Page 578 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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vécut jusqu'à la ruine de la nation et de l'Église juive. Peu d'années avant que la guerre fatale éclatât, le
souverain sacrificateur Ananus, sadducéen, profita de l'intervalle qui s'écoula entre la mort du
gouverneur Festus et l'arrivée de son successeur Albinus, pour faire lapider l'apôtre. La majorité du
peuple protesta contre cet acte de violence; Albinus étant arrivé écrivit à Ananus une lettre de reproches
et de menaces, et Agrippa le destitua de son pontificat. D'après Hégésippe, les pharisiens auraient aussi
pris part à la mort du juste; il raconte qu'on le précipita du haut du temple, que Jacques n'ayant pas été
tué par la chute, on se mit à le lapider, et que pendant qu'il priait pour ses persécuteurs, un tanneur lui
asséna sur la tête un coup qui mit fin à ses jours et à ses souffrances. C'était vers l'an 64. Eusèbe raconte sa
mort d'une manière un peu différente.
— Beaucoup de Juifs, après le siège et la destruction de Jérusalem, attribuèrent cette catastrophe à la
malédiction divine que le peuple avait attirée sur lui par le supplice de cet homme si saint et si respecté.
C'est probablement à ce Jacques, fils d'Alphée, que se rapporte le passage 1 Corinthiens 15:7; où il est fait
allusion à un fait que les évangélistes ne nous ont pas conservé.
Jacques, un des frères de Jésus, Matthieu 13:55, complètement inconnu; il s'est joint à l'Église après
l'Ascension.
Épître de saint Jacques. Elle fut probablement écrite de Jérusalem, par Jacques fils d'Alphée, vers l'année
61; elle est adressée à des judéo-chrétiens qui pouvaient être tentés de se laisser tomber dans le
relâchement et dans le mépris des œuvres et de la loi: on n'y trouve pas un plan proprement dit, mais une
suite d'exhortations telles que les circonstances les demandaient, et telles que l'Esprit les lui inspirait. Le
chapitre 1er est dirigé contre la faiblesse de foi, l'irrésolution en doctrine, la pusillanimité; depuis le verset
19 l'apôtre relève la nécessité d'une vie chrétienne.
— Chapitre 2. Après s'être élevé contre les privilèges que le cœur humain est trop facilement porté a
accorder aux riches, Jacques reprend ce qu'il a déjà dit sur la nécessité de montrer sa foi par ses œuvres.
— Chapitre 3. Exhortations relatives à la tempérance de la langue.
— Chapitre 4. Contre la frivolité, la légèreté, l'esprit mondain, etc.
— Chapitre 5. Condamnation des richesses iniques, avertissements aux riches; diverses autres
exhortations.
Les sujets que traite cette épître sont importants à méditer, particulièrement en certaines époques. On
peut dire, je crois, que saint Jacques ne suscitera jamais un réveil religieux, mais c'est surtout dans un
temps de réveil religieux qu'il pourra exercer une grande et salutaire influence, parce que la foi étant le
grand et vrai levier de tout réveil, comme elle est aussi le seul moyen de salut, on risque, à force de
relever l'importance de la croyance, de la doctrine, d'oublier que la croyance seule n'est pas la foi, et que
pour mériter ce nom elle doit être accompagnée de ce qui en constitue la réalité, c'est-à-dire des bonnes
œuvres. Saint Jacques ne diffère point de saint Paul sur ce point, ni saint Paul de saint Jacques; l'un veut
la foi et les œuvres, l'autre veut les œuvres et la foi, et chacun insiste sur celui des points de vue qui lui
paraît le plus négligé dans les circonstances où il écrit, et le plus important à mettre en saillie. On peut
voir sur ce sujet la dissertation du Dr Néander, dans ses Kleine Gelegenheitsschriften; elle a été traduite
en français dans le Narrateur religieux, 1837.
Quant à l'authenticité de l'épître, elle a été attaquée par des hommes de couleurs bien différentes;
cependant De Wette lui-même, qui avait d'abord émis quelques doutes, les a complètement rétractés dans
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