Page 984 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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— Une époque nouvelle commence avec Samuel; sa naissance, son éducation, sa destinée, les grâces que
Dieu lui accorde, les ordres qu'il lui donne, font de lui un nouveau législateur, un second Moïse, Jérémie
15:1. Psaumes 99:6; il doit montrer que la conduite extérieure du peuple de l'alliance ne peut reposer que
sur une base intérieure et morale. Il prépare la prospérité que le culte et la royauté atteignent sous David
et sous Salomon. Il rompt en visière avec la sacrificature corrompue de la famille d'Héli, qui ne tarde pas
à être réorganisée en rentrant dans la branche aînée. Saül mérite par moments le titre de nâbi. Gad et
Nathan sont la continuation de Samuel, et tous ensemble contribuent à remettre la royauté entre des
mains aimées de Dieu.
— Le schisme d'Israël, et la division en deux royaumes, est une crise dans la vie du peuple, par
conséquent une époque nouvelle dans l'activité prophétique. Les hommes de Dieu ont pour mission de
faire envisager cette catastrophe sous son vrai point de vue. La maison de David a les promesses, mais
une grande partie de son territoire est donnée à Jéroboam, qui la conservera avec la bénédiction de
l'Éternel s'il marche dans la piété, lui et ses descendants, 1 Rois 11:29-39. Cet oracle d'Ahija est le thème de
tous ceux qui se reproduisent dans le cours de cette période, 1 Rois 12:15; 13:1; sq. 14:7; 2 Chroniques 11:2.
Dans le royaume des dix tribus les prophètes forment presque une corporation, une chaîne non
interrompue, comme s'ils devaient remplacer une sacrificature qui n'existe pas: Élie consacre
solennellement son successeur, 1 Rois 19:16, et c'est sous les yeux des prophètes que la portion pieuse du
peuple célèbre les fêtes de la loi; c'est entre leurs mains qu'ils déposent les offrandes dues aux prêtres, 2
Rois 4:23,42. Jérico, Béthel, Guilgal, et d'autres lieux qui étaient saints avant que le tabernacle eût été fixé à
Jérusalem, sont leurs demeures habituelles. Ils sont pour Israël un souvenir des temps passés, et les
fonctions qu'ils remplissent tendent à faire revivre la loi dans les cœurs, et à rappeler l'image de Dieu.
Telle est jusqu'à la fin, et même pendant la captivité, leur mission de paix et de sainteté, de lumière et de
vérité. Mais elle doit s'étendre au-delà du moment présent; l'impiété gagne du terrain, les cœurs se
durcissent, et les prophètes dont les paroles ne sont plus écoutées de leurs contemporains, doivent
annoncer des châtiments et servir de témoins aux générations suivantes; leurs oracles sont déposés par
écrit; ils serviront de commentaire à la loi quand le jour sera venu; la littérature prophétique prend
naissance,
— Voir: pour les détails les différents articles.
C'est vers le neuvième siècle avant Christ que commence ce qu'on peut appeler dans le sens le plus
restreint du mot, la littérature prophétique. Cependant les prophètes écrivaient même avant ce temps,
mais ils s'adonnaient surtout à des ouvrages historiques; comme ils parlaient pour le présent, ils
écrivaient aussi pour le présent. Lorsqu'ils parlèrent pour l'avenir, leurs écrits prirent un caractère
analogue, et il faut remarquer avec quel soin ils rappellent souvent que c'est par la volonté de Dieu,
d'après son ordre, qu'ils déposent leurs prophéties par écrit, Jérémie 29:4; 30:2-3; 36:1; Ésaïe 8:1-16; 30:8;
Daniel 7:1; 12:4,9; leur intention formelle était donc que leurs oracles fussent soigneusement conservés, et
on les réunit au fur et à mesure qu'ils les prononçaient, au recueil des livres historiques existants. Il est
aisé de reconnaître que la collection des prophètes, et notamment des douze petits prophètes, est
arrangée chronologiquement, sauf quelques détails (nous parlons de l'ordre des livres dans le canon
hébreu); quant aux différents oracles d'un même prophète, cet ordre n'existe pas toujours, et Jérémie offre
de nombreux exemples de morceaux transposés; on y reconnaît plutôt un ordre des matières et des sujets,
qu'un ordre des temps; cela se voit pareillement, et d'une manière frappante, chez les petits prophètes.
La question de l'inspiration des prophètes, du mode et du degré de cette inspiration, appartient à la
dogmatique, de même que la question, plus grave encore, du degré de cette inspiration chez les saints
hommes de Dieu qui ne sont pas ordinairement considérés comme prophètes. Nous restons dans les
limites de notre travail en rappelant les faits suivants.
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