selon lui, qu'une volupté artificielle réellement inférieure. C'est une affaire de goût sur laquelle on ne peut
disputer, mais il est sûr que de grandes masses chantant à l'unisson peuvent produire de grands effets, et
que plusieurs airs perdent plutôt qu'ils ne gagnent à un accompagnement. En tout cas, on doit croire que
la musique vocale et instrumentale sur laquelle devaient se chanter de si beaux psaumes, était elle-même
belle, excellente et parfaite. Qu'on se rappelle l'impression produite par la harpe de David sur la sombre
mélancolie de Saül, 1 Samuel 16:23, l'impression produite par les prophètes de Samuel sur les hommes
envoyés par Saul pour prendre David, et sur Saül lui-même, 1 Samuel 19:23-24; cf. 10:5, la manière dont le
prophète Élisée calma l'émotion qui l'agitait, et se disposa à recevoir les impressions du Saint-Esprit, 2
Rois 3:15, et l'on comprendra la puissance mystérieuse de cette musique sacrée, simple, sans recherche,
mais profonde.
À côté des chants religieux nous voyons mentionner aussi la musique des festins qui assaisonne la joie
des amis, mais nulle part elle n'est rappelée comme innocente, Ésaïe 5:42; 14:11; 24:8; Amos 6:5;
Lamentations 5:14: il paraît que les Israélites pieux se contentaient pour leur intérieur, du chant des saints
cantiques, et que les Psaumes fournissaient à leurs joies domestiques tous les textes qu'ils pouvaient
penser et désirer. La joie publique se manifestait aussi au son des instruments, 1 Rois 1:40, mais rien ne
laisse supposer qu'il s'agisse dans ce passage d'une musique étrangère à la joie théocratique: en voyant
couronner son roi légitime, le peuple pouvait célébrer son avènement par des chants religieux qui
répondaient à ses besoins intérieurs, et faisaient ressortir le bonheur d'une nation gouvernée par un roi
choisi de Dieu.
Un assez grand nombre d'instruments sont nommés dans l'Écriture, d'où l'on peut conclure que
l'orchestration était connue des Israélites, mais on ne peut rien affirmer de positif sur leur forme et leur
importance: c'est même là une des parties les plus obscures de l'archéologie des Israélites. On divise
ordinairement ces instruments en trois classes, et nous rapportons ici les suppositions les plus
généralement adoptées.
1.
Espèces de tambours ou tambourins,
a.
Le thoph ou tambourin, cercle de bois ou de métal, recouvert d'une peau tendue, de 8 pouces de
diamètre: on le frappait avec le doigt, et il servait surtout à marquer la mesure: avec l'accompagnement
de la cymbale ou des castagnettes il produisait un effet qui n'était point désagréable. C'étaient
ordinairement les femmes qui battaient le tambourin en Orient, Exode 15:20; Juges 11:34; Psaumes 68:25;
Jérémie 31:4, et c'était dans les réjouissances publiques qu'on en faisait usage,
— Voir: aussi Job 21:12; 2 Samuel 6:5; Ésaïe 5:12; 24:8.
b.
Les tseltselim ou cymbales, q.v.
c.
Les mnahanehim, 2 Samuel 6:5, traduits sistres dans nos versions, d'après la Vulgate et les
interprètes juifs; instrument composé de deux verges qui se coupent à angle droit, et dont les deux autres
extrémités, se rejoignant, dessinent une figure ovale, ou allongée, en forme de baudrier: des anneaux de
métal attachés à cet instrument produisent, lorsqu'il est secoué, un bruit qui rappelle de loin les
tintements du chapeau chinois. Le sistre était autrefois fort commun en Égypte, où l'on s'en servait
surtout pour le culte d'Isis.
d.
Shalishim, 1 Samuel 18:6, probablement, comme l'indique son étymologie, l'instrument encore
connu sous le nom de triangle, soit qu'on en frappe les trois côtés avec une baguette de fer, soit que ces
côtés portent des anneaux métalliques qui rendent, lorsqu'ils sont agités, le même son aigu que les
anneaux du sistre. Le triangle est, d'après Athénée, une invention syrienne.
2.
Instruments à vent,
a.
Le hougab, que nos versions traduisent orgues, Genèse 4:21; Job 21:12, et qui d'après saint
Jérôme, appuyé des interprètes juifs et caldéens, doit plutôt s'entendre de la cornemuse.
b.
La soumphonia, Daniel 3:5,10,18, que nos versions rendent par symphonie. C'est apparemment le
même instrument que le hougab, du moins les interprètes juifs le traduisent ainsi: la cornemuse s'appelle
802