et pieuse sacrificature du roi de Salem avait quelque chose d'assez frappant, elle était assez hors ligne pour que le souvenir s'en fût conservé parmi les descendants d'Abraham, et pour que David, voulant caractériser une sacrificature nouvelle, d'un ordre nouveau, non lévitique, lui donnât le nom du premier prince et pontife de Salem, Psaumes 110.
     

  3. Quant aux instruments, ustensiles, vases, couleurs, etc., nulle part l'Ancien Testament ne fait la plus petite allusion à une signification, même symbolique, de ces objets; bien moins encore les présente-t-elle comme des types ou institutions; et c'est à peine si, sur quelques points, le Nouveau Testament laisse apercevoir quelques rapports éloignés entre quelques objets du culte mosaïque, et quelques faits du christianisme.
     

  4. La comparaison rend aussi bien compte que le type de la pensée du Sauveur et des apôtres, dans tous les passages indiqués. Nous ne voudrions pas froisser le sentiment chrétien par tout ce qui précède; nous ne voudrions pas surtout paraître innover, car nous n'avons aucune vocation pour cela; mais il nous a paru que, par plusieurs points, l'esprit humain avait cherché à se mettre à la place de l'esprit de Dieu parmi les pères du dernier réveil religieux aussi bien que parmi les Pères de l'Église; que le figurisme a quelque chose de faux, qui devient quelquefois bizarre et même ridicule, et qu'il a donné lieu à bien des accusations contre le christianisme; bien des gens, en effet, ne jugeant que sur les apparences, ont été jusqu'à dire que le christianisme n'avait d'autre fondement qu'une explication allégorique et mystique des prophéties; les incrédules du siècle dernier sont partis de cette doctrine pour soutenir que les miracles de Jésus-Christ n'étaient pas réels, mais de simples emblèmes des effets spirituels que l'Évangile produit dans les âmes; Strauss lui-même, le célèbre Strauss, n'est parvenu à d'étranges conséquences que par la rigoureuse application du système des types, système qui aboutit bien vite aux mythes, et qui peut sublimer tout ce qui est forme, éthériser tout ce qui est matière, vaporiser, en quelque sorte, toute une existence, et ne laisser après lui que de l'air. Napoléon a été annoncé longtemps à l'avance par le soleil, qui en est, dans l'histoire, le type le plus exact et le plus circonstancié.

Rappelons encore que les théologiens réformés, Calvin, Leclerc, etc., ont attaqué avec vigueur cette manière d'interpréter l'Écriture, et qu'ils ont posé cette maxime: Ultra scripturam sapere non licet: «Ne pensez pas, dit Calvin, dans son Commentaire sur 1 Corinthiens 9:9, où il s'agit de l'allégorie du bœuf qui foule le grain, ne pensez pas que saint Paul dise que ce passage du Deutéronome soit un précepte allégorique, quemadmodumnonnullivertiginosi spiritus occasionem hinc arripiunt omnia ad allegorias transferendi; ces esprits voient des allégories partout; pour eux, des chiens sont des hommes; ils changent les arbres en anges, et ils pervertissent toute l'Écriture avec leurs jeux.» Ailleurs ses expressions sont plus fortes encore: ad 1 Corinthiens 10:11. «Putare, dit-il, quicquid Deus promisit vel prœstitit Israelitis, tantum prœfigurasse quod reverà post adventum Christi impleri debebat, pestilentissimum est delirium

— Et Saurin: «Ceux qui ont fait attention à l'origine des hérésies dans la théologie et la morale, reconnaîtront sans peine que ce même esprit, qui a porté à établir la religion sur de faux arguments, fournit des armes pour la combattre, et que l'erreur reprend insensiblement sur la vérité par cette façon de raisonner, plus que la vérité n'avait pris sur l'erreur.»

Mais si l'on doit rejeter, comme n'étant pas d'institution divine, la plupart des rapprochements auxquels on a donné le nom de types dans le sens qu'on attache d'ordinaire à ce mot, on n'en a pas moins le droit de faire, pour son usage personnel, des rapprochements et des comparaisons qui, souvent, peuvent être utiles à la foi et développer la piété, pourvu que là encore on évite l'exagération. Il est évident que l'Ancien Testament, qui était une économie charnelle, renferme bien des choses, des faits, des récits, des exemples, qui étaient de nature à élever l'esprit des Juifs vers un ordre d'idées plus spirituel. À cet égard, nous accepterions volontiers une théorie qui, en classifiant les types d'après leur degré, ferait ressortir ce qu'il y avait de caché, de symbolique, dans l'ensemble de la législation et de l'histoire des Hébreux. Aux types sacramentels qui, outre les deux caractères indiqués plus haut, emportaient encore l'idée d'obligation, de devoir, tels que le sabbat, les sacrifices, nous joindrions, comme formant une seconde catégorie, les types spirituels destinés à élever l'âme au-dessus de la loi vers l'idée de la foi; le serpent d'airain serait au premier rang de cette classe; peut-être aussi la manne, le tabernacle, le nazaréat; et les types libres, ou accidentels, dont la signification, peut-être nulle dans le moment, a été mise en évidence après que Jésus fut venu tout résumer en sa personne. Les premiers représenteraient la morale, les œuvres; les seconds la foi, la doctrine; les derniers l'histoire, le témoignage.

C'est ainsi, mais de cette manière seulement, que nous pouvons comprendre l'extension donnée au système des types; c'est dans ce sens que nous y avons adhéré en plusieurs endroits, et que nous pouvons accorder à la typologie une certaine influence sur la vie religieuse. L'étude en est intéressante, et, puisque l'histoire juive a été écrite pour nous, afin qu'elle nous fournît des exemples (la seule histoire, sans doute, qui ait été écrite dans ce but), nous ne pouvons pas trop l'étudier sous ce rapport. Le Nouveau Testament, d'ailleurs, nous y convie; ce qui était le premier n'était pas ce qui est spirituel, 1 Corinthiens 15:46. Le développement successif de la même vérité sous diverses formes, les résultats divers des divers états de développement, les nombreuses comparaisons de l'Ancien Testament avec le Nouveau, tout nous montre d'abord un but immédiat d'instruction, puis l'acheminement graduel à un ordre de choses supérieur, et enfin un plan unique, profondément médité, et parfaitement d'accord avec lui-même. L'histoire, les hommes, les institutions du judaïsme, sollicitent notre attention autant que les prophéties, et prouvent que ce qui a fini par être, Jésus-Christ, n'était que la grande consommation de ce qui avait été longtemps préfiguré d'avance, le corps de l'ombre, l'accomplissement parfait de pressentiments imparfaits, la concentration de tant de rayons épars, la clef de tant d'énigmes, l'explication et la réalisation de faits isolés, qui n'eussent, sans ce grand fait, jamais été compris, jamais été dignes de l'être.


TYR,


la plus méridionale, la plus grande, la plus puissante des villes phéniciennes, déjà nommée Josué 19:29; cf. 2 Samuel 24:7; 1 Rois 9:12; Ésaïe 23:1; Osée 9:13. Les déclarations de l'Écriture à son égard sont remarquables: quelques-unes de ses prophéties sont obscures, et le rôle de cette célèbre cité a été assez important pour que Hengstenberg ait consacré à son histoire un ouvrage spécial.

II y avait, à proprement parler, deux villes de ce nom: Tyr ou Turza, Turos, en hébreu Tsor (rocher, Sarranus, dans Virgile, désigne un Tyrien, Géorg. 2, 506; le changement de l's en t étant facile et fréquent chez les Arméniens). L'ancienne Tyr, ou Palæo-Tyrus, était à une lieue environ de la nouvelle. Elle fut bâtie par les Sidoniens, ce que rappelle Ésaïe 23:12, en l'appelant fille de Sidon; mais elle devait éclipser sa mère. Construite sur le continent, au sommet d'un rocher de 50 pieds de hauteur et dans une position très forte, elle était la première ville de commerce et la plus grande ville maritime de l'ancien monde. Elle s'enrichissait par le négoce et par ses fabriques, dont les principales étaient celles de verre, de fin lin et d'étoffes teintes en pourpre; elle était puissante par ses nombreuses colonies; elle était le marché des productions d'Israël. Ses ouvriers étaient habiles dans l'art de tailler les pierres, de travailler le bois, et de mettre en œuvre les métaux. David et Salomon eurent des rapports d'amitié avec Hiram, roi de Tyr, qui contribua directement à la construction du palais royal et du temple de Jérusalem, ainsi qu'à l'extension de la marine juive, 2 Samuel 5:11; 1 Rois 9:11,27; 10:22; 2 Chroniques 2:3,11. Cinquante ans plus tard, Achab, roi d'Israël, épousa une princesse tyrienne, Jésabel, qui est appelée sidonienne, 1 Rois 16:31, parce que Ethbahal, son père, régnait à la fois sur Tyr et sur Sidon (Ménandre). Après plusieurs siècles de prospérité, la cupidité tyrienne, ne connaissant plus de bornes, s'imposa d'une manière intolérable aux Israélites eux-mêmes: Tyr se mit à acheter et à revendre des prisonniers Israélites faits par d'autres peuples, et s'attira par là la colère du Dieu d'Abraham, qui lui fit adresser de sévères avertissements, Amos 1:9; Joël 3:4-8, et finit par la frapper; Nébucadnetsar marcha contre elle et l'assiégea; le siège dura treize ans, et l'ancienne Tyr fut détruite. Mais ses habitants, avant d'être réduits à la dernière extrémité, s'étaient retirés dans une île voisine de la côte: le manque d'espace les obligea de donner aux habitations une hauteur considérable; ce fut Tyr la nouvelle; l'ancienne, rasée jusqu'aux fondements, ne présenta plus qu'un village. La jeune ville qui s'élevait du milieu des flots, raide et fière, riche et populeuse, avait atteint au même degré de puissance et de gloire que la première ville, quand Alexandre le Grand vint, à son tour, en faire le siège. Désespérant de l'atteindre par mer, il résolut de la réunir à la terre, et se servit des matériaux de l'ancienne Tyr pour construire un môle ou une chaussée, qui donnât passage à ses troupes. Au bout de sept mois la ville fut prise. Cependant elle redevint encore florissante, et fut pendant longtemps une ville chrétienne. Mais les oracles de Dieu sont accomplis: la domination destructive des Turcs a exécuté les jugements annoncés par les prophètes, Ésaïe 23, Jérémie 25 et 27, Ézéchiel 26-28.

On a suivi dans ce qui précède l'opinion la plus répandue et la plus généralement reçue; mais il y a des contradicteurs importants sur presque tous les points de cette grande existence si mystérieusement détruite. Sans les discuter, nous indiquerons, en terminant, les opinions divergentes. Hengstenberg, Hævernick, et d'autres, soutiennent que l'ancienne Tyr fut bâtie dans l'île; son nom, quelques détails, l'antiquité du temple d'Hercule qui s'y trouvait, une correspondance de Hiram et de Salomon, quelques passages de Flavius Josèphe, de Ménandre et de Bius, sont les autorités dont ils s'appuient: l'ancienne Tyr, ou Paléotyr, le Tsor de Josué 19:29, qui marque la frontière septentrionale d'Israël, remonterait également à des temps fort recules, soit comme ville indépendante, soit comme annexe ou banlieue de la ville insulaire: leurs destinées auraient été différentes; l'île aurait été vainement assiégée pendant cinq ans par Salmanéser, qui, en définitive, aurait été obligé de se contenter de Paléotyr. Les difficultés de cette opinion ont amené Hitzig, et presque Hævernick, à reconnaître que Paléotyr est plus ancienne, mais qu'une ville ayant ensuite été bâtie sur l'île, et ayant reçu de cette île le nom de Tsor, rocher, Paléotyr aurait pris le même nom; d'où il résulterait que Paléotyr serait la vieille ville, mais que la ville insulaire aurait eu la première et le plus anciennement le nom de Tyr.

Une seconde divergence porte sur la formation de la digue; les uns pensant, comme Hengstenberg, que ce sont les Tyriens eux-mêmes qui l'ont formée pour se mettre en rapport direct avec la terre ferme, les autres estimant avec les plus anciennes données historiques que cette digue fut une oeuvre ennemie; d'autres enfin pensant

— ou que l'œuvre ennemie d'Alexandre étant pour les Tyriens un précédent indestructible, ils n'avaient qu'à en tirer le meilleur parti possible, soit pour leurs relations avec le continent, soit au point de vue militaire,

— ou qu'une digue naturelle ayant été formée avec le temps par les flots de la mer, Alexandre n'eut qu'à profiter de cette facilité inattendue pour achever un travail si bien commencé.

Une troisième divergence se rapporte à l'accomplissement des prophéties. Nous avons vu l'ancienne Tyr frappée par Nébucadnetsar à la suite des oracles de Joël et d'Amos, et la nouvelle par Alexandre et par les siècles à la suite des prophéties d'Ésaïe, de Jérémie et d'Ézéchiel. D'autres pensent que Salmanéser accomplit les premières prophéties (Grotius et Gesenius), et Nébucadnetsar les secondes. Ces deux opinions sont également erronées: les oracles sont accomplis aujourd'hui, mais ils ne le furent à aucune de ces deux ou trois époques. Le siège de Salmanéser, qui dura cinq ans, ne fut pas couronné de succès; ce fut un blocus qui n'eut d'autre résultat que d'entraver quelque temps le commerce tyrien, comme le blocus général de Napoléon gêna le commerce de l'Angleterre. Le siège de Nébucadnetsar dura treize ans, mais le résultat ne paraît pas en avoir été fort satisfaisant, Ézéchiel 29:18. Tyr ne fut pas détruite; car après la mort du roi Ithabal, qui mourut la dernière année du siège, l'histoire énumère encore des rois et des juges de Tyr. Sans doute Nébucadnetsar n'était pas homme à se retirer après des efforts de treize années, n'emportant que la honte de son expédition; sans doute il obtint quelque satisfaction; sans doute il avait gravement compromis la prospérité tyrienne: mais enfin Tyr était encore là, debout, et elle sut si bien reconquérir tout ce qu'elle avait perdu, qu'à l'approche d'Alexandre le Grand elle osa résister seule au conquérant de l'Asie, et ne fut prise qu'après un siège de sept mois, en 332. Alors encore elle ne fut pas détruite; elle ne perdit son importance commerciale que peu à peu, surtout par suite de la concurrence d'Alexandrie en Égypte; elle n'entassa plus de trésors, elle ne fonda plus de colonies; elle déclina lentement, pour mourir de vieillesse.

On voit par Actes 21:3, qu'il s'y forma de bonne heure une Église chrétienne. Guillaume, archevêque de Tyr vers 1180, auteur d'un ouvrage historique sur les Croisades, dépeint Tyr comme une ville encore riche et florissante. Ce ne fut qu'après la défaite des chrétiens dans l'Orient qu'elle tomba entre les mains des mahométans et qu'elle fut définitivement détruite. Cette histoire peut se lire presque entière, verset par verset, Ésaïe 23. Ce n'est plus aujourd'hui, sous le nom de Sour, qu'un misérable village de 1500 habitants, vivant de la pêche et du cabotage; et encore à peine est-on sûr qu'il soit bien situé sur l'emplacement de l'ancienne reine des mers.


TYRANNUS,


Actes 19:9, Éphésien qui, pendant deux ans, prêta ou loua à Paul une salle d'école dans laquelle celui-ci continua ses instructions après s'être retiré de la synagogue. On ne sait n'en de sa personne. Quelques-uns ont même cru que ce n'était pas un nom propre, mais un vrai tyran (prince) ou seigneur qui avait de l'attachement pour Paul ou pour sa doctrine: c'est peu probable; le nom de Tyrannus n'est pas rare comme nom propre; c'est en particulier celui d'un rhéteur ou sophiste qui a écrit un ouvrage de rhétorique et de logique en dix livres (date inconnue). On ne sait s'il était païen, juif (rabbin), ou disciple, et si l'hospitalité qu'il accorda à l'apôtre fut le fruit de son indépendance d'esprit, de son indifférence, ou de son attachement à l'Évangile; ce dernier cas est le plus probable, car la tolérance du monde pour Christ ne dure guère deux ans; elle se change en amour si elle ne devient pas de la haine.