Page 208 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Saturne. Le caldéen Kivan signifie ferme, droit, juste; et l'on sait que les classiques nous représentent l'âge
de Saturne comme l'âge d'or, et qu'ils font l'éloge de la justice qui régnait alors. Le nom de Saturne, qui
dérive de l'hébreu, signifie l'éternité, car Saturne est l'éternité personnifiée, en grec chronos, le temps
infini.
— Le Moloch auquel on sacrifiait des enfants, en les faisant passer par le feu, était encore le même, Amos
5:26. Diod. de Sicile 20, 14. Les anciens Arabes faisaient son culte le samedi dans un temple sexangulaire
noir, et habillés de noir; l'antiquité lui a consacré le septième jour de la semaine, et le samedi porte encore
son nom chez les Latins, saturni dies, et chez les Anglais saturday. Les rabbins, pour désigner cette
planète, l'appellent la sabbatique, shabtaï.
Mars avait reçu des Arabes le nom d'infortunimm minus; il était moins pernicieux que Saturne, quoique
cependant malfaisant. Son temple était rouge, ses vêtements étaient ronges, et ceux qui lui offraient des
sacrifices arrosaient leurs habits de sang. Comme il est appelé Nirig dans la langue araméenne, Gesenius
l'a comparé à Nergal, l'idole des Cuthéens, 2 Rois 47:30, qui entre aussi dans la composition de plusieurs
noms propres assyriens, Nériglissor dont parle Flavius Josèphe, Nergal-Saréetser, Jérémie 39:3, etc.
Mirrick est une autre forme de Nirig; Mirrick se prononçait aussi quelquefois Mirdik, et de là est venu le
nom de Mérodac, Jérémie 50:2; Ésaïe 39:1, qui désigne le dieu Mars avec tout son entourage militaire et
meurtrier; c'est encore le même nom qui a passé dans les langues occidentales et modernes, avec la finale
de moins; en latin Mars, Martis; mors, Mortis; en allemand Mord; en français mort, meurtre, etc. Et
comme les noms de Bel et de Nébo entraient souvent dans la composition des noms propres, celui du
dieu Mérodac fait partie du nom de Évil-Mérodac, 2 Rois 25:27, et de Mérodac-Baladan, Ésaïe 39:1.
Cette vénération des planètes chez les anciens Caldéens, marchait de pair avec l'astronomie et l'astrologie.
Quant à la première de ces sciences, elle avait fait des progrès considérables. Ptolémée nous a conservé
des calculs d'éclipsés de lune qui ont eu lieu le 19 mars 721 avant J.-C., dans la nuit du 8 au 9 mai 720, le
22 avril 621, etc., et les calculs de nos savants ne diffèrent que de quelques minutes de ces anciennes
données. Le temple de Bel, qui servait d'observatoire, avait ses quatre côtés tournés vers les points
cardinaux.
Leur astrologie se fondait sur la croyance que les forces des astres et des planètes, dans leurs
conjonctures, influaient essentiellement sur les destinées des hommes; toutes leurs connaissances
astrologiques furent transmises de génération en génération, par tradition, au sein des familles et des
castes. Les membres de ces dernières portaient le titre de Caldéens par excellence. Ils croyaient le monde
composé d'atomes impérissables, et tout ce qui arrivait dans la voûte céleste était, selon eux, l'effet d'une
résolution immuable de la destinée. Selon Diodore, ils ont prédit à Alexandre qu'il mourrait à Babylone,
et à Antigone qu'il succomberait dans la guerre contre Séleucus-Nicator.
— Les astres dont les combinaisons étaient essentielles pour faire un horoscope étaient les planètes avec
leurs différentes qualités, et les douze signes du zodiaque qui exerçaient aussi, à ce que l'on croyait, une
grande influence, selon la manière dont ils se combinaient avec les planètes. Jusqu'à nos jours encore, on
trouve dans l'opinion vulgaire quelques restes de ces superstitions.
Avant de terminer, et quoique cela sorte un peu des bornes de notre article, nous ajouterons quelques
mots sur les erreurs astrologiques et sur les superstitions qui se sont glissées à cet égard chez les Hébreux,
et dont nous trouvons des traces dans la sainte Écriture. Il est parlé, 2 Rois 23:11, de chevaux consacrés au
soleil à Jérusalem; d'encensements aux signes du zodiaque, 2 Rois 23:5, (en français astres); d'un culte
astronomique à une reine des cieux, Jérémie 7:18; (cette dernière idolâtrie, ainsi que l'adoration du soleil,
est encore indiquée Job 31:26-27) Et le Seigneur lui-même prend le nom de l'Éternel des armées (des
cieux) pour indiquer qu'il est au-dessus de toutes les autres divinités: il s'appelle aussi celui qui habite au-
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