Page 207 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Dans les temps postérieurs, la religion des Caldéens fut un culte des astres, autant du moins que nous en
pouvons juger; leur théologie était devenue astrologie: au lieu du Dieu des cieux, ils adoraient les cieux,
comme d'autres plus tard ont rendu leur culte aux hommes sanctifiés, plutôt qu'à celui qui les a sanctifiés.
L'observation des astres avait toujours été une de leurs principales occupations, et ils y avaient fait des
progrès remarquables. Callisthènes, philosophe et savant grec, trouva à Babylone, lorsque la ville fut
prise par Alexandre, un grand nombre de calculs astronomiques, dont il donna connaissance à Aristote,
calculs qui embrassaient une période de 1933 ans, remontant jusqu'en 2233 avant J.-C., c'est-à-dire jusqu'à
115 ans seulement après le déluge (2348), à peu près à l'époque de la confusion des langues. En se
perfectionnant, l'astrolâtrie en est venue à accorder une attention spéciale aux sept corps suivants, le
Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, à ces cinq derniers surtout, dont on regardait
deux comme bienfaisants et favorables, Jupiter et Vénus, et deux comme sinistres, d'une influence
pernicieuse, Mars et Saturne: quant à Mercure, il était considéré comme neutre, ou plutôt il pouvait être
bon ou mauvais, suivant les circonstances.
La planète de Jupiter était appelée Bel dans les livres saints des Sabéens, et selon quelques auteurs
(Gesenius) c'est cette planète qui était adorée en Phénicie sous le nom de Bahal, à Babylone sous celui de
Bel: les classiques latins et grecs rapportent aussi que le dieu des Babyloniens a porté ce nom; on connaît
le Jupiter Belus, Pline Hist. Nat. 37, 10. Cicer. De Nat. Deor. 3, 16. Hérodote 1, 181, etc. C'est aussi d'après
quelques interprètes le dieu Gad mentionné, Ésaïe 65:11, dans le texte hébreu, et que nos traductions ont
rendu par «l'armée des cieux».
— Voir: Gad #3.
Vénus semble avoir été dans tout l'Orient l'objet du même culte voluptueux; elle portait aussi le nom de
Bahalt comme la déesse, l'épouse, le complément féminin du Bahal: c'est probablement elle encore qu'il
faut chercher dans la Hastoreth, Hastaroth ou Astarté des Sidoniens, 1 Rois 11:5,33. Ce dernier nom qui
fait de Vénus la reine des étoiles, renferme sous le rapport étymologique les consonnes qui, dans la
plupart des langues connues, servent à désigner ces joyaux du firmament. Dans Astarté se trouve le grec
sider, le latin sidéra et astrum, le français astre, l'anglais star, l'allemand stem, l'italien Stella, etc. Et l'un
des Targummims, dans la paraphrase de Esther 2:7, dit que Ester signifie de même étoile du matin.
— Les Arabes appelaient Vénus fortuna minor, comme ils appelaient Jupiter fortuna major.
Mercure s'appelait Nebou chez les Sabéens; c'était la planète divine, la messagère des dieux; elle n'est pas
sans rapport avec le Hermès des Grecs et le Mercure des Romains: son nom même de Nebou ressemble
au Nabi des Hébreux, qui signifie prophète. Beaucoup de noms propres assyriens et babyloniens sont
composés de ce mot, Nébucadnetsar, Naboned, Nabopolassar; et le mont Nébo sur lequel Moïse est mort
prenait son nom de cette même idole, d'après Jérôme qui dit dans son commentaire sur Jérémie 48:7. «Sur
le mont Nabo se trouvait Kémos, idole consacrée qui est encore connue sous le nom de Belphégor, ou
Bahal-Péhor». Nombres 25:3,5.
— Voir: Kémos.
La planète de Saturne passait pour exercer une mauvaise influence; les Arabes l'appelaient magnum
infortunium, et les classiques latins aussi bien que les Orientaux nous ont conservé comme tradition la
mauvaise renommée qu'elle avait. Propert. 4, 1; 84; Lucain 1, 650. Pline, Hist. Nat. 2, 8. Les Sabéens
rappelaient Kivan, et les Arabes Kirén, deux noms qui correspondent tout à fait en hébreu, à celui de
Kijun, divinité qu'adorèrent, selon Amos 5:26, les Israélites dans le désert. Les Septante l'ont expliqué par
Remphan, cf. Actes 7:43, mot qui encore aujourd'hui dans la langue copte, sert à désigner la planète
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