Page 30 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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domestiques: il dut se séparer de Lot, son neveu, qu'il aimait tendrement et qui était pour lui comme son
fils adoptif.
5.
Si la foi des enfants de Dieu a ses éclipses, comme le soleil les siennes, elle ne reparaît ensuite que
plus brillante. Il n'est personne qui n'ait remarqué la débonnaireté, la douceur et la confiance en Dieu
qu'Abraham manifesta dans sa conduite avec Lot lorsqu'ils durent se séparer, Genèse 13. C'est ainsi que
le père des croyants fut relevé de sa chute par la grâce du Seigneur.
6.
Le salut du fidèle est fondé sur les promesses et sur la véracité de l'Éternel: «Ce n'est point par les
œuvres, afin que nul ne se glorifie.» Cependant le fidèle ne fait jamais une œuvre, n'accomplit jamais
quelque devoir difficile, ne remporte jamais quelque victoire sur le péché, sans que Dieu ne lui donne un
sentiment plus vif de sa miséricorde; c'est-à-dire que la grâce qui sauve sanctifie l'âme qu'elle veut sauver,
et console celle qu'elle sanctifie.
— Après qu'Abraham eut montré sa foi par ses œuvres dans sa conduite avec Lot, l'Éternel lui renouvela
ses promesses, les lui rendit plus claires et même les agrandit, car il ne lui avait pas encore annoncé que
sa postérité serait innombrable, Genèse 13:14-17. La même chose lui arriva plus tard en de semblables
occasions, particulièrement après la défaite des rois de la plaine, 15:1; et après le sacrifice d'Isaac 22:16.
7.
Nous avons une preuve de la grandeur et de la puissance d'Abraham dans l'histoire de la
délivrance de Lot. Il fallait qu'il eût de grands biens, celui qui pouvait armer 318 esclaves nés dans sa
maison, car cela suppose naturellement qu'il en avait d'autres qui n'étaient pas nés chez lui, en qui il avait
peut-être moins de confiance, et qu'il laissa pour la garde de ses troupeaux. Si l'on y ajoute encore les
femmes et les petits enfants, on comprendra que les Héthiens aient pu lui dire: «Tu es un prince excellent
parmi nous», 23:6. Ainsi s'accomplissait déjà une partie des promesses qui lui avaient été faites. Ce qui
n'est pas moins à remarquer, c'est le désintéressement et l'esprit de justice qui le portèrent à refuser la
propriété du butin, tout en réservant la part des Cananéens qui lui avaient donné du secours, 14:21,24.
8.
Quanta l'union d'Abraham et d'Agar, on s'exposerait à porter un faux jugement si l'on voulait
juger cette action d'après nos mœurs et en se mettant uniquement au point de vue de l'Évangile. D'abord,
il est évident que le patriarche ne contracta pas ce mariage, ou plutôt cette union passagère, pour
satisfaire les inclinations de la chair; de plus, il le fit non pas malgré Saraï, ni avec le simple consentement
de son épouse légitime, mais sur sa demande expresse; enfin, la polygamie était déjà généralement
adoptée par les mœurs dégénérées de l'Orient. On peut ajouter que l'Éternel n'avait pas encore dit à
Abraham que c'était de Sara que naîtrait la postérité promise: il pouvait donc s'abandonner à la pensée
qu'une autre femme devait accomplir pour lui la parole de l'Éternel. Tout cela peut expliquer sa conduite,
et diminuer ce qu'elle eut de blâmable sans toutefois la justifier pleinement. Cependant, quand on
réfléchit qu'Abraham est le premier des descendants de Sera qui se soit écarté de l'institution primitive du
mariage, que cet écart fut le résultat d'une faiblesse dans sa foi, l'on ne peut s'empêcher d'y voir une
chute. Comme Adam, Abraham eut tort d'obéir à la parole de sa femme, Genèse 3:47; il eut tort de penser
un seul instant qu'il dût amener la réalisation des promesses divines par une voie de péché; et certes, cette
fois comme toujours, la peine du péché fut à la porte. Dès ce moment Abraham eut de grands chagrins
domestiques, la division se mit dans sa famille, et plus tard il dut renvoyer de chez lui cet Ismaël qu'il
aimait tendrement, et cette Agar qui, selon toute apparence, était redevenue simplement son esclave,
puisqu'il n'en eut pas d'autres enfants, Genèse 25:1-2, mais qui n'en était pas moins la mère de son
premier-né.
— Voir: Gaussen (Abraham épousant Agar); Grandpierre, sur le Pentateuque.
9.
L'alliance de l'Éternel avec Abraham était à la fois temporelle et spirituelle; elle reposait d'ailleurs
tout entière sur des promesses. Abraham sera grand, il aura une nombreuse postérité, plusieurs nations
sortiront de lui, et le pays de Canaan sera son héritage. D'autre part il lui est annoncé que toutes les
familles de la terre seront bénies en sa postérité.
— Abraham est grand, même à ne parler que selon la manière de voir des hommes; son nom est vénéré
non seulement des juifs et des chrétiens, mais encore des musulmans, c'est-à-dire par la moitié de la race
humaine; il n'y a pas d'homme qui ait eu une gloire pareille, et tous les détails de sa vie occupent une
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