— Sans doute; mais comme ce passage n'a été qu'un prétexte mal compris, on aurait tort de conclure de
l'abus contre l'usage,
c.
Mais la plus grave objection, c'est que, d'après le récit biblique, ce dérangement du système de
l'univers, ce bouleversement de toutes les lois du mouvement des corps célestes, ce cataclysme général,
n'aurait eu lieu que pour donner aux Israélites le temps de consommer la déroute de leurs ennemis,
lorsqu'il y aurait eu une foule d'autres moyens moins effrayants, moins effroyables, pour obtenir le même
résultat.
— Les réponses à cette objection sont faibles, du moins à notre point de vue. On peut dire que Dieu
subordonnait la terre entière aux succès de son peuple, comme il subordonne à notre globe le récit de la
création tout entière; que la prise de possession des Israélites devait être marquée par des signes dans le
ciel et sur la terre; que Dieu se proposait peut-être de détruire une partie du monde d'alors par un déluge
partiel (— Voir: plus bas), et que les deux faits ont coïncidé; que dans la bouche de Josué, inspiré de
l'Esprit de Dieu, ces paroles sont moins un ordre qu'une proclamation; qu'il se borne à annoncer le fait
que Dieu lui a révélé; que, dans tous les cas, les historiens juifs sont bien excusables d'avoir attribué à une
intervention de Dieu en leur faveur le prolongement de jour qui leur a assuré la victoire, etc. Mais si ces
réponses sont faibles, nous pouvons demander aussi quelles conclusions l'on veut tirer de l'objection. En
conclura-t-on que la station du soleil et le double jour qui en est résulté soient des faits imaginaires? Ici
nous en appelons à la géologie, et nous trouvons une fois de plus, que le plus ancien de tous les livres en
est aussi le plus vrai, à quelque point de vue qu'on le considère, et que la science ne mérite son nom que
lorsque ses progrès l'ont conduite jusqu'à rendre témoignage à la révélation.
Si la terre s'est réellement arrêtée, que le temps d'arrêt ait été de 40 secondes, ou de 18 minutes, peu
importe (— Voir: Gaussen, Théopneustie, p. 360, sq.), l'immensité des eaux de la mer a dû nécessairement
continuer le mouvement qui lui était commun avec le globe, et se déverser ainsi sur les continents; et, en
second lieu, le globe cessant d'être sollicité à s'aplatir vers les pôles par la rotation, a dû tendre à
reprendre sa forme, sphérique originelle, se renfler vers les pôles, se rétrécir à l'équateur; de là des
convulsions, des tremblements de terre, des ruptures. Or, la géologie et les traditions rendent témoignage
de ce double phénomène.
Les spécialistes négligent toutefois que la terre est stationnaire dans l’espace, elle est
fixe et stable, elle ne bouge pas comme le reste des corps célestes ou planètes, elle ne tourne aucunement sur elle-
même ni autour du soleil. La Bible ne dit aucunement que la terre cessa sa rotation, mais que ce fut plutôt le soleil
qui entra dans cette phase temporaire due à une intervention divine.
La tradition: en effet, le déluge de Deucalion, selon la chronologie vulgaire, remonte à l'an du monde 2504
environ; Josué, né l'an 2460, aurait eu alors quarante-quatre ans (il était certainement plus âgé, mais
lorsqu'il s'agit de déluges, et dans des temps où l'art des dates n'était pas très avancé, l'on doit se
contenter de dates qui concordent à un demi-siècle près); la coïncidence entre ces deux événements paraît
prouvée; on peut en dire autant du déluge d'Ogygès, appelé aussi Ogygus, et peut-être le même que
l'Augias des fables grecques, dont Hercule nettoya les étables par une inondation. Platon, dans son
Timée, fait intervenir des prêtres égyptiens, qui reprochent aux Grecs de ne parler jamais que d'un seul
déluge, alors qu'il y en a eu plusieurs, «un déluge, entre autres, accompagné de tremblements de terre,
qui dura l'espace d'un jour et d'une nuit (24 heures),... et engouffra l'Atlantide elle-même, qui disparut
entièrement, abîmée sous les flots», etc. Le long jour des Hébreux se retrouve encore sous le déguisement
d'une double nuit, dans les traditions des Latins et des Grecs, qui l'attribuèrent aux voluptueux caprices
de Jupiter (Ovid. Amor. 1, 13. Prop. 2, 22. Lucain, Phars. 6). La double nuit correspond au double jour si,
comme on va le voir, la station de la terre a eu lieu peu après le lever du soleil; alors il devait encore faire
nuit chez les Grecs, et la variante de la tradition prouve, mieux que ne ferait son entier accord, la réalité
même du fait.
La géologie, avons-nous dit, rend témoignage à l'histoire. Au moins on a constaté une formation de
terrains tertiaires de transports dont on a été longtemps avant de reconnaître le caractère spécial, et qu'on
644