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sainteté, mot complètement étranger aux païens est empruntée à la distinction
des animaux en purs et impurs, à la mise à part d'une tribu, et, dans cette
tribu, d'une famille; aux lieux mêmes peut-être qui, par leur sainteté,
rappelaient aux Israélites l'indignité naturelle de l'homme.
4°
Beaucoup de mots sont pris dans le Nouveau-Testament dans un sens tout-
à-fait différent de celui qu'ils ont dans la langue vulgaire et dans le grec des
écrivains profanes. - Le mot d'humilité, sauf deux ou trois fois dans Platon,
signifie toujours bassesse d'esprit: ridée de l'humilité comme vertu ne se trouve
nulle part chez les Grecs, et Cicéron fait remarquer que la douceur même était
plutôt considérée comme une faiblesse (De off., 111, 32). La grâce dans le sens
de faveur imméritée, la justification comme bénédiction divine, Dieu comme un
être saint et personnel, la foi comme un moyen de sanctification et comme
essentielle au pardon sont tout autant de mots qui se rencontrent avec une
signification différente dans les auteurs profanes et dans les écrivains sacrés.
Ce sont de vieux mots avec un sens nouveau. Toutes les langues présentent
dans leur développement des changements analogues: calamité signifiait
primitivement perte §une récolte de blé (calamus); sincérité, absence de tout
mélange de cire (sine cerâ) dans l'apprêt des vases du potier. Mais ces
changements sont plus nombreux dans l'Ecriture, et en outre ils ont été
introduits dans la langue, non point graduellement, mais par une soudaine
révolution. Heureusement que toute erreur ou toute confusion de sens est
impossible, l'Ecriture ayant pris soin de définir les mots qu'elle emploie dans
un nouveau sens, tantôt d'une manière indirecte, tantôt en les rattachant aux
souvenirs de l'ancienne alliance.
.
§ 81. Classification des différentes figures.
- S'il importe peu de savoir les
noms que les grammairiens donnent aux différents genres de figures connues
en rhétorique, il importe cependant de bien distinguer ces figures les unes des
autres, au moins dans la plupart des cas.
On appelle trope, ou figure proprement dite, remploi d'un mot dans un sens
qui ne lui est pas ordinaire (soyez fervents d'esprit), à moins que l'usage n'ait à