Page 645 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

Version HTML de base

de tous ceux qui avaient vu la captivité de l'Égypte, seul survivant de tous ceux qui avaient vu les scènes
du désert, gouverneur de vingt-cinq années et vrai patriarche et roi du peuple, il ne parle à ceux qui
l'entourent, ni de lois, ni de conquêtes, ni d'administration; un mot suffit à ses victoires, et son discours
d'adieu ne suffit pas à leur dire tout ce qu'il voudrait sur les dangers de l'idolâtrie, et l'importance pour
eux tous de rester fidèles à ce Dieu qui leur avait toujours été fidèle. Peu de temps après, il les rassemble
de nouveau en Sichem pour leur adresser une dernière fois des paroles d'exhortation, il leur rappelle les
merveilles que Dieu a faites en leur faveur, et les presse de se décider d'une manière franche sur le Dieu
qu'ils veulent adorer: mais pour moi, leur dit-il, pour moi et ma maison, nous servirons l'Éternel. Alors il
traite alliance avec le peuple, lui propose des ordonnances et des statuts, met par écrit tout ce qui vient de
se passer, et dresse pour monument une grande pierre sous un chêne: puis il s'endort âgé de cent dix ans,
et le peuple qui le pleure et qui n'a plus de chef, l'ensevelit à Timnath-Sérah dans le lieu de son héritage.
Le nom de ce pieux conquérant se retrouve Juges 1:1; Néhémie 8:17; Actes 7:45; Hébreux 4:8.
Josué paraît être l'auteur du dernier chapitre du Deutéronome; quant au livre qui porte son nom, les Juifs
le lui attribuent assez ordinairement; cependant il ne paraît pas qu'il en soit l'auteur: les uns y voient un
extrait du livre de Jahzer ou du Droiturier, Josué 10:13; d'autres pensent qu'il a été composé par Éléazar le
souverain pontife, contemporain de Josué; d'autres enfin supposent, avec vraisemblance, que Josué a écrit
quelques mémoires détachés, qui ont été plus tard réunis, complétés, et rédigés par un prophète, Esdras
par exemple,
— Voir: Hævernick's Einleitung.
La célèbre station du soleil et de la lune, qui a été l'objet de tant de plaisanteries, d'explications, de doutes
et d'hypothèses, forme la principale difficulté de l'histoire de Josué, et l'une des plus grandes de la
révélation tout entière. On a essayé des traductions différentes du texte, on a imputé à la poésie des
paroles qui appartiennent à la prose, on a fait de l'armée des cieux une armée terrestre, du soleil qui brille
au firmament l'étendard d'une des compagnies de Josué, de la reine des nuits le drapeau d'un autre corps
d'armée, des paroles prophétiques de Josué un ordre stratégique donné à ces compagnies de se poster,
l'une sur Gabaon, l'autre sur les hauteurs qui dominent la vallée d'Ajalon. Ces diverses tentatives, toutes
plus ou moins hasardées, toutes forcées, car l'interprétation littérale est la seule naturelle, doivent leur
naissance aux nombreuses objections, aux difficultés réelles que soulève le récit biblique dès qu'on le
prend à la lettre. Nous n'appellerons pas sérieuse l'objection tirée du langage même de Josué, qui paraît
supposer le mouvement du soleil, et non la rotation de la terre. Josué parle comme tout le monde, comme
les plus savants, comme l'Annuaire du Bureau des longitudes; tout le monde dit: Le lever, et le coucher
du soleil. Et, comme Chaubard le fait remarquer, l'ordre de s'arrêter, donné simultanément au soleil et à
la lune, non seulement ferait supposer, mais prouve même que Josué, ou celui qui lui dictait ses paroles,
ne confondait point à cet égard l'apparence avec la réalité. Mais on peut regarder comme sérieuses les
trois objections suivantes, auxquelles nous répondrons en peu de mots:
a.
Si la terre s'est réellement arrêtée, tout ce qui était alors debout, principalement dans les zones
torride et tempérées, arbres, maisons, hommes, animaux, doit avoir été à l'instant même renversé et brisé
par la violence du choc de l'atmosphère.
— Oui, si l'atmosphère ne s'est point arrêtée avec la terre; non, si au contraire l'atmosphère, qui fait en
quelque sorte partie intégrante du globe, s'est arrêtée avec lui; non, surtout, si l'arrêt, au lieu d'être subit, a
été graduel.
b.
Il répugne d'admettre comme historique un passage dont on s'est autorisé pour condamner
Galilée et le véritable système du monde.
643