Page 983 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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des prophètes; leur sexe même n'est pas une des conditions de leur activité, et des femmes prophétisent,
Exode 15:20; Juges 4 et 5, 2 Rois 22:14.
Trois noms différents, ayant chacun une signification spéciale, désignaient en hébreu la charge des
messagers extraordinaires de l'Éternel, roèh, nâbi et hhosèh; tous les trois sont réunis dans le même
passage, 1 Chroniques 29:29, et appliqués à des individus différents, Samuel, Gad et Nathan. Celui qui
voit, celui qui parle, celui qui a des visions, tel est le sens littéral des termes hébreux. Le premier et le
troisième ne se distinguent que par des nuances, et le premier semblerait indiquer, si l'on peut se
hasarder sur le terrain des hypothèses, un état prophétique plus habituel, le dernier, quelque chose de
plus temporaire, en quelque sorte de plus accidentel; l'un est celui qui voit, qui a pour ainsi dire la vue
prophétique, l'autre, c'est celui qui a quelquefois des visions. L'expression nâbi, celui qui parle, qui se
répand en paroles, est celle qui caractérise le mieux la mission du prophète, et son activité comparée à
celle du sacerdoce. En effet, le prêtre ne parlait pas, ou du moins, chez lui la parole était subordonnée à
l'accomplissement des cérémonies du culte; son ministère était éminemment symbolique, cf. Lévitique
10:10-11. Le prophète, au contraire, parlait. Et il se distinguait d'autres hommes de Dieu, pieux, sages et
savants, en ce qu'il ne proposait pas ses propres idées, mais que ce qu'il disait lui était communiqué
immédiatement de Dieu par son saint Esprit. Par la même raison, les prophètes se distinguaient des
magiciens, des enchanteurs, des diseurs de bonne aventure, des esprits de Python et des autres faux
prophètes païens, dont la mission n'était que de prédire l'avenir et de prêter un secours surnaturel à des
entreprises mondaines et à des intérêts matériels.
Les prophètes de Dieu surgissent surtout dans des temps où la connaissance du Seigneur a été altérée par
des erreurs, et où les erreurs ont gagné assez de force pour séduire même les élus, si c'était possible. C'est
pour de pareils temps, pour de pareilles ténèbres, que Dieu a posé les prophètes comme des lumières,
avant que les ténèbres aient atteint assez d'intensité pour ébranler et obscurcir la foi des fidèles,
conformément à ce que notre Seigneur lui-même dit à ses apôtres, Matthieu 24:24. Les prophètes étaient
dans la main de Dieu des moyens extraordinaires, lorsque les moyens ordinaires ne suffisaient plus. Leur
parole était une épée à deux tranchants, et le chapitre, Deutéronome 18, surtout les versets 15 et 18-22,
nous donnent sur ce point de précieux éclaircissements, dont l'étude n'est pas sans fruit lorsqu'on veut
essayer de lire et de comprendre les prophètes.
C'est à tort qu'on a voulu conclure de Actes 3:24, que le ministère prophétique ne datait que des jours de
Samuel, comme aussi l'on a donné aux écoles dont ce prophète était le chef, peut-être le fondateur, une
importance qu'elles n'avaient point, et une organisation trop compliquée, dont les détails ne reposent
d'ailleurs que sur des hypothèses: le passage 1 Samuel 2:27, suffit à montrer que, même aux jours de
Samuel, on voyait des hommes inspirés de Dieu, indépendants de l'action de ce prophète, et avant que
son ministère public eût commencé.
La vision et la prophétie dont parle Daniel, 9:24, remontent aux premiers âges du monde, et si à cause de
l'obscurité de leur foi, l'on veut contester à Énoch, à Noé, à Abraham, à Jacob le titre de prophètes, on ne
pourra du moins pas méconnaître que Moïse et Marie ne l'aient mérité. Évidemment un esprit et une vie
prophétiques ont présidé à la formation du système théocratique, et pendant cette période cet esprit a
soufflé sur plusieurs, comme l'importance des temps le ferait déjà supposer, et comme le prouvent des
passages tels que Nombres 11, et Deutéronome 13. Sous les juges quelques voix prophétiques se font
entendre encore, mais elles sont isolées, 1 Samuel 3:1. Le cantique de Débora est un écho des beaux temps
qui ne sont plus; les autres oracles ne sont que des annonces de châtiments; les prophètes ne sont pas
nommés, Juges 2:1-5; 6:8; 1 Samuel 2:27. La conquête de Canaan avait tourné les cœurs vers la possession
des biens de la terre; des juges avaient remplacé les prophètes.
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