de chacun, simple parce qu'il est élevé, ce volume peut intéresser tout fils et toute fille d'Adam, parce
qu'il embrasse les intérêts de l'humanité toute entière, dans ses rapports avec un avenir voilé à tous,
éternel pour tous, et dont il est la préparation. Est-il besoin de dire que c'est le livre que la tendre enfance
comprend et dévore avec le plus d'avidité? Joseph, Moïse, Samuel, Samson, David, Daniel, le petit Jésus,
n'est-ce pas là une littérature pour l'enfance; et depuis Pascal jusqu'à Lamartine, ne vous ont-ils pas tous
raconté les impressions profondes qu'ils conservaient dans l'âge mûr, de ces lectures faites sur les genoux
de leur mère? N'est-ce pas encore le livre des femmes, et l'histoire ne montre-t-elle pas à tous les moments
de réveil religieux, les femmes émues à la vue de ces pages tendres et solennelles? C'est que la Bible leur
dit l'origine de leurs douleurs, elle leur montre Ève, et Rachel, et Ruth, et la mère de Moïse, et les femmes
pieuses qui assistaient notre Sauveur de leurs biens, et Dorcas la mère des pauvres. C'est aussi le livre des
serviteurs et des esclaves, un livre qui, en leur enjoignant l'obéissance la plus rigoureuse, adoucit leur sort
de bien des manières, et parle au cœur de leurs maîtres pour les disposer à la bienveillance et au support.
Combien l'Ancien Testament n'a-t-il pas pris soin d'alléger la pénible condition des esclaves, en leur
offrant des garanties contre la violence et la brutalité de leurs maîtres qui ne pouvaient plus s'en regarder
comme les propriétaires! C'est le livre des rois, comme celui des peuples, celui des grands et des petits,
celui des riches et des pauvres; à chacun il balance avec tant d'équilibre les droits et les devoirs, que l'on
ne peut rien imaginer de plus parfait, de plus exact, de plus rationnel, de plus saint.
Mais par-dessus tous ses autres titres, la Bible est le livre des âmes, un livre intime, intérieur, qui raconte
l'histoire du cœur, lui parle de malheur et de salut, dépeint les luttes du péché, les combats, les tentations,
les chutes, les maladies morales, et les remèdes du ciel. C'est d'une autre vie qu'elle parle; elle donne à
l'âme une individualité sensible, capable d'éprouver des besoins; l'âme est un individu comme le corps, il
faut soigner la première, et soigner le second; mais pour le corps les moyens sont connus, pour l'âme ils
doivent être révélés; l'âme tend aux choses qui sont invisibles, à celles qui sont éternelles, à celles qui sont
spirituelles. C'est vers un avenir de l'âme que la Bible nous mène, elle nous le montre, elle nous le fait
connaître, elle répond ainsi aux soupirs secrets et mystérieux, aux désirs qui ne se prononcent pas; elle
comble les vides, elle donne des forces, de la joie, de la santé, de la vie; elle apprend un salut inimaginable
que la pensée de Dieu, pleine d'amour et de sagesse, a seule pu concevoir dès l'Éternité, 1 Corinthiens
2:19.
Les plus grands génies se sont tous humiliés devant la croix et devant la Bible; Pascal et Descartes, en
France, Newton en Angleterre, Leibnitz en Allemagne, et si tous n'ont pas cru de cœur, tous ont vénéré ce
document merveilleux, jusqu'à ces deux grands écrivains dont nous parlions tout à l'heure, le philosophe
de Genève et le poète de Saint-Malo. Sans doute l'on trouvera des noms qui se sont raidis contre le livre
saint, mais s'ils l'ont rejeté, c'est qu'ils affectaient de rejeter toute divinité; on a déjà nommé Voltaire et les
siens; mais la fin de cet homme reste comme un épouvantail pour ceux qui seraient tentés de vivre de la
même vie, de suivre le même chemin, de se repaître de la même incrédulité.
Ce n'est plus le temps de défendre l'authenticité des livres saints, et de prouver qu'ils ne sont point
l'ouvrage de l'imposture. Assez longtemps on l'a dit, on l'a crié; maintenant on ne le crie plus, on le
murmure, et peu de personnes osent encore avouer un système qui ne repose que sur la corruption du
cœur. Toutefois, à cause du grand bruit qu'ont fait les adversaires, il peut être utile de rappeler quelques-
uns des ouvrages qui leur ont été répondus, et qui, sous diverses faces, ont abordé la même question, et
l'ont traitée soit avec les armes du sérieux, soit avec celles de l'ironie. Nous citerons seulement: les
Pensées de Pascal; l'ouvrage d'Abbadie, si remarquable par la méthode et le raisonnement que des
évêques l'ont recommandé, mais, cela va sans dire, en négligeant d'ajouter qu'Abbadie était un ministre
protestant (— Voir: Bungener, Trois Sermons sous Louis XV, t. II, p. 95); Lardney; le Tableau des preuves
évidentes du Christianisme, de Paley; Massillon, Sermon sur l'évidence de la loi de Dieu (Rien ne paraît
clair, dit-il, à ceux qui voudraient que rien ne le fut, comme tout parait droit à ceux qui ont intérêt que
tout le soit); Erskine, Addisson, Haldane, Chalmers; les Lettres de quelques juifs portugais par Guénée, et
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