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Comme Noé, Deucalion est un homme juste au milieu d'une
génération criminelle. L'œuvre des métamorphoses, rédigé par le
poète romain Ovide (Publius Ovidius Naso), décrit les crimes des
antédiluviens (mais on ne se prononce pas sur la durée de leur
vie), ce qui est suivi du jugement de Zeus. Survient alors le
Déluge, qu'Ovide décrit sous ces termes (1 av. J.-C./1806 : 291-
329, livre I):
«Déjà la terre ne se distinguait plus de l'océan: tout
était mer, et la mer n'avait point de rivages. L'un cherche un asile
sur un roc escarpé, l'autre se jette dans un esquif, et promène la
rame où naguère il avait conduit la charrue: celui-ci navigue sur les
moissons, ou sur des toits submergés; celui-là trouve des poissons
sur le faîte des ormeaux; un autre jette l'ancre qui s'arrête dans une
prairie. Les barques flottent sur les coteaux qui portaient la vigne: le
phoque pesant se repose sur les monts où paissait la chèvre légère.
Les Néréides s'étonnent de voir, sous les ondes, des bois, des villes
et des palais. Les dauphins habitent les forêts, ébranlent le tronc
des chênes, et bondissent sur leurs cimes. Le loup, négligeant sa
proie, nage au milieu des brebis; le lion farouche et le tigre flottent
sur l'onde: la force du sanglier, égale à la foudre, ne lui est d'aucun
secours; les jambes agiles du cerf lui deviennent inutiles: l'oiseau
errant cherche en vain la terre pour s'y reposer; ses ailes fatiguées
ne peuvent plus le soutenir, il tombe dans les flots. L'immense
débordement des mers couvrait les plus hautes montagnes: alors,
pour la première fois, les vagues amoncelées en battaient le
sommet. La plus grande partie du genre humain avait péri dans