Dans l'Apocalypse, Rome est clairement désignée sous le nom symbolique de Babylone, 14:8; 16:19; 17:5;
18:2; etc. Siège du paganisme, elle est opposée à Jérusalem, le siège du judaïsme, et le lieu de naissance du
christianisme: la corruption est opposée à la sainteté, les ténèbres sont mises en présence de la lumière.
Déjà les Juifs avaient l'habitude de désigner sous le nom fatal de Babylone, cette Rome qu'ils haïssaient, et
les prophètes en regardant l'avenir y voyaient le paganisme ressuscitant toujours aussi païen, mais avec
des dehors chrétiens, avec- un nom chrétien. Les sept collines et la domination du monde, 17:9; et 18, ne
peuvent laisser aucun doute sur la ville que saint Jean avait en vue. Elle est appelée la Bête, et son chiffre
est 666; on a trouvé de ce chiffre diverses solutions, grecques, latines, hébraïques, arabes, allemandes,
françaises, etc. Le mot latin en grec, Λατείνος, dont toutes les lettres ont une valeur en chiffres, donne par
l'addition 666;
Λ
=
30
α
=
1
τ
=
300
ε
=
5
ί
=
10
ν
=
50
ο
=
70
σ
=
200
Xξστ
=
666
3.
Il en est de même du mot romain en hébreu; on l'a vu encore dans la fameuse inscription PAULO
V. VICEDEO, qui se trouvait en tête des thèses dédiées au pape Paul V, et dont les lettres, celles qui ont
une valeur en chiffres (VLVVICD), représentent le même nombre. C'est Irénée, évêque de Lyon, qui, dès
le second siècle, a découvert dans Λατείνος le chiffre de la Bête; la solution est ingénieuse et probable; si
nous étions moliniste, ou partisan des traditions, nous n'hésiterions pas à l'accepter. La curiosité peut être
engagée dans ces recherches, et elle l'est ordinairement plus que la foi; le nom de Mahomet a fourni son
contingent d'explications, et il n'y a pas jusqu'au nom de Luther dans lequel on n'ait trouvé le chiffre 666,
à la condition toutefois qu'on l'écrive Loulthr, en lettres et chiffres hébraïques.
— Au reste, ces mystères trouvent mieux leur place dans un commentaire qu'ici.
4.
Épître aux Romains. Dictée par l'apôtre à un certain Tertius, et portée aux chrétiens de Rome par
la diaconesse Phébé (Romains 16:1; sq.), cette épître renferme, sur le lieu et l'époque de sa rédaction, des
indices si positifs, que les opinions n'ont jamais beaucoup varié sur l'un et sur l'autre point. Ce fut après
avoir été chassé d'Athènes, et pendant son séjour en Macédoine, que Paul, étant à Corinthe, écrivit cette
lettre. On voit par 1 Corinthiens 16:3-4, que l'apôtre se proposait de faire un voyage à Jérusalem pour
assister les saints, après qu'il aurait été recueillir à Corinthe les dons de la libéralité chrétienne; or, d'après
Romains 15:25, il est sur le point d'entreprendre ce voyage; il était donc à Corinthe en écrivant ces lignes.
Aquila et Priscille, qui étaient encore à Éphèse lorsque saint Paul écrivait, 1 Corinthiens 16:19; cf. Actes
18:18,26, étaient arrivés à Rome, Romains 16:3; Enfin le voyage que Paul avait résolu de faire à Rome
après celui de Jérusalem, Actes 19:21, il annonce qu'il va le faire, Romains 15:28, se proposant même de se
rendre jusqu'en Espagne. D'autres détails confirment encore l'opinion généralement reçue; il salue les
chrétiens de Rome de la part de Caïus, 16:23, or Caïus était à Corinthe, 1 Corinthiens 1:14: il les salue de la
part d'Éraste, et celui-ci demeurait à Corinthe, 2 Timothée 4:20; Phébé la diaconesse était de Cenchrée,
port de Corinthe, etc. D'après ce que nous avons dit ailleurs, ce serait donc vers l'an 58 ou 59 que cette
lettre aurait été écrite.
Bolten et Berthold, prenant toujours le parti de l'invraisemblance, ont essayé de prouver que l'Épître aux
Romains avait d'abord été écrite en araméen; le P. Hardouin soutient en revanche que saint Paul l'a écrite
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