Page 575 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Séhir, promesse sur l'exécution de laquelle nous ne voyons rien dans l'Écriture, quoiqu'il soit fort possible
que Jacob ait fait ce voyage, soit pendant son séjour à Succoth même, soit pendant son séjour à Sichem,
soit plus tard encore; peut-être aussi cette promesse n'était-elle qu'une ruse de plus pour se débarrasser
plus facilement et plus vite de la présence d'un frère qui le gênait et le troublait.
Après s'être d'abord établi pendant quelque temps à Succoth sur la rive orientale du Jourdain, Jacob passe
à Sichem; puis, après l'enlèvement de Dina et la vengeance de Siméon et de Lévi, il quitte cette contrée et
se rend à Béthel, ayant enseveli d'abord les idoles héviennes dont le culte s'était introduit dans sa famille;
il s'établit ensuite successivement à Éphrat, à Migdal-Héder et enfin à Hébron dans les plaines de Mamré,
où il retrouve son père, le vieillard Isaac qui ne tarde pas à rendre le dernier soupir entre les bras de ses
deux fils réunis pour l'accompagner au sépulcre. Mais les souffrances du triste pèlerinage de Jacob ne
sont pas à leur terme; les chagrins qu'il a causés à son père, ses fils doivent les lui rendre avec usure. Le
vieillard aime Joseph l'enfant de Rachel, et ses frères jaloux le font disparaître et remettent à leur père une
robe magnifique, teinte de sang, que Jacob ne peut hésiter à reconnaître pour celle qu'il a donnée à
Joseph. Jacob déchire ses vêtements, met un sac sur ses reins et repousse toute consolation: Certainement,
dit-il, je descendrai en menant deuil au sépulcre vers mon fils! C'est ainsi qu'il le pleurait, c'est ainsi que
s'écoulèrent vingt années. Benjamin avait succédé à Joseph sans le remplacer dans le cœur de Jacob, et le
dernier enfant de Rachel rappelait à Jacob tout ensemble et Rachel et Joseph, deux objets qu'il avait tant
aimés. Les sept années de famine se firent sentir en Canaan comme en Égypte, et Jacob envoya ses dix fils
dans ce dernier pays pour y acheter du blé, mais il retint auprès de lui Benjamin. Des dix fils qui étaient
partis il n'en revint que neuf: Siméon avait été retenu prisonnier par celui qui dominait en Égypte, et ce
dur gouverneur qui avait maltraité les dix frères les prenant pour des espions, leur avait défendu de
reparaître en sa présence sans amener avec eux le dernier de la famille, Benjamin. Jacob écoule avec
étonnement le rapport de ses fils, et l'étonnement de tous redouble quand, à l'ouverture des sacs, ils
retrouvent l'argent qu'ils avaient cependant déposé en mains propres lorsqu'ils avaient acheté le blé.
Bientôt un second voyage devint nécessaire, mais Jacob refusait d'y consentir; car, disait-il, vous m'avez
privé d'enfants: Joseph n'est plus, et Siméon n'est plus, et vous prendriez Benjamin! Toutes ces choses
sont contre moi! Il ignorait encore que toutes choses contribuent ensemble au bien de ceux qui aiment
Dieu, mais il l'apprit bientôt par une douce expérience. Contraint de laisser partir Benjamin, il s'écriait
avec résignation: «S'il faut que je sois privé de ces deux fils, que j'en sois privé!» et peu de temps après,
non seulement Siméon était de retour, non seulement Benjamin lui était rendu, mais il entendit de la
bouche de ses fils ces paroles qui étaient la résurrection de sa vieillesse: «Joseph vit! et même il
commande sur tout le pays d'Égypte.» Jacob alors part avec toute sa famille, Exode 1:1; 1 Samuel 12:8;
Actes 7:14, et Dieu, sans la permission de qui il n'eût pu sortir, l'y autorise par une vision à Béer-Sébah, lui
réitérant les promesses qu'il lui a déjà faites pour sa postérité, et lui annonçant qu'après s'être beaucoup
accrus en Égypte, ses descendants en sortiraient pour venir habiter de nouveau Canaan. Bientôt il arrive à
Goscen, Joseph accourt à sa rencontre: le père et le fils se jettent dans les bras l'un de l'autre en fondant en
larmes, et Jacob attend la mort avec joie; car, dit-il, j'ai vu ton visage, et que tu vis encore. (1706 avant J.-
C.) Présenté à Pharaon, Jacob parle comme un sage qui n'est plus de ce monde, il bénit le roi qui
l'accueillit avec honneur comme le vénérable père de son premier ministre, et il résume sa vie en ces
mots: Les jours de mon pèlerinage ont été courts et mauvais. Dès lors, il vécut encore quelques années en
Goscen, heureux et fier de son Joseph qu'il avait retrouvé; puis il s'éteignit doucement à l'Âge de cent
quarante-sept ans (1689 avant J.-C.), ayant recommandé à Joseph et à ses fils de ne point laisser reposer
ses os sur la terre étrangère, mais de les transporter auprès de ceux de ses pères dans la caverne de
Macpéla. Peu de temps avant sa mort, il avait adopté comme siens les enfants de Joseph, léguant à celui-
ci, comme au plus puissant de la famille et au plus propre à le conserver, le territoire de Sichem qu'il avait
acheté des Amorrhéens (Héviens), et qu'il peut dire avoir conquis par son arc, en pensant à la violence
dont deux de ses fils ont usé à l'égard des Sichémites. Les bénédictions prophétiques qu'il prononça sur
ses enfants sont pleines de grâce, de force et de profondeur; s'il est sévère, c'est qu'il ne parle plus comme
père, mais comme prophète; il déclare ce qui doit arriver. Joseph conduisit lui-même en Canaan le corps
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