l'on veut, extraordinaires et inattendus, mais nullement miraculeux. La défaite des Hamalécites
appartient à la même classe d'événements; ce fut une prière exaucée, mais la victoire d'armes terrestres. Il
y a dans la vie de Moïse un second ordre de faits, c'est celui de miracles réels produits par des causes
naturelles; ainsi, le passage de la mer Rouge, cf. Exode 14:21; ainsi, peut-être, quelques-unes des plaies de
l'Égypte, le génie de Betsaléel et d'Aholiab, les cailles du désert et les maux qui s'y rattachèrent, la plaie de
Sittim, etc. Enfin, l'on doit ranger dans une troisième classe la vision du buisson ardent, les pouvoirs
donnés à Moïse, la plupart des plaies, la manne, la nuée du tabernacle, l'eau du rocher, l'entretien des
vêtements pendant quarante ans, la mort soudaine de Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de ses
complices, le serpent d'airain, etc. Ces distinctions sont permises, mais elles ne sont justes qu'au point de
vue humain; elles sont claires lorsqu'on définit le miracle une perturbation momentanée des lois
ordinaires de la nature; elles sont inutiles quand on admet l'intervention constante de Dieu dans tous les
phénomènes, ordinaires et extraordinaires, du monde physique, et qu'on se rappelle que pas un cheveu
ne tombe en terre sans la permission de celui qui dirige les mondes dans leur cours.
2.
On s'est étonné que Jobéked ait pu garder son fils pendant trois mois sans que rien l'ait trahie;
que la princesse ait pu élever le jeune Hébreu à la cour de celui qui avait porté l'édit de destruction; et
enfin que Moïse, malgré ses relations avec la cour, soit représenté plus tard comme y étant complètement
inconnu et étranger. Mais la première observation montre bien peu de connaissance du cœur d'une mère,
de ce cœur habile à tromper tous les ennemis, à déjouer toutes les ruses, à écarter tous les dangers; l'on
sait d'ailleurs, par des faits qui se reproduisent continuellement de nos jours encore, et sous nos yeux,
qu'il n'est pas de lois, si sévères qu'elles soient, et souvent même en proportion de leur sévérité,
auxquelles bon nombre d'individus ne réussissent à se soustraire. La seconde observation prouverait
également peu d'intelligence des rapports d'une fille avec son père; il n'est pas de loi qui n'ait ses
exceptions naturelles, et la prière d'une fille, dans un cas surtout qui semblait présenter si peu
d'importance politique, a dû décider sans peine le monarque absolu de l'Égypte. On pourrait ajouter aussi
que Pharaon étant sans enfants mâles, et sa fille étant sans enfants, l'adoption du jeune Moïse aura été
facilitée par cette circonstance, et qu'elle aura pu sourire au vieux roi. D'anciens interprètes ont, en effet,
compris Exode 2:10, comme si Moïse avait été destiné au trône de l'Égypte, et, si cette opinion a été
abandonnée, elle n'est cependant pas absolument sans vraisemblance. Quant à l'objection tirée de ce que
Moïse, reparaissant à la cour, semble ne pas y être reconnu, elle ne repose que sur le silence de l'Écriture à
cet égard, et non sur un texte quelconque. Rien ne dit que Moïse fut oublié; comme aussi, à cause des
rapports nouveaux de Moïse avec Dieu, rien ne nécessitait la mention de ses anciennes relations avec la
cour: rappelons d'ailleurs qu'entre la fuite de Moïse en Madian et sa réapparition en Égypte, quarante ans
s'étaient écoulés, et que le souvenir d'un homme avait pu s'effacer dans cet intervalle, plusieurs rois
s'étant peut-être succédé sur le trône, et tout le personnel de la cour ayant pu être changé.
3.
Il est digne de remarque que Moïse ayant entrepris la délivrance des Hébreux, à laquelle il était
cependant destiné, échoua dans sa première tentative. C'est que son heure n'était pas encore venue; c'est
aussi que, lorsque Dieu veut que l'homme accomplisse une œuvre, il ne suffit pas que l'homme
l'entreprenne, il faut qu'il l'entreprenne au nom de Dieu, avec son secours, avec le Saint-Esprit pour
guide, pour mobile, pour conseil et pour aide, non point de lui-même et par lui-même, mais par celui qui
l'a envoyé. Dieu, en se servant des homme pour l'accomplissement de ses desseins, veut toujours
manifester sa force dans notre infirmité, et le jeune, le puissant, le savant Moïse a échoué, quand le
vieillard affaibli, sans enthousiasme, sans courage, sans élan, sans forces, a réussi. L'Écriture nous
présente un grand nombre d'exemples de ce genre, et toutes les entreprises chrétiennes, individuelles ou
générales, feront l'expérience de leur faiblesse, même dans le bien, quand elles voudront travailler en
dehors des inspirations divines, de leur force, même dans l'infirmité, quand elles iront en avant par la foi.
4.
L'enlèvement des vases d'or et d'argent que les Israélites empruntèrent aux Égyptiens, et qu'ils ne
leur rendirent pas, Exode 3:22; 11:2; 12:35-36, a servi de thème aux déclamations de bien des incrédules.
C'est un vol, ni plus, ni moins, dès qu'on veut faire abstraction de tout ce qui l'a accompagné; ce n'en est
plus un dès qu'on se rappelle (11:2) que les Hébreux empruntèrent de bonne foi et avec l'intention de
rendre, et que les circonstances, la guerre étant survenue, ne le leur ont plus permis; chez les anciens, une
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