Page 29 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Se sentant vieillir, Abraham envoya Élihézer, son intendant, en Mésopotamie, pour y chercher une jeune
fille de sa parenté qu'il pût donner en mariage à Isaac. C'était trois ans après la mort de Sara. Le fidèle
serviteur s'acquitta de sa mission avec zèle, sagesse et promptitude, et obtint pour son maître la main de
Rébecca fille de Béthuel, petite-fille de Nacor et petite-nièce d'Abraham. Le patriarche vécut encore 35 ans
depuis le mariage de son fils, et il eut de Kéturah, sa seconde femme, six fils qui furent pères de divers
peuples ou peuplades de l'Arabie et des environs. Il mourut âgé de 175 ans, un siècle après son arrivée
dans le pays de Canaan. Il ne paraît pas que, durant les 33 dernières années de sa vie, il ait eu ni
d'éclatantes révélations ni de grandes épreuves. Les jours des fidèles, même les plus éminents, ne sont
pas tous marqués par des interventions signalées du Seigneur, et il est beaucoup de ses serviteurs qui s'en
vont tout doucement et sans éclat dans le lieu du repos. Telle fut la fin de la carrière d'Abraham; il
mourut rassasié de jours et fut recueilli vers ses peuples. Son corps retourna dans la terre comme celui de
ses ancêtres, et son âme rejoignit celle des hommes qui avant lui avaient appartenu au peuple de Dieu,
Hébreux 11,13-16. Il fut enseveli dans la grotte de Macpélah par ses fils Isaac et Ismaël (avant J.-C. 1821);
ce dernier avait alors 89 ans, et Isaac 75.
L'antique figure du patriarche est une des plus belles que nous présente l'Ancien Testament; elle est
noble, vivante et prophétique; elle n'a rien de plastique, comme celle de Noé; elle est davantage la
représentation d'une vie réelle: Abraham n'est pas le dieu des abîmes et du déluge, il est le père des
croyants.
Parmi les observations nombreuses auxquelles son histoire pourrait donner lieu, nous nous bornerons
aux suivantes:
1.
L'auteur sacré introduit Abraham d'une manière très abrupte, en quelque sorte sans préparation:
«Et Dieu dit à Abraham, etc.» Genèse 12:1. Mais pour qu'un homme entreprenne un voyage lointain,
fatigant, et sans terme à lui connu, il faut nécessairement qu'il ait confiance en celui par qui l'ordre et le
signal du départ est donné. L'Éternel avait donc fait entendre sa voix à Abraham auparavant, et peut-être
même à plus d'une reprise, quoique nous ne sachions pas de quelle manière. Or, indépendamment de ce
que l'Écriture nous atteste Josué 24:2,14.
— Voir: Taré,
nous apprenons par d'autres sources que l'idolâtrie régnait en Caldée à cette époque, et tout porte à croire
que ce fut un des principaux motifs du déplacement d'Abraham.
2.
Abraham n'était point dépourvu de moyens de subsistance lorsqu'il se mit en route pour le pays
de Canaan: «il prit avec lui Saraï et Lot, et tout leur bien qu'ils avaient acquis et les personnes qu'ils
avaient eues à Caran.» Ce ne fut donc pas dans un intérêt terrestre, et comme ferait un aventurier qui
cherche fortune, qu'il quitta sa famille et sa parenté pour se rendre en d'autres lieux.
3.
La première épreuve de la foi d'Abraham fut dans la famine qui le contraignit à quitter
momentanément cette terre de Canaan que l'Éternel avait promise à sa postérité. L'épreuve fut plus forte
qu'on ne le suppose au premier moment, et il est impossible de ne pas voir que la foi du patriarche en
souffrit d'abord quelque peu; car, se méfiant de l'Éternel pendant qu'il est en Égypte, il s'abandonne à des
craintes excessives qui le font tomber dans le péché. Son mensonge n'est sans doute pas des plus grossiers
et des plus révoltants; néanmoins, en donnant à entendre autre chose que la stricte vérité, il induisait son
prochain en erreur et pouvait devenir l'occasion d'un grand crime; en sorte que les reproches de Pharaon,
parfaitement fondés, durent humilier le patriarche plus que ne le réjouirent les grands présents qui lui
furent offerts.
4.
On apprécierait bien mal la valeur morale des actions humaines, si l'on en jugeait toujours par
leurs résultats les pires prochains. Abraham semble récompensé de son mensonge par les grands biens
qu'il emporta d'Égypte, mais cet accroissement de fortune fut la cause d'un de ses plus grands chagrins
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