Page 707 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Son caractère participe à celui des contrées qu'il habite; indomptable sous les climats brûlants et dans les
déserts qu'il regarde comme son fief naturel, il s'adoucit avec des climats plus doux, et perd de son
audace dans les lieux habités, car il sait que l'homme peut le vaincre, et sa force ne tient pas contre
l'adresse du Nègre ou du Hottentot, qui souvent l'ose attaquer tête-à-tête avec des armes assez légères, cf.
Juges 14, et 1 Samuel 17; aussi l'a-t-on vu se retirer peu à peu là où l'homme avançait, et sa race diminuer
à mesure que celle de l'homme augmentait. Les Romains, dit M. Shaw (Voyages, I, 315), tiraient de la
Libye, pour l'usage des spectacles, cinquante fois plus de lions qu'on ne pourrait y en trouver aujourd'hui,
et la même diminution de quantité a été remarquée en Turquie, en Perse, et dans les Indes; le centre de
l'Afrique semble être maintenant la vraie patrie du lion féroce et terrible, et les missionnaires français le
comptent au nombre de leurs plus redoutables ennemis (voir en particulier le Voyage d'Arbousset,
passim, et plusieurs lettres de Pfrimmer dans le Journal des Missions Évangéliques de 1843). On le
trouvait autrefois en Syrie, en Palestine, et jusque sur les bords du Jourdain, Juges 14:8; 1 Rois 13:24; 20:36;
Cantique 4:8; Jérémie 5:6; 49:19; 50:44; Zacharie 11:3, mais il a quitté ces contrées et s'est retiré dans les
déserts de l'Arabie centrale.
Le lion, qui a selon quelques auteurs cinq cents noms différents en arabe, en a dans l'Écriture six ou sept
qui se rapportent soit à son âge, soit aux divers traits de son caractère.
1.
Gour, Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Ézéchiel 19:2, ou gor, Jérémie 51:38; Nahum 2:13, le petit
lion qui tette encore.
2.
Képhir, le jeune lion qui est assez grand déjà pour aller à la chasse, Juges 14:5; Psaumes 17:12;
91:13; Proverbes 19:12; Ézéchiel 19:2-3; etc.
3.
Ari ou ariéh, Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Psaumes 7:3; 22:13; Osée 13:7; Michée 5:8; etc., le
lion en général, grand et vigoureux, emblème du courage héroïque, 2 Samuel 17:10; Nombres 23:24;
Nahum 2:12 (de là Ariel, q.v.).
4.
Shachal (le rugisseur), expression poétique, le lion dans toute sa force et dans toute sa beauté
(selon Bochart, d'après une étymologie douteuse, le lion noir dont l'existence est plus douteuse encore,
malgré le témoignage d'Ælien et d'Oppien seuls); Job 4:10; 10:16; Psaumes 91:13; Proverbes 26:13; Osée
5:14; 13:7.
5.
Laïsh (le fort), autre expression poétique, peut-être le lion furieux, Job 4:11; Proverbes 30:30.
6.
Labîh (probablement aussi le rugisseur) lion, ou seulement la lionne d'après Bochart: le mot
correspondant en arabe n'a que la terminaison féminine, et dans l'Ancien Testament labîh est tantôt joint
à ariéh, qui dans ce cas serait le mâle, Genèse 49:9; Nombres 24:9, tantôt accompagné de l'idée de petits,
Job 4:11; 39:1, ce qui s'appliquerait aussi mieux à la lionne.
7.
Quelques auteurs enfin, comme Calmet, traduisent encore par lion l'hébreu shachatz, qui
emporte seulement l'idée de fierté et doit se prendre dans un sens tout à fait général.
Trois de ces noms se trouvent employés Nahum 2:11-12 (ariéh, képhir et labîh); nos versions les ont bien
traduits, à l'exception de labîh qu'elles ont rendu par vieux lions, et, verset 12, vieilles lionnes, et que nous
traduisons simplement lionnes; ce sont les habitants de Ninive qui sont, dans ce passage, représentés sous
l'image de lions, et la figure est pleine d'énergie. Éliphaz parlant à Job 4:10-11, et voulant lui faire sentir,
peut-être d'une manière indirecte, que lui et les siens, d'une manière ou de l'autre, ont probablement fait
tort à leur prochain, usé d'exaction, abusé de leurs forces, se sert de l'image du lion et emploie pour le
désigner cinq expressions différentes, destinées à comprendre ainsi toute la famille de Job, jeunes et
vieux, hommes et femmes. «Le rugissement du lion, dit-il, le cri du rugisseur, et les dents des lionceaux
sont brisés; le fort lion a péri faute de proie, et les petits de la lionne sont dispersés.» (Ariéh, képhir,
shachal, laïsh, labîh.)
Le vieux Jacob, qui prophétise peut-être sans le savoir la venue du Messie appelé le lion de Juda, Genèse
49:9; cf. Apocalypse 5:5, se sert de trois de ces expressions pour désigner son fils Juda: c'est un faon de
lion, un lion vigoureux, une lionne. Ces nuances sont très difficiles à rendre dans nos langues; nous
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