ancienne d'Israël, ce n'est point parce que c'est un royaume, c'est parce que le cœur s'est corrompu, parce
que Dieu a été oublié.
Nous avons donné les détails de cette belle vie, et présenté les observations qu'elle suggère, à la fin de
l'Histoire des Juges d'Israël, p. 114-142; nous n'avons plus à présenter ici que les réflexions les plus
importantes, et celles qui n'ont pu trouver place dans notre précédent travail.
1.
La vie de Samuel a été une crise perpétuelle depuis les malheurs de la maison d'Héli, jusqu'à la
chute de la maison de Saül. En politique, la royauté se substituait a la république aristocratique; en
religion, l'arche était déposée chez Abinadab, le tabernacle était tour à tour à Silo, à Nob, à Gabaon;
Ahimélec était souverain sacrificateur, et Samuel offrait le sacrifice, sacrait deux rois, jugeait le pays,
opposait le prophétisme au sacerdoce, et méritait d'être nommé à côté de Moïse et d'Aaron, Psaumes 99:6.
La splendeur du culte auquel il présidait, mais d'une manière extra-légale, est rappelée 2 Chroniques
35:18.
2.
Accusé d'égoïsme par bien des commentateurs, Samuel se lave de ce reproche, par ses actes. On a
voulu voir dans les objections qu'il fait à l'établissement de la royauté, dans son opposition à Saül, dans
l'élection de David, autant de preuves d'égoïsme, d'amour-propre et de recherche de soi-même. Mais si
l'on se rappelle le temps où il a vécu; si l'on tient compte des circonstances extraordinaires qu'il a
traversées et qui nécessitaient des mesures extraordinaires; si l'on réfléchit que les tribus, divisées entre
elles, n'étaient unies par aucun lien commun, et que leurs dissensions maintenaient le pays dans un état
de continuelle agitation; si l'on oppose le courage tranquille, l'esprit de sagesse et de courageuse
persévérance, les grandes vues, et la fermeté d'exécution des plans de Samuel, à la fougue brutale et à
l'orgueilleux arbitraire de la conduite de Saül; si l'on réfléchit combien la déchéance de Saül et son
remplacement par David ont été merveilleusement justifiés par leurs conséquences; si l'on reconnaît enfin
que Samuel n'avait rien à gagner à l'élection de David qui ne devait monter sur le trône qu'après sa mort,
et qu'il compromettait au contraire la paix de ses vieux jours par cet acte solennel d'opposition, on se fera
une idée de ce que vaut le reproche fait à Samuel d'avoir été dur, barbare, arbitraire, égoïste, intéressé, on
comprendra ce que valent les jugements du rationalisme extrême dont l'Allemagne semble avoir seule le
monopole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, rendit à Samuel un tout autre témoignage que cette espèce
de savants théologiens, 1 Samuel 12:3, et ce peuple avait connu le joug de Samuel; il jugeait en
connaissance de cause.
3.
Samuel est le même depuis sa naissance jusqu'à sa mort; il semble qu'au milieu de tous les
changements dont il est témoin, seul il ne change pas; calme et tranquille, ferme, prudent, il se montre un
homme de foi jusque dans les plus petits détails de sa conduite; il annonce les oracles de Dieu, mais il ne
fait rien pour en procurer l'accomplissement; il communique à Héli les menaces divines, mais il ne
change rien à ses rapports avec son vieux maître; il rejette Saül devant les anciens du peuple, mais il évite
de l'humilier; il oint David pour succéder à Saül, mais il se retire en sa ville, laissant à Dieu le soin de faire
triompher le jeune berger; actif pour ce qu'il doit faire, passif pour le reste, il se montre sans fraude et
réalise le type du chrétien. Les luttes politiques ne l'intéressent pas; il défend la république pied à pied;
lorsqu'elle est renversée, il soutient la monarchie dont il sacre le premier roi; il passe de Saül à David, se
bornant à constater ce changement de dynastie, cette révolution, et ne reconnaît de légitime que le roi
théocratique, obéissant et fidèle. La forme du gouvernement lui importe peu, il les sert tous, mais il les
veut tous soumis au roi des rois, le maître de tous. C'est le principe évangélique, Romains 13:1.
4.
Sur l'évocation de l'ombre de Samuel,
— Voir: Pythonisse.
5.
On lui attribue la composition des livres de Ruth, Juges, et 1 Samuel 1-6, ou 1-13,
— Voir: les différents articles.
6.
Son nom est rappelé, outre les passages cités, par Jérémie, saint Pierre et saint Paul qui le citent à
l'égal de Moïse, le placent parmi les plus grands hommes d'Israël et caractérisent par son nom toute une
époque, Jérémie 15:1; Actes 3:24; 13:20. Hébreux 11:32.
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