Le passage Galates 1:19, semble contredire cette manière de voir, et établir l'existence d'un troisième
Jacques, différent du fils d'Alphée et de celui de Zébédée, d'un Jacques frère germain de Jésus. Mais ce
seul passage ne saurait suffire, et il s'explique assez facilement sans cela. Paul parle d'un temps où le fils
de Zébédée était encore en vie; en nommant Jacques il était donc obligé de dire duquel il voulait parler, et
il donne au fils d'Alphée le nom de frère du Seigneur, parce que sa relation avec Jésus était alors une
marque plus caractéristique et plus connue, d'autant plus qu'Alphée était un homme obscur (c'est pour la
même raison que le fils de Zébédée est quelquefois appelé le frère de Jean). Reste à savoir pourquoi
Jacques est appelé le frère du Seigneur s'il n'était que son cousin; et ici la difficulté est réelle; car,
quoiqu'on puisse dire et même prouver que le mot frère s'employait quelquefois pour désigner une
parenté collatérale plus éloignée (— Voir: Xen. Cyrop. 1, 5; § 4. Tite-Live 35, 10. Cicer. ad Attic. 1, 5.
Genèse 13:8; 29:15), cependant la chose n'était point passée en loi, ni même en usage, et dans le cas
particulier, comme il est constant que Jésus avait non seulement des cousins, mais des frères de mère, cf.
Matthieu 13:55, Jacques était peut-être l'un d'entre eux, et il serait possible que celui qui est mentionné,
Galates 1:19, comme une des colonnes de l'Église, et qui par conséquent se retrouve partout comme seul
Jacques depuis la mort du fils de Zébédée, fût le même que Matthieu 13:55; la chose est possible en elle-
même, mais elle n'est que cela, et il faudrait prouver qu'elle est sûre, il faudrait lever l'invraisemblance
qu'il y a dans l'apparition subite d'un nouveau Jacques, accompagnée de la disparition également subite
du fils d'Alphée. Ajoutons que dans ce passage, Galates 1:19; cf. Actes 9:27, Jacques est appelé apôtre, et
que nous ne voyons nulle part qu'un Jacques, frère de Jésus, ait été élevé à cette dignité, jusqu'à être mis
au même rang que Pierre. Nous nous en tenons donc à l'opinion généralement reçue qui pense qu'il n'y a
eu que deux Jacques, en renvoyant pour un plus ample examen de la question au Comment, de Winer sur
Galates 1:19. à Néander, Apost. Kirche, II, 421, aux Beitræge de Schneckenburger, et à un article de Steiger
dans l'Evangelischse K. Z, de Hengstenberg, 1834, #95 et suivant.
1.
Jacques, fils de Zébédée et de Salomé, surnommé le Majeur, frère de Jean l'évangéliste,
raccommodait ses filets sur les bords du lac de Génésareth, lorsqu'il entendit l'appel de Jésus, auquel il
obéit sans hésitation, Matthieu 4:21; 10:2; Marc 1:19; 3:17; Luc 5:9; 6:14. Il fut toujours un des trois plus
intimes confidents du Seigneur, malgré l'orgueil et l'intolérance qui signalèrent par deux fois ses premiers
pas dans la carrière évangélique, Matthieu 20:20; Luc 9:54. On le trouve auprès de son maître à la
guérison de la belle-mère de Pierre, dans la maison de Jaïrus, sur le mont Thabor, sur la colline où Jésus
annonce la ruine de Jérusalem et les signes des derniers temps, en Gethsémané, lors de la réintégration de
saint Pierre, et enfin à Jérusalem après l'ascension, Marc 1:29; 5:37; 9:2; 10:35; 13:3; 14:33; Jean 21:2; Actes
1:13. Décapité par l'ordre d'Hérode Agrippa (44 ans avant J.-C.), il mourut à Jérusalem, après avoir porté
la prédication de l'Évangile, si l'on en croit une tradition peu probable, en Espagne et jusqu'en Angleterre.
— Jésus l'avait surnommé Boanergès, q.v.
2.
Jacques le Mineur, fils d'Alphée et de Marie sœur de la mère de Jésus, succéda au précédent
comme conducteur de l'Église de Jérusalem, Matthieu 10:3; 13:55; 27:56. Les évangélistes ne donnent sur
sa personne et sur son caractère aucun détail particulier. Ses rapports de parenté avec Jésus, ses
convictions religieuses qui conservèrent autant que possible les formes du judaïsme, qui établirent le
christianisme sur des bases qui n'étaient point hostiles ou directement opposées au précédent ordre de
choses, enfin son caractère personnel et ses principes ascétiques, tout contribua à le rendre propre au rang
élevé qu'il occupait dans Jérusalem et dans l'Église. Le chapitre 15 des Actes est celui qui nous fait le
mieux connaître et comprendre son influence et son autorité; cf. aussi 21:18, et la manière honorable dont
en parle saint Paul, Galates 1:19; 2:9,12. Il parait avoir été un homme non seulement ferme dans ta foi,
mais aussi irrépréhensible dans sa conduite à l'égard des Juifs incrédules. Selon Hégésippe, sa vie était
celle d'un vrai Nazaréen; il jouissait du privilège d'entrer à toute heure dans le temple, et il y passa
beaucoup de temps en prières ferventes; on l'avait surnommé le Juste, et le rempart de son peuple. Il
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