Page 651 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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jours de son deuil furent écoulés, il se rendit à Timnath, non loin d'Hadullam, et, ayant rencontré une
femme qu'il prit pour une prostituée, il vint vers elle, lui promit un chevreau, et lui donna des gages.
Bientôt après, on lui rapporta que Tamar, sa belle-fille, était enceinte; qu'elle avait violé la foi promise à
Séla, qu'elle était adultère: le supplice du feu, en usage contre ce crime parmi les anciens peuples (Juges
15:6), est impitoyablement prononcé par Juda contre Tamar; mais il doit révoquer sa sentence lorsqu'elle
lui prouve, en lui montrant les gages qu'elle a reçus de lui, que c'est de lui-même que lui vient son
déshonneur. Cette honteuse histoire se lit au 38e chapitre de la Genèse, triste épisode dans une vie qui a
eu des moments sublimes à côté de beaucoup de faiblesses et de lâchetés. On ignore à quelle époque on
en doit placer le commencement et la fin; il est probable que, lors de la vente de Joseph aux Ismaélites,
Juda était déjà marié; car, depuis ce moment jusqu'à la reconnaissance de Joseph en Égypte, il ne se passa
que vingt-deux ans, temps qui serait trop court pour comprendre toute l'histoire de Suah et de Tamar, le
mariage de Juda, la naissance de trois fils, et le mariage possible de son cadet; or, lors du voyage
d'Égypte, tout cet épisode est terminé. Sur le mariage successif d'une femme à trois frères, cf.
Deutéronome 25:5. L'impression que ce récit laisse dans le cœur est un dégoût profond, une sorte de
mépris pour la licence effrénée d'une époque pareille,
— Voir: Grandpierre, Essais sur le Pentateuque.
Nous ne voudrions pas avoir parmi nos ancêtres le fils illégitime d'un beau-père et de sa belle-fille; mais
Jésus ne l'a pas craint: il est descendu en ligne directe de ce Phares, l'un des deux jumeaux de Juda et de
Tamar.
À l'époque de la famine, on trouve de nouveau Juda réuni à son père et à ses frères, Genèse 43:3. C'est lui
qui décide Jacob à laisser venir avec eux Benjamin; c'est lui qui porte la parole devant Joseph, quand il
voit Benjamin sur le point d'être retenu comme esclave; c'est enfin lui qui vient annoncer à Joseph
l'arrivée de son père.
Juda, qui paraît avoir hérité du droit d'aînesse, en suite de l'inceste de Ruben avec Bilha, et de la violence
de Siméon et de Lévi contre les Sichémites, est le chef de la plus grande des tribus d'Israël. On la voit la
plus nombreuse dès le temps de Moïse, Nombres 1:26-27, marchant dans le désert à la tête des autres,
Nombres 2:3; 10:14, et s'avançant la première au combat. Juges 1:2; 20:18, comme elle figure aussi la
première dans l'énumération de 1 Chroniques 12:24. Son territoire s'étendait, à l'est, jusqu'à la mer Morte;
à l'ouest, jusqu'à la Méditerranée; au sud, il allait de l'extrémité de la mer Morte au ruisseau d'Égypte; au
nord, de l'autre extrémité de la même mer jusqu'à Jamné, par la vallée du Cédron et par Kiriath-Jéharim.
Juda était donc, par sa position, le défenseur naturel des frontières méridionales du pays contre les
Philistins, les Hamalécites, les Édomites et l'Égypte. Il reçut en partage 115 villes: dont 29 dans des
contrées inconnues, voisines d'Hamalek et d'Édom, dans le pays du midi; 42 dans la plaine, depuis le
pied des montagnes du plateau à la Méditerranée; 38 sur la montagne ou sur le plateau, et 6 dans le
désert qui est à l'ouest de la mer Morte. Quoiqu'il en ait cédé plusieurs à Siméon, à Dan et à Benjamin, son
territoire resta cependant encore plus grand qu'aucun autre, à l'exception peut-être de celui de Manassé.
Il combattit longtemps contre les Cananéens de son territoire, contre les Philistins, les Iduméens et les
autres peuples voisins, avant que de les soumettre entièrement. Ses ennemis étaient plus redoutables
encore que ceux de Manassé, et ses frontières plus importantes que celles de l'Hauran, mais il en vint à
bout; la prière de Moïse fut exaucée: «0 Éternel, écoute la voix de Juda! que ses mains lui suffisent, et sois-
lui en aide contre tous ses ennemis!» (Deutéronome 33:7) Les prédictions du vieux Jacob
s'accomplissaient aussi: «Juda, est un faon de lion; il s'est couché comme un lion qui est en sa force,
comme un vieux lion; qui le réveillera?
— Sa main a été (sous David) sur le collet de ses ennemis, et (depuis la royauté davidique), ses frères se
sont prosternés devant lui», Genèse 49:8. Juda habitait un pays de vignobles, et ses déserts même étaient
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