Page 641 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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les songes de sa jeunesse, et croyait ne pas devoir hâter un moment que Dieu avait lui-même fixé dans sa
providence; peut-être craignait-il de troubler la paix de sa famille en révélant après treize ans d'absence le
crime de ses frères; et si au contraire il fit pour retrouver son père des recherches dont il ne nous est pas
parlé, peut-être les voyageurs eurent-ils de la peine à trouver une famille nomade et sans nom, dont le
siège pouvait varier considérablement d'année en année; peut-être enfin put-il se tenir lui-même au
courant de ce qui se passait chez Jacob, sans vouloir cependant, et sans croire pouvoir lui faire connaître
qu'il vivait encore. Il faut le dire aussi, les sentiments de tous genres n'étaient pas aussi tendres et
efféminés chez ces anciens patriarches que chez nous, et si les affections de famille sont une des plus
douces jouissances qu'il soit accordé à l'homme de goûter sur la terre, encore doit-on savoir au besoin être
plus fort que ces affections, les dominer au lieu de s'en laisser dominer, et penser là comme ailleurs au but
de la vie et non point à ses jouissances. La séparation d'Abraham et de Lot, celle d'Abraham et de Nacor,
celle d'Isaac et de Jacob surtout, présentent le même caractère; on voit Jacob avoir été séparé de son père
pendant vingt ans au moins, de 77 à 97 ans, s'être marié, avoir eu onze ou douze enfants et avoir fait
fortune, sans qu'il paraisse s'être inquiété en aucune façon du sort de sa famille: doit-on l'attribuera un
vice d'organisation, à un manque de développement des sentiments de famille et d'affection, ou bien à
certaine force de caractère qu'on ne peut plus comprendre de nos jours, qui paraît tout au moins
exagérée, et qui est en tout cas le contre-pied de la sensibilité moderne? Mais comme la Bible ne nous
raconte pas tous les détails de la vie des personnages, nous pouvons croire aussi qu'il y a eu, entre les
absents et leurs familles, des rapports dont il n'est point parlé, d'autant plus que l'on voit Jacob revenir de
chez Laban avec la nourrice de sa mère.
Le nom de Joseph se retrouve Exode 1:5; Psaumes 105:17; Jean 4:5; Actes 7:9; Hébreux 11:22. Il sert aussi à
désigner quelquefois les tribus, soit d'Éphraïm, Apocalypse 7:8, soit de Manassé, Nombres 13:12, soit
toutes les deux à la fois, Deutéronome 33:13.
— Voir: Tribu.
2.
#3, et #4...
3.
et #4. Trois hommes du nom de Joseph sont nommés parmi les ancêtres de Jésus et de Marie, Luc
3:24,26,30; ils sont les uns et les autres inconnus.
4.
Joseph, fils de Jacob, Matthieu 1:16; Luc 1:27; 3:23. Il descendait de la famille de David, et se
fiança avec une jeune parente d'une origine royale comme la sienne, mais devenue modeste aussi par
suite de l'abolition de la royauté. Divinement averti des choses merveilleuses qui étaient arrivées à Marie,
il renonça à une séparation qu'il avait d'abord cru nécessaire; il continua de vivre à Nazareth de son
métier de charpentier, et se rendit à Bethléem à l'époque du dénombrement; là il vit les mages adorer
Jésus et Siméon saluer l'enfant de ses bénédictions prophétiques; mais sa surprise s'accrut-quand, au lieu
de la grandeur qu'il pouvait attendre, il se vit obligé, par une vision divine de s'enfuir, d'abord en Égypte
(pendant deux ans?), puis en Galilée, pour échapper aux cruelles persécutions d'Hérode et de son fils et
successeur Archélaüs. Israélite pieux, Joseph faisait chaque année le pèlerinage de Jérusalem; c'est dans
une de ces courses que Jésus, âgé de douze ans, resta en arrière dans le temple, et Joseph partagea à son
égard les inquiétudes de sa mère. Dès lors, cet homme qui paraît avoir été humble et doux, disparaît de
l'histoire; on sait qu'il eut de Marie quatre fils et deux filles, Marc 6:3, mais comme il n'est plus reparlé de
lui, tandis qu'il est souvent question de la mère, des frères et des sœurs de Jésus, on conjecture avec
raison qu'il était mort lorsque son fils adoptif entra dans la carrière publique, et les paroles de Jésus, Jean
19:27, prouvent qu'au moins à l'époque de la crucifixion Marie était veuve. Le nom de Joseph se trouve
dans les généalogies rapportées par saint Luc et saint Matthieu; on est généralement d'accord à penser
que celle de Matthieu renferme seule la descendance de Joseph, tandis que celle de saint Luc renferme
celle de Marie; Joseph a été substitué à Marie dans cette dernière, d'après l'ancien usage de l'Orient et des
Hébreux de ne comprendre dans leurs listes que les hommes, et de nommer le mari comme fils et
descendant, alors même qu'il n'était entré dans la famille que par une alliance. Il fallait que le Christ fût
fils de David, selon la chair par Marie, et selon la loi par Joseph, son père putatif, en quelque sorte son
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