Page 702 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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contrée de l'Afrique septentrionale. Les Grecs, depuis Homère et Hérodote, désignaient par ce nom la
race inculte et cuivrée qui habitait les côtes sablonneuses et stériles de l'Égypte; ces peuplades furent plus
tard chassées et repoussées vers l'intérieur encore peu connu du pays, par l'arrivée d'une colonie grecque
à Cyrène, et d'une colonie phénicienne à Carthage. Les Libyens s'enrôlèrent dans le service étranger sous
Xercès (Hérodote 7, 71; 86), sous Sésak, roi d'Égypte et sous Sérah, roi d'Éthiopie, 2 Chroniques 12:2; 16:8;
cf. 14:9; il paraît même, d'après Nahum 3:9, que la célèbre Thèbes (— Voir: No.) fut aussi défendue par les
armées libyennes. Daniel 11:43, prouve que des rapport ethnographiques existaient entre les Égyptiens,
les Lybiens et les Cushites; et les Léhabim nommés Genèse 10:13, parmi les descendants de Mitsraïm
(l'Égypte), sont, sans aucun doute, les mêmes que les Lubim ou Lybiens. Chez les Romains ce nom n'avait
qu'une portée ethnographique et non point géographique; il indique vaguement la contrée, Actes 2:10; et
désigne plutôt les habitants. La côte d'Afrique, depuis l'Égypte jusqu'à Carthage, se divisait en trois
districts principaux, la Marmarique, la Cyrénaïque et l'Afrique propre; cependant Ptolémée nomme le
premier de ces districts Marmarique libyenne, et comprend les deux autres sous le nom général et
commun de Lybie propre ou intérieure. Pline appelle Libye le district Maréotis.
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LICORNE.
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C'est par ce mot que nos versions ont traduit l'hébreu reém; les Septante, monocéros. La première
question qui se présente regarde l'existence même de cet animal; les anciens l'ont admise sans hésitation,
mais paraissent avoir plus d'une fois confondu dans leurs descriptions la licorne et le rhinocéros (Pline 8,
30. Ænlian. Anim. 16, 20); un bon nombre de voyageurs plus modernes semblent avoir commis une
méprise du même genre; d'autres, distinguant bien ces deux espèces de mammifères, ont cru pouvoir
établir l'existence de l'un et de l'autre, mais varient dans la description qu'ils font de la licorne, que la
plupart d'entre eux avouent n'avoir pas vue de leurs propres yeux et ne connaître que par ce que leur ont
dit les naturels des pays qu'ils ont visités. Le portugais Jean Gabriel raconte pour sa part qu'il a vu dans le
royaume de Damor une licorne qui avait une belle corne blanche au front, longue d'un pied et demi, poil
de la queue et du cou noir et court, forme et grandeur d'un cheval bai. Vincent le Blanc en a vu une autre
dans le sérail du roi de Pégu, elle avait la tête plutôt d'un cerf que d'un cheval; et Louis Barthémo (XVIe
siècle), dit qu'il en a vu, chez le sultan de la Mecque, deux qui lui avaient été envoyées par un roi
d'Éthiopie; la plus grande des deux avait sur le front une corne de trois aunes (?!) de long, la tête
ressemblait à celle d'un cerf, la peau était brun foncé, le pied fendu et l'ongle d'une chèvre. Ne seraient-ce
pas là de véritables antilopes qui auraient perdu une corne par accident? Enfin, pour ne pas tout citer,
Hodgson, président de la Compagnie des Indes à Nepal, reçut de la ménagerie du raja un animal qu'on
lui dit habiter les parties méridionales du Thibet, qu'il reçut comme licorne et dont il envoya la peau au
musée de Calcutta; la peau était fauve et blanche sous le ventre; au milieu du front s'élevait une longue
corne pointue, noire, formant trois légers coudes, avec des anneaux circulaires à la base; l'animal avait en
outre deux petites touffes de poils aux narines, passablement de soies autour du nez et de la bouche, et la
chevelure épaisse comme ne formant qu'une seule masse, autant de caractères qui donnaient à la tête
quelque chose de lourd et de repoussant: cette peau serait un témoignage décisif, s'il était prouvé que
l'animal était une licorne et non point une antilope monstre. Dans cette incertitude, plusieurs hésitent,
pendant que d'autres ont embrassé plus ou moins chaudement, soit l'affirmative (Bochart, Ludolf, Meyer,
Rosenmuller), d'autres la négative (Cuvier). Disons seulement que l'existence d'une licorne ne serait
nullement impossible, qu'elle pourrait se justifier en anatomie, et que si l'animal que l'on dit avoir habité
l'Égypte et l'Éthiopie ne s'y trouve plus, cela provient peut-être de ce qu'il a été refoulé dans les déserts
plus intérieurs de l'Afrique, comme cela est arrivé pour d'autres espèces d'animaux. Quoi qu'il en soit, les
voyageurs et les naturalistes qui croient encore à l'existence de la licorne, lui assignent pour séjour les
montagnes du Thibet où elle marche par grandes bandes, et l'Afrique, depuis le grand désert jusqu'aux
confins de la Cafrerie; elle ressemble au cheval, a 48-52 pouces de hauteur, sur le front une longue corne
un peu recourbée vers le milieu; son caractère est sauvage et indomptable.
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