Page 207 - Les jours de No

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l'onde, et la faim lente et cruelle dévora ceux que l'onde avait
épargnés. (...) Là le mont Parnasse élève ses deux cimes jusqu'aux
astres, et les cache dans le sein des nuages. C'est sur son double
sommet, seul endroit de la terre respecté par les eaux, que s'arrêta
la frêle barque qui portait Deucalion et Pyrrha son épouse. Ils
adorèrent d'abord les Nymphes Coryciennes, les autres dieux du
Parnasse, et Thémis qui révèle l'avenir, et qui rendait alors des
oracles en ces lieux. Nul homme ne fut meilleur que Deucalion; nul
plus juste que lui. Aucune femme n'égalait Pyrrha dans son respect
pour les dieux. Lorsque le fils de Saturne a vu le monde changé en
une vaste mer, et que de tant de milliers d'êtres qui l'habitaient il ne
reste plus qu'un homme et qu'une femme, couple innocent et pieux,
il sépare les nuages; il ordonne à l'Aquilon de les dissiper; et bientôt
il découvre la terre au ciel et le ciel à la terre.».