Livres de Samuel, Les deux livres connus sous le nom du juge-prophète n'en formaient qu'un dans le
canon juif; ce sont les Septante qui les partagèrent en deux parties; la Vulgate suivit cet exemple, qui fut
depuis, à cause de la division plus commode en chapitres et versets, adopté même pour nos versions
hébraïques, mais seulement depuis Bomberg. Les Septante appelèrent ces livres premier et second livre
des Rois; la Vulgate latine imita son original grec, mais le nom primitif, le nom par lequel les Hébreux
désignaient ce livre, est celui de Samuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, ou qu'il caractérise tout le
contenu du livre et qu'il en épuise la matière, mais parce qu'il commençait par l'histoire de Samuel, et que
Samuel en était le principal personnage, celui dont le rôle était le plus important; cf. 1 Chroniques 29:29.
— Les livres de Samuel reprennent l'histoire là où celui des Juges s'arrête, et la poursuivent jusqu'au
point où ceux des Rois la continuent. Diverses sources ont été consultées pour la composition de ces
livres, des recueils de poésies, des ouvrages prophétiques, et les annales du royaume. On est assez
d'accord à penser que plusieurs auteurs ont travaillé à la rédaction du premier livre de Samuel. Selon
Grégoire le Grand, Théodoret et Procope, Samuel aurait composé lui-même les vingt-cinq chapitres qui
racontent sa vie, mais les éloges nombreux qui lui sont donnés ne seraient guère bien placés dans sa
bouche ou sous sa plume. Quant à ceux qui attribuent à David la composition des chapitres suivants,
Isidore, etc., la formule fréquemment employée «jusqu'à ce jour», semble s'opposer à leur opinion, dans
les passages surtout où certains actes de David sont racontés comme ayant laissé un long souvenir qui ne
pouvait évidemment pas s'éteindre de son vivant, 1 Samuel 27:6; 30:24-25. Il semble qu'en faisant allusion
aux livres de Samuel le passage 1 Chroniques 29:29, doive nous mettre sur la voie, et l'on ne risquera pas
beaucoup de se tromper en admettant que Samuel a écrit les choses qui se sont passées sous Héli et sous
son propre gouvernement, que Gad et Nathan ont écrit celles qui ont eu lieu dans les règnes de Saül et de
David, et qu'un homme pieux et inspiré, Jérémie ou Esdras, en travaillant à conserver les souvenirs de
l'histoire d'Israël, a rédigé, mis en ordre, peut-être annoté, les ouvrages des prophètes, historiens des
temps passés.
— Bien que trois biographies forment le fond des deux livres de Samuel, il est aisé de voir que ce n'est pas
dans un intérêt biographique qu'ils ont été composés: les noms de Samuel, de Saül et de David
appartiennent à l'histoire théocratique; leur prospérité et leurs revers renferment des enseignements
publics qui ne se comprennent qu'au point de vue théocratique. Dieu est le roi. David commet de plus
grandes fautes à nos yeux que Saül, et il en est puni par de grands malheurs (concatenata infortunia, dit
très bien Heidegger), mais ces malheurs sont individuels comme sa faute: Saül perd son trône, parce que
son péché est un acte de rébellion contre son Roi, contre Dieu. Saül a péché comme roi, et c'est comme tel
qu'il est puni; David pèche comme homme, et n'est puni qu'en cette qualité. Les livres de Samuel ne sont
bien compris que si l'on se rappelle la royauté de celui qui est le maître de toutes choses, et qui avait
spécialement voulu être le maître d'Israël. Ils sont riches en détails, et leur lecture offre à tous les esprits
l'intérêt le plus grand et le plus soutenu.
________________________________________
SANCHÉRIB,
________________________________________
2 Rois 18:13; 2 Chroniques 32:1; Ésaïe 36:1, etc., roi d'Assyrie, fils et successeur de Salmanéser. Voulant se
venger d'Ézéchias qui refusait de payer le tribut annuel, il marcha contre le royaume de Juda dans la
quatorzième année du règne d'Ézéchias (711 ou 712 avant J.-C.); une forte contribution de guerre qui lui
est payée à condition qu'il retirera ses troupes, ne fait qu'encourager son humeur conquérante et faciliter
ses succès; il met le siège devant Jérusalem, ne voulant pas sans doute laisser entre les mains d'un vassal
peu sûr une place de guerre aussi importante sur le chemin de l'Égypte, car Tirhaca, roi d'Égypte, venait à
sa rencontre. Les sommations qu'il fait adresser à Ézéchias restent sans effet, les prières du roi de Juda
sont exaucées, les oracles d'Ésaïe s'accomplissent, un pouvoir surnaturel détruit en une seule nuit l'armée
des assiégeants; 185,000 hommes succombent, et le général, sans armée, se hâte de regagner Ninive sa
1068