L'Allemagne a celle que lui a donné le fécond et puissant génie du grand Luther, chef-d'œuvre de science,
de travail et de piété; celle de Meyer de Francfort, enrichie de notes précieuses, courtes et complètes; enfin
celle du professeur De Wette, qui jouit d'une réputation justement méritée.
Aux éditions françaises du Nouveau Testament, nous devons ajouter celle qui a été faite à Genève
(imprimée à Bruxelles, 1843), à l'usage des catholiques romains. Elle restera comme un monument de
l'activité des pasteurs de Genève, et du zèle avec lequel les dames de cette ville ont su faire, pour la parole
de Dieu, ce que leurs mères avaient déjà fait pour conserver à leur patrie une précieuse collection
d'histoire naturelle. Dans cette édition, tous les chapitres et passages dont la lecture est plus
particulièrement recommandée, sont notés d'une raie bleue, parallèle à la marge; les passages qui réfutent
d'une manière directe les erreurs de l'Église romaine, sont soulignés à l'encre rouge, et de nombreuses
notes, toutes de controverse, sont collées en regard des versets auxquels elles servent de commentaires,
ou dont elles sont destinées à faire ressortir le sens. Ce travail, fait à la main, a dû exiger un temps
considérable, et fait l'éloge de ceux qui l'ont conçu et de celles qui l'ont exécuté. On peut regretter
cependant que les auteurs de ce commentaire d'un nouveau genre, n'aient pas utilisé davantage les
passages relatifs au salut par la foi.
Parmi les commentaires allemands, nous citerons encore la Haus-Bibel de Richter. C'est par une méprise
inexplicable que les publications de MM. Bagster and Son ont été oubliées. Les travaux bibliques de cette
librairie, ses nombreuses et élégantes éditions, ses polyglottes, ses commentaires, ses cartes, son atlas
biblique, lui ont fait une réputation plus qu'européenne, et placeront son nom dans l'histoire à coté de
celui des Étienne pour le zèle chrétien, des Elzévirs pour la perfection typographique.
— Notons aussi The Domestic Bible du révérend Ingram Cobbin (Partridge et Oakey), avec
commentaires, parallèles, plusieurs centaines de gravures, etc.; et la nouvelle édition illustrée du
commentaire de Matthieu Henry, faite par les soins des révérends E. Bickersteth, docteur Steane, Brown,
Cobbin, Leifchild, Forsyth, et Bunting.
Les Septante* et la Vulgate sont les traductions les plus célèbres, sinon par leur mérite, au moins par leur
antiquité, et le rôle qu'elles ont joué. Il y a diverses traditions sur l'origine des Septante, et leur histoire,
qui se perd dans la nuit qui sépara les derniers prophètes de l'ancienne alliance et les jours apostoliques,
présente plus d'une obscurité. D'après Aristobule, le Pentateuque aurait déjà été traduit en grec avant
Ptolémée Philadelphe et Démétrius de Phalère; ce dernier aurait conçu le plan de la traduction de tout
l'Ancien Testament, il l'avait conseillée à Ptolémée Lagus, et le successeur de celui-ci, Philadelphe, l'aurait
exécuté. On connaît l'ardeur avec laquelle les rois d'Égypte cherchaient à enrichir leur fameuse
bibliothèque d'Alexandrie, et l'on comprend facilement qu'ils aient désiré avoir aussi un exemplaire du
code sacré des Hébreux; les Juifs exilés se sont empressés de procurer à l'Académie un exemplaire
authentique et reconnu par le sénat (sanhédrin) de Jérusalem, composé de soixante-dix, ou soixante-
douze membres (de là, peut-être, le nom de version des Septante?) Ce code, composé dans une langue
inconnue, fut traduit en grec. Le Pentateuque est peut-être le seul morceau qu'on envoya au roi; il fut
traduit avec plus d'intelligence et de soin; cependant il prouve encore que les traducteurs n'étaient pas
des docteurs de la loi, connaissant le texte, sa lecture, son interprétation et la théologie judaïque; c'étaient
des Juifs, instruits peut-être dans l'érudition grecque de ce temps, mais c'est la seule garantie qu'ils
offrent, et elle n'est pas considérable. Les Juifs de l'Égypte, cependant, qui avaient à peu près oublié
l'hébreu, se servirent de préférence de la traduction grecque qui venait de leur être donnée, et l'on voit
par un grand nombre de passages du Nouveau Testament, que cette version était encore en usage au
temps de notre Seigneur, qui paraît l'avoir lue lui-même. Mais après Christ, les Juifs l'abandonnèrent, soit
à cause de ses défauts, soit par esprit de contradiction, parce que les chrétiens en faisaient grand cas. Ils la
remplacèrent par celle d'Aquila, et plus tard ils renoncèrent même à toute traduction, bannirent de leur
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