Page 42 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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point, et passèrent à l'examen de la seconde proposition.
Se ferait-on voir à la cité de l'Âme en si lamentable équipement ? -
À nouveau la réponse fut négative. « Il fallait s'en garder absolu-
ment. Bien que la ville d'Âme d'Homme eût reçu, dans le passé, une
certaine connaissance de quelques-unes des choses du domaine in-
visible et même qu'elle eût pris quelque part à certaines d'entre
elles, elle n'avait certainement jamais encore vu aucun être du do-
maine spirituel en si misérable et si triste condition. » Ces paroles
furent prononcées par le farouche Alecto. Apollyon dit alors: « L'avis
est bon; il est certain que si l'un ou l'autre d'entre nous se montrait
tel qu'il est maintenant, ceci jetterait les habitants de la Cité dans la
consternation, la perplexité, et les amènerait à se mettre sur leurs
gardes. Et, comme vient de le dire mon seigneur Alecto, c'est bien
en vain que nous essaierions alors de prendre la ville. » À son tour,
le puissant géant Béelzébub donna un conseil identique.
« Car, dit-il, si les habitants d'Âme d'Homme ont vu autrefois des
êtres semblables à ce que nous étions, ils n'ont certainement encore
jamais rien vu qui approche de ce que nous sommes. Il est donc
préférable, à mon sens, de se présenter à eux sous le déguisement
d'un être qui leur est connu et familier. » Tous se rangèrent à cet
avis. Mais alors sous quelle forme, quelle couleur, quel déguise-
ment, fallait-il se laisser voir pour essayer de s'emparer de la Cité
de l'Âme ? L'un disait d'une façon et l'autre d'une autre. Enfin Luci-
fer suggéra que Sa Seigneurie ferait bien d'emprunter les dehors de
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