Il y a en Orient deux espèces de brebis: les unes semblables aux nôtres, mais plus grandes, plus hautes,
plus maigres, et couvertes d'une laine qui a plus de rapport avec le poil, ce qui est très probablement
l'effet du climat; les autres se distinguent par une queue large et grande, assez grasse et quelque peu
recourbée à l'extrémité. Cette queue est une masse d'une substance qui tient le milieu entre la graisse et la
moelle, et ressemble, pour le goût, au beurre, qu'elle sert aussi à remplacer: elle pèse de 5 à 15
kilogrammes On sait que les bergers, pour préserver la queue de ces brebis, la placent sur un petit char
auquel la brebis est attachée; cette pratique est si ancienne, qu'Hérodote en parle déjà. Il paraît que les
Israélites possédaient aussi de ces brebis, car dans leurs sacrifices la queue est toujours nommée parmi les
graisses qu'il fallait brûler. Lévitique 3:9; 7:3; 8:25; 9:19.
Les contrées de la Palestine les plus favorables à la bonne venue du menu bétail étaient la plaine de
Saron, Ésaïe 65:10, le mont Carmel, le pays de Galaad, Michée 7:14, et Basan, Deutéronome 32:14; Ézéchiel
39:18.
Les peuples voisins des Israélites s'adonnaient comme eux à l'élève des brebis; les Moabites payaient à
Joram en tribut annuel la laine de cent mille agneaux et d'un nombre égal de béliers, 2 Rois 3:4, et plus
tard un tribut pareil aux rois de Juda, Ésaïe 16:1. De nos jours encore, les plaines qu'habitèrent les
Moabites sont riches en troupeaux de brebis.
— Les Édomites, Ésaïe 34:6, les tribus arabes de Kédar, et les Nabatéens, Ésaïe 60:7, s'occupaient de
nourrir et d'élever ces animaux, et leurs contrées fertiles en herbes salées leur étaient tout à fait
favorables. L'artifice que Jacob employa pour augmenter son salaire en favorisant la naissance de brebis
marquées de certaines couleurs, Genèse 30:37-43, prouve les progrès qu'avait faits dans ce temps l'art de
soigner les troupeaux. Nous rappelons ici que le célèbre Buffon s'accorde avec l'Écriture sainte à
reconnaître que dans aucune race d'animaux, l'imagination de la mère n'a autant d'influence sur sa
progéniture, que dans celle des brebis.
La chair et le lait des brebis servaient à la nourriture des Israélites, Deutéronome 32:13-14; Ésaïe 7:21-22;
Ézéchiel 34:3; 1 Corinthiens 9:7: cette viande est encore pour les Arabes, les Perses, et les Orientaux en
général, une nourriture très estimée.
— Déjà dans les anciens temps, il se faisait un commerce de laines très actif; les marchands de Damas en
portaient aux marchés de Tyr une grande quantité, soit blanche, soit brune, soit rougeâtre et luisante.
Quant à cette dernière espèce, le voyageur Tavernier rapporte que dans les montagnes du Kerman en
Perse, il y a une espèce de brebis qui jette sa laine au printemps, au point de paraître tondue; que cette
laine est d'un brun léger et quelquefois grisâtre, et que les Guèbres qui habitent ces montagnes, en
fabriquent des étoffes, des habits, et autres travaux, dont ils font un trafic considérable.
La coutume d'apprivoiser les brebis de manière à les rendre aussi familières que des chiens, coutume à
laquelle a fait allusion le prophète Nathan, 2 Samuel 12:3, dans l'apologue par lequel il a convaincu David
de son péché, existe encore de nos jours chez les arabes. Les bergers donnaient aussi quelquefois à leurs
brebis des noms que ces dernières connaissaient si bien qu'elles ne manquaient pas d'y répondre en
accourant lorsqu'elles étaient appelées (Théocrite, Idyl. V, 102, 103); c'est à cet usage que se rapportent les
paroles de notre Sauveur, Jean 10:3.
Comme le bélier marche presque toujours en tête du troupeau, et lui sert en quelque sorte de guide, il a
été pris pour le symbole de la royauté, ou du souverain des peuples; et dans la fameuse vision de Daniel,
8:3-4,20, le roi de Perse est représenté par cet animal. Les mots chef (d'une nation), et bélier, sont même
devenus complètement synonymes en hébreu, cf. Ésaïe 14:9; Zacharie 10:3, dans l'original. Nous
ajouterons que l'historien Ammien Marcellin raconte que lorsque les rois de Perse se mettaient à la tête de
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